[RP Principal] Le sommet des 5
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[RP Principal] Le sommet des 5
A partir du moment où la lumière diurne commençait à décroître, la veille du lancement des Joutes, les représentants des quatre grands peuples de Geadrâs se succédèrent à l'entrée de Munduce. Le temps était étrange: même si le ciel était bleu, les rayons de l'astre du jour ne réchauffaient nullement: des bourrasques glaciales arrivant de la mer forçaient les voyageurs à s'emmitoufler plus amplement qu'ils ne l'auraient souhaité. Les Munduciens ne craignaient nullement ce temps, qu'ils appelaient les Embruns Faste-Ciel. En effet, ils annonçaient pour la journée suivante une voûte des plus pures et une herbe verdoyante près des côtes. Le souffle vif du vent créaient des tourbillons qui faisaient claquer les draps et tinter les colliers de perles des maisons. De là-haut, les aigles fondaient sur les oiseaux des mer qui venaient de pêcher les poissons pour les leurs prendre. Humidifiés, les remparts de la cité miroitaient majestueusement.
Les premiers à arriver furent les Omerädies. La distance de Zarach était la moindre de toutes, et les Etres des Profondeurs ne goûtaient guère à contempler les paysages -qu'ils trouvaient souvent laids- en faisant leurs voyages. Leur arrivée précoce était également due au fait qu'ils n'appréciaient guère être vus en public, et qu'ils nécessitaient un certain nombre de précaution de la part des Humains. La simple présence d'Omerädies pouvait causer la mort de centaines de personnes, si elles n'étaient pas protégées correctement de son aura funeste. Egalement, la traversée de la Grand-Porte du rempart était une opération qui requerrait plusieurs dizaines de mages versés de l'art des démêlées d'enchantements. Autrement, aucun Démon ne pourrait traverser la muraille envoûtée, ni même s'en approcher de trop prêt. Ces derniers franchirent la Grand-Porte prudemment, puis consentirent à laisser l'un des leurs à l'extérieur, pour contrôler que les Démons qui les suivraient pour les Joutes ne fassent pas de dégâts sans qu'on puisse les maîtriser.
Ensuite, les Elfes de haut rang vinrent, spectacle rarissime pour les Humains, dont la plupart les regardèrent passer la bouche béante. Les Legioni di Munduce les laissèrent presque tous rentrer. L'histoire mutuelle des deux peuples ne permettait guère ce genre de méfiance. Le Duce avait tout de même exigé que les Feuilles Souples qui suivraient ne devraient pas tous s'introduire ni résider dans la cité, requête qui paraissait des plus sensées.
Puis les Longues-Barbes arrivèrent, au pas de course. Rutilants et colorés, aucun d'entre eux ne semblait épuisé par le long voyage qu'ils venaient de terminer. Les Legioni les contemplèrent avec admiration quand ils franchirent le rempart, portant leurs représentants et dignitaires sur des palanquins.
Enfin, les Orcs se montrèrent à la nuit tombante, tous à pied, hormis leur représentant, qui se présenta devant l'élite des soldats de la cité monté sur un Houp Geampt à la robe argentée striée de bandes sombres. Les Legioni s'écartèrent d'instinct devant cette monture, qui ne manqua pas de montrer ses crocs à tout malheureux qui avait le malheur d'avoir un bout d'orteil à moins d'une quinzaine de mètres de son maître. A l'entrée, la présence de l'animal provoqua une vive incartade avec le passeur, qui n'avait nullement envie de laisser entrer dans la cité une bête féroce de cette taille. Toutefois, il fut contraint de céder pour ne pas offenser le peuple orcique. Ainsi, il fut convenu que le Houp serait attaché ou enfermé tout le temps où son maître ne serait pas dessus.
Une fois que tous les représentants se furent installés dans leurs suites respectives, ils reçurent tous en main propre une missive marquée du sceau du Duce:
Ô représentants des peuples de Geadrâs,
Soyez les bienvenus à Munduce. J'espère que vous avez tous fait bon voyage.
Comme l'annonçait le message crypté que vous avez reçu il y a quelques mois, j'ai à vous faire part d'informations des plus urgentes, qui requerront votre présence à tous. Les Joutes serviront de couverture au sommet extraordinaire auquel vous venez assister. Nous y débattrons de questions officielles et d'autres... que nous traiterons en huis-clos. Notamment la question des Dragons, qui nous concerne tous.
Je sais que vous avez tous pris des précautions pour votre sécurité durant le sommet, et je tiens à vous informer que tous mes Legioni ont été mobilisé pour notre protection à tous. J'ai mis à disposition pour chacun de vous un chef de garnison en qui j'ai toute confiance qui se chargera de vous escorter et de me faire parvenir toutes vos requêtes dans les plus brefs délais. Le sommet commencera demain dès le lever du soleil, dans le Dôme de mon Palais. Nous commencerons par les affaires officielles. Mes Legioni vous y conduiront dès que vous serez prêts.
D'ici là, je vous souhaite une bonne nuit de repos.
Les premiers à arriver furent les Omerädies. La distance de Zarach était la moindre de toutes, et les Etres des Profondeurs ne goûtaient guère à contempler les paysages -qu'ils trouvaient souvent laids- en faisant leurs voyages. Leur arrivée précoce était également due au fait qu'ils n'appréciaient guère être vus en public, et qu'ils nécessitaient un certain nombre de précaution de la part des Humains. La simple présence d'Omerädies pouvait causer la mort de centaines de personnes, si elles n'étaient pas protégées correctement de son aura funeste. Egalement, la traversée de la Grand-Porte du rempart était une opération qui requerrait plusieurs dizaines de mages versés de l'art des démêlées d'enchantements. Autrement, aucun Démon ne pourrait traverser la muraille envoûtée, ni même s'en approcher de trop prêt. Ces derniers franchirent la Grand-Porte prudemment, puis consentirent à laisser l'un des leurs à l'extérieur, pour contrôler que les Démons qui les suivraient pour les Joutes ne fassent pas de dégâts sans qu'on puisse les maîtriser.
Ensuite, les Elfes de haut rang vinrent, spectacle rarissime pour les Humains, dont la plupart les regardèrent passer la bouche béante. Les Legioni di Munduce les laissèrent presque tous rentrer. L'histoire mutuelle des deux peuples ne permettait guère ce genre de méfiance. Le Duce avait tout de même exigé que les Feuilles Souples qui suivraient ne devraient pas tous s'introduire ni résider dans la cité, requête qui paraissait des plus sensées.
Puis les Longues-Barbes arrivèrent, au pas de course. Rutilants et colorés, aucun d'entre eux ne semblait épuisé par le long voyage qu'ils venaient de terminer. Les Legioni les contemplèrent avec admiration quand ils franchirent le rempart, portant leurs représentants et dignitaires sur des palanquins.
Enfin, les Orcs se montrèrent à la nuit tombante, tous à pied, hormis leur représentant, qui se présenta devant l'élite des soldats de la cité monté sur un Houp Geampt à la robe argentée striée de bandes sombres. Les Legioni s'écartèrent d'instinct devant cette monture, qui ne manqua pas de montrer ses crocs à tout malheureux qui avait le malheur d'avoir un bout d'orteil à moins d'une quinzaine de mètres de son maître. A l'entrée, la présence de l'animal provoqua une vive incartade avec le passeur, qui n'avait nullement envie de laisser entrer dans la cité une bête féroce de cette taille. Toutefois, il fut contraint de céder pour ne pas offenser le peuple orcique. Ainsi, il fut convenu que le Houp serait attaché ou enfermé tout le temps où son maître ne serait pas dessus.
Une fois que tous les représentants se furent installés dans leurs suites respectives, ils reçurent tous en main propre une missive marquée du sceau du Duce:
Ô représentants des peuples de Geadrâs,
Soyez les bienvenus à Munduce. J'espère que vous avez tous fait bon voyage.
Comme l'annonçait le message crypté que vous avez reçu il y a quelques mois, j'ai à vous faire part d'informations des plus urgentes, qui requerront votre présence à tous. Les Joutes serviront de couverture au sommet extraordinaire auquel vous venez assister. Nous y débattrons de questions officielles et d'autres... que nous traiterons en huis-clos. Notamment la question des Dragons, qui nous concerne tous.
Je sais que vous avez tous pris des précautions pour votre sécurité durant le sommet, et je tiens à vous informer que tous mes Legioni ont été mobilisé pour notre protection à tous. J'ai mis à disposition pour chacun de vous un chef de garnison en qui j'ai toute confiance qui se chargera de vous escorter et de me faire parvenir toutes vos requêtes dans les plus brefs délais. Le sommet commencera demain dès le lever du soleil, dans le Dôme de mon Palais. Nous commencerons par les affaires officielles. Mes Legioni vous y conduiront dès que vous serez prêts.
D'ici là, je vous souhaite une bonne nuit de repos.
Le Duce Melim d'Arven.
PS: veuillez détruire cette missive après l'avoir lu, et prendre toutes vos dispositions pour empêcher la lecture de votre esprit, ce jusqu'à la fin du sommet.Validation Itrenog : 22 Puissance
Dernière édition par Yuke le Dim 8 Avr 2012 - 18:41, édité 2 fois
Re: [RP Principal] Le sommet des 5
La première journée du sommet des cinq avait été éprouvante. Elle avait été destinée aux protocoles et aux us habituels des grandes occasions. Bien que les Humains soient les hôtes, leurs prestations avaient été amoindries au strict nécessaire, ce qui, pour les autres peuples approchait de la plaisanterie, mais avivait également leur curiosité. Les Humains avaient une longévité si courte... Ils étaient si fragiles... Tant et si bien qu'une fois la contrariété des premiers instants passés, les membres des autres peuples passèrent outre cette brièveté. D'autant que chacun s'empressa de développer des cérémonies interminables, certes fastes, mais qui finissaient pas devenir ennuyeuses au bout de quelques heures. Il y eut des offrandes, la plupart du temps symboliques et artistiques, que chacun accepta avec moultes remerciements, même si cela leur évoquait une répugnance notoire. La journée se déroula sans interruption jusque tard le soir, où enfin un banquet fut servi. Le Duce avait fait les choses en grand, pour proposer tous les mets appréciés de ses invités, ainsi que des plats Humain d'un raffinement inqualifiable. Le festin balaya une grande partie de la fatigue de la journée, et la nuit fit le reste. C'est au petit matin que les chefs de garnison des Legioni réveillèrent les représentants pour une nouvelle journée, qui s'annonçait plus intéressante, cette fois-ci.
***********************
Le Duce faisait les cent pas dans la salle du Dôme, écoutant d'une oreille le rapport d'un de ses hommes en poste sur la Mergetale.
- ... à déplorer. De nombreuses affaires ont été résolues sans notre intervention, et vous savez combien les gens ne connaissent pas la dignité et nos valeurs. Nos prévisions sont largement dépassées, il y a bien plus de violences et de morts que nous l'attendions.
Le Duce n'avait quasiment pas dormi de la nuit. Quelques minutes tout au plus. Ses mages lui avaient administré une potion qui décuplait ses capacités de récupération sensorielles, sans quoi les Joutes auraient été impossibles: il devait être disponible à tout instant. Le rapport de son subordonné n'était pas aussi satisfaisant qu'il l'aurait souhaité. Et ce n'était qu'un début. Si la tension montait, comme c'était souvent le cas dans des regroupements de cette ampleur, la situation pouvait dégénérer et les Joutes feraient l'effet inverse de ce pour quoi elles se déroulaient: la tolérance entre les peuples. Et le Duce avait fait une erreur dont il se souviendrait: les Legioni étaient parfaitement aptes à maîtriser les débordements violents, mais ils n'étaient pas formés à intervenir pour calmer les tensions et parlementer avec les gens. Il fallait des gens d'esprit, qui sachent manier la parole avec habileté et se faire entendre des foules. Ce qu'il n'avait pas du tout prévu. Les Chefs de garnisons avaient parfois cette étoffe, mais ils étaient de toute façon trop peu nombreux pour intervenir partout. Il allait falloir s'organiser autrement...
- Je vais en informer mes confrères, et nous aviserons. Pour l'instant, je voudrais que vous placiez vos plus habiles orateurs partout sur la Mergetale et que soient créés des Juges Populaires qui auront autorité pour résoudre les conflits entre tous.
- Vous n'allez pas renforcer la sécurité? s'étonna l'homme, inquiet.
- Cela ne servirait à rien. Nous savons que nos Legioni peuvent contenir les émeutes sans problèmes. Cette journée nous a montré qu'ils sont en revanche impuissants pour les affaires individuelles. Nous allons aussi changer les instructions des Mages Protecteurs. Plutôt que faire des enchantements contre la violence, je préfère qu'ils soient nos yeux sur la Mergetale. Qu'ils nous signalent toute incartade.
- Vous êtes sûr que les prêtres de Sigmar ne seraient pas plus aptes à...
Les froncils du Duce se froncèrent, tandis qu'il trancha:
- Mes rapports avec le Saint Duome sont au plus bas, vous le savez. Je ne peux pas demander de l'aide à ses disciples avec les tensions actuelles.
- Si vous lui expliquiez vos raisons, il...
- Je ne vais pas ramper devant Alcantare pour obtenir ses bonnes grâces. Prier Sigmar ne va pas empêcher les gens de se faire violence. Nos actions, si.
Le Duce arrêta sa marche et se tourna vers le chef de garnison, qui se raidit par convention:
- Je crois en vous tous et vos hommes. Je suis sûr que vous arriverez à limiter les problèmes jusqu'à ce que mes confrères et moi-même ayons statué sur la marche à suivre. Allez-y, maintenant.
Le soldat frappa le sol du pied comme le voulait l'usage, et quitta la salle d'un pas pressé. Le Duce soupira et se retourna pour s'asseoir sur une des chaises sublime qui entouraient la table du conseil, mais il fut interrompu par l'ouverture d'une autre porte, dans son champs de vision.
- Ah! Maître Elfe... Je ne vous attendais pas si tôt... Que puis-je faire pour vous?
La Feuille Souple entra avec toute la grâce inhérente à son peuple, et salua le Duce avec une précipitation inhabituelle pour ceux de son peuple. Il s'agissait d'un des gardes de la représentante, qui n'avait la veille pas quitté d'une semelle cette dernière. Il devait être son élément le plus fiable. Il semblait jeune parmi les sien, mais il était difficile de juger les Elfes sur leurs visages intemporels:
- Pardonnez cette intrusion sur les temps de repos, mais j'ai une information grave à vous communiquer.
Devant l'air grave de l'Elfe, Melim d'Arven opina:
- Je vous écoute.
- Des intrus ont réussi à passer la Grand-Porte et se dirigent vers ici.
L'expression du Duce vira à la stupéfaction. Le guerrier Elfe n'attendit pas la question:
- Ils se sont déguisés en Sem'lejj, mais nous craignons que ce soient... hélas... des Elfir.
- Des Elfir? Comment est-ce possible?
- Cela fait quelque temps parmi nous que des dissidents utilisant l'apparence des Sem'lejj sévissent. C'est la raison pour laquelle Dame Samalayin n'a pas pu venir à cette réunion. Notre représentante m'a envoyé auprès de vous pour vous prévenir au cas où ils n'en voudraient pas qu'à notre délégation.
- Legioni! appela le Duce avant de poursuivre pour l'Elfe: C'est insensé! Combien sont-ils? Des dizaines de mages ont entremêlés leurs enchantements sur la Grand-Porte... Même pour des Elfir, il faudrait être...
- Nombreux, oui. Mais nous n'avons pour l'instant détecté que deux intr...
Une explosion de voix se fit entendre derrière la porte des gardes, puis celle-ci s'ouvrit avec violence. Le Duce dégaina aussitôt son épée, tandis que l'Elfe bondissait à ses côtés, armé lui aussi. Un messager essoufflé rapporta:
- Duce! Nous avons une émeute devant la Grand-Porte!
Ce dernier jeta un regard furtif à l'Elfe, puis revint au messager:
- Quelle est la situation?
- Des individus ont réussi à franchir les barrières magique... Par Sigmar, c'est incompréhensible! Les magies ont complètement cédé, en provoquant une explosion gigantesque... Ca a rameuté tout un tas de gens, dont un groupe de Démons déchainés. Les Mages sont arrivé à ce moment et les ont révélés tels qu'ils sont vraiment! Et, Duce, vous allez jamais me croire...
Le messager fixa la Feuille Souple avec un regard dur avant de revenir sur son dirigeant:
- C'était des Elfes! Ils se sont enfuis dès que leur magie a cessé, mais nous les poursuivons encore.
Le guerrier Elfe capta le regard du Duce pour confirmer:
- Ce sont bien les méthodes de nos dissidents. Je vais rester auprès de vous jusqu'à ce que vos mages soient arrivés.
Le Duce hocha de la tête, puis s'adressa à tous les Legioni qui avaient fait irruption dans la salle du Dôme:
- Reformez les enchantements de la Grand-Porte. Plus personne ne rentre ou ne sort sans ma permission expresse! Vous, déployez tous les Legioni présents dans Munduce, en office ou non. Vous, prenez des Maîtres Elfes avec vous, et ramenez-nous quelques uns de ses dissidents qui se sont enfuis!
Tout le monde se dispersa, sauf quelques gardes.
- Quel est votre nom? demanda le Duce au guerrier Elfir.
- Nareneïel, Seigneur Humain.
- Eh bien, Nareneïel, je vous saurai gré de faire venir tous les représentants des peuple auprès de moi. Nous serons plus en sécurité tous ensemble.
L'Elfe acquiesça, et s'en fut tel un coup de vent. Quelques secondes plus tard, des mages investissaient les lieux, et commencèrent à renforcer les protections du Dômes par des incantations dont eux seuls avaient le secret.
Une fois tous les ordres donnés, le Duce s'assit au bout de la table du conseil, et se massa les tempes. Tout ceci était fort regrettable, et ajoutait un sujet de plus aux délibérations de cette journée qui s'annonçait encore plus interminable que la précédente. Malgré toute l'agitation qui régnait dehors, ils devaient poursuivre leur réunion. Les sujets étaient trop importants pour qu'ils interrompent leur face à face décisif.
La délégation des Elfes arriva la première avec empressement. Le Duce afficha un air contrarié:
- N'utilisez pas la télépathie dans un moment pareil, Dame Elfe. Nous ne savons pas à qui nous avons à faire. Et faites le savoir à vos suivants, surtout.
- C'est déjà fait, cher Duce. J'ai donné des instructions suite aux nouvelles de Nareneïel. Tous nos esprits sont désormais hermétiques.
- Je vous remercie. Prenez place, je vous en prie.
Un éclat rougeoyant illumina le ciel nocturne précédent l'aube. La déflagration fit trembler le sol du Dôme, figeant tous ses occupants dans une vigilance inquiète. Le Duce consulta les mages du regard, dont plusieurs semblaient contrits. L'un d'entre eux informa:
- Il s'agit de notre dispositif. Nous avons dressé une très large barrière pour empêcher quiconque de nous approcher. Elle devrait expulsait toute personne qui la touche en dehors de Munduce...
- Devrait? grinça le Duce, furibond.
- Ils font partie de ceux qui ont réussi à briser les enchantements de la Grand-Porte, Seigneur... Leur magie dépasse de loin la nôtre... Nous ne pouvons pas affirmer sans aucune réserve si cela suffira...
L'homme ne s'énerva pas, mais au ton qu'il employa pour dire ces mots, les mages comprirent qu'ils n'avaient pas le droit à l'échec:
- Ceci est notre cité. Nul n'entre sans autorisation.
Un silence total accueillit l'arrivée des autres délégations.
***********************
Le Duce faisait les cent pas dans la salle du Dôme, écoutant d'une oreille le rapport d'un de ses hommes en poste sur la Mergetale.
- ... à déplorer. De nombreuses affaires ont été résolues sans notre intervention, et vous savez combien les gens ne connaissent pas la dignité et nos valeurs. Nos prévisions sont largement dépassées, il y a bien plus de violences et de morts que nous l'attendions.
Le Duce n'avait quasiment pas dormi de la nuit. Quelques minutes tout au plus. Ses mages lui avaient administré une potion qui décuplait ses capacités de récupération sensorielles, sans quoi les Joutes auraient été impossibles: il devait être disponible à tout instant. Le rapport de son subordonné n'était pas aussi satisfaisant qu'il l'aurait souhaité. Et ce n'était qu'un début. Si la tension montait, comme c'était souvent le cas dans des regroupements de cette ampleur, la situation pouvait dégénérer et les Joutes feraient l'effet inverse de ce pour quoi elles se déroulaient: la tolérance entre les peuples. Et le Duce avait fait une erreur dont il se souviendrait: les Legioni étaient parfaitement aptes à maîtriser les débordements violents, mais ils n'étaient pas formés à intervenir pour calmer les tensions et parlementer avec les gens. Il fallait des gens d'esprit, qui sachent manier la parole avec habileté et se faire entendre des foules. Ce qu'il n'avait pas du tout prévu. Les Chefs de garnisons avaient parfois cette étoffe, mais ils étaient de toute façon trop peu nombreux pour intervenir partout. Il allait falloir s'organiser autrement...
- Je vais en informer mes confrères, et nous aviserons. Pour l'instant, je voudrais que vous placiez vos plus habiles orateurs partout sur la Mergetale et que soient créés des Juges Populaires qui auront autorité pour résoudre les conflits entre tous.
- Vous n'allez pas renforcer la sécurité? s'étonna l'homme, inquiet.
- Cela ne servirait à rien. Nous savons que nos Legioni peuvent contenir les émeutes sans problèmes. Cette journée nous a montré qu'ils sont en revanche impuissants pour les affaires individuelles. Nous allons aussi changer les instructions des Mages Protecteurs. Plutôt que faire des enchantements contre la violence, je préfère qu'ils soient nos yeux sur la Mergetale. Qu'ils nous signalent toute incartade.
- Vous êtes sûr que les prêtres de Sigmar ne seraient pas plus aptes à...
Les froncils du Duce se froncèrent, tandis qu'il trancha:
- Mes rapports avec le Saint Duome sont au plus bas, vous le savez. Je ne peux pas demander de l'aide à ses disciples avec les tensions actuelles.
- Si vous lui expliquiez vos raisons, il...
- Je ne vais pas ramper devant Alcantare pour obtenir ses bonnes grâces. Prier Sigmar ne va pas empêcher les gens de se faire violence. Nos actions, si.
Le Duce arrêta sa marche et se tourna vers le chef de garnison, qui se raidit par convention:
- Je crois en vous tous et vos hommes. Je suis sûr que vous arriverez à limiter les problèmes jusqu'à ce que mes confrères et moi-même ayons statué sur la marche à suivre. Allez-y, maintenant.
Le soldat frappa le sol du pied comme le voulait l'usage, et quitta la salle d'un pas pressé. Le Duce soupira et se retourna pour s'asseoir sur une des chaises sublime qui entouraient la table du conseil, mais il fut interrompu par l'ouverture d'une autre porte, dans son champs de vision.
- Ah! Maître Elfe... Je ne vous attendais pas si tôt... Que puis-je faire pour vous?
La Feuille Souple entra avec toute la grâce inhérente à son peuple, et salua le Duce avec une précipitation inhabituelle pour ceux de son peuple. Il s'agissait d'un des gardes de la représentante, qui n'avait la veille pas quitté d'une semelle cette dernière. Il devait être son élément le plus fiable. Il semblait jeune parmi les sien, mais il était difficile de juger les Elfes sur leurs visages intemporels:
- Pardonnez cette intrusion sur les temps de repos, mais j'ai une information grave à vous communiquer.
Devant l'air grave de l'Elfe, Melim d'Arven opina:
- Je vous écoute.
- Des intrus ont réussi à passer la Grand-Porte et se dirigent vers ici.
L'expression du Duce vira à la stupéfaction. Le guerrier Elfe n'attendit pas la question:
- Ils se sont déguisés en Sem'lejj, mais nous craignons que ce soient... hélas... des Elfir.
- Des Elfir? Comment est-ce possible?
- Cela fait quelque temps parmi nous que des dissidents utilisant l'apparence des Sem'lejj sévissent. C'est la raison pour laquelle Dame Samalayin n'a pas pu venir à cette réunion. Notre représentante m'a envoyé auprès de vous pour vous prévenir au cas où ils n'en voudraient pas qu'à notre délégation.
- Legioni! appela le Duce avant de poursuivre pour l'Elfe: C'est insensé! Combien sont-ils? Des dizaines de mages ont entremêlés leurs enchantements sur la Grand-Porte... Même pour des Elfir, il faudrait être...
- Nombreux, oui. Mais nous n'avons pour l'instant détecté que deux intr...
Une explosion de voix se fit entendre derrière la porte des gardes, puis celle-ci s'ouvrit avec violence. Le Duce dégaina aussitôt son épée, tandis que l'Elfe bondissait à ses côtés, armé lui aussi. Un messager essoufflé rapporta:
- Duce! Nous avons une émeute devant la Grand-Porte!
Ce dernier jeta un regard furtif à l'Elfe, puis revint au messager:
- Quelle est la situation?
- Des individus ont réussi à franchir les barrières magique... Par Sigmar, c'est incompréhensible! Les magies ont complètement cédé, en provoquant une explosion gigantesque... Ca a rameuté tout un tas de gens, dont un groupe de Démons déchainés. Les Mages sont arrivé à ce moment et les ont révélés tels qu'ils sont vraiment! Et, Duce, vous allez jamais me croire...
Le messager fixa la Feuille Souple avec un regard dur avant de revenir sur son dirigeant:
- C'était des Elfes! Ils se sont enfuis dès que leur magie a cessé, mais nous les poursuivons encore.
Le guerrier Elfe capta le regard du Duce pour confirmer:
- Ce sont bien les méthodes de nos dissidents. Je vais rester auprès de vous jusqu'à ce que vos mages soient arrivés.
Le Duce hocha de la tête, puis s'adressa à tous les Legioni qui avaient fait irruption dans la salle du Dôme:
- Reformez les enchantements de la Grand-Porte. Plus personne ne rentre ou ne sort sans ma permission expresse! Vous, déployez tous les Legioni présents dans Munduce, en office ou non. Vous, prenez des Maîtres Elfes avec vous, et ramenez-nous quelques uns de ses dissidents qui se sont enfuis!
Tout le monde se dispersa, sauf quelques gardes.
- Quel est votre nom? demanda le Duce au guerrier Elfir.
- Nareneïel, Seigneur Humain.
- Eh bien, Nareneïel, je vous saurai gré de faire venir tous les représentants des peuple auprès de moi. Nous serons plus en sécurité tous ensemble.
L'Elfe acquiesça, et s'en fut tel un coup de vent. Quelques secondes plus tard, des mages investissaient les lieux, et commencèrent à renforcer les protections du Dômes par des incantations dont eux seuls avaient le secret.
Une fois tous les ordres donnés, le Duce s'assit au bout de la table du conseil, et se massa les tempes. Tout ceci était fort regrettable, et ajoutait un sujet de plus aux délibérations de cette journée qui s'annonçait encore plus interminable que la précédente. Malgré toute l'agitation qui régnait dehors, ils devaient poursuivre leur réunion. Les sujets étaient trop importants pour qu'ils interrompent leur face à face décisif.
La délégation des Elfes arriva la première avec empressement. Le Duce afficha un air contrarié:
- N'utilisez pas la télépathie dans un moment pareil, Dame Elfe. Nous ne savons pas à qui nous avons à faire. Et faites le savoir à vos suivants, surtout.
- C'est déjà fait, cher Duce. J'ai donné des instructions suite aux nouvelles de Nareneïel. Tous nos esprits sont désormais hermétiques.
- Je vous remercie. Prenez place, je vous en prie.
Un éclat rougeoyant illumina le ciel nocturne précédent l'aube. La déflagration fit trembler le sol du Dôme, figeant tous ses occupants dans une vigilance inquiète. Le Duce consulta les mages du regard, dont plusieurs semblaient contrits. L'un d'entre eux informa:
- Il s'agit de notre dispositif. Nous avons dressé une très large barrière pour empêcher quiconque de nous approcher. Elle devrait expulsait toute personne qui la touche en dehors de Munduce...
- Devrait? grinça le Duce, furibond.
- Ils font partie de ceux qui ont réussi à briser les enchantements de la Grand-Porte, Seigneur... Leur magie dépasse de loin la nôtre... Nous ne pouvons pas affirmer sans aucune réserve si cela suffira...
L'homme ne s'énerva pas, mais au ton qu'il employa pour dire ces mots, les mages comprirent qu'ils n'avaient pas le droit à l'échec:
- Ceci est notre cité. Nul n'entre sans autorisation.
Un silence total accueillit l'arrivée des autres délégations.
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- Spoiler:
- 2d RP of the week: 1 P d'Argent (autovalidated)
Validation Itrenog : 18 Puissance, 15 Résistance et 13 Intelligence
Re: [RP Principal] Le sommet des 5
- Please note:
- This post is unfinished because the following events will be related by Yuke.
I did not want it to go to waste either; thus, here it is.
This is merely the beginning; the last of it was rough draft, hence not included.
L'aube pointait délicatement à l'horizon, dispersant les ombres et démons de la nuit. Les lueurs de jour frappèrent d'abord les remparts puis le Dôme, bijou dans l'écrin de nacre de la cité, puis descendirent progressivement pour éveiller les quartiers environnants. Lorsqu'elles atteignirent sa fenêtre, l'enfant gémit brièvement en plissant les yeux. Levant une main en visière, elle s'efforça de les rouvrir pour ne pas manquer le lever de l'astre solaire, remontant de l'autre sa poupée chiffon contre sa poitrine. A tâtons, elle chercha le loquet verrouillant les battants vitrés, se battit brièvement avec la clé tandis qu'elle se hissait sur la pointe des pieds, puis réprima un frisson de plaisir en posant enfin un pied nu sur la pierre polie du balcon. Elle rejoignit la balustrade pleine en quelques petits pas, s'y agrippant en même temps qu'elle coinçait la poupée chiffon au creux de son coude, et embrassa de ses yeux d'enfant les merveilles de la cité révélée par la lumière naissante.
Partout où le soleil répandait sa lueur, les ténèbres battaient en retraite, lui octroyant une victoire indiscutable. Elle aimait voir les ombres ainsi défaites, fuyant devant l'assaut impérieux de la lumière du jour. Avec elles, les terreurs de la nuit s'effaçaient et les monstres disparaissaient. Feryniel disait qu'ils n'existaient pas, que tout était dans son imagination et qu'il suffisait qu'elle se convainquît qu'il n'y avait rien pour que les ombres disparussent, mais elle savait bien qu'il n'en était rien. Ce n'était pas des cauchemars d'enfant comme faisait Narym. Ca n'avait rien à voir ! Tout était réel, elle le savait.
Petit à petit, le jour gagnait sur la nuit. La lune pâlissait nettement dans le ciel clair. Se réverbérant sur les remparts humides et les parois constellées de nacre, des couleurs arc-en-ciel teintaient l'atmosphère, l'imprégnant d'une odeur magique mêlée aux embruns salés, une odeur qu'elle affectionnait tout particulièrement. Un sourire ravi flotta sur son visage juvénile tandis qu'elle contemplait le spectacle matinal. Toutefois son euphorie déchanta quand son regard se porta sur les quartiers les plus bas, encore plongés dans une obscurité noire, accentuée par la présence vibrante de la lumière. Les visions de la nuit passée revinrent hanter son esprit, et elle serra davantage le chiffon, le pressant contre son visage. Bientôt, elles ne seraient plus, du moins jusqu'au soir...
Alors qu'elle se nourrissait de cette certitude que les démons ne pourraient la visiter le jour, elle crut apercevoir quelque chose dans l'obscurité en contre-bas. Elle retint sa respiration, soucieuse de ne pas être remarquée, se pencha lentement au-dessus du vide, se hissant avec précaution sur le large rebord de pierre, et sonda silencieusement les ténèbres d'un regard écarquillé. Ce qu'elle vit la pétrifia, et elle crut voir les terreurs de la nuit ressurgir du néant pour l'avaler toute entière. Incapable de bouger un cil, une sueur glacée coulant le long de son échine, elle observa, aussi fascinée qu'affolée, les ombres se mouvoir avec une délicatesse toute singulière tandis que deux perles d'un violet étincelant perçait jusqu'à la clarté du jour. Telle une paire d'yeux pénétrants, elle les sentit se ficher dans les siens, semblant transpercer son âme avec une intensité folle. Elle suffoqua, un cri étranglé resta coincé dans sa gorge. Prise de violents tremblements, elle recula d'un bond, abandonnant la poupée qui glissa dans le vide. Elle n'y prêta pas la moindre attention, trop occupée à refermer la porte derrière elle en hâte, puis à courir jusqu'à son lit pour se rouler en boule sous ses couvertures, transie de peur, répétant inlassablement un mantra de Feryniel entrecoupé de sanglots, priant pour que les démons s'en fussent et la laissassent tranquille. Lorsque, plus tard, Narym vint la réveiller, sautant sur le lit avec une réserve toute enfantine, et qu'il lui demanda si elle avait pleuré, elle porta une main à son visage, sans comprendre ; elle ne se souvenait pas.
Partout où le soleil répandait sa lueur, les ténèbres battaient en retraite, lui octroyant une victoire indiscutable. Elle aimait voir les ombres ainsi défaites, fuyant devant l'assaut impérieux de la lumière du jour. Avec elles, les terreurs de la nuit s'effaçaient et les monstres disparaissaient. Feryniel disait qu'ils n'existaient pas, que tout était dans son imagination et qu'il suffisait qu'elle se convainquît qu'il n'y avait rien pour que les ombres disparussent, mais elle savait bien qu'il n'en était rien. Ce n'était pas des cauchemars d'enfant comme faisait Narym. Ca n'avait rien à voir ! Tout était réel, elle le savait.
Petit à petit, le jour gagnait sur la nuit. La lune pâlissait nettement dans le ciel clair. Se réverbérant sur les remparts humides et les parois constellées de nacre, des couleurs arc-en-ciel teintaient l'atmosphère, l'imprégnant d'une odeur magique mêlée aux embruns salés, une odeur qu'elle affectionnait tout particulièrement. Un sourire ravi flotta sur son visage juvénile tandis qu'elle contemplait le spectacle matinal. Toutefois son euphorie déchanta quand son regard se porta sur les quartiers les plus bas, encore plongés dans une obscurité noire, accentuée par la présence vibrante de la lumière. Les visions de la nuit passée revinrent hanter son esprit, et elle serra davantage le chiffon, le pressant contre son visage. Bientôt, elles ne seraient plus, du moins jusqu'au soir...
Alors qu'elle se nourrissait de cette certitude que les démons ne pourraient la visiter le jour, elle crut apercevoir quelque chose dans l'obscurité en contre-bas. Elle retint sa respiration, soucieuse de ne pas être remarquée, se pencha lentement au-dessus du vide, se hissant avec précaution sur le large rebord de pierre, et sonda silencieusement les ténèbres d'un regard écarquillé. Ce qu'elle vit la pétrifia, et elle crut voir les terreurs de la nuit ressurgir du néant pour l'avaler toute entière. Incapable de bouger un cil, une sueur glacée coulant le long de son échine, elle observa, aussi fascinée qu'affolée, les ombres se mouvoir avec une délicatesse toute singulière tandis que deux perles d'un violet étincelant perçait jusqu'à la clarté du jour. Telle une paire d'yeux pénétrants, elle les sentit se ficher dans les siens, semblant transpercer son âme avec une intensité folle. Elle suffoqua, un cri étranglé resta coincé dans sa gorge. Prise de violents tremblements, elle recula d'un bond, abandonnant la poupée qui glissa dans le vide. Elle n'y prêta pas la moindre attention, trop occupée à refermer la porte derrière elle en hâte, puis à courir jusqu'à son lit pour se rouler en boule sous ses couvertures, transie de peur, répétant inlassablement un mantra de Feryniel entrecoupé de sanglots, priant pour que les démons s'en fussent et la laissassent tranquille. Lorsque, plus tard, Narym vint la réveiller, sautant sur le lit avec une réserve toute enfantine, et qu'il lui demanda si elle avait pleuré, elle porta une main à son visage, sans comprendre ; elle ne se souvenait pas.
- Here I am again:
- First of the week. Thx.
Yuke: 1 P. d'Argent ^^
Validation Itrenog : 15 Intelligence
Re: [RP Principal] Le sommet des 5
[Quelques minutes après la fin de mon post. Un bon moment avant celui de Nathrae. Dôme du sommet des Cinq.]
- ... commence sur les Grandes Plaines, termina Melim d'Arven en appuyant son regard vers le Haut Roi Cassiel. Si nous nous référons aux amendements des accords du siècle dernier, il est inadmissible que ce genre de chose se produise.
Le Nain avait écouté la tirade de son homologue humain en fronçant les sourcils. Parmi les siens, personne n'aurait osé lui parler ainsi, à moins de vouloir ouvertement entrer en conflit avec ses lois. Mais cette négociation faisait partie du Conseil des Cinq, et le Haut Roi avait fait un gros effort en ne réagissant pas sévèrement aux propos de l'homme. Quand il put enfin s'exprimer, ce ne fut pas sans une certaine tension:
- J'ai toute conscience de notre garantie de sécurité des marchands sur les Grandes Plaines, Duce, mais actuellement, nous devons combattre des ennemis dans les Montagnes. Mes garnisons n'ont pas leur place dans les Grandes Plaines. Et je n'ordonnerai pas de les envoyer là-bas tant que ça ne sera pas réglé.
Cassiel avait une voix portante et fière, et comme la majorité de ceux de son peuple, il ne s’embarrassait guère de détours de langages ni de politesses obsolètes. Son message était direct, et catégorique. Il était de notoriété publique que les Naug revenaient rarement sur leur parole. Leur souverain collait assez bien à cette description. Le Duce, voyant qu'il ne pourrait pas en tirer plus, se rassit sur sa chaise et demanda une suspension de séance. La demande surprit les autres représentants, puisque cela ne faisait que très peu de temps qu'ils venaient de commencer. Ceci était la première discussion après avoir réglé les premières dispositions concernant la percée de la Grand-Porte et les évènements de la nuit. Toutefois, devant l'air sérieux du Duce, ceux-ci consentirent à sa requête. Ils avaient de toute façon tous besoin de consulter les nouvelles concernant ce qu'il se passait à l'extérieur. Melim d'Arven s'éloigna de la table et partit rejoindre les mages qui les protégeaient:
- Quelle est la situation?
- L'escouade du Prince Alrik vient de rejoindre nos hommes, près de l'Encantoein, répliqua une magicienne. Ils se dirigent vers les Bas Quartiers, pour empêcher les intrus de se cacher dans le Port ou les Egouts.
- Les entrées des Egouts sont-elles surveillées?
- Oui, Duce. Par une ou deux escouade, selon leur importance. Nous avons également construit des dispositifs magiques pour être averti de toute intrusion dans les canaux.
- Où sont les intrus?
- Aux dernières nouvelles, ils ont été aperçus en train de descendre dans la rue d'Atempit...
Le front du Duce se plissa.
- Pourquoi longer ce côté de la cité? Ils sont à l'opposé de notre position... De plus, il n'y a rien qui puisse intéresser dans ces rues...
- Nous n'en savons rien, répondit la magicienne. Cependant, nous avons réfléchi à tout ceci: tout semble indiquer que les intrus étaient au nombre de trois, et non deux comme nous le croyions au départ.
- Trois?
- En effet. La réaction de notre barrière que vous avez entendu tout à l'heure était en fait probablement une diversion visant à nous emmener dans une mauvaise direction. Pendant ce temps, les deux autres complices ont filé vers les rues nord pour longer la périphérie de la cité sans être poursuivis.
- Nos hommes à la Grand-Porte nous auraient envoyé une fausse information?
- C'est possible. Toutefois, nous avons sondé l'esprit du messager, et il est bien certain d'avoir vu 2 silhouettes. Si un troisième individu est entré, il ne peut l'avoir fait qu'avant que la barrière ne soit brisée - ce qui est impossible - soit...
- ... soit il est rentré avec le messager. A-t-il pu prendre sa place? fit le Duce, envisageant toutes les possibilités.
- Non, il n'aurait pas pu rentrer ici sans que l'on s'en aperçoivent. C'est bien le messager qui vous a remis les informations.
- Comment se fait-il que nous ayons autant de mal à les capturer... Votre magie n'est pas capable de les localiser?
- Nous avons déjà essayé, mais la cité est plongée dans un brouillard occulte d'une nature inconnue. Nous pensons qu'il s'est développé suite à l'explosion des protections de la Grand-Porte, car aucun mage ne pourrait générer un tel champs sans un soutien massif... et fixe.
- C'est à dire qu'il faudrait des complices dans l'enceinte de Munduce?
La magicienne hocha la tête, confirmant les soupçon du Duce.
- Ce qui veut dire que nous avons peut-être des traîtres à l'intérieur même de nos murs...
- Si c'est le cas, nous n'avons aucun moyen de les déceler, Duce, sinon cela serait déjà fait. Il faut adopter la plus grande prudence...
- Sans offenser ni accuser aucun d'entre nous... termina-t-il.
Il s'éloigna pour rejoindre la table du conseil, puis se rassit. Ses homologues cessèrent rapidement leurs échanges avec leurs conseillers et autres suivants pour reprendre la réunion.
- J'aimerai maintenant vous entretenir d'une pensée qui ne cesse de prendre de l'ampleur dans mon esprit en cet instant. Si nous sommes réunis ici, c'est pour renforcer les principes du Pacte des Cinq, qui nous a légué plus de huit siècles de paix, car celui-ci semble perdre de sa vigueur. Chacun des Peuples représenté ici a perçu cette faiblesse, et c'est pour la combler que vous êtes tous venus. Voilà le deuxième jour de ce conseil, et déjà des nouvelles graves et des incidents se sont produits. Récemment, les Nains ont dû faire face à des attaques violentes de Rebelles dans leurs montagnes. Nous apprenons aussi que les Elfes subissent les méfaits de dissidents parmi leurs rangs. Et maintenant que j'y pense, j'ai récemment eu moi aussi des difficultés avec les confréries de magie d'Alcantare.
Il parcourut son auditoire des yeux, captivant son attention grandissante.
- Tout cela est encore très flou dans mon esprit, mais les évènements de cette nuit me font penser que peut-être... Tout cela est lié.
Des murmures s'élevèrent dans l'assemblée. Ce fut la représentante des Elfir qui parla la première:
- Sur quoi vous appuyez-vous pour dire cela?
- Ce n'est qu'une théorie. Si nous sommes tous là, c'est que nous avons des difficultés, et que nous vivons des temps perturbés. Je trouve juste étrange qu'autant de coïncidences arrivent à plusieurs peuples en même temps.
Il se tourna vers la représentante des Orcs, une Chamane dont les yeux verts semblaient lire l'âme des choses plus que de les regarder.
- Legorrha Arn'Tethed, à l'écoute de mes paroles, n'avez-vous pas à nous faire partager un mal qui pèse sur votre Peuple au moment où nous parlons?
La Chamane le fixa un instant des yeux, puis jeta des objets sur la table, qui roulèrent chaotiquement avant de s'arrêter. Il s'agissait visiblement d'osselets brillants, qu'elle parcourut d'un coup d'oeil avant de prendre la parole:
- D'un long sommeil, les Sergates s'éveillent.
Nul n'échappe à leurs oreilles qui veillent...
Tels des fauves assoiffés, ils avancent
Et prennent nouveaux-nés pour pitance...
Sa voix était teintée d'un ressenti qui n'échappa à personne. La forme de sa réponse était surprenante, mais elle eut un impact encore plus grand que si elle avait dit ceci avec une simple prose. Les rimes éveillèrent même la sensibilité des Elfes. Le Duce prit quelques instant avant de reprendre, refoulant l'émotion:
- Et vous, Etres des Profondeurs...?
L'Omerädies qui siégeait à ce conseil avait été choisie pour son apparence peu impressionnante. Mais tous savaient qu'il ne fallait pas s'y fier: le contrôle absolu sur son aura néfaste montrait qu'elle disposait d'un âge avancé. Son corps était longiligne, et l'on ne distinguait aucun bras. Vêtue de pourpre, un voile de soie recouvrait ce qui semblait lui servir de tête. Quand elle parlait, la voix semblait venir de tout son corps, la différenciant totalement des autres créatures ici présentes.
- Nombre des nôtres disparaissent sans revenir à l'Inferës. Je ne sais pas si cela peut-être relié à votre théorie, car ceci se produit depuis longtemps, sans cesser de croître jusqu'à ce jour.
Un silence s'établit dans le Dôme. Chacun était frappé par ces étranges coïncidences. Il n'y avait aucune certitude, et pourtant les choses se recoupaient singulièrement.
- Est-ce à dire que nous devrions craindre un ennemi commun? s'enquit le Haut Roi Cassiel. Qui serait-il? Et que veut-il?
La réponse qui se dessina en chacun des êtres présents fut balayée par le Duce:
- Je doute que les N'Elfir puissent orchestrer une telle chose. Et aussi dangereux qu'ils puissent être, les N'Armetla ne pourraient pas agir parmi les Elfes. La puissante magie du bannissement leur interdit la présence aux abords de la Grande Forêt.
- Ils pourraient avoir corrompu des Elfes à leur cause, rappela l'Omerädies.
Le Duce ne se laissa pas démonter.
- Non, agir ainsi ne leur ressemble pas. Si ma théorie est exacte, je pense plutôt que ces évènements ne sont pas à leur avantage.
Il se tut ensuite, perdu dans ses réflexions. La représentante des Feuilles Souples, sentant son hésitation, le devança:
- Si toutes ces nouvelles sont reliées, il est clair que l'on cherche à nous mener sur une piste définie. L'essentiel n'est pas d'y échapper, mais de devancer les objectifs qu'elle cache. Nous devons nous concentrer sur ce que nous savons de manière sûre.
- Nos problèmes respectifs nous poussent à suspecter les autres peuples et à augmenter les tensions, fit l'Omerädies. Ce qui laisserait penser qu'on en veut au Pacte des Cinq directement.
- Aucun peuple de Geadrâs ne commettrait telle folie, intervint la Chamane. Même les N'Elfir savent que le Pacte des Cinq n'est pas une simple trêve. Pour le rompre, il faudrait...
Elle s'interrompit soudainement dans son raisonnement... Puis se focalisa sur ses osselets divinatoires, répandus sur la table.
- A moins que...
Elle leva les yeux, en continuant de marmonner. Puis elle revint à l'assemblée:
- Je perçois une autre voie.
Elle ramassa ses osselets, qu'elle jeta à nouveau, plus fort cette fois-ci. Ceux-ci se répandirent sur la table en tournoyant jusqu'à former vaguement cinq regroupement autour d'un unique os central, ressemblant à un croc.
- Chez nous, nous avons un proverbe. "Si tu ne vois le jour, attends la nuit." Alors, si rompre le Pacte des Cinq est absurde, peut-être qu'il est mieux de s'en servir.
Les représentants se retinrent de noter qu'ils ne voyaient pas franchement le rapport entre le proverbe et le raisonnement, mais la révélation était assez intéressante pour passer outre.
- Se servir du Pacte des Cinq? répéta le Duce, incrédule. Seuls les dirigeants des Peuples peuvent accomplir cette tâche. Et de plus, ils ne peuvent le faire que tous les 5 réunis.
- C'est ça que cherchent à faire ceux qui sont derrière tout cela, intervint la Dame des Elfir. Tous ces désagréments cherchent ouvertement à nous diviser, mais dans le but opposé de nous réunir en urgence, afin d'invoquer le pouvoir du Pacte, chose que rien d'autre ne peut provoquer.
- Tout cela est absurde. Même si le pouvoir du Pacte est convoqué, on ne peut pas s'en servir pour assouvir sa propre volonté. Cette magie dépasse même le niveau des N'Armetla. C'est pour cela qu'il a été conclu.
Un temps de latence se fit, chacun se repassant les hypothèse à l'esprit. Puis le Duce conclut:
- Quoi qu'il en soit... Les évènements récents appellent à la prudence. Il semblerait que quelque chose de plus grand que prévu ne se prépare. Quand cela arrivera, nous devrons être prêts. Et soudés. Car c'est de la discorde que naîtront les plus grandes menaces. L'un d'entre vous a des suggestions pour prévenir de l'usage du Pacte des Cinq?
Les représentants se regardèrent les uns les autres. Ce fut le Haut Roi Cassiel qui demanda:
- J'ai quelque chose à proposer... En comité restreint.
Son regard s'égara sur les mages et les Legioni chargé de la sécurité du Dôme. Chacun savait que "comité restreint" impliquait aussi 1 seul conseiller pour chaque représentant. Ses homologues approuvèrent d'un signe de tête, et le Duce ordonna à tous les Humains de sortir, exepté sa conseillère personnelle. Quand le Dôme fut enfin vidé de nombre de ses occupants, l'Omerädies s'impatienta:
- Nous vous écoutons, Maître Nain.
Cassiel s'éclaircit la gorge et exposa avec sa franchise magistrale:
- Il faut constituer le Dath Mensor.
Les regards se durcirent autour de la tablée. Nul n'avait osé le dire jusque là, mais ils y étaient finalement arrivés.
La situation ne laissait plus que ce choix.
Au dehors, les lueurs de l'aube filtrèrent à travers les interstices et les vitraux du dôme. La journée commençait mal.
Très mal.
- ... commence sur les Grandes Plaines, termina Melim d'Arven en appuyant son regard vers le Haut Roi Cassiel. Si nous nous référons aux amendements des accords du siècle dernier, il est inadmissible que ce genre de chose se produise.
Le Nain avait écouté la tirade de son homologue humain en fronçant les sourcils. Parmi les siens, personne n'aurait osé lui parler ainsi, à moins de vouloir ouvertement entrer en conflit avec ses lois. Mais cette négociation faisait partie du Conseil des Cinq, et le Haut Roi avait fait un gros effort en ne réagissant pas sévèrement aux propos de l'homme. Quand il put enfin s'exprimer, ce ne fut pas sans une certaine tension:
- J'ai toute conscience de notre garantie de sécurité des marchands sur les Grandes Plaines, Duce, mais actuellement, nous devons combattre des ennemis dans les Montagnes. Mes garnisons n'ont pas leur place dans les Grandes Plaines. Et je n'ordonnerai pas de les envoyer là-bas tant que ça ne sera pas réglé.
Cassiel avait une voix portante et fière, et comme la majorité de ceux de son peuple, il ne s’embarrassait guère de détours de langages ni de politesses obsolètes. Son message était direct, et catégorique. Il était de notoriété publique que les Naug revenaient rarement sur leur parole. Leur souverain collait assez bien à cette description. Le Duce, voyant qu'il ne pourrait pas en tirer plus, se rassit sur sa chaise et demanda une suspension de séance. La demande surprit les autres représentants, puisque cela ne faisait que très peu de temps qu'ils venaient de commencer. Ceci était la première discussion après avoir réglé les premières dispositions concernant la percée de la Grand-Porte et les évènements de la nuit. Toutefois, devant l'air sérieux du Duce, ceux-ci consentirent à sa requête. Ils avaient de toute façon tous besoin de consulter les nouvelles concernant ce qu'il se passait à l'extérieur. Melim d'Arven s'éloigna de la table et partit rejoindre les mages qui les protégeaient:
- Quelle est la situation?
- L'escouade du Prince Alrik vient de rejoindre nos hommes, près de l'Encantoein, répliqua une magicienne. Ils se dirigent vers les Bas Quartiers, pour empêcher les intrus de se cacher dans le Port ou les Egouts.
- Les entrées des Egouts sont-elles surveillées?
- Oui, Duce. Par une ou deux escouade, selon leur importance. Nous avons également construit des dispositifs magiques pour être averti de toute intrusion dans les canaux.
- Où sont les intrus?
- Aux dernières nouvelles, ils ont été aperçus en train de descendre dans la rue d'Atempit...
Le front du Duce se plissa.
- Pourquoi longer ce côté de la cité? Ils sont à l'opposé de notre position... De plus, il n'y a rien qui puisse intéresser dans ces rues...
- Nous n'en savons rien, répondit la magicienne. Cependant, nous avons réfléchi à tout ceci: tout semble indiquer que les intrus étaient au nombre de trois, et non deux comme nous le croyions au départ.
- Trois?
- En effet. La réaction de notre barrière que vous avez entendu tout à l'heure était en fait probablement une diversion visant à nous emmener dans une mauvaise direction. Pendant ce temps, les deux autres complices ont filé vers les rues nord pour longer la périphérie de la cité sans être poursuivis.
- Nos hommes à la Grand-Porte nous auraient envoyé une fausse information?
- C'est possible. Toutefois, nous avons sondé l'esprit du messager, et il est bien certain d'avoir vu 2 silhouettes. Si un troisième individu est entré, il ne peut l'avoir fait qu'avant que la barrière ne soit brisée - ce qui est impossible - soit...
- ... soit il est rentré avec le messager. A-t-il pu prendre sa place? fit le Duce, envisageant toutes les possibilités.
- Non, il n'aurait pas pu rentrer ici sans que l'on s'en aperçoivent. C'est bien le messager qui vous a remis les informations.
- Comment se fait-il que nous ayons autant de mal à les capturer... Votre magie n'est pas capable de les localiser?
- Nous avons déjà essayé, mais la cité est plongée dans un brouillard occulte d'une nature inconnue. Nous pensons qu'il s'est développé suite à l'explosion des protections de la Grand-Porte, car aucun mage ne pourrait générer un tel champs sans un soutien massif... et fixe.
- C'est à dire qu'il faudrait des complices dans l'enceinte de Munduce?
La magicienne hocha la tête, confirmant les soupçon du Duce.
- Ce qui veut dire que nous avons peut-être des traîtres à l'intérieur même de nos murs...
- Si c'est le cas, nous n'avons aucun moyen de les déceler, Duce, sinon cela serait déjà fait. Il faut adopter la plus grande prudence...
- Sans offenser ni accuser aucun d'entre nous... termina-t-il.
Il s'éloigna pour rejoindre la table du conseil, puis se rassit. Ses homologues cessèrent rapidement leurs échanges avec leurs conseillers et autres suivants pour reprendre la réunion.
- J'aimerai maintenant vous entretenir d'une pensée qui ne cesse de prendre de l'ampleur dans mon esprit en cet instant. Si nous sommes réunis ici, c'est pour renforcer les principes du Pacte des Cinq, qui nous a légué plus de huit siècles de paix, car celui-ci semble perdre de sa vigueur. Chacun des Peuples représenté ici a perçu cette faiblesse, et c'est pour la combler que vous êtes tous venus. Voilà le deuxième jour de ce conseil, et déjà des nouvelles graves et des incidents se sont produits. Récemment, les Nains ont dû faire face à des attaques violentes de Rebelles dans leurs montagnes. Nous apprenons aussi que les Elfes subissent les méfaits de dissidents parmi leurs rangs. Et maintenant que j'y pense, j'ai récemment eu moi aussi des difficultés avec les confréries de magie d'Alcantare.
Il parcourut son auditoire des yeux, captivant son attention grandissante.
- Tout cela est encore très flou dans mon esprit, mais les évènements de cette nuit me font penser que peut-être... Tout cela est lié.
Des murmures s'élevèrent dans l'assemblée. Ce fut la représentante des Elfir qui parla la première:
- Sur quoi vous appuyez-vous pour dire cela?
- Ce n'est qu'une théorie. Si nous sommes tous là, c'est que nous avons des difficultés, et que nous vivons des temps perturbés. Je trouve juste étrange qu'autant de coïncidences arrivent à plusieurs peuples en même temps.
Il se tourna vers la représentante des Orcs, une Chamane dont les yeux verts semblaient lire l'âme des choses plus que de les regarder.
- Legorrha Arn'Tethed, à l'écoute de mes paroles, n'avez-vous pas à nous faire partager un mal qui pèse sur votre Peuple au moment où nous parlons?
La Chamane le fixa un instant des yeux, puis jeta des objets sur la table, qui roulèrent chaotiquement avant de s'arrêter. Il s'agissait visiblement d'osselets brillants, qu'elle parcourut d'un coup d'oeil avant de prendre la parole:
- D'un long sommeil, les Sergates s'éveillent.
Nul n'échappe à leurs oreilles qui veillent...
Tels des fauves assoiffés, ils avancent
Et prennent nouveaux-nés pour pitance...
Sa voix était teintée d'un ressenti qui n'échappa à personne. La forme de sa réponse était surprenante, mais elle eut un impact encore plus grand que si elle avait dit ceci avec une simple prose. Les rimes éveillèrent même la sensibilité des Elfes. Le Duce prit quelques instant avant de reprendre, refoulant l'émotion:
- Et vous, Etres des Profondeurs...?
L'Omerädies qui siégeait à ce conseil avait été choisie pour son apparence peu impressionnante. Mais tous savaient qu'il ne fallait pas s'y fier: le contrôle absolu sur son aura néfaste montrait qu'elle disposait d'un âge avancé. Son corps était longiligne, et l'on ne distinguait aucun bras. Vêtue de pourpre, un voile de soie recouvrait ce qui semblait lui servir de tête. Quand elle parlait, la voix semblait venir de tout son corps, la différenciant totalement des autres créatures ici présentes.
- Nombre des nôtres disparaissent sans revenir à l'Inferës. Je ne sais pas si cela peut-être relié à votre théorie, car ceci se produit depuis longtemps, sans cesser de croître jusqu'à ce jour.
Un silence s'établit dans le Dôme. Chacun était frappé par ces étranges coïncidences. Il n'y avait aucune certitude, et pourtant les choses se recoupaient singulièrement.
- Est-ce à dire que nous devrions craindre un ennemi commun? s'enquit le Haut Roi Cassiel. Qui serait-il? Et que veut-il?
La réponse qui se dessina en chacun des êtres présents fut balayée par le Duce:
- Je doute que les N'Elfir puissent orchestrer une telle chose. Et aussi dangereux qu'ils puissent être, les N'Armetla ne pourraient pas agir parmi les Elfes. La puissante magie du bannissement leur interdit la présence aux abords de la Grande Forêt.
- Ils pourraient avoir corrompu des Elfes à leur cause, rappela l'Omerädies.
Le Duce ne se laissa pas démonter.
- Non, agir ainsi ne leur ressemble pas. Si ma théorie est exacte, je pense plutôt que ces évènements ne sont pas à leur avantage.
Il se tut ensuite, perdu dans ses réflexions. La représentante des Feuilles Souples, sentant son hésitation, le devança:
- Si toutes ces nouvelles sont reliées, il est clair que l'on cherche à nous mener sur une piste définie. L'essentiel n'est pas d'y échapper, mais de devancer les objectifs qu'elle cache. Nous devons nous concentrer sur ce que nous savons de manière sûre.
- Nos problèmes respectifs nous poussent à suspecter les autres peuples et à augmenter les tensions, fit l'Omerädies. Ce qui laisserait penser qu'on en veut au Pacte des Cinq directement.
- Aucun peuple de Geadrâs ne commettrait telle folie, intervint la Chamane. Même les N'Elfir savent que le Pacte des Cinq n'est pas une simple trêve. Pour le rompre, il faudrait...
Elle s'interrompit soudainement dans son raisonnement... Puis se focalisa sur ses osselets divinatoires, répandus sur la table.
- A moins que...
Elle leva les yeux, en continuant de marmonner. Puis elle revint à l'assemblée:
- Je perçois une autre voie.
Elle ramassa ses osselets, qu'elle jeta à nouveau, plus fort cette fois-ci. Ceux-ci se répandirent sur la table en tournoyant jusqu'à former vaguement cinq regroupement autour d'un unique os central, ressemblant à un croc.
- Chez nous, nous avons un proverbe. "Si tu ne vois le jour, attends la nuit." Alors, si rompre le Pacte des Cinq est absurde, peut-être qu'il est mieux de s'en servir.
Les représentants se retinrent de noter qu'ils ne voyaient pas franchement le rapport entre le proverbe et le raisonnement, mais la révélation était assez intéressante pour passer outre.
- Se servir du Pacte des Cinq? répéta le Duce, incrédule. Seuls les dirigeants des Peuples peuvent accomplir cette tâche. Et de plus, ils ne peuvent le faire que tous les 5 réunis.
- C'est ça que cherchent à faire ceux qui sont derrière tout cela, intervint la Dame des Elfir. Tous ces désagréments cherchent ouvertement à nous diviser, mais dans le but opposé de nous réunir en urgence, afin d'invoquer le pouvoir du Pacte, chose que rien d'autre ne peut provoquer.
- Tout cela est absurde. Même si le pouvoir du Pacte est convoqué, on ne peut pas s'en servir pour assouvir sa propre volonté. Cette magie dépasse même le niveau des N'Armetla. C'est pour cela qu'il a été conclu.
Un temps de latence se fit, chacun se repassant les hypothèse à l'esprit. Puis le Duce conclut:
- Quoi qu'il en soit... Les évènements récents appellent à la prudence. Il semblerait que quelque chose de plus grand que prévu ne se prépare. Quand cela arrivera, nous devrons être prêts. Et soudés. Car c'est de la discorde que naîtront les plus grandes menaces. L'un d'entre vous a des suggestions pour prévenir de l'usage du Pacte des Cinq?
Les représentants se regardèrent les uns les autres. Ce fut le Haut Roi Cassiel qui demanda:
- J'ai quelque chose à proposer... En comité restreint.
Son regard s'égara sur les mages et les Legioni chargé de la sécurité du Dôme. Chacun savait que "comité restreint" impliquait aussi 1 seul conseiller pour chaque représentant. Ses homologues approuvèrent d'un signe de tête, et le Duce ordonna à tous les Humains de sortir, exepté sa conseillère personnelle. Quand le Dôme fut enfin vidé de nombre de ses occupants, l'Omerädies s'impatienta:
- Nous vous écoutons, Maître Nain.
Cassiel s'éclaircit la gorge et exposa avec sa franchise magistrale:
- Il faut constituer le Dath Mensor.
Les regards se durcirent autour de la tablée. Nul n'avait osé le dire jusque là, mais ils y étaient finalement arrivés.
La situation ne laissait plus que ce choix.
Au dehors, les lueurs de l'aube filtrèrent à travers les interstices et les vitraux du dôme. La journée commençait mal.
Très mal.
************************
- Spoiler:
- 1st RP of the week... 1 P Argent. (Myself: autovalidated)
Validation Itrenog : 12 Intelligence et 46 Concentration
Re: [RP Principal] Le sommet des 5
Alrik fut lentement escorté par les hommes du capitaine Malon, on s'assurait qu'il ne risquait d'être attaqué jusqu'à sa sortie de Munduce. Le prince héritié avait quitté le Haut Roi son père quelques instants plus tôt et l'avait laissé sous bonne garde. C'est l'esprit apaisé qu'il passait entre les rangées de baraquements parfaitement alignés sous le regard pesant de vieillards à la mine déconfite. Un peu plus loin les legioni di Munduce s'activait pour ouvrir les grandes portes de la cité. Le bois était parcouru par de mince filet de lumière blanche, la magie était si concentré et si puissante qu'on pouvait la voir à l'oeil nue. Alrik ne pu qu'en éprouver de l'admiration, cette porte était aussi bien gardée que celle de Rik Kazad. Alors qu'il comparait l'entrée des deux cités il fut interrompu dans ses réflexions par le cri d'un énorme garde sur les remparts. Un gros sergent à la pense rebondit hurlait des ordres et crachait de lourds reproche sur quelques sentinelles rêvassant. Ses cheveux grisés tombaient le long de son visage sévère, ses grosses joues étaient recouverte d'une barbe parfaitement entretenue et ses yeux noirs de nuit lui donnait une prestance hors du commun.
Sous ses ordres, une troupe de lanciers et d'archers se mirent en position face à la porte. La moindre tentative d'intrusion serait annihilée par les guerriers expérimentés. Les défenses de l'entrée de la cité disparurent progressivement pour permettre son ouverture. Les filets d'argent qui s'écoulaient sur les portes s'effaçèrent lentement et les gardes retirèrent les puissants loquets qui maintenait l'entrée close. Immédiatement le jour s'immisça par l'entrebâillement des lourdes portes et Alrik fut invité à sortir. A l'extérieur c'était une toute autre ambiance qui l'attendait mais il se réjouissait d'avance de pouvoir retrouver ses hommes dont le campement se dressait à proximité des remparts. Le prince du Royaume des Nains salua les gardes qui l'avait escorté. Certains voulurent rester à ses cotés pour veiller à sa sécurité jusqu'au campement des unités Khuzûd mais Alrik les en dissuada d'un geste. Il n'avait réellement pas envie qu'on lui colle au basque toute la journée pour être sûr qu'il resterait en vie...
Dès qu'il eu dépassé la muraille les portes se refermèrent sous les ordres du gros sergent et les mages s'activèrent pour reformer les sorts sur l'entrée. De nouveau scellée, personne ne pourrait rentrer dans Munduce sans accord express d'un des chefs représentant des races de Geadrâs.
Alrik traversa les rangées de tente et de campement saluant des passants nains et s'arrêtant parfois amusé par les combats de lutte de guerriers orcs. Les hommes et les peaux vertes s'étaient assemblés pour encourager les lutteurs et l'on pouvait alors trouver quelques ressemblances entre les deux races. Alrik passa son chemin alors qu'il apercevait enfin les étendards des Lokdârs et des Buzârds. Les tentes avaient été installées intelligemment pour parer à toute éventualité et des sentinelles patrouillaient entre elles, attentif. Les deux Buzârds reconnaissable par la couleur verte émeraude de leur uniforme aperçurent leur prince et un sourire se dessina sur leurs lèvres. Ils étaient heureux de revoir leur prince en bonne santé.
- Commandant! Saluèrent les deux guerriers d'une même voix. Alrik leur rendit leur salut d'un signe de tête et passa entre eux en leur tapotant l'épaule dans un geste amicale.
Alrik se sentait enfin chez lui, entouré de ses amis et de ses compagnons. Le régiment de Rik Kazad passa la fin de journée à écouter les commentaires de leur prince sur l'agencement de la cité et sur ce qu'il avait retenu de la culture humaine. Ensuite Alrik écouta attentivement le rapport de ses hommes sur le déroulement des joutes. Ainsi il avait appris que les tensions entre les démons et les autres races étaient les plus nombreuse. En effet les humains, elfes, nains et orcs ne supportaient que très peu la présence de ces mangeurs d'âmes et il fallait un rien pour déclencher une querelle. Il eu droit à un exposé des différentes marchandise vendu sur les marchés et sur les différentes innovations militaire des humains et des orcs. Il fut satisfait d'apprendre que son peuple était largement en avance sur eux niveau technologie. Si jamais ils devaient faire une sortie forcée du territoire des Humains ils auraient un avantage sur les autres races même si ce ne serait pas chose aisée... Alrik passait la plupart de son temps à réfléchir à tout un tas de stratagème pour prévenir au moindre risque de danger pour son peuple. Ainsi les Naug n'étaient que très peu surpris par les événements et réagissaient très rapidement face à des situations imprévu.
Alors que la nuit tombait sur la Mergelate, quelques Lokdârs avaient lâchés leur armes pour se saisir d'instruments et commencèrent à jouer des balades connus du peuple Nain. Des femmes et des elfes s'approchèrent pour profiter des chants des guerriers et jouir d'un aperçu de la culture musicale des Khuzûd.
- Qui aurait pu penser que les Nains étaient capable de jouer d'un instrument s'exclama une vieille femme d'une voix rocailleuse. Elle ne connaissait les Naug que par les ragots qui circulaient à leur sujet. Une elfe approuva et salua la performance musicale d'une oreille experte.
La voix ténor d'un grand Khuzûd recouvrit le bruit des alentours, le vent lui même s'était tu comme pour profiter du talent du guerrier à la barbe blonde.
- Du sang elfe coule dans ses veines grogna la vieille femme à son voisin lui même Feuille Souple.
Celui-ci parut ne pas apprécier la comparaison mais ne releva pas tellement il était absorbé par la douceur et la tristesse du chant. Lorsqu'il s'acheva un tonnerre d'applaudissement s'éleva des spectateurs. Du moins c'est ce que l'on cru un moment... Car le bruit ne venait pas des mains du public, il était plus lointain, plus effrayant que de simple tapement de doigts, quelque chose de grave venait de se produire et déjà des cris de terreur s'élevait d'entre les tentes et à proximité des remparts.
Expert, Alrik se redressa et lança des ordres froidement. Il n'y avait pas le temps de faire dans la dentelle, il fallait réagir.
- Lokdârs, Buzârds aux armes! Rassemblez vous au centre du campement et formez un cercle. Les Lokdârs devant, les Buzârds derrière exécution!
Le Khuzûd chanteur abandonna sa cornemuse et tira ses deux lames courtes comme tout ses frères d'armes. La présence de leur commandant leur donnait plus de courage qu'ils n'en avaient déjà et en quelques instants tous les Khuzûds s'étaient rassemblés autour du prince héritier. Alrik désigna deux hommes et les envoya en éclaireur rendre compte des événements. Tandis que le groupe se déplaçait pour prendre possession d'un terrain plus avantageux à un éventuel combat. Épée au clair, flèches encochées tous étaient prêt pour se battre. Les yeux bleu de nuit du prince balayait les ombres dansantes sous la lueur des torches. La panique avait pris la Mergelate et des groupements d'orcs, d'hommes, de démons s'étaient armés pour rendre compte des événements. Certains voulaient en profiter et un groupe d'humains aux vêtements noircit se jetèrent à l'assaut de la formation Naines. Immédiatement les Lokdârs posèrent genoux à terre et baissèrent la tête. Ce fut une centaine de flèches qui filèrent se planter dans le sol à quelques centimètres des hommes armés. Le visage des attaquants vira du rouge au blanc et ils coururent aussi vite qu'ils avaient attaqués dans l'autre sens pour regagner leur tente. N'importe quel bataillon aurait sourit mais pas la légendaire milice de Rik Kazad. Eux restaient de marbre, eux seuls gardaient leur état de guerriers.
Quelques instants plus tard le calme revint quelques peu dans les campements et les deux Lokdârs revinrent vers le bataillon, essoufflé et épuisé.
- Commandant ... c'est incroyable... s'écria le premier.
- Allons Fzert mon ami reprends ton souffle conseilla Alrik dont la bonne humeur d'il y a quelques heures avait totalement disparu. Sa barbe flamboyante dansait dans le souffle frais du soir alors que ses cheveux parfaitement rassemblés en une majestueuse crête demeuraient figés dans l'air. Le guerrier acquiesça et tenta de s'expliquer. Son compagnon avait renoncé à parler, son visage s'était teinté de blanc comme si ce qu'il avait vu lui avait ôté l'usage de la parole.
- Des Elfes commandants... déguisés en démons ils ont fait sauter les défenses magiques de la porte de Munduce... Les Legion di Munduce ont menés bataille devant les murailles pour repousser leurs assauts, ils sont en fuite dans la Mergelate et poursuivit par des alliances d'hommes, d'elfes, de démons et d'orcs.
Alrik parut anéantit par la nouvelle. Il avait cru laisser son père à l'abri du danger mais des intrus avaient réussit à forcer les défenses soit disant impénétrable de la cité humaine. Un silence gênant s'installa entre les guerriers et un Buzârd intervint:
- Que devons nous faire commandant?
- Fzert prends la tête d'un groupe de vingt Lokdârs et vingt Buzârds joignez vous à la traque et pourchassez ses traîtres d'elfes. Vous me tiendrez au courant des avancés de la poursuite. Si toutefois elle ne donnait rien, revenez au campement dans douze heures. Passé ce délai je considérerais que vous avez été attaqué et nous agirons en conséquence.
La sentinelle se mit au garde à vous et commença à trier ses hommes et en quelques minutes ils filèrent devant les portes de Munduce pour prendre en chasse les fauteurs de trouble.
- Massik je veux que la zone soit sécurisée par conséquent veille à ce qu'aucun Nain isolé ne comète de débordement. Nous ne voulons pas que les Khuzûds soient mêlés à une histoire de révolte. Tu as le commandement! Tiens moi au courant de tout ce qui se passe ici!Celui-ci acquiesça et ne put s'empêcher de questionner le prince héritier.
- Que vas tu faire commandant ?
- J'emmène dix Buzârds avec moi nous nous rendons au cœur de Munduce. Notre Roi n'est plus en sécurité puisque des intrus ont réussit à entrer dans la cité.
- Mais sans laissé passé vous ne passerez jamais les portes, protesta ce dernier.
- Ne t'en fais pas, ils nous laisseront passer. Cela vaudrait mieux pour eux en tous les cas... Ok on bouge!
Dans un claquement de mains tous les Khuzûds s'exécutèrent. Exemple parfait de leur capacité de réaction...
***
[Quelques instants avant le second poste de Yuke]
- ... Chers amis je vous remercie d'avoir fait ce si long voyage pour vous joindre à moi. C'est un plaisir et un honneur de vous accueillir sur les terres des Hommes.
Le Duce posa son regard noble sur chacun des représentants et leurs conseillers qui étaient entré dans le Dôme quelques minutes plus tôt. Cassiel, le Haut Roi des Nains faisait face au Duce, il tenait ses mains croisées sur son ventre et ses yeux clairs n'avaient pas quitté le noble des yeux depuis le début de l'assemblée. Sa barbe blanche avait été lissée tout comme ses cheveux, il inspirait le respect et sa sagesse semblait infinie. Il était désarmé comme le voulait la tradition. Tous les représentants et conseillers devaient déposer les armes à l'entrée du dôme. Les gardes quant à eux gardaient l'entrée du hall veillant à ce que personne n'y pénètre, les sorts les plus complexe et les plus puissant du savoir cumulé des elfes et des hommes protégeaient les dirigeants des peuples de Geadrâs. Sur la droite de Cassiel, siégeait une femme à la peau verte tachetée de bleu, elle était belle pour quelqu'un de sa race et elle s'efforçait de rester concentrée en jouant avec de petits osselets en les faisant sautiller dans sa grosse main. A ses cotés se tenait fièrement la dame des elfes, parfaitement droite sur son siège elle semblait à la fois très jeune et très vieille. Ses manières indiquait qu'elle en avait assez vu du monde pour se jouer de toute expressions de toute situations. Elle était une personne à craindre et à respecter. Et enfin entre le Duce et le Haut Roi des Nains se tenait un représentant des Omerädies de l'Inferës. Un voile noir tombait sur son visage et dissimulait ses traits toutefois on aurait juré qu'il était d'une apparence humaine...
- Nous aimerions connaître l'objet de cette assemblée Duce Melim d'Arven. En tant que commanditaire vous n'êtes pas sans savoir que vous vous devez à la présidence de ce sommet. Nous vous écoutons, commença d'une voix grave et sourde l'Omerädies.
Le Duce repoussa son siège derrière lui et pris ses distances par rapport à la table circulaire qui lui faisait face. Le meuble de pierre berçait en son centre un globe majestueux au couleur mêlée d'ambre, d'émeraude et de saphir. Un joyaux dans toute l'histoire des hommes elle était source de magie et alimentait par sa puissance les protections du dôme. C'est également elle qui donnait à la cité son incroyable luminosité. Melim d'Arvem déposa un regard triste sur chacun des dirigeants, s'attarda sur émissaire de l'Inferës au visage voilée puis s'en détourna.
- J'en prendrais la responsabilité bien entendu. Toutefois avant de démarrer chacun d'entre vous est en droit d'être informé des récents événements. Les défenses de Munduce ont été forcées pendant la nuit et des intrus au nombre de deux en auraient profité pour s'introduire dans l'enceinte de la ville...
- Une attaque ? Ici alors que le sommet est rassemblé? Qui est l'auteur de cette trahison? râla Cassiel comme s'il s'éveillait d'un sommeil de plomb.
Le Duce reprit du même ton calme avec lequel il avait commencé en prenant garde de n'oublier aucun élément et de ne faire de tord à aucune des races de Geadrâs.
- Les coupables seraient d'après nos sources des elfes. Ceux-ci auraient pris l'apparence de démons pour tromper la vigilance des gardes et ainsi faire accuser les êtres des profondeurs de cet acte de rébellion.
- Les elfes? s'interrogea la chaman. Comment est-ce possible?
- Oui nous aimerions tous comprendre pourquoi des elfes ont agit de la sorte. Cassiel se tourna vers la Dame des elfes et reprit de sa voix douce. Ma dame nous ne vous entendons pas beaucoup et d'après votre réaction vous ne semblez pas surprise par ce que Melim vient de nous révéler.
- Si la dame des elfes ne montre pas sa surprise c'est qu'elle fut la première au courant de l'attaque de ses elfes dissidents, interrompit le Duce qui prit en pleine face le regard froid du Haut Roi des Nains qui s'était détourné lentement vers lui. Mais il ne se laissa pas distraire et poursuivit. Elle a même tenté de nous informer que des rebellions d'Elfir avait lieux sur les territoires elfiques.
La représentante des feuilles souples ferma les paupières un moment et pris la parole à son tour:
- En effet des Elfir de mon peuple se montre de plus en plus querelleur vis à vis du système mis en place et cela n'est pas sans nous inquiéter.
- Les legioni ont repris le contrôle des portes et la poursuite des elfes dissidents est en ce moment même organisée...
- Certes! mais nous avons apparemment un autre problème si vous nous dites que des intrus ont réussit à entrer. Comment le problème est il géré? demanda le représentant des êtres des profondeurs.
Le Duce tenta de la rassurer en indiquant que les legioni faisaient tout pour les prendre en chasse le plus rapidement possible et les capturer. Mais une fois de plus Cassiel intervient:
- Je crois que l'on ne peut confier la sécurité à vos seuls Legioni, Duce. Nous avons pu constater la défaillance de vos unités soit disant imbattable. Dès le premier jour elles subissent une défaite et tout vos sorts de protection sont abattus par on ne sait quel adversaire mystérieux et des intrus cours les rues à présent. Je vais faire appeler mon fils et il se joindra aux groupe de poursuite à l'intérieur de ses murs. Il trouvera vos intrus!
Les mots du Haut Roi des Nains jetèrent un léger froid dans la pièce. Il avait insulté l'honneur des garnisons de Munduce et le Duce pris sur lui pour ne pas prendre la défense de ses troupes. Toutefois il du admettre que le Haut Roi avait raison. Il ne pouvait que constater la défaite de ses troupes...
Il approuva la décision et chacun des dirigeants donna son accord. Le Duce fit signe à un de ses gardes d'approcher. Il lui ordonna de se rendre immédiatement aux portes et d'aller chercher le prince Alrik qui devait se trouver au campement de la milice de Rik Kazad. Celui-ci se mit au garde à vous, salua les dirigeants et s'éclipsa. Le Duce ne pouvait faire intervenir un de ses mages, il ne voulait pas de communication par télépathie de peur que les intrus puissent surveiller les conversations mentales...
- Cela dit nous pouvons continuer...
***
- ... allez vous vous décider à nous faire entrer ? Je vous dis que je suis le fils du Haut Roi Cassiel.
- Désolé mais personne n'est autorisé à rentrer sans laissé passer même si c'est le roi de Geadrâs en personne qui me le demandait.
Alrik sentit son sang bouillir dans ses veines et les dix archers qui le suivait le sentir et leurs mains se crispèrent sur leur arc. Si leur commandant était furieux, ils devaient se tenir prêt à intervenir. Que ce soit pour calmer leur chef ou pour le soutenir.
Soudainement une flèche se planta entre les jambes écartées du garde gigantesque. Son regard se posa sur les Khuzûds postés derrière Alrik mais aucun d'eux n'avaient bougés, le tire venait des remparts. Autour de la flèche avait été ficelé un message. Il se baissa tout en gardant à l'œil les Naug qui lui faisait face et il tira la flèche du sol dans un petit bruit d'aspiration. Ses petits yeux gris mangèrent le contenu du parchemin et ses traits devinrent un peu plus blanc au fur et à mesure qu'il avançait. Enfin il termina sa lecture et abaissa la feuille griffonnée d'une écriture fine et penchée. Le garde répéta ce qu'il venait de lire sous le regard effaré de ses compagnons.
- Prince Alrik vous êtes autorisé par le Duce à entrer dans l'enceinte de Munduce pour partir à la poursuite des intrus. Vous êtes également autorisé à utiliser tous les moyens qui vous sembleront nécessaire pour l'accomplissement de cette mission à condition que ceux-ci soient concordant avec les lois écrite par le pacte des cinq. Pour ce faire vous disposerez d'autant d'effectif que vous souhaiterez.
- Alors vous nous laissez entrer finalement? demanda Alrik dans un demi sourire.
- Ouvrez les portes! Beugla le garde. Le Prince Alrik entre!
Immédiatement les portes s'écartèrent et comme le jour précédent le filet de magie argentée disparu pour laisser entrer les Naugs. Derrière les portes la garde avait doublé depuis la sortie de Alrik. Les legioni avaient pris beaucoup plus de précaution et c'était une petite armée à présent qui se tenait face aux portes gigantesque. Les Nains entrèrent et les portes se refermèrent immédiatement derrière eux. La traque pourrait bientôt commencer...
Validation Itrenog : 8 Pièces d'Argent
Sous ses ordres, une troupe de lanciers et d'archers se mirent en position face à la porte. La moindre tentative d'intrusion serait annihilée par les guerriers expérimentés. Les défenses de l'entrée de la cité disparurent progressivement pour permettre son ouverture. Les filets d'argent qui s'écoulaient sur les portes s'effaçèrent lentement et les gardes retirèrent les puissants loquets qui maintenait l'entrée close. Immédiatement le jour s'immisça par l'entrebâillement des lourdes portes et Alrik fut invité à sortir. A l'extérieur c'était une toute autre ambiance qui l'attendait mais il se réjouissait d'avance de pouvoir retrouver ses hommes dont le campement se dressait à proximité des remparts. Le prince du Royaume des Nains salua les gardes qui l'avait escorté. Certains voulurent rester à ses cotés pour veiller à sa sécurité jusqu'au campement des unités Khuzûd mais Alrik les en dissuada d'un geste. Il n'avait réellement pas envie qu'on lui colle au basque toute la journée pour être sûr qu'il resterait en vie...
Dès qu'il eu dépassé la muraille les portes se refermèrent sous les ordres du gros sergent et les mages s'activèrent pour reformer les sorts sur l'entrée. De nouveau scellée, personne ne pourrait rentrer dans Munduce sans accord express d'un des chefs représentant des races de Geadrâs.
Alrik traversa les rangées de tente et de campement saluant des passants nains et s'arrêtant parfois amusé par les combats de lutte de guerriers orcs. Les hommes et les peaux vertes s'étaient assemblés pour encourager les lutteurs et l'on pouvait alors trouver quelques ressemblances entre les deux races. Alrik passa son chemin alors qu'il apercevait enfin les étendards des Lokdârs et des Buzârds. Les tentes avaient été installées intelligemment pour parer à toute éventualité et des sentinelles patrouillaient entre elles, attentif. Les deux Buzârds reconnaissable par la couleur verte émeraude de leur uniforme aperçurent leur prince et un sourire se dessina sur leurs lèvres. Ils étaient heureux de revoir leur prince en bonne santé.
- Commandant! Saluèrent les deux guerriers d'une même voix. Alrik leur rendit leur salut d'un signe de tête et passa entre eux en leur tapotant l'épaule dans un geste amicale.
Alrik se sentait enfin chez lui, entouré de ses amis et de ses compagnons. Le régiment de Rik Kazad passa la fin de journée à écouter les commentaires de leur prince sur l'agencement de la cité et sur ce qu'il avait retenu de la culture humaine. Ensuite Alrik écouta attentivement le rapport de ses hommes sur le déroulement des joutes. Ainsi il avait appris que les tensions entre les démons et les autres races étaient les plus nombreuse. En effet les humains, elfes, nains et orcs ne supportaient que très peu la présence de ces mangeurs d'âmes et il fallait un rien pour déclencher une querelle. Il eu droit à un exposé des différentes marchandise vendu sur les marchés et sur les différentes innovations militaire des humains et des orcs. Il fut satisfait d'apprendre que son peuple était largement en avance sur eux niveau technologie. Si jamais ils devaient faire une sortie forcée du territoire des Humains ils auraient un avantage sur les autres races même si ce ne serait pas chose aisée... Alrik passait la plupart de son temps à réfléchir à tout un tas de stratagème pour prévenir au moindre risque de danger pour son peuple. Ainsi les Naug n'étaient que très peu surpris par les événements et réagissaient très rapidement face à des situations imprévu.
Alors que la nuit tombait sur la Mergelate, quelques Lokdârs avaient lâchés leur armes pour se saisir d'instruments et commencèrent à jouer des balades connus du peuple Nain. Des femmes et des elfes s'approchèrent pour profiter des chants des guerriers et jouir d'un aperçu de la culture musicale des Khuzûd.
- Qui aurait pu penser que les Nains étaient capable de jouer d'un instrument s'exclama une vieille femme d'une voix rocailleuse. Elle ne connaissait les Naug que par les ragots qui circulaient à leur sujet. Une elfe approuva et salua la performance musicale d'une oreille experte.
La voix ténor d'un grand Khuzûd recouvrit le bruit des alentours, le vent lui même s'était tu comme pour profiter du talent du guerrier à la barbe blonde.
- Du sang elfe coule dans ses veines grogna la vieille femme à son voisin lui même Feuille Souple.
Celui-ci parut ne pas apprécier la comparaison mais ne releva pas tellement il était absorbé par la douceur et la tristesse du chant. Lorsqu'il s'acheva un tonnerre d'applaudissement s'éleva des spectateurs. Du moins c'est ce que l'on cru un moment... Car le bruit ne venait pas des mains du public, il était plus lointain, plus effrayant que de simple tapement de doigts, quelque chose de grave venait de se produire et déjà des cris de terreur s'élevait d'entre les tentes et à proximité des remparts.
Expert, Alrik se redressa et lança des ordres froidement. Il n'y avait pas le temps de faire dans la dentelle, il fallait réagir.
- Lokdârs, Buzârds aux armes! Rassemblez vous au centre du campement et formez un cercle. Les Lokdârs devant, les Buzârds derrière exécution!
Le Khuzûd chanteur abandonna sa cornemuse et tira ses deux lames courtes comme tout ses frères d'armes. La présence de leur commandant leur donnait plus de courage qu'ils n'en avaient déjà et en quelques instants tous les Khuzûds s'étaient rassemblés autour du prince héritier. Alrik désigna deux hommes et les envoya en éclaireur rendre compte des événements. Tandis que le groupe se déplaçait pour prendre possession d'un terrain plus avantageux à un éventuel combat. Épée au clair, flèches encochées tous étaient prêt pour se battre. Les yeux bleu de nuit du prince balayait les ombres dansantes sous la lueur des torches. La panique avait pris la Mergelate et des groupements d'orcs, d'hommes, de démons s'étaient armés pour rendre compte des événements. Certains voulaient en profiter et un groupe d'humains aux vêtements noircit se jetèrent à l'assaut de la formation Naines. Immédiatement les Lokdârs posèrent genoux à terre et baissèrent la tête. Ce fut une centaine de flèches qui filèrent se planter dans le sol à quelques centimètres des hommes armés. Le visage des attaquants vira du rouge au blanc et ils coururent aussi vite qu'ils avaient attaqués dans l'autre sens pour regagner leur tente. N'importe quel bataillon aurait sourit mais pas la légendaire milice de Rik Kazad. Eux restaient de marbre, eux seuls gardaient leur état de guerriers.
Quelques instants plus tard le calme revint quelques peu dans les campements et les deux Lokdârs revinrent vers le bataillon, essoufflé et épuisé.
- Commandant ... c'est incroyable... s'écria le premier.
- Allons Fzert mon ami reprends ton souffle conseilla Alrik dont la bonne humeur d'il y a quelques heures avait totalement disparu. Sa barbe flamboyante dansait dans le souffle frais du soir alors que ses cheveux parfaitement rassemblés en une majestueuse crête demeuraient figés dans l'air. Le guerrier acquiesça et tenta de s'expliquer. Son compagnon avait renoncé à parler, son visage s'était teinté de blanc comme si ce qu'il avait vu lui avait ôté l'usage de la parole.
- Des Elfes commandants... déguisés en démons ils ont fait sauter les défenses magiques de la porte de Munduce... Les Legion di Munduce ont menés bataille devant les murailles pour repousser leurs assauts, ils sont en fuite dans la Mergelate et poursuivit par des alliances d'hommes, d'elfes, de démons et d'orcs.
Alrik parut anéantit par la nouvelle. Il avait cru laisser son père à l'abri du danger mais des intrus avaient réussit à forcer les défenses soit disant impénétrable de la cité humaine. Un silence gênant s'installa entre les guerriers et un Buzârd intervint:
- Que devons nous faire commandant?
- Fzert prends la tête d'un groupe de vingt Lokdârs et vingt Buzârds joignez vous à la traque et pourchassez ses traîtres d'elfes. Vous me tiendrez au courant des avancés de la poursuite. Si toutefois elle ne donnait rien, revenez au campement dans douze heures. Passé ce délai je considérerais que vous avez été attaqué et nous agirons en conséquence.
La sentinelle se mit au garde à vous et commença à trier ses hommes et en quelques minutes ils filèrent devant les portes de Munduce pour prendre en chasse les fauteurs de trouble.
- Massik je veux que la zone soit sécurisée par conséquent veille à ce qu'aucun Nain isolé ne comète de débordement. Nous ne voulons pas que les Khuzûds soient mêlés à une histoire de révolte. Tu as le commandement! Tiens moi au courant de tout ce qui se passe ici!Celui-ci acquiesça et ne put s'empêcher de questionner le prince héritier.
- Que vas tu faire commandant ?
- J'emmène dix Buzârds avec moi nous nous rendons au cœur de Munduce. Notre Roi n'est plus en sécurité puisque des intrus ont réussit à entrer dans la cité.
- Mais sans laissé passé vous ne passerez jamais les portes, protesta ce dernier.
- Ne t'en fais pas, ils nous laisseront passer. Cela vaudrait mieux pour eux en tous les cas... Ok on bouge!
Dans un claquement de mains tous les Khuzûds s'exécutèrent. Exemple parfait de leur capacité de réaction...
***
[Quelques instants avant le second poste de Yuke]
- ... Chers amis je vous remercie d'avoir fait ce si long voyage pour vous joindre à moi. C'est un plaisir et un honneur de vous accueillir sur les terres des Hommes.
Le Duce posa son regard noble sur chacun des représentants et leurs conseillers qui étaient entré dans le Dôme quelques minutes plus tôt. Cassiel, le Haut Roi des Nains faisait face au Duce, il tenait ses mains croisées sur son ventre et ses yeux clairs n'avaient pas quitté le noble des yeux depuis le début de l'assemblée. Sa barbe blanche avait été lissée tout comme ses cheveux, il inspirait le respect et sa sagesse semblait infinie. Il était désarmé comme le voulait la tradition. Tous les représentants et conseillers devaient déposer les armes à l'entrée du dôme. Les gardes quant à eux gardaient l'entrée du hall veillant à ce que personne n'y pénètre, les sorts les plus complexe et les plus puissant du savoir cumulé des elfes et des hommes protégeaient les dirigeants des peuples de Geadrâs. Sur la droite de Cassiel, siégeait une femme à la peau verte tachetée de bleu, elle était belle pour quelqu'un de sa race et elle s'efforçait de rester concentrée en jouant avec de petits osselets en les faisant sautiller dans sa grosse main. A ses cotés se tenait fièrement la dame des elfes, parfaitement droite sur son siège elle semblait à la fois très jeune et très vieille. Ses manières indiquait qu'elle en avait assez vu du monde pour se jouer de toute expressions de toute situations. Elle était une personne à craindre et à respecter. Et enfin entre le Duce et le Haut Roi des Nains se tenait un représentant des Omerädies de l'Inferës. Un voile noir tombait sur son visage et dissimulait ses traits toutefois on aurait juré qu'il était d'une apparence humaine...
- Nous aimerions connaître l'objet de cette assemblée Duce Melim d'Arven. En tant que commanditaire vous n'êtes pas sans savoir que vous vous devez à la présidence de ce sommet. Nous vous écoutons, commença d'une voix grave et sourde l'Omerädies.
Le Duce repoussa son siège derrière lui et pris ses distances par rapport à la table circulaire qui lui faisait face. Le meuble de pierre berçait en son centre un globe majestueux au couleur mêlée d'ambre, d'émeraude et de saphir. Un joyaux dans toute l'histoire des hommes elle était source de magie et alimentait par sa puissance les protections du dôme. C'est également elle qui donnait à la cité son incroyable luminosité. Melim d'Arvem déposa un regard triste sur chacun des dirigeants, s'attarda sur émissaire de l'Inferës au visage voilée puis s'en détourna.
- J'en prendrais la responsabilité bien entendu. Toutefois avant de démarrer chacun d'entre vous est en droit d'être informé des récents événements. Les défenses de Munduce ont été forcées pendant la nuit et des intrus au nombre de deux en auraient profité pour s'introduire dans l'enceinte de la ville...
- Une attaque ? Ici alors que le sommet est rassemblé? Qui est l'auteur de cette trahison? râla Cassiel comme s'il s'éveillait d'un sommeil de plomb.
Le Duce reprit du même ton calme avec lequel il avait commencé en prenant garde de n'oublier aucun élément et de ne faire de tord à aucune des races de Geadrâs.
- Les coupables seraient d'après nos sources des elfes. Ceux-ci auraient pris l'apparence de démons pour tromper la vigilance des gardes et ainsi faire accuser les êtres des profondeurs de cet acte de rébellion.
- Les elfes? s'interrogea la chaman. Comment est-ce possible?
- Oui nous aimerions tous comprendre pourquoi des elfes ont agit de la sorte. Cassiel se tourna vers la Dame des elfes et reprit de sa voix douce. Ma dame nous ne vous entendons pas beaucoup et d'après votre réaction vous ne semblez pas surprise par ce que Melim vient de nous révéler.
- Si la dame des elfes ne montre pas sa surprise c'est qu'elle fut la première au courant de l'attaque de ses elfes dissidents, interrompit le Duce qui prit en pleine face le regard froid du Haut Roi des Nains qui s'était détourné lentement vers lui. Mais il ne se laissa pas distraire et poursuivit. Elle a même tenté de nous informer que des rebellions d'Elfir avait lieux sur les territoires elfiques.
La représentante des feuilles souples ferma les paupières un moment et pris la parole à son tour:
- En effet des Elfir de mon peuple se montre de plus en plus querelleur vis à vis du système mis en place et cela n'est pas sans nous inquiéter.
- Les legioni ont repris le contrôle des portes et la poursuite des elfes dissidents est en ce moment même organisée...
- Certes! mais nous avons apparemment un autre problème si vous nous dites que des intrus ont réussit à entrer. Comment le problème est il géré? demanda le représentant des êtres des profondeurs.
Le Duce tenta de la rassurer en indiquant que les legioni faisaient tout pour les prendre en chasse le plus rapidement possible et les capturer. Mais une fois de plus Cassiel intervient:
- Je crois que l'on ne peut confier la sécurité à vos seuls Legioni, Duce. Nous avons pu constater la défaillance de vos unités soit disant imbattable. Dès le premier jour elles subissent une défaite et tout vos sorts de protection sont abattus par on ne sait quel adversaire mystérieux et des intrus cours les rues à présent. Je vais faire appeler mon fils et il se joindra aux groupe de poursuite à l'intérieur de ses murs. Il trouvera vos intrus!
Les mots du Haut Roi des Nains jetèrent un léger froid dans la pièce. Il avait insulté l'honneur des garnisons de Munduce et le Duce pris sur lui pour ne pas prendre la défense de ses troupes. Toutefois il du admettre que le Haut Roi avait raison. Il ne pouvait que constater la défaite de ses troupes...
Il approuva la décision et chacun des dirigeants donna son accord. Le Duce fit signe à un de ses gardes d'approcher. Il lui ordonna de se rendre immédiatement aux portes et d'aller chercher le prince Alrik qui devait se trouver au campement de la milice de Rik Kazad. Celui-ci se mit au garde à vous, salua les dirigeants et s'éclipsa. Le Duce ne pouvait faire intervenir un de ses mages, il ne voulait pas de communication par télépathie de peur que les intrus puissent surveiller les conversations mentales...
- Cela dit nous pouvons continuer...
***
- ... allez vous vous décider à nous faire entrer ? Je vous dis que je suis le fils du Haut Roi Cassiel.
- Désolé mais personne n'est autorisé à rentrer sans laissé passer même si c'est le roi de Geadrâs en personne qui me le demandait.
Alrik sentit son sang bouillir dans ses veines et les dix archers qui le suivait le sentir et leurs mains se crispèrent sur leur arc. Si leur commandant était furieux, ils devaient se tenir prêt à intervenir. Que ce soit pour calmer leur chef ou pour le soutenir.
Soudainement une flèche se planta entre les jambes écartées du garde gigantesque. Son regard se posa sur les Khuzûds postés derrière Alrik mais aucun d'eux n'avaient bougés, le tire venait des remparts. Autour de la flèche avait été ficelé un message. Il se baissa tout en gardant à l'œil les Naug qui lui faisait face et il tira la flèche du sol dans un petit bruit d'aspiration. Ses petits yeux gris mangèrent le contenu du parchemin et ses traits devinrent un peu plus blanc au fur et à mesure qu'il avançait. Enfin il termina sa lecture et abaissa la feuille griffonnée d'une écriture fine et penchée. Le garde répéta ce qu'il venait de lire sous le regard effaré de ses compagnons.
- Prince Alrik vous êtes autorisé par le Duce à entrer dans l'enceinte de Munduce pour partir à la poursuite des intrus. Vous êtes également autorisé à utiliser tous les moyens qui vous sembleront nécessaire pour l'accomplissement de cette mission à condition que ceux-ci soient concordant avec les lois écrite par le pacte des cinq. Pour ce faire vous disposerez d'autant d'effectif que vous souhaiterez.
- Alors vous nous laissez entrer finalement? demanda Alrik dans un demi sourire.
- Ouvrez les portes! Beugla le garde. Le Prince Alrik entre!
Immédiatement les portes s'écartèrent et comme le jour précédent le filet de magie argentée disparu pour laisser entrer les Naugs. Derrière les portes la garde avait doublé depuis la sortie de Alrik. Les legioni avaient pris beaucoup plus de précaution et c'était une petite armée à présent qui se tenait face aux portes gigantesque. Les Nains entrèrent et les portes se refermèrent immédiatement derrière eux. La traque pourrait bientôt commencer...
- Spoiler:
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Re: [RP Principal] Le sommet des 5
[Quelques instants après la fin du post d'Alrik. Peu après la fin de mon précédent. Pendant le post de Nathrae.]
- C'est le signal! On y va!
Les troupes Legioni s'élancèrent dans l'allée descendante comme un raz-de-marée. Bien qu'Alrik fût un soldat aguerri, et que les mouvements militaires humains lui apparaissent d'une grossièreté notable, lui et ses nains ne purent s'empêcher d'admirer la fluidité et l'efficacité de l'opération. Ce quartier nord de Munduce était commerçant. Plutôt populaire, les bâtisses qu'il abritait n'étaient pas luxueuse, mais l'ensemble était assez joli: les murs blancs avaient été polis par des couches de feuilles d'Aquébancée, un corail abondant dans la baie de Munduce. Avant que les feuillets du corail ne durcissent à l'air libre, ils avaient été percés et ornés de coquillages, notamment des nacres splendides qui donnaient à Munduce sa légendaire lumière irisée. Ce quartier était garni qui plus est de plantes grimpantes en tout genre, qui formaient parfois des arches sur des allées entières. En période de floraison, cela devait être sublime.
Enfin... rien de comparable à la beauté de l'Obsolêth nocture, ou de Dorogram. Une ville ouverte sur le ciel, vulnérable... Cela donnait des frissons d'horreur aux Nains. De toute façon, aucune fleur ni pierre précieuse n'égalait en beauté et en perfection les oeuvres des Naug, et ceci valait pour les siècles des siècles à venir.
Le Chef de Garnison avec qui Alrik s'était mis en relation lui adressa un signe de tête. Le Khuzûd s'élança dans la ruelle étroite en face de lui, toute vigilance accrue. Sa faction de Buzârds étant peu nombreuse, elle avait été jugée plus qu'utile dans les multiples mini-ruelles qui constituaient le quartier. Sa mobilité et sa vitesse de réaction y étaient cruciales. Le Prince nanique montra une ruelle en enfilade sur la gauche, en dépliant 2 doigts, sans se retourner. Tandis que le mini-bataillon avançait au pas de course, deux se détachèrent et infiltrèrent le passage perpendiculaire. Ils procèdèrent ainsi à l'inspection silencieuse de tout un pâté, avant d'arriver au suivant, au niveau inférieur. Ils se retrouvèrent tous avant de traverser la rue de séparation, par groupes discrets de deux. La deuxième exploration fut la bonne. A peine Alrik venait-il de se séparer de 4 de ses éléments, que deux silhouettes attirèrent son attention sur les toits. Elles étaient anormalement grandes pour des humains, et dégageait une aura nauséeuse.
Il se retourna et arrêta ses Buzârds. Il leur montra le toi où se dressaient les deux étranges formes. L'un des Nains demanda par un jeu de lèvres muet:
- Démons?
Le Nain à crête rouge répondit de la même manière:
- Sûrement apparence. Approchons.
Les 7 Nains ceignirent correctement leur armement pour ne pas faire de bruit, puis entreprirent d'encercler le bâtiment. Au dernier moment, Alrik ordonna à l'un d'eux de rompre sa position pour aller avertir les Humains, mais son poignet déplaça de quelques millimètres une sangles de son attirail, ce qui provoqua un très léger tintement. Aussitôt, l'une des deux forme se retourna, et Alrik sentit un regard horrible le pénétrer jusqu'à la moelle. La sensation était comme plonger d'un seul coup à 50m de profondeur: une pression énorme l'étreignit, puis se relâcha dès que la cible sauta à bas du toit.
- EN AVANT! fit-il vocalement et gestuellement.
Les Nains s'élancèrent vers la rue où étaient partis les deux intrus, engageant une course-poursuite rapide. Mais ceux-ci les distancèrent presque aussitôt, fusant à la vitesse du vent.
- Par Balran! C'était quoi ça?! fit un Buzârd, l'air stupéfié.
Alrik le reconnut comme étant celui qui était le plus proche de lui lorsque l'être l'avait regardé.
- Une aura démoniaque... souffla son supérieur.
- Nous n'étions pas censés poursuivre des Elfes transformés par magie?! s'exclama-t-il sans pour autant manquer de respect. Je n'ai jamais vu un Elfe jeter un sort qui fait cet effet...
- Pourtant, ils courent comme des Ma-dôrma, fit remarquer un autre...
Le fils adoptif du Haut-Roi tentait de démêler quelque chose de cohérent, mais il n'y parvenait pas. Ce qu'il avait ressenti était une aura démoniaque. Il en était absolument sûr. Un Elfe ne pouvait pas produire cela par magie... A moins d'être totalement possédé par un vrai Sh-raz. Est-ce que les Elfes qui avaient attaqué Munduce avait recouru à un rituel d'invocation de Démons? Alrik frissonna à cette idée. La dernière fois que cela s'était produit, cela avait faillit conduire à l'extinction de tous les Nains de Geadrâs... Ce n'était maintenant plus uniquement une question de sécurité pour Cassiel. Cela concernait tous les Nains. Voire tout Geadrâs, puisqu'ils étaient tous liés par le Pacte des Cinq... Il devait attraper ces intrus ou les tuer.
- Peu importe ce qu'ils sont, trancha-t-il. On les retrouve et on les capture. Si on ne peut pas... On les tue.
Son ton catégorique fit l'effet d'un coup de fouet. Cette fois-ci, ils iraient à fond.
************************
La forme floue bondissait de toit en toit... Ou plutôt... rampait. C'était indescriptible. Elle se faufilait comme une anguille dans les fonds sous-marins. De temps en temps, elle s'arrêtait. Dans les ruelles en dessous, des bruits de terreurs se faisaient entendre, puis le silence. Parfois, la forme disparaissait, mais resurgissaient ailleurs, sous une volée de lance et de flèches qui semblaient ne jamais l'atteindre. Elle évoluait depuis un long quart d'heure autour d'un large périmètre autour du palais du Duce, dans les quartiers du sud. Brusquement, elle partit en direction du port, et sauta à bas dans les rues. Les premières personnes à s'être levée qui la virent passer ne comprirent pas vraiment ce qu'ils se passaient: ils sentirent juste une peur irraisonnée les saisir aux entrailles, avant de se coller au mur pour éviter de percuter le bolide sombre qui fondait sur eux sans ralentir. Leur genou continuaient de trembler même plusieurs instants après son passage. Tout en bas, la forme déboucha sur les quais, où l'attendait solidement une garnison entière. Celle-ci fut surprise pas son arrivée impromptue, mais ne tarda pas à réagir avec virulence: des traits fusèrent de toutes parts, se brisant sur les murs blancs avec un crépitement impressionnant. La créature esquiva avec une dextérité surprenante, se contorsionnant et filant entre les constructions de bois et les étals. Elle profita de ce qu'un habitant insouciant ouvre sa porte pour s'introduire dans la bâtisse insidieusement. Dans la maison, elle franchit la cuisine d'un seul mouvement, et défonça la porte arrière. Sa course ne s'arrêta pas pour autant: elle escalada le mur de la cour sans se soucier de la gravité, puis suivit un filin ou pendait du linge. Bientôt, elle dût s'engouffrer dans les ruelles car son allure sombre devenait trop visible avec le jour qui croissait. La forme traversa ainsi la cité de part en part, puis enfin elle se faufila sans encombre par dessus un mur d'enceinte haut. Elle se laissa tomber dans l'enclos recouvert d'arbres à frondaisons plates, entrelacées. Dessous cette nappe dense, la lumière perlait à peine par de minces espaces, rendant l'espace assez confidentiel. La forme en rejoignit deux autres. L'une d'elle était penchée sur un socle de pierre orné de plusieurs symboles. Ces derniers s'illuminèrent et le socle pivota, pour laisser une ouverture béante, donnant sur un puits sombre. Sans un mot, ils sautèrent tour à tour dans le passage secret, qui se referma ensuite sur eux.
********************************
Le dôme était plongé dans une atmosphère pesante. Les chuchotements entre les représentants et leurs conseillers ne cessaient pas. La décision de constituer le Dath Mensor par le Haut Roi Cassiel n'avait pas été acceptée rapidement. Le Nain ne discutait plus avec son conseiller. Il était sûr de sa demande et des implications que cela causait. Les circonstances actuelles exigeaient ce genre de mesures, toujours moins drastique que certaines autres. Le Dath Mensor était une clause particulière du Pacte des Cinq, qui avait été révisée de nombreuses fois après sa première publication. Trop imparfaite au départ, elle demeurait toujours problématique dans son application.
- Cette discussion a assez duré, s'impatienta le Haut Roi. Faites part de vos avis.
Les autres représentants cessèrent leur discussion, surpris, puis revinrent à la table en échangeant quelques derniers mots sur le vif. Ce fut la Dame des Elfes qui intervint la première:
- Je pense qu'il est trop tôt pour nous prononcer en faveur du Dath Mensor. De plus, nous manquons d'informations pour lui constituer un but précis. Je vote donc contre.
- Nous sommes d'accord, confirma la Chamane Orc. Il est trop tôt.
Les regards se tournèrent alors vers le Duce, mais ce fut l'Omerädies qui s'exprima:
- Si la constitution du Dath Mensor est reportée, nous serions d'accord de commencer à sélectionner des membres potentiels.
Melim d'Arven confirma:
- Je me rangerai du même côté.
Cassiel conclut:
- Mieux vaut toujours être prêts que ne rien faire. J'appuie donc la décision des Démons et des Humains.
La Chamane acquiesça sans rechigner, contrairement à la représentante des Elfir qui ne consentit que par obligation. Elle n'avait pas de raison valable de s'opposer à la précaution. Ce fut donc d'une voix froide qu'elle demanda:
- Comment allons-nous sélectionner les membres potentiels? Il nous faut des êtres possédants des qualités hors du commun, et ce, dans chacun de nos races. Et acceptant de collaborer. De plus, il faut que nous puissions avoir totale confiance en eux. Leurs actions peuvent grandement jouer sur notre avenir...
Chacun pesa le poids de ces paroles. Ce qu'elle disait était on ne peut plus vrai. Il leur fallait agir avec prudence et recul. Le Duce fit:
- Nous pouvons nous servir des Joutes. Bientôt ouvriront les combats d'arènes. Pourquoi ne pas proposer de voir de quoi sont capables nos plus brillants concurrents?
- Vous voulez dire... Les tester à leur insu?
Les protestations fusèrent. L'Humain calma la tension d'un geste de la main, et reprit:
- Il n'est pas question de ça. Il s'agit de nous faire une idée de leurs capacités. Nous pourrons ainsi avoir quelques idées dans le cas où nous déciderions plus tard de constituer le Dath Mensor. Les épreuves que je propose ne seraient que d'un niveau plus élevé que celui que nous avons prévu...
Chaque représentant se mit à parlementer avec son conseiller, mais rapidement, ils revinrent à la table. Cassiel prit la parole:
- Faisons ainsi. Ouvrons des combats de Joutes comme jamais Geadrâs n'en a vu.
C'était décidé. Les affrontements allaient décider des élus de Geadrâs, et peut-être des héros de demain. Si le Dath Mensor venait à devoir être appelé.
- C'est le signal! On y va!
Les troupes Legioni s'élancèrent dans l'allée descendante comme un raz-de-marée. Bien qu'Alrik fût un soldat aguerri, et que les mouvements militaires humains lui apparaissent d'une grossièreté notable, lui et ses nains ne purent s'empêcher d'admirer la fluidité et l'efficacité de l'opération. Ce quartier nord de Munduce était commerçant. Plutôt populaire, les bâtisses qu'il abritait n'étaient pas luxueuse, mais l'ensemble était assez joli: les murs blancs avaient été polis par des couches de feuilles d'Aquébancée, un corail abondant dans la baie de Munduce. Avant que les feuillets du corail ne durcissent à l'air libre, ils avaient été percés et ornés de coquillages, notamment des nacres splendides qui donnaient à Munduce sa légendaire lumière irisée. Ce quartier était garni qui plus est de plantes grimpantes en tout genre, qui formaient parfois des arches sur des allées entières. En période de floraison, cela devait être sublime.
Enfin... rien de comparable à la beauté de l'Obsolêth nocture, ou de Dorogram. Une ville ouverte sur le ciel, vulnérable... Cela donnait des frissons d'horreur aux Nains. De toute façon, aucune fleur ni pierre précieuse n'égalait en beauté et en perfection les oeuvres des Naug, et ceci valait pour les siècles des siècles à venir.
Le Chef de Garnison avec qui Alrik s'était mis en relation lui adressa un signe de tête. Le Khuzûd s'élança dans la ruelle étroite en face de lui, toute vigilance accrue. Sa faction de Buzârds étant peu nombreuse, elle avait été jugée plus qu'utile dans les multiples mini-ruelles qui constituaient le quartier. Sa mobilité et sa vitesse de réaction y étaient cruciales. Le Prince nanique montra une ruelle en enfilade sur la gauche, en dépliant 2 doigts, sans se retourner. Tandis que le mini-bataillon avançait au pas de course, deux se détachèrent et infiltrèrent le passage perpendiculaire. Ils procèdèrent ainsi à l'inspection silencieuse de tout un pâté, avant d'arriver au suivant, au niveau inférieur. Ils se retrouvèrent tous avant de traverser la rue de séparation, par groupes discrets de deux. La deuxième exploration fut la bonne. A peine Alrik venait-il de se séparer de 4 de ses éléments, que deux silhouettes attirèrent son attention sur les toits. Elles étaient anormalement grandes pour des humains, et dégageait une aura nauséeuse.
Il se retourna et arrêta ses Buzârds. Il leur montra le toi où se dressaient les deux étranges formes. L'un des Nains demanda par un jeu de lèvres muet:
- Démons?
Le Nain à crête rouge répondit de la même manière:
- Sûrement apparence. Approchons.
Les 7 Nains ceignirent correctement leur armement pour ne pas faire de bruit, puis entreprirent d'encercler le bâtiment. Au dernier moment, Alrik ordonna à l'un d'eux de rompre sa position pour aller avertir les Humains, mais son poignet déplaça de quelques millimètres une sangles de son attirail, ce qui provoqua un très léger tintement. Aussitôt, l'une des deux forme se retourna, et Alrik sentit un regard horrible le pénétrer jusqu'à la moelle. La sensation était comme plonger d'un seul coup à 50m de profondeur: une pression énorme l'étreignit, puis se relâcha dès que la cible sauta à bas du toit.
- EN AVANT! fit-il vocalement et gestuellement.
Les Nains s'élancèrent vers la rue où étaient partis les deux intrus, engageant une course-poursuite rapide. Mais ceux-ci les distancèrent presque aussitôt, fusant à la vitesse du vent.
- Par Balran! C'était quoi ça?! fit un Buzârd, l'air stupéfié.
Alrik le reconnut comme étant celui qui était le plus proche de lui lorsque l'être l'avait regardé.
- Une aura démoniaque... souffla son supérieur.
- Nous n'étions pas censés poursuivre des Elfes transformés par magie?! s'exclama-t-il sans pour autant manquer de respect. Je n'ai jamais vu un Elfe jeter un sort qui fait cet effet...
- Pourtant, ils courent comme des Ma-dôrma, fit remarquer un autre...
Le fils adoptif du Haut-Roi tentait de démêler quelque chose de cohérent, mais il n'y parvenait pas. Ce qu'il avait ressenti était une aura démoniaque. Il en était absolument sûr. Un Elfe ne pouvait pas produire cela par magie... A moins d'être totalement possédé par un vrai Sh-raz. Est-ce que les Elfes qui avaient attaqué Munduce avait recouru à un rituel d'invocation de Démons? Alrik frissonna à cette idée. La dernière fois que cela s'était produit, cela avait faillit conduire à l'extinction de tous les Nains de Geadrâs... Ce n'était maintenant plus uniquement une question de sécurité pour Cassiel. Cela concernait tous les Nains. Voire tout Geadrâs, puisqu'ils étaient tous liés par le Pacte des Cinq... Il devait attraper ces intrus ou les tuer.
- Peu importe ce qu'ils sont, trancha-t-il. On les retrouve et on les capture. Si on ne peut pas... On les tue.
Son ton catégorique fit l'effet d'un coup de fouet. Cette fois-ci, ils iraient à fond.
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La forme floue bondissait de toit en toit... Ou plutôt... rampait. C'était indescriptible. Elle se faufilait comme une anguille dans les fonds sous-marins. De temps en temps, elle s'arrêtait. Dans les ruelles en dessous, des bruits de terreurs se faisaient entendre, puis le silence. Parfois, la forme disparaissait, mais resurgissaient ailleurs, sous une volée de lance et de flèches qui semblaient ne jamais l'atteindre. Elle évoluait depuis un long quart d'heure autour d'un large périmètre autour du palais du Duce, dans les quartiers du sud. Brusquement, elle partit en direction du port, et sauta à bas dans les rues. Les premières personnes à s'être levée qui la virent passer ne comprirent pas vraiment ce qu'ils se passaient: ils sentirent juste une peur irraisonnée les saisir aux entrailles, avant de se coller au mur pour éviter de percuter le bolide sombre qui fondait sur eux sans ralentir. Leur genou continuaient de trembler même plusieurs instants après son passage. Tout en bas, la forme déboucha sur les quais, où l'attendait solidement une garnison entière. Celle-ci fut surprise pas son arrivée impromptue, mais ne tarda pas à réagir avec virulence: des traits fusèrent de toutes parts, se brisant sur les murs blancs avec un crépitement impressionnant. La créature esquiva avec une dextérité surprenante, se contorsionnant et filant entre les constructions de bois et les étals. Elle profita de ce qu'un habitant insouciant ouvre sa porte pour s'introduire dans la bâtisse insidieusement. Dans la maison, elle franchit la cuisine d'un seul mouvement, et défonça la porte arrière. Sa course ne s'arrêta pas pour autant: elle escalada le mur de la cour sans se soucier de la gravité, puis suivit un filin ou pendait du linge. Bientôt, elle dût s'engouffrer dans les ruelles car son allure sombre devenait trop visible avec le jour qui croissait. La forme traversa ainsi la cité de part en part, puis enfin elle se faufila sans encombre par dessus un mur d'enceinte haut. Elle se laissa tomber dans l'enclos recouvert d'arbres à frondaisons plates, entrelacées. Dessous cette nappe dense, la lumière perlait à peine par de minces espaces, rendant l'espace assez confidentiel. La forme en rejoignit deux autres. L'une d'elle était penchée sur un socle de pierre orné de plusieurs symboles. Ces derniers s'illuminèrent et le socle pivota, pour laisser une ouverture béante, donnant sur un puits sombre. Sans un mot, ils sautèrent tour à tour dans le passage secret, qui se referma ensuite sur eux.
********************************
Le dôme était plongé dans une atmosphère pesante. Les chuchotements entre les représentants et leurs conseillers ne cessaient pas. La décision de constituer le Dath Mensor par le Haut Roi Cassiel n'avait pas été acceptée rapidement. Le Nain ne discutait plus avec son conseiller. Il était sûr de sa demande et des implications que cela causait. Les circonstances actuelles exigeaient ce genre de mesures, toujours moins drastique que certaines autres. Le Dath Mensor était une clause particulière du Pacte des Cinq, qui avait été révisée de nombreuses fois après sa première publication. Trop imparfaite au départ, elle demeurait toujours problématique dans son application.
- Cette discussion a assez duré, s'impatienta le Haut Roi. Faites part de vos avis.
Les autres représentants cessèrent leur discussion, surpris, puis revinrent à la table en échangeant quelques derniers mots sur le vif. Ce fut la Dame des Elfes qui intervint la première:
- Je pense qu'il est trop tôt pour nous prononcer en faveur du Dath Mensor. De plus, nous manquons d'informations pour lui constituer un but précis. Je vote donc contre.
- Nous sommes d'accord, confirma la Chamane Orc. Il est trop tôt.
Les regards se tournèrent alors vers le Duce, mais ce fut l'Omerädies qui s'exprima:
- Si la constitution du Dath Mensor est reportée, nous serions d'accord de commencer à sélectionner des membres potentiels.
Melim d'Arven confirma:
- Je me rangerai du même côté.
Cassiel conclut:
- Mieux vaut toujours être prêts que ne rien faire. J'appuie donc la décision des Démons et des Humains.
La Chamane acquiesça sans rechigner, contrairement à la représentante des Elfir qui ne consentit que par obligation. Elle n'avait pas de raison valable de s'opposer à la précaution. Ce fut donc d'une voix froide qu'elle demanda:
- Comment allons-nous sélectionner les membres potentiels? Il nous faut des êtres possédants des qualités hors du commun, et ce, dans chacun de nos races. Et acceptant de collaborer. De plus, il faut que nous puissions avoir totale confiance en eux. Leurs actions peuvent grandement jouer sur notre avenir...
Chacun pesa le poids de ces paroles. Ce qu'elle disait était on ne peut plus vrai. Il leur fallait agir avec prudence et recul. Le Duce fit:
- Nous pouvons nous servir des Joutes. Bientôt ouvriront les combats d'arènes. Pourquoi ne pas proposer de voir de quoi sont capables nos plus brillants concurrents?
- Vous voulez dire... Les tester à leur insu?
Les protestations fusèrent. L'Humain calma la tension d'un geste de la main, et reprit:
- Il n'est pas question de ça. Il s'agit de nous faire une idée de leurs capacités. Nous pourrons ainsi avoir quelques idées dans le cas où nous déciderions plus tard de constituer le Dath Mensor. Les épreuves que je propose ne seraient que d'un niveau plus élevé que celui que nous avons prévu...
Chaque représentant se mit à parlementer avec son conseiller, mais rapidement, ils revinrent à la table. Cassiel prit la parole:
- Faisons ainsi. Ouvrons des combats de Joutes comme jamais Geadrâs n'en a vu.
C'était décidé. Les affrontements allaient décider des élus de Geadrâs, et peut-être des héros de demain. Si le Dath Mensor venait à devoir être appelé.
*
* *
~ Fin de la Première Phase ~
* *
~ Fin de la Première Phase ~
Validation Itrenog : 34 Concentration et 3 Pièces d'Argent
Re: [RP Principal] Le sommet des 5
[Palais du Duce, soir du 4e jour du Conseil des Cinq]
Le Haut-Roi des Nains grimaça devant les odeurs lancinantes des fleurs du patio, et songea visiblement à se diriger vers les escaliers menant aux étages inférieurs. Comment pouvait-on apprécier ce genre de plantations, ce parasitage révoltant de la noble odeur de la terre, à ciel ouvert qui plus est? Leurs couleurs donnaient le tournis de criardise, sans même présenter un quelconque reflet salvateur. Sans compter que ces ornementations végétales étaient d'un éphémère stupéfiant. Comment les Humains pouvaient-ils déployer autant de vaine énergie pour des futilités aussi fades et perturbatrices? Même les Ma-dôrma - dont les goûts étaient des plus désolants - ne s'échinaient pas à créer ce genre d'artifices insensés et temporaires. Chaque jour depuis qu'il était ici, le vieux roi renouait avec ses précédents contacts avec cette race surprenante qu'étaient les Zamaat. Ils couraient sans cesse en tout sens, pour des raisons qui n'en étaient qu'à moitié - lorsqu'elles s'avéraient quelque peu fondées. Ils évoluaient dans ce qui semblait être une perte de temps perpétuelle, comme s'ils avaient élevé en art tout ce qui n'avait aucune fin ou perfection mémorables. Le pire étant que la majorité donnait l'impression de s'y retrouver, et que plusieurs d'entre eux étaient étonnants de ressources lorsqu'on leur adressait la parole et qu'on s'intéressait à leur vie. Bien que d'une maladresse désespérante, Cassiel ne pouvait nier le don des Marbân pour apprendre: un talent que les siens appréciaient au plus haut point, et qui avait largement participé de la bonne compréhension entre leurs peuples. Le temps des guerres paraissaient lointains pour les Humains, et à dire vrai, ces derniers étaient désormais bien différents des Elfes, au point que le Haut-Roi leur prêtait parfois des points communs avec ses congénères. Que de changements en si peu de temps. La société humaine s'adaptait bien plus que celles des races aînées. L'inventivité des Zamaat! Ah, quel éclat ils révélaient parfois sous leur quelconceté... Rien que pour l'art des Runes... Les récits des maîtres Arkhandrazkal avait fasciné le vieux roi en leur temps. Les Humains apprenaient si vite. Et commettaient tant d'erreurs. Déjà même alors qu'ils n'en connaissaient pas les secrets de fabrication, les guerriers humains utilisaient les runes tombées au combat lors des batailles. Leur usage en était si médiocre que cela ne présentait aucun danger pour les Naug. En tout cas, ça avait été le cas un temps. Puis ils s'étaient mis à les combiner entre elles, pour des usages totalement incongrus, presque toujours largement détourné de leur utilité première. En frissonnant, Cassiel se remémora l'une des batailles de Scudo, où justement le génie maladroit des Humains avait été plus que sous-estimé par les siens. Au lieu d'user des armes runiques au combat, les Marbân en avaient faits des bloque-portes indestructibles, des projectiles d'onagre ou encore des détonateurs d'enchantements rendus instables par les runes. Hélas, cette tendance à l'innovation était presque toujours pervertie par le dessein de faire du mal et d'acquérir du pouvoir. "Car les valeurs des Humains vacillent et s'éteignent d'un simple souffle, les précipitant des sommets vers les abîmes. Leur esprit est soumis à leur chair." Qui avait dit cela? Nulle importance, c'était bien vrai. Et il n'y avait rien d'étonnant à cela, considérant de quoi étaient nés leurs corps répugnants de faiblesses.
Ainsi, les Zamaat étaient sans cesse déchirés en deux, entre l'engeance qui fourmillait dans leurs entrailles, et les vertus qu'ils pouvaient brandir dans les instants les plus surprenants. Cassiel avait appris, comme tout Khuzûd qui avait pu les côtoyer, qu'il ne fallait pas se fier à ce qui transparaissait de ces êtres. Ni à ceux qui arboraient une surface terne et rêche, ni à ceux qui rutilaient de l'éclat des plus grands diamants. D'un instant à l'autre, le premier pouvait se fendre et révéler un cœur de métal pur et noble, et le second s'effriter en poudre coupante. Si les Humains avaient été des Nains, ils auraient été fait de poussière et de sable secs. Il scintillait en eux parfois des grains d'un glorieux passé, mais ce n'était que des fragments illusoires.
- Ah, Haut-Roi, vous voilà!
Le vieux nain grimaça à nouveau en soufflant bruyamment, pour montrer son agacement devant cette irruption indésirable ou pour remettre de l'ordre dans ses pensées. Il n'était pas vraiment étonné de cette visite, et ses sens l'avaient en quelque sorte préparé à cette arrivée, par les dalles de marbre sous ses pieds. Au moins, les Duce d'antan avaient eu la présence d'esprit de construire la majeure partie des sols dans cette matière noble et serviable. Pour les Nains, un sol dur ou dense permettait de repérer facilement tout mouvement dans un large périmètre, et de reconnaître le pas s'il était familier. Une faculté innée que les autres peuples sous-estimaient bien souvent. Sensibilité qui prédisposait ses détenteurs à l’irritabilité plus qu'à la surprise. Adapter son pas à la densité et la composition de la surface qu'on foulait était de la plus élémentaire bienséance. Savoir-vivre qui était bien sûr étranger aux autres races, les Humains faisant partie des plus doués pour piétiner avec une allégresse presque impudente. Les plus agaçants étant les Elfes, dont le pas dégoulinant se mêlait avec ceux des animaux ou les ondulations des végétaux, si lascivement que c'en était indécent à vous hérisser les poils de la moustache. Ils étaient difficiles à localiser par ce moyen, surtout de près, mais leur démarche veloutée flanquait presque toujours une sorte de nausée mentale.
- Qu'y a-t-il, Orlan? bougonna le vieux roi en lustrant sa barbe.
Le fidèle et sage compère de son fils adoptif échangea de brefs remerciements avec le Marbân qui l'avait accompagné jusqu'ici; probablement un serviteur du palais quelconque, habitué à l'arpenter de long en large pour ses insignifiantes missions. Sans même se retourner, grâce à son pas, le Haut-Roi savait qu'il n'était plus tout jeune. Son pas indiquait que sa jambe gauche avait été gravement blessée, lors d'un combat probablement. Il devait avoir mangé depuis peu d'après la façon de poser vite l'avant de son pied et son souffle, ce qui impliquait un passage en cuisine, et des privilèges. Sans doute une retraite tranquille pour un ancien combattant sans grande envergure, mais apprécié pour ses services. Orlan s'approcha enfin, après avoir laissé disposé le serf. Il s'autorisa un sobre salut, considérant qu'il se trouvait avec un vieux roi fatigué qui venait de subir une journée chargée de discussions âpres et enrobées de protocole. Lequel lui en fut silencieusement reconnaissant.
- Le Prince Alrik m'a envoyé vous annoncer qu'il a d'importantes nouvelles à vous communiquer, à propos de vous-savez-quoi.
- Si vite? Cela m'étonne de lui. Pourquoi n'est-il pas venu lui-même me voir?
- Il surveille le déchargement dans vos quartiers.
- Le déchargement? sourcilla le Haut-Roi, soupçonneux.
- Oui, nous avons trouvé des merveilles sur la Mergetale. Nous avons même déniché de votre bardache striée.
En entendant cette nouvelle, Cassiel sembla soudain avoir rajeuni de quelques siècles. Son regard s'embrasa, et il tonna:
- Et bien, allons-y! Je compte bien m'assurer que ce tire-au-flanc ne dépense pas notre or en bibelots et cliquetailles de gobelin quand je lui demande de s'occuper des affaires de notre royaume...
Le Haut-Roi des Nains grimaça devant les odeurs lancinantes des fleurs du patio, et songea visiblement à se diriger vers les escaliers menant aux étages inférieurs. Comment pouvait-on apprécier ce genre de plantations, ce parasitage révoltant de la noble odeur de la terre, à ciel ouvert qui plus est? Leurs couleurs donnaient le tournis de criardise, sans même présenter un quelconque reflet salvateur. Sans compter que ces ornementations végétales étaient d'un éphémère stupéfiant. Comment les Humains pouvaient-ils déployer autant de vaine énergie pour des futilités aussi fades et perturbatrices? Même les Ma-dôrma - dont les goûts étaient des plus désolants - ne s'échinaient pas à créer ce genre d'artifices insensés et temporaires. Chaque jour depuis qu'il était ici, le vieux roi renouait avec ses précédents contacts avec cette race surprenante qu'étaient les Zamaat. Ils couraient sans cesse en tout sens, pour des raisons qui n'en étaient qu'à moitié - lorsqu'elles s'avéraient quelque peu fondées. Ils évoluaient dans ce qui semblait être une perte de temps perpétuelle, comme s'ils avaient élevé en art tout ce qui n'avait aucune fin ou perfection mémorables. Le pire étant que la majorité donnait l'impression de s'y retrouver, et que plusieurs d'entre eux étaient étonnants de ressources lorsqu'on leur adressait la parole et qu'on s'intéressait à leur vie. Bien que d'une maladresse désespérante, Cassiel ne pouvait nier le don des Marbân pour apprendre: un talent que les siens appréciaient au plus haut point, et qui avait largement participé de la bonne compréhension entre leurs peuples. Le temps des guerres paraissaient lointains pour les Humains, et à dire vrai, ces derniers étaient désormais bien différents des Elfes, au point que le Haut-Roi leur prêtait parfois des points communs avec ses congénères. Que de changements en si peu de temps. La société humaine s'adaptait bien plus que celles des races aînées. L'inventivité des Zamaat! Ah, quel éclat ils révélaient parfois sous leur quelconceté... Rien que pour l'art des Runes... Les récits des maîtres Arkhandrazkal avait fasciné le vieux roi en leur temps. Les Humains apprenaient si vite. Et commettaient tant d'erreurs. Déjà même alors qu'ils n'en connaissaient pas les secrets de fabrication, les guerriers humains utilisaient les runes tombées au combat lors des batailles. Leur usage en était si médiocre que cela ne présentait aucun danger pour les Naug. En tout cas, ça avait été le cas un temps. Puis ils s'étaient mis à les combiner entre elles, pour des usages totalement incongrus, presque toujours largement détourné de leur utilité première. En frissonnant, Cassiel se remémora l'une des batailles de Scudo, où justement le génie maladroit des Humains avait été plus que sous-estimé par les siens. Au lieu d'user des armes runiques au combat, les Marbân en avaient faits des bloque-portes indestructibles, des projectiles d'onagre ou encore des détonateurs d'enchantements rendus instables par les runes. Hélas, cette tendance à l'innovation était presque toujours pervertie par le dessein de faire du mal et d'acquérir du pouvoir. "Car les valeurs des Humains vacillent et s'éteignent d'un simple souffle, les précipitant des sommets vers les abîmes. Leur esprit est soumis à leur chair." Qui avait dit cela? Nulle importance, c'était bien vrai. Et il n'y avait rien d'étonnant à cela, considérant de quoi étaient nés leurs corps répugnants de faiblesses.
Ainsi, les Zamaat étaient sans cesse déchirés en deux, entre l'engeance qui fourmillait dans leurs entrailles, et les vertus qu'ils pouvaient brandir dans les instants les plus surprenants. Cassiel avait appris, comme tout Khuzûd qui avait pu les côtoyer, qu'il ne fallait pas se fier à ce qui transparaissait de ces êtres. Ni à ceux qui arboraient une surface terne et rêche, ni à ceux qui rutilaient de l'éclat des plus grands diamants. D'un instant à l'autre, le premier pouvait se fendre et révéler un cœur de métal pur et noble, et le second s'effriter en poudre coupante. Si les Humains avaient été des Nains, ils auraient été fait de poussière et de sable secs. Il scintillait en eux parfois des grains d'un glorieux passé, mais ce n'était que des fragments illusoires.
- Ah, Haut-Roi, vous voilà!
Le vieux nain grimaça à nouveau en soufflant bruyamment, pour montrer son agacement devant cette irruption indésirable ou pour remettre de l'ordre dans ses pensées. Il n'était pas vraiment étonné de cette visite, et ses sens l'avaient en quelque sorte préparé à cette arrivée, par les dalles de marbre sous ses pieds. Au moins, les Duce d'antan avaient eu la présence d'esprit de construire la majeure partie des sols dans cette matière noble et serviable. Pour les Nains, un sol dur ou dense permettait de repérer facilement tout mouvement dans un large périmètre, et de reconnaître le pas s'il était familier. Une faculté innée que les autres peuples sous-estimaient bien souvent. Sensibilité qui prédisposait ses détenteurs à l’irritabilité plus qu'à la surprise. Adapter son pas à la densité et la composition de la surface qu'on foulait était de la plus élémentaire bienséance. Savoir-vivre qui était bien sûr étranger aux autres races, les Humains faisant partie des plus doués pour piétiner avec une allégresse presque impudente. Les plus agaçants étant les Elfes, dont le pas dégoulinant se mêlait avec ceux des animaux ou les ondulations des végétaux, si lascivement que c'en était indécent à vous hérisser les poils de la moustache. Ils étaient difficiles à localiser par ce moyen, surtout de près, mais leur démarche veloutée flanquait presque toujours une sorte de nausée mentale.
- Qu'y a-t-il, Orlan? bougonna le vieux roi en lustrant sa barbe.
Le fidèle et sage compère de son fils adoptif échangea de brefs remerciements avec le Marbân qui l'avait accompagné jusqu'ici; probablement un serviteur du palais quelconque, habitué à l'arpenter de long en large pour ses insignifiantes missions. Sans même se retourner, grâce à son pas, le Haut-Roi savait qu'il n'était plus tout jeune. Son pas indiquait que sa jambe gauche avait été gravement blessée, lors d'un combat probablement. Il devait avoir mangé depuis peu d'après la façon de poser vite l'avant de son pied et son souffle, ce qui impliquait un passage en cuisine, et des privilèges. Sans doute une retraite tranquille pour un ancien combattant sans grande envergure, mais apprécié pour ses services. Orlan s'approcha enfin, après avoir laissé disposé le serf. Il s'autorisa un sobre salut, considérant qu'il se trouvait avec un vieux roi fatigué qui venait de subir une journée chargée de discussions âpres et enrobées de protocole. Lequel lui en fut silencieusement reconnaissant.
- Le Prince Alrik m'a envoyé vous annoncer qu'il a d'importantes nouvelles à vous communiquer, à propos de vous-savez-quoi.
- Si vite? Cela m'étonne de lui. Pourquoi n'est-il pas venu lui-même me voir?
- Il surveille le déchargement dans vos quartiers.
- Le déchargement? sourcilla le Haut-Roi, soupçonneux.
- Oui, nous avons trouvé des merveilles sur la Mergetale. Nous avons même déniché de votre bardache striée.
En entendant cette nouvelle, Cassiel sembla soudain avoir rajeuni de quelques siècles. Son regard s'embrasa, et il tonna:
- Et bien, allons-y! Je compte bien m'assurer que ce tire-au-flanc ne dépense pas notre or en bibelots et cliquetailles de gobelin quand je lui demande de s'occuper des affaires de notre royaume...
Re: [RP Principal] Le sommet des 5
[Notes explicatives facultatives en fin de post pour certains mots.]
[Palais du Duce, soir du 4e jour du Conseil des Cinq, dans les quartiers réservés au représentant du peuple nain et sa suite.]
Dès la première bouffée, le Haut-Roi des Nains se liquéfia sur son fauteuil d'abesle¹ massif en grondant sourdement de satisfaction. La lourde odeur de la bardache² striée, amère et saline, emplit le salon des appartements privés secondaires des quartiers nains. Alrik esquissa un sourire en voyant ainsi son protecteur et bienfaiteur se libérer à vue d’œil de la tension occasionnée par ses interminables journées de pourparlers avec les autres représentants des peuples. Un relâchement qu'il avait largement mérité, d'autant plus que son âge devait peser mesquinement sur ses articulations, sans oublier l'éloignement du confort de Rik Kazad. Les Humains utilisaient la plupart du temps du bois et du cuir pour leur mobilier, matières particulièrement usantes pour les Khuzûd qui devaient s'en contenter. S'enfoncer dans un coussin moelleux ou ne sentir que partiellement les vibrations à travers le bois finissait par enkyloser et rendre nerveux. Il n'était rien de tel qu'un trône de roche massif pour jouir de l'aisance des justes. Au moins, ils avaient pu compter sur la prévenance du Duce, qui avait spécialement mis à leur disposition des fauteuils en bois d'abesle, un arbre rare et vieux, dont la densité et la régularité de la fibre approchait de près le grain de certaines pierres, sans pour autant en égaler le poids. Cela n'était pas tout à fait idéal, mais l'attention était louable.
En outre, les quartiers de la race avaient été établis dans les soubassements du Palais. Bien que la plupart des Nains les accompagnant l'ignoraient, le Haut-Roi et son fils adoptif savaient qu'un tel geste aurait été d'un irrespect total pour les délégations des autres peuples. Cette région du palais était isolée, froide et proche des cachots, dépourvue de décorations murales et de fenêtres élégantes. Et pourtant, tout était fait de pierres, la plupart des espaces étaient très hauts, soutenus par de hautes colonnades puissantes et croisées, sans fioriture outrageuses. A travers leurs chausses dépourvues de semelle au niveau des orteils, les Khuzûd pouvaient sonder à loisir la sagesse grondante de Geadrâs. Un bel ouvrage d'architecture, qui rappelait certaines galeries sous les montagnes du sud. C'est donc tout naturellement que la délégation s'était immédiatement sentie à l'aise, dans cette aile du palais engoncée dans le sol, vaste et sobre, puissante et insoupçonnée.
La fumée de la pipe du Haut-Roi flottait désormais dans l'air en fastes nappes presque opaque. Ce dernier s'appliquait à souffler des formes étonnantes dans les airs, laissant échapper parfois un gloussement de satisfaction ou des bougonnements joyeux incompréhensibles. Les deux plus grands intérêts de fumer de l'herbe à pipe, chez les Nains, ne venaient pas des effets ou du goût de la-dite herbe - tendances navrantes recherchées par les Humains et les Orcs -, auxquels ils étaient souvent très résistants- pour ne pas dire insensibles -, mais de la caresse sourde de la chaleur de la fumée dans le corps, et des sculptures qu'on pouvait en faire par le souffle. Il n'était d'ailleurs par rare de voir certains Khuzûd se livrer des luttes acharnées dans ce domaine. Ainsi, ils consommaient les herbes parmi les plus fortes, qui brûlaient avec lenteur en dégageant des vapeurs pour le moins... épaisses. En bref, de l'arrache-gosier ou du pousse-aux-larmes, comme vous diraient les amateurs humains, la tête vrillée dès la première bouffée. Une preuve de plus, s'il en fallait, de leur constitution de nouveaux-nés.
- Alors, elle vous plait? demanda le nain à la crête colorée avec un sourire en coin.
- Rudement brûlante en gorge, comme dans mon souvenir. Un vrai délice.
Le Haut-Roi pointa sa pipe-à-fourne³ sur son fils adoptif en fronçant les sourcils tout en continuant:
- Mais ne crois pas que cela te permettra de revenir sur ce dont nous avons parlé hier soir. Ma décision est prise, et le débat est clos.
Alrik devint plus sérieux, mais ne montra pas de signe de déception apparent.
- Je sais, Berekad⁴. Les tablettes d'Ungrind seront prêtes pour le dernier jour des Joutes.
- Bien. Orlan m'a dit que tu avais des nouvelles. Quelles sont-elles?
- Vous aviez raison. Les Oreilles Pointues refusent de coopérer, malgré les promesses de la représentante. Ils ont mis la main sur un grand nombre de dissidents de la nuit des incidents, mais empêchent les informations de filtrer. Pour contourner l'accord, ils ont permis aux Humains d'assister à certains interrogatoires, et en ont rendu un officiel. Mais ils avaient déjà interrogé le dissident, et ce qu'il avait à dire ne nous a rien appris. La mascarade a duré près de deux heures, mais je me suis retiré bien avant cela.
Voyant que son père allait protester, Alrik poursuivi sur un rythme plus rapide:
- J'en ai profité pour reprendre la piste au nord de la Mergetale. Les arènes de combat et l'attroupement de l'interrogatoire nous a permis de nous approcher des quartiers réservés aux elfes. Et là... Un évènement curieux s'est produit. Des runes se sont activées sur l'abraxas que vous m'avez offert.
Le vieux roi avala de travers sa bouffée de bardache. Il riva ses yeux sur le poignet du nain à crête rouge, et s'enquit:
- La relique des Mandaraz?
- Oui, confirma son interlocuteur sur un ton grave. Je n'ai pas compris ce qu'elles indiquaient. Elles ne m'étaient visiblement pas destinées, je n'ai donc pas pu les déchiffrer. Même avec le triptyque d'Ozbakar⁵. Comme vous me l'avez demandé le jour où vous me l'avez confié, je suis venu immédiatement vous en faire part.
- Alors... il avait peut-être raison, souffla le Haut-Roi, plongé dans ses pensées, avant de s'apercevoir qu'il était temps d'en dire plus à son fils adoptif. Son créateur était un génie, et son talent m'a permis de le côtoyer à de nombreuses reprises. Vardok Harzal était son nom. J'ai même cru que nous serions amis... Mais des failles traîtresses ont grandi dans son esprit, et ont terni son éclat. Il a quitté la roche et chuté loin de la montagne. Il est mort sur un champs de bataille contre les ennemis du Grand Nid, il y a longtemps.
Le prince nain comprit vite de quoi il s'agissait en faisait appel aux indices dont il disposait.
- L'antique cité sous la falaise, au delà de Rizen...
- Oui... Valkazad... Zuma nan Tûr⁶...
Le Haut-Roi soupira, puis reprit:
- Cet abraxas est issu de ses recherches. Il disait que sa fonction était de révéler les Mandaraz⁷.
- Des magies sauvages ultimes? Ca aurait un lien avec les émanances des Humains?
- Je ne saurais pas t'expliquer clairement, cela renvoie à des notions très sombres, évoquées uniquement dans les ouvrages les plus secrets. Ce que j'en ai retenu, c'est que les anciens ont proscrit les pratiques qui utilisaient les Mandaraz, développées en Valkazad par le clan qui régnait jadis là-bas.
- Quel était ce clan?
Le vieux roi grimaça en ronchonnant, et répondit presque en grognant:
- Leurs actes ont brisé leur mémoire. Ils ont disparus dans leur folie, entrainant la grandeur de leur cité avec eux. Je ne sais comment, Vardok a eu connaissance de ces pratiques, et disait vouloir repousser les limites des runes par l'usage des Mandaraz. Si ma mémoire est bonne, il considérait qu'il était possible de contrôler toutes les essences grâce à eux.
Alrik fronça les sourcils, incrédule. De toute évidence, le vieux roi lui cachait des choses. Mais il devait avoir ses raisons.
- C'est... de la folie. Dans quel but?
- Je l'ignore. Je ne sais même pas s'il savait lui-même ce qu'il faisait. Tu penses bien le tollé qu'il a provoqué parmi les Arkhandrazkal. J'ai dû intervenir personnellement pour mettre fin à tout cela. Hélas, ça n'a pas suffi...
Cassiel se tut, méditant en tirant une bouffée sur sa pipe-à-fourne.
- Donc cet abraxas détecte les Mandaraz? Qu'est-ce que ça veut dire?
- Seul Vardok aurait pu répondre à cela. Mais quoi qu'il en soit, s'il s'est activé, c'est que quelque chose de très puissant, une magie ancienne et perdue, est à l'œuvre à proximité de l'endroit où tu étais. Et je doute que ça ait rapport avec les Ma-dôrma.
- J'y retournerai ce soir même, Berekad, avec Orlan et Torek, fit Alrik d'un ton qui ne souffrait aucune hésitation, mais transpirait le désir de l'épreuve.
- Je n'en attendais pas moins de toi, Berekor, fit Cassiel avec un sourire qui disparut aussitôt. Ta destinée t'appelle en cet instant, mais sois prudent. Geadrâs est en train de changer. Nous, Khuzûd, l'avons senti depuis longtemps dans nos corps et nos âmes, mais aujourd'hui, toutes les races sont touchées.
Alrik fronça les sourcils:
- Il s'est passé quelque chose au conseil des Cinq?
- ... Des troubles se sont éveillés dans tous les territoires. Toutes les formes de magies avertissent que quelque chose d'important se prépare. Nous allons lever le Dath Mensor.
Un long silence se fit, avant que le plus jeune reprenne:
- La situation est si grave que ça? Nous avons déjà repoussé les Dâra-gôn. Nous pouvons les repousser à nouveau.
- Nous avons une révolte à mater, Berekor, rappela le Haut-Roi. Et c'est aussi le cas pour les Sarbâts. Et les Humains ont des problèmes à l'ouest, et un grave incident oppose le Duce au Saint Duome, qui le place en très mauvaise posture avec la majorité des mages de ses royaumes.
- Les Sh-raz et les Orcs?
- Les Démons prétendent qu'une grand mal les atteint.
- Sottises. Les Vôrgard êr Ranûk ne tombent pas malades.
- Ce n'est pas une maladie comme celles des êtres vivants. Mais l'Omerädies nous a montré certains des siens atteints par le mal. La magie sauvage s'attaque à eux de l'intérieur. Il devient de plus en plus difficile de rester à la surface pour la plupart d'entre eux, et certains finissent par se dissoudre.
- Enfin une bonne nouvelle, lança Alrik avec ironie. Et les Fur-Grââld?
- L'Archamane n'a pas relevé de problème de ce genre dans son peuple. Depuis toujours, les siens disparaissent et des choses étranges se produisent sur leurs terres, ils sont habitués à ce genre de choses...
Une pause entendue se fit, puis Alrik conclut:
- Je comprends... Le conseil commence aussi à craindre que les Ombres soient de retour. Berekad, je vous demande de réexaminer mes déclarations d'hier. L'incident du deuxième jour, les nouvelles du conseil, et maintenant l'abraxas des Mandaraz...
- Je sais quelle est ta position, trancha le Haut-Roi. Mais il faut nous garder de l'aveuglement du temps des Grandes Guerres de jadis. Nul n'a envie de connaître à nouveau ses horreurs. Nous devons comprendre avant d'agir. Quelque chose nous menace, c'est certain, mais nous devons en déceler le grain, les failles et le coeur avant de le tailler à notre guise.
Alrik hocha la tête.
- Je suivrai la piste des Mandaraz.
- Et je me chargerai d'assurer l'avenir de notre peuple tant que c'est encore mon rôle.
[Palais du Duce, soir du 4e jour du Conseil des Cinq, dans les quartiers réservés au représentant du peuple nain et sa suite.]
Dès la première bouffée, le Haut-Roi des Nains se liquéfia sur son fauteuil d'abesle¹ massif en grondant sourdement de satisfaction. La lourde odeur de la bardache² striée, amère et saline, emplit le salon des appartements privés secondaires des quartiers nains. Alrik esquissa un sourire en voyant ainsi son protecteur et bienfaiteur se libérer à vue d’œil de la tension occasionnée par ses interminables journées de pourparlers avec les autres représentants des peuples. Un relâchement qu'il avait largement mérité, d'autant plus que son âge devait peser mesquinement sur ses articulations, sans oublier l'éloignement du confort de Rik Kazad. Les Humains utilisaient la plupart du temps du bois et du cuir pour leur mobilier, matières particulièrement usantes pour les Khuzûd qui devaient s'en contenter. S'enfoncer dans un coussin moelleux ou ne sentir que partiellement les vibrations à travers le bois finissait par enkyloser et rendre nerveux. Il n'était rien de tel qu'un trône de roche massif pour jouir de l'aisance des justes. Au moins, ils avaient pu compter sur la prévenance du Duce, qui avait spécialement mis à leur disposition des fauteuils en bois d'abesle, un arbre rare et vieux, dont la densité et la régularité de la fibre approchait de près le grain de certaines pierres, sans pour autant en égaler le poids. Cela n'était pas tout à fait idéal, mais l'attention était louable.
En outre, les quartiers de la race avaient été établis dans les soubassements du Palais. Bien que la plupart des Nains les accompagnant l'ignoraient, le Haut-Roi et son fils adoptif savaient qu'un tel geste aurait été d'un irrespect total pour les délégations des autres peuples. Cette région du palais était isolée, froide et proche des cachots, dépourvue de décorations murales et de fenêtres élégantes. Et pourtant, tout était fait de pierres, la plupart des espaces étaient très hauts, soutenus par de hautes colonnades puissantes et croisées, sans fioriture outrageuses. A travers leurs chausses dépourvues de semelle au niveau des orteils, les Khuzûd pouvaient sonder à loisir la sagesse grondante de Geadrâs. Un bel ouvrage d'architecture, qui rappelait certaines galeries sous les montagnes du sud. C'est donc tout naturellement que la délégation s'était immédiatement sentie à l'aise, dans cette aile du palais engoncée dans le sol, vaste et sobre, puissante et insoupçonnée.
La fumée de la pipe du Haut-Roi flottait désormais dans l'air en fastes nappes presque opaque. Ce dernier s'appliquait à souffler des formes étonnantes dans les airs, laissant échapper parfois un gloussement de satisfaction ou des bougonnements joyeux incompréhensibles. Les deux plus grands intérêts de fumer de l'herbe à pipe, chez les Nains, ne venaient pas des effets ou du goût de la-dite herbe - tendances navrantes recherchées par les Humains et les Orcs -, auxquels ils étaient souvent très résistants- pour ne pas dire insensibles -, mais de la caresse sourde de la chaleur de la fumée dans le corps, et des sculptures qu'on pouvait en faire par le souffle. Il n'était d'ailleurs par rare de voir certains Khuzûd se livrer des luttes acharnées dans ce domaine. Ainsi, ils consommaient les herbes parmi les plus fortes, qui brûlaient avec lenteur en dégageant des vapeurs pour le moins... épaisses. En bref, de l'arrache-gosier ou du pousse-aux-larmes, comme vous diraient les amateurs humains, la tête vrillée dès la première bouffée. Une preuve de plus, s'il en fallait, de leur constitution de nouveaux-nés.
- Alors, elle vous plait? demanda le nain à la crête colorée avec un sourire en coin.
- Rudement brûlante en gorge, comme dans mon souvenir. Un vrai délice.
Le Haut-Roi pointa sa pipe-à-fourne³ sur son fils adoptif en fronçant les sourcils tout en continuant:
- Mais ne crois pas que cela te permettra de revenir sur ce dont nous avons parlé hier soir. Ma décision est prise, et le débat est clos.
Alrik devint plus sérieux, mais ne montra pas de signe de déception apparent.
- Je sais, Berekad⁴. Les tablettes d'Ungrind seront prêtes pour le dernier jour des Joutes.
- Bien. Orlan m'a dit que tu avais des nouvelles. Quelles sont-elles?
- Vous aviez raison. Les Oreilles Pointues refusent de coopérer, malgré les promesses de la représentante. Ils ont mis la main sur un grand nombre de dissidents de la nuit des incidents, mais empêchent les informations de filtrer. Pour contourner l'accord, ils ont permis aux Humains d'assister à certains interrogatoires, et en ont rendu un officiel. Mais ils avaient déjà interrogé le dissident, et ce qu'il avait à dire ne nous a rien appris. La mascarade a duré près de deux heures, mais je me suis retiré bien avant cela.
Voyant que son père allait protester, Alrik poursuivi sur un rythme plus rapide:
- J'en ai profité pour reprendre la piste au nord de la Mergetale. Les arènes de combat et l'attroupement de l'interrogatoire nous a permis de nous approcher des quartiers réservés aux elfes. Et là... Un évènement curieux s'est produit. Des runes se sont activées sur l'abraxas que vous m'avez offert.
Le vieux roi avala de travers sa bouffée de bardache. Il riva ses yeux sur le poignet du nain à crête rouge, et s'enquit:
- La relique des Mandaraz?
- Oui, confirma son interlocuteur sur un ton grave. Je n'ai pas compris ce qu'elles indiquaient. Elles ne m'étaient visiblement pas destinées, je n'ai donc pas pu les déchiffrer. Même avec le triptyque d'Ozbakar⁵. Comme vous me l'avez demandé le jour où vous me l'avez confié, je suis venu immédiatement vous en faire part.
- Alors... il avait peut-être raison, souffla le Haut-Roi, plongé dans ses pensées, avant de s'apercevoir qu'il était temps d'en dire plus à son fils adoptif. Son créateur était un génie, et son talent m'a permis de le côtoyer à de nombreuses reprises. Vardok Harzal était son nom. J'ai même cru que nous serions amis... Mais des failles traîtresses ont grandi dans son esprit, et ont terni son éclat. Il a quitté la roche et chuté loin de la montagne. Il est mort sur un champs de bataille contre les ennemis du Grand Nid, il y a longtemps.
Le prince nain comprit vite de quoi il s'agissait en faisait appel aux indices dont il disposait.
- L'antique cité sous la falaise, au delà de Rizen...
- Oui... Valkazad... Zuma nan Tûr⁶...
Le Haut-Roi soupira, puis reprit:
- Cet abraxas est issu de ses recherches. Il disait que sa fonction était de révéler les Mandaraz⁷.
- Des magies sauvages ultimes? Ca aurait un lien avec les émanances des Humains?
- Je ne saurais pas t'expliquer clairement, cela renvoie à des notions très sombres, évoquées uniquement dans les ouvrages les plus secrets. Ce que j'en ai retenu, c'est que les anciens ont proscrit les pratiques qui utilisaient les Mandaraz, développées en Valkazad par le clan qui régnait jadis là-bas.
- Quel était ce clan?
Le vieux roi grimaça en ronchonnant, et répondit presque en grognant:
- Leurs actes ont brisé leur mémoire. Ils ont disparus dans leur folie, entrainant la grandeur de leur cité avec eux. Je ne sais comment, Vardok a eu connaissance de ces pratiques, et disait vouloir repousser les limites des runes par l'usage des Mandaraz. Si ma mémoire est bonne, il considérait qu'il était possible de contrôler toutes les essences grâce à eux.
Alrik fronça les sourcils, incrédule. De toute évidence, le vieux roi lui cachait des choses. Mais il devait avoir ses raisons.
- C'est... de la folie. Dans quel but?
- Je l'ignore. Je ne sais même pas s'il savait lui-même ce qu'il faisait. Tu penses bien le tollé qu'il a provoqué parmi les Arkhandrazkal. J'ai dû intervenir personnellement pour mettre fin à tout cela. Hélas, ça n'a pas suffi...
Cassiel se tut, méditant en tirant une bouffée sur sa pipe-à-fourne.
- Donc cet abraxas détecte les Mandaraz? Qu'est-ce que ça veut dire?
- Seul Vardok aurait pu répondre à cela. Mais quoi qu'il en soit, s'il s'est activé, c'est que quelque chose de très puissant, une magie ancienne et perdue, est à l'œuvre à proximité de l'endroit où tu étais. Et je doute que ça ait rapport avec les Ma-dôrma.
- J'y retournerai ce soir même, Berekad, avec Orlan et Torek, fit Alrik d'un ton qui ne souffrait aucune hésitation, mais transpirait le désir de l'épreuve.
- Je n'en attendais pas moins de toi, Berekor, fit Cassiel avec un sourire qui disparut aussitôt. Ta destinée t'appelle en cet instant, mais sois prudent. Geadrâs est en train de changer. Nous, Khuzûd, l'avons senti depuis longtemps dans nos corps et nos âmes, mais aujourd'hui, toutes les races sont touchées.
Alrik fronça les sourcils:
- Il s'est passé quelque chose au conseil des Cinq?
- ... Des troubles se sont éveillés dans tous les territoires. Toutes les formes de magies avertissent que quelque chose d'important se prépare. Nous allons lever le Dath Mensor.
Un long silence se fit, avant que le plus jeune reprenne:
- La situation est si grave que ça? Nous avons déjà repoussé les Dâra-gôn. Nous pouvons les repousser à nouveau.
- Nous avons une révolte à mater, Berekor, rappela le Haut-Roi. Et c'est aussi le cas pour les Sarbâts. Et les Humains ont des problèmes à l'ouest, et un grave incident oppose le Duce au Saint Duome, qui le place en très mauvaise posture avec la majorité des mages de ses royaumes.
- Les Sh-raz et les Orcs?
- Les Démons prétendent qu'une grand mal les atteint.
- Sottises. Les Vôrgard êr Ranûk ne tombent pas malades.
- Ce n'est pas une maladie comme celles des êtres vivants. Mais l'Omerädies nous a montré certains des siens atteints par le mal. La magie sauvage s'attaque à eux de l'intérieur. Il devient de plus en plus difficile de rester à la surface pour la plupart d'entre eux, et certains finissent par se dissoudre.
- Enfin une bonne nouvelle, lança Alrik avec ironie. Et les Fur-Grââld?
- L'Archamane n'a pas relevé de problème de ce genre dans son peuple. Depuis toujours, les siens disparaissent et des choses étranges se produisent sur leurs terres, ils sont habitués à ce genre de choses...
Une pause entendue se fit, puis Alrik conclut:
- Je comprends... Le conseil commence aussi à craindre que les Ombres soient de retour. Berekad, je vous demande de réexaminer mes déclarations d'hier. L'incident du deuxième jour, les nouvelles du conseil, et maintenant l'abraxas des Mandaraz...
- Je sais quelle est ta position, trancha le Haut-Roi. Mais il faut nous garder de l'aveuglement du temps des Grandes Guerres de jadis. Nul n'a envie de connaître à nouveau ses horreurs. Nous devons comprendre avant d'agir. Quelque chose nous menace, c'est certain, mais nous devons en déceler le grain, les failles et le coeur avant de le tailler à notre guise.
Alrik hocha la tête.
- Je suivrai la piste des Mandaraz.
- Et je me chargerai d'assurer l'avenir de notre peuple tant que c'est encore mon rôle.
- Notes en spoiler:
¹ L'abesle est un arbre Geadrasien artificiel qui fut offert aux humains par les elfes pour leurs besoins. Créé par le chant, il n'a pas "d'âme" propre et est considéré par les elfes comme une sorte de bois mort, insensible aux meurtrissures qu'on peut lui faire. Le bois d'abesle est dense, extrêmement dur et résiste à beaucoup d'altérations. De nos jours, certains arbres d'abesle sont créés comme ornementations de lieux prestigieux. Vous le reconnaitrez à son écorce lisse et argentée, et à son absence de feuille.
² La bardache est une plante médicinale qui pousse sur les falaises du canyon du Derben. Les herboristes humains se servent de sa sève comme puissant anti-poison vomitif, ou de sa fumée intense pour éloigner les bêtes. Les Nains, eux, la considèrent comme une herbe à pipe de choix, la bardache striée étant la plus prisée - et la plus rare.
³ La pipe-à-fourne est une pipe alambiquée typiquement naine taillée dans une forme de verre qui concentre la chaleur. Dangereux pour la bouche et les poumons des autres races.
⁴ Berekad est un des termes nains désignant le père dans les grandes familles.
⁵ Les runes naines ont généralement 2 "sécurités": elles ne s'activent que pour des porteurs qui remplissent les conditions d'utilisation, et ne sont déchiffrables que lorsqu'on en connait le code, ou que l'on a hérité ce code de la lignée qui l'utilise. Le triptyque d'Ozkabar est une méthode secrète des Nains qui compile d'anciens codes runiques. On l'utilise généralement en dernier ressort lorsqu'on a essayé de nombreux codes sans résultat.
⁶ Valkazad signifie "cité de/dédiée à Valaya". Zuma nan Tûr= littéralement "L'oeuvre au delà des vivants". Le Chef-d'Oeuvre Incompris/Eternel/des Morts? A vous de voir...
⁷ Mandâ est souvent employé pour des animaux: "sauvage, déchainé", -raz est un suffixe relatif à certaines formes de magies souvent incomprises (qu'on retrouve dans Sh-raz, un nom des démons). Les Mandaraz désignent donc peut-être les Emanances (?)
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