Le secret sous la Flèche [Terminé]
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Le secret sous la Flèche [Terminé]
[ndla: les Orcs parlent entre eux le langage Orc. Pour plus de commodité, je le transcrirai en français la plupart du temps pour votre compréhension
Je vous conseille de lire la présentation du personnage avant de commencer ce RP
Et enfin... Je mets de la musique, mais vous n'êtes pas obligé de l'écouter avec le récit si ça vous gêne =) Bonne lecture]
Une goutte tomba sur la joue droite de Rvart, le faisant tressaillir. Il porta sa main à son visage sombre pour comprendre ce qui l'avait touché. Il regarda sur ses doigts la chose transparente qui coulait. Un grondement de tonnerre au loin le surprit à nouveau. Il regarda vers les montagnes au sud, vers la grande-pique-noire-qui-transperce-le-vide-d'en-haut. Etait-ce elle qui faisait saigner ainsi le vide d'en haut?
Il se sentait attiré dans cette direction. Il sentait comme un appel silencieux qui tirait sur son coeur, et disait à ses jambes d'aller là-bas.
Mais... Il ne pouvait pas. Il devait d'abord voir celle-qui-réconforte.
- Sgattiqam...
Il rabattit son regard vers le camp en contrebas. Des buttes de terres, protégeant l'entrée d'abris souterrains, des grands terriers. Il reconnut sans problème celui de sa mère, qui répandait un mince filet de fumée de brindilles-qui-sentent-l'arbre-aux-racines-creuses. Elle allumait toujours ce feu pour lui quand il partait. Le camp changeait tous les jours d'endroit en cette période, puis suivre les animaux et laisser la terre se soigner après leur passage.
Il descendit lentement la hauteur sur laquelle il était, tressaillant à chaque coup de tonnerre. Les anneaux à ses oreilles teintaient à chaque audition, tant qui courbait ses oreilles sous le coup de la surprise.
Il traversa le camp en s'aidant de ses bras pour être plus discret, éveillant la vigilance des veilleurs. Puis il se glissa dans le conduit qui menait à celle-qui-réconforte. Il écarta la tenture et s'avança dans l'atmosphère chaude du grand terrier. Les milles odeurs des plantes et des choses mortes lui emplit les narines, le rassurant jusqu'au plus profond de son être.
- Rvart?
La voix grave de sa mère fit bondir son coeur dans sa poitrine: il plissa ses yeux félins et se laissa rouler jusque dans l'espace de vie, un sourire aux lèvres.
- Rvart! l'accueillit sa mère, collant son front contre le sien et posant ses mains sur son torse, comme elle le faisait toujours. Tu es revenu! J'ai cru que tu étais vraiment parti...
Elle l'examina des pieds à la tête, le faisant tourner sur lui-même. Rvart aimait regarder les mains de sa mère sur sa peau; la différence de teinte l'amusait chaque fois. Elle s'arrêta devant lui et colla à nouveau son front contre le sien.
- Mon fils... Quelque chose arrive... Une chose que je ne comprends pas, qui vient me voir tous les jours depuis ton départ. J'avais peur que cela soit déjà trop tard... Mais tu es revenu. Quelque chose d'inconnu t'attends dehors. C'est le moment...
Rvart ne comprenait pas ses paroles. Il ne comprenait pas pourquoi elle n'était pas comme d'habitude. Il sentait seulement que quelque chose n'allait pas. Il écoutait les sons qui sortaient de la bouche de celle-qui-réconforte... Mais il n'était pas apaisé. Son visage se déforma, et il commença à gémir, envahi par la peur.
- Non, mon fils, il n'y a rien ici, tout va bien... L'inconnu t'appelle...
Elle le conduisit auprès du feu, et lui donna à manger, continuant à lui parler et à le rassurer. Il se calma progressivement, fasciné par la danse des lueurs et des ombres sur les parois de leur terrier, tentant de les attraper. L'abris était à hauteur d'homme, les obligeant à se déplacer à 4 pattes, ce qui leur était indifférant, voire profitable. Un petit conduit au dessus du feu, de la taille d'une demi-paume, servait de cheminée. Le terrier ne contenait rien hormis les poches de cuir de la chamane, contenant ses secrets mystiques. Ils venaient de s'installer la veille, l'abris sentait la terre fraîche. Et ce soir encore, à la nuit tombée, ils sortiraient et démoliraient leurs terriers, pour aller s'installer plus loin. Ce mode de vie n'était en rien exceptionnel. Rvart n'avait jamais habité au même endroit plus de deux semaines: le sang blanc du vide d'en haut avait coulé des montagnes et enseveli la tribu. Il avait fallu des jours pour que la tempête au dessus s'arrête, et encore d'autres jours pour se dégager.
- ... la Grande Flèche. Les voix me disent que tu dois t'y rendre.
Sgattiqam saisit des objets dans ses sacoches de cuir et revint à lui. Elle saisit un petit poignard et s'entailla la main, puis brisa une racine en deux. Elle apposa la racine sur sa plaie, qui aspira le sang. Elle saisit ensuite une pâte odorante qu'elle appliqua sur l'entaille, et mit les racine sur les lèvres de Rvart, lui disant de les manger. Même sans comprendre ce qu'elle disait par les mots, il savait ce qu'elle voulait. De plus, il connaissait cette racine et ne l'aimait pas beaucoup. C'était la même que celle qui brûlait dans l'âtre. Elle était très amère, et provoquait chez lui des choses qu'il ne comprenait pas. Mais si celle-qui-réconforte le lui donnait, il allait la manger.
Il s'exécuta avec une grimace sous le regard appuyé de Sqattiqam. Une fois qu'il l'eut déglutie, elle le saisit et le tira au dehors. Il ne comprenait pas ce qui se passait. Cela n'arrivait jamais...
Une fois qu'ils se retrouvèrent au dehors, ils se mirent debout. Elle posa son front sur le sien, et ses mains sur son torse, longuement, en silence. Rvart, inquiété par ce silence, tapota ses avant-bras, glissa sur ses épaules. Elle ne réagissait pas. La peur s'empara de lui. Il remonta le long de son cou, jusqu'à son visage.
- Sgattiqam... murmura-t-il, comme un enfant effrayé. Sgattiqam...
Du sang transparent du vide d'en haut coulait des yeux de sa mère. Surpris, il les toucha, stupéfait de voir que sa mère pouvait faire couler le sans du vide d'en haut...
- Sgattiqam! fit-il, cette fois-ci vraiment apeuré.
Elle ouvrit les yeux et éloigna son front. Il fit un grand sourire de soulagement en la voyant bouger à nouveau.
- Les esprits ont mit longtemps à trouver ton chemin, mon fils... car il est aussi incertain que ceux qui s'aventurent dans les marais... Là où personne ne va, mon fils, tu vas... Là où les chemins se perdent, le tien commence. Les tiens croient que ton esprit est perdu, mais c'est parce qu'il avance à travail les brumes et les marécages... Tu trouveras l'issue, le chemin au-delà des choses. C'est ce que j'ai vu pour toi. Et ça commence maintenant, mon fils. Maintenant, là-bas... Dans la Flêche..
Elle montra la grande-pique-noire-qui-transperce-le-vide-d'en-haut, puis poussa Rvart vers elle.
- Va maintenant! Va à elle et vers les chants qui t'appellent! Suis les voix, Rvart Sgattiqam, elles te conduiront où tu dois être!
Le jeune Orc la regarda avec incompréhension, et tenta de revenir à elle. Elle le repoussa plus fort.
- Vas-y! Ecoute-les...
Il gémit, avec un air d'impuissance sur son visage sombre, éclairé par ses yeux fauves. Elle fit un mouvement de menace, grognant et montrant ses crocs. Il s'éloigna vivement, terrifié par ce geste inattendu. Ses oreilles se rabattirent et il se recroquevilla, et tenta à nouveau de s'approcher d'elle, incapable de comprendre son attitude.
Cette fois-ci, elle le saisit par le bras et l'envoya avec force rouler vers le sud, de là où il était venu. Une telle projection aurait littéralement brisé un humain, mais Rvart se rétablit lestement, et sans plus de dommages que quelques éraflures. Sa mère émit un rugissement à glacer les sangs. Cette fois-ci, le jeune Orc s'en fut sans demander son reste. Son monde entier s'écroulait. Cela ne s'était jamais produit. Quelques minutes plus tôt, il n'aurait pu concevoir ce qui venait de lui arriver. Arrivé en haut de la colline, il se retourna et glapit une ultime fois, dans l'espoir qu'elle lui réponde. Mais elle n'était plus là. La fumée du terrier cessa de monter.
Un coup de tonnerre tonitruant retentit dans le ciel, si près du camp que la terre trembla, et que Rvart perdit pendant quelques secondes sa vue et son ouïe. Il dégringola, et quand il retrouva ses sens, s'en fut droit devant lui, filant vers le sud, gémissant de son impuissance devant tout le malheur qui l'accablait.
- Sgattiqam...
Un autre éclair frappa le sol non loin de lui, foudroyant un arbre sur place, qui craqua. Le jeune Orc fut incapable de discerner sa douleur physique de sa douleur mentale en cet instant. Il perdit pied à nouveau, se blessa, repartit. Ses yeux commencèrent à lui brûler, et sa vue se troubla. Quelque chose de chaud coula de ses yeux sur ses joues.
Il continua à courir, hébété, fuyant l'orage, la douleur, le vide... Toute sa vie qui partait en lambeau. Pourquoi celle-qui-réconforte avait agi ainsi? Qu'avait-il fait?
Soudain, il arriva à une éclaircie de la forêt. Plus haute que jamais, la grande-pique-noire-qui-transperce-le-vide-d'en-haut s'élevait devant lui, inébranlable devant la fureur du vide d'en-haut. Au dessus d'elle, les choses-sombres-qui-saignent-et-crachent-la-lumière-qui-fait-peur tournoyaient à une vitesse folle, s'amassant de manière anormale autour d'elle. Si Rvart avait sur ce qu'était la magie, il aurait compris ce phénomène... Mais il n'en était rien. En lui, quelque chose l'appelait là-bas. Quelque chose qui s'était renforcé pendant ces derniers jours, et surtout pendant cette fuite... Cet appel était si nouveau, si puissant que le jeune Orc en oublia tout ce qu'il venait de vivre. Il s'élança à corps perdu dans une course effrénée vers celle que les siens nommaient la Grande Flèche...
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Musique: Prologue ~To the Ancient Land (OST "Shadow of the Colossus)
Je vous conseille de lire la présentation du personnage avant de commencer ce RP
Et enfin... Je mets de la musique, mais vous n'êtes pas obligé de l'écouter avec le récit si ça vous gêne =) Bonne lecture]
Une goutte tomba sur la joue droite de Rvart, le faisant tressaillir. Il porta sa main à son visage sombre pour comprendre ce qui l'avait touché. Il regarda sur ses doigts la chose transparente qui coulait. Un grondement de tonnerre au loin le surprit à nouveau. Il regarda vers les montagnes au sud, vers la grande-pique-noire-qui-transperce-le-vide-d'en-haut. Etait-ce elle qui faisait saigner ainsi le vide d'en haut?
Il se sentait attiré dans cette direction. Il sentait comme un appel silencieux qui tirait sur son coeur, et disait à ses jambes d'aller là-bas.
Mais... Il ne pouvait pas. Il devait d'abord voir celle-qui-réconforte.
- Sgattiqam...
Il rabattit son regard vers le camp en contrebas. Des buttes de terres, protégeant l'entrée d'abris souterrains, des grands terriers. Il reconnut sans problème celui de sa mère, qui répandait un mince filet de fumée de brindilles-qui-sentent-l'arbre-aux-racines-creuses. Elle allumait toujours ce feu pour lui quand il partait. Le camp changeait tous les jours d'endroit en cette période, puis suivre les animaux et laisser la terre se soigner après leur passage.
Il descendit lentement la hauteur sur laquelle il était, tressaillant à chaque coup de tonnerre. Les anneaux à ses oreilles teintaient à chaque audition, tant qui courbait ses oreilles sous le coup de la surprise.
Il traversa le camp en s'aidant de ses bras pour être plus discret, éveillant la vigilance des veilleurs. Puis il se glissa dans le conduit qui menait à celle-qui-réconforte. Il écarta la tenture et s'avança dans l'atmosphère chaude du grand terrier. Les milles odeurs des plantes et des choses mortes lui emplit les narines, le rassurant jusqu'au plus profond de son être.
- Rvart?
La voix grave de sa mère fit bondir son coeur dans sa poitrine: il plissa ses yeux félins et se laissa rouler jusque dans l'espace de vie, un sourire aux lèvres.
- Rvart! l'accueillit sa mère, collant son front contre le sien et posant ses mains sur son torse, comme elle le faisait toujours. Tu es revenu! J'ai cru que tu étais vraiment parti...
Elle l'examina des pieds à la tête, le faisant tourner sur lui-même. Rvart aimait regarder les mains de sa mère sur sa peau; la différence de teinte l'amusait chaque fois. Elle s'arrêta devant lui et colla à nouveau son front contre le sien.
- Mon fils... Quelque chose arrive... Une chose que je ne comprends pas, qui vient me voir tous les jours depuis ton départ. J'avais peur que cela soit déjà trop tard... Mais tu es revenu. Quelque chose d'inconnu t'attends dehors. C'est le moment...
Rvart ne comprenait pas ses paroles. Il ne comprenait pas pourquoi elle n'était pas comme d'habitude. Il sentait seulement que quelque chose n'allait pas. Il écoutait les sons qui sortaient de la bouche de celle-qui-réconforte... Mais il n'était pas apaisé. Son visage se déforma, et il commença à gémir, envahi par la peur.
- Non, mon fils, il n'y a rien ici, tout va bien... L'inconnu t'appelle...
Elle le conduisit auprès du feu, et lui donna à manger, continuant à lui parler et à le rassurer. Il se calma progressivement, fasciné par la danse des lueurs et des ombres sur les parois de leur terrier, tentant de les attraper. L'abris était à hauteur d'homme, les obligeant à se déplacer à 4 pattes, ce qui leur était indifférant, voire profitable. Un petit conduit au dessus du feu, de la taille d'une demi-paume, servait de cheminée. Le terrier ne contenait rien hormis les poches de cuir de la chamane, contenant ses secrets mystiques. Ils venaient de s'installer la veille, l'abris sentait la terre fraîche. Et ce soir encore, à la nuit tombée, ils sortiraient et démoliraient leurs terriers, pour aller s'installer plus loin. Ce mode de vie n'était en rien exceptionnel. Rvart n'avait jamais habité au même endroit plus de deux semaines: le sang blanc du vide d'en haut avait coulé des montagnes et enseveli la tribu. Il avait fallu des jours pour que la tempête au dessus s'arrête, et encore d'autres jours pour se dégager.
- ... la Grande Flèche. Les voix me disent que tu dois t'y rendre.
Sgattiqam saisit des objets dans ses sacoches de cuir et revint à lui. Elle saisit un petit poignard et s'entailla la main, puis brisa une racine en deux. Elle apposa la racine sur sa plaie, qui aspira le sang. Elle saisit ensuite une pâte odorante qu'elle appliqua sur l'entaille, et mit les racine sur les lèvres de Rvart, lui disant de les manger. Même sans comprendre ce qu'elle disait par les mots, il savait ce qu'elle voulait. De plus, il connaissait cette racine et ne l'aimait pas beaucoup. C'était la même que celle qui brûlait dans l'âtre. Elle était très amère, et provoquait chez lui des choses qu'il ne comprenait pas. Mais si celle-qui-réconforte le lui donnait, il allait la manger.
Il s'exécuta avec une grimace sous le regard appuyé de Sqattiqam. Une fois qu'il l'eut déglutie, elle le saisit et le tira au dehors. Il ne comprenait pas ce qui se passait. Cela n'arrivait jamais...
Une fois qu'ils se retrouvèrent au dehors, ils se mirent debout. Elle posa son front sur le sien, et ses mains sur son torse, longuement, en silence. Rvart, inquiété par ce silence, tapota ses avant-bras, glissa sur ses épaules. Elle ne réagissait pas. La peur s'empara de lui. Il remonta le long de son cou, jusqu'à son visage.
- Sgattiqam... murmura-t-il, comme un enfant effrayé. Sgattiqam...
Du sang transparent du vide d'en haut coulait des yeux de sa mère. Surpris, il les toucha, stupéfait de voir que sa mère pouvait faire couler le sans du vide d'en haut...
- Sgattiqam! fit-il, cette fois-ci vraiment apeuré.
Elle ouvrit les yeux et éloigna son front. Il fit un grand sourire de soulagement en la voyant bouger à nouveau.
- Les esprits ont mit longtemps à trouver ton chemin, mon fils... car il est aussi incertain que ceux qui s'aventurent dans les marais... Là où personne ne va, mon fils, tu vas... Là où les chemins se perdent, le tien commence. Les tiens croient que ton esprit est perdu, mais c'est parce qu'il avance à travail les brumes et les marécages... Tu trouveras l'issue, le chemin au-delà des choses. C'est ce que j'ai vu pour toi. Et ça commence maintenant, mon fils. Maintenant, là-bas... Dans la Flêche..
Elle montra la grande-pique-noire-qui-transperce-le-vide-d'en-haut, puis poussa Rvart vers elle.
- Va maintenant! Va à elle et vers les chants qui t'appellent! Suis les voix, Rvart Sgattiqam, elles te conduiront où tu dois être!
Le jeune Orc la regarda avec incompréhension, et tenta de revenir à elle. Elle le repoussa plus fort.
- Vas-y! Ecoute-les...
Il gémit, avec un air d'impuissance sur son visage sombre, éclairé par ses yeux fauves. Elle fit un mouvement de menace, grognant et montrant ses crocs. Il s'éloigna vivement, terrifié par ce geste inattendu. Ses oreilles se rabattirent et il se recroquevilla, et tenta à nouveau de s'approcher d'elle, incapable de comprendre son attitude.
Cette fois-ci, elle le saisit par le bras et l'envoya avec force rouler vers le sud, de là où il était venu. Une telle projection aurait littéralement brisé un humain, mais Rvart se rétablit lestement, et sans plus de dommages que quelques éraflures. Sa mère émit un rugissement à glacer les sangs. Cette fois-ci, le jeune Orc s'en fut sans demander son reste. Son monde entier s'écroulait. Cela ne s'était jamais produit. Quelques minutes plus tôt, il n'aurait pu concevoir ce qui venait de lui arriver. Arrivé en haut de la colline, il se retourna et glapit une ultime fois, dans l'espoir qu'elle lui réponde. Mais elle n'était plus là. La fumée du terrier cessa de monter.
Un coup de tonnerre tonitruant retentit dans le ciel, si près du camp que la terre trembla, et que Rvart perdit pendant quelques secondes sa vue et son ouïe. Il dégringola, et quand il retrouva ses sens, s'en fut droit devant lui, filant vers le sud, gémissant de son impuissance devant tout le malheur qui l'accablait.
- Sgattiqam...
Un autre éclair frappa le sol non loin de lui, foudroyant un arbre sur place, qui craqua. Le jeune Orc fut incapable de discerner sa douleur physique de sa douleur mentale en cet instant. Il perdit pied à nouveau, se blessa, repartit. Ses yeux commencèrent à lui brûler, et sa vue se troubla. Quelque chose de chaud coula de ses yeux sur ses joues.
Il continua à courir, hébété, fuyant l'orage, la douleur, le vide... Toute sa vie qui partait en lambeau. Pourquoi celle-qui-réconforte avait agi ainsi? Qu'avait-il fait?
Soudain, il arriva à une éclaircie de la forêt. Plus haute que jamais, la grande-pique-noire-qui-transperce-le-vide-d'en-haut s'élevait devant lui, inébranlable devant la fureur du vide d'en-haut. Au dessus d'elle, les choses-sombres-qui-saignent-et-crachent-la-lumière-qui-fait-peur tournoyaient à une vitesse folle, s'amassant de manière anormale autour d'elle. Si Rvart avait sur ce qu'était la magie, il aurait compris ce phénomène... Mais il n'en était rien. En lui, quelque chose l'appelait là-bas. Quelque chose qui s'était renforcé pendant ces derniers jours, et surtout pendant cette fuite... Cet appel était si nouveau, si puissant que le jeune Orc en oublia tout ce qu'il venait de vivre. Il s'élança à corps perdu dans une course effrénée vers celle que les siens nommaient la Grande Flèche...
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Musique: Prologue ~To the Ancient Land (OST "Shadow of the Colossus)
Valid Yuke: +15Pui, +17Rés
Dernière édition par Yuke le Dim 16 Mai 2010 - 14:45, édité 3 fois
Re: Le secret sous la Flèche [Terminé]
[Quelques heures après le post précédent]
L'Orc en armure poussa violemment Rvart de la main, le projetant au sol comme un vulgaire fétu de paille. Il répéta de sa voix rocailleuse, en orcique:
- Je t'ai dit 'tu passes pas', abruti!
En voyant Rvart s'effondrer, le partenaire du garde ronronna bruyamment, et fut bientôt imité par son compagnon. C'étaient la stupidité apparente de Rvart, et son corps - qui pour leur espèce, était atrophié - qui provoquaient chez eux cette hilarité. Mais le jeune Orc ne pouvait pas faire le lien. Son anormalité l'empêchait de concevoir qu'il pouvait être drôle en répétant inlassablement un même geste, sans comprendre qu'il ne devait pas le faire, ou que son corps était une honte. D'ailleurs, qu'était-ce que la honte, pour lui? Rien. Un comportement inepte qui poussait les autres à faire des actions tout aussi incompréhensibles.
Il se releva une énième fois, et avança derechef vers la bouche béante de la grand pique-qui-perce-le-vide-d'en-haut. Il devait aller là-bas. Pourquoi? Il n'en avait aucune idée. Il n'avait même pas conscience d'un devoir. C'était une évidence, un instinct. Il n'y avait pas de cause, de raison ou de conséquence. Il devait entrer par la porte menaçante, qu'il y ait 2 ou 1000 Orcs qui lui barrent le passage, qu'une montagne surgisse du néant ou que le ciel tombe sur la terre...
- Oh! T'as pas compris Vrgarn, nabot?! On veut pas de toi ici, alors dégage!
La poigne du second garde étrangla Rvart pendant toute sa phrase, avant qu'il ne l'envoie paître dans la direction opposée.
Le vide-d'en-haut était encore lourd, et son sang incolore se déversait toujours au nord. Rvart vacilla en pensant à celle-qui-réconforte, toujours là-bas. Il se rappelait comment elle l'avait chassé. Pourquoi? Comment? Vers où? Tant de question auxquelles ils ne pouvait même pas penser. Le monde lui faisait mal. Sur sa peau, dans sa poitrine, partout. Tout le rejetait. Dans quelque direction qu'il aille, c'était l'impasse.
Il se laissa choir à genoux, et leva les yeux vers le vide-d'en-haut. Il ferma les yeux, pour sentir la caresse-invisible sur sa peau, dans sa crinière drue. Derrière lui, les deux gardes se parlaient, mais il ne les écoutait pas. A quoi bon? Ils ne prononçaient que des incohérences aux oreilles de Rvart. Seules les voix avaient un sens. Il ne les entendait pas vraiment, mais elles disaient des choses. Des choses pleines. Vides aussi. Les voix étaient dans la caresse-invisible qui parcourait le vide-d'en-haut... Elles étaient dans la peau-rude-et-molle sous ses pieds, et dans le sang-du-vide-d'en-haut qui coulait dessus, dans ses crevasses et ses vallées. Elles étaient dans les rocs et le rouge-et-jaune-qui-danse, dans les poils verts qui poussent sur la peau-rude-et-molle, partout autour et en lui.
Il porta ses mains sur sa poitrine, et se redressa en sursaut, surpris de se toucher lui-même, comme s'il avait oublié qu'il était lui en quelques instants. Ca n'avait pas changé. Les voix le guidaient vers l'intérieur de la pique-qui-perce-le-vide-d'en-haut. Il n'y avait aucun doute possible. Avait-il le choix? Avait-il intérêt à s'opposer à toutes ses puissances autour de lui? Rvart n'avait pas ce loisir. Il se releva et revint vers la porte, droit sur les gardes, l'air décidé.
- Ragavbrenn! Le revoilà!
Les 2 mastodontes lui firent face comme un seul Orc, les muscles de leurs avant-bras sautillant sous leurs peaux épaisses de baroudeurs. En cet instant, même une vouivre aurait reculé. Mais Rvart ne sembla pas même les remarquer, les yeux rivés sur les ogives immenses de l'entrée d'Elesas. Soudain, il se mit à courir, surprenant les 2 compères, qui aussitôt se mirent à héler leurs congénères. Rvart bondissait, escaladant les marches naturelles de la roche noire comme un félin, évitant tout obstacle sans dévisser ses yeux de son objectif. Bientôt, ce fut toute une escouade de farouches Orcs qui le poursuivaient, gagnant rapidement du terrain. Car si le jeune entêté avait pour lui la légèreté que lui conférait sa stature et sa quasi nudité (en dehors de son pagne et de ses ornements), il n'était ni entraîné, ni conscient du danger qu'il courait en ignorant ainsi les vigies des marches d'Elesas An'Duin.
Au dessus de la Grande Flêche, les nuages étaient devenus définitivement opaques à la lumière. Le premier éclair bleuté qui secoua le ciel n'avait rien d'un éclair naturel. Il chuta du haut d'Elesas en émettant un sifflement suraigu avant de remonter en vrille, puis de disparaître dans les nuées insondables. Le bruit avait été si étourdissant que tous les Orcs s'étaient jetés à terre, sans exception.
Rvart gémit, et profita de ce que la lumière-hurlante-qui-enflamme s'étaient éloignée pour détaler de plus belle vers la bouche béante de la Grande Flèche. Un second éclat de magie pétrifia le ciel de teintes sanguines, avant de percuté un autre, plus clair, ce qui produisit un crissement si atroce que le jeune Orc en resta plusieurs secondes hébété à terre.
Quand il reprit ses esprits, il était trop tard: les autres l'avaient rattrapé. L'un des gardes le saisit, mais Rvart, sans réfléchir, détendit sa jambe et le frappa en plus genou. L'orc le lâcha vivement et recula, écrasant le pied d'un de ses confrères, qui lui asséna par vengeance un coup magistral dans les côtes.
Rvart se dégagea juste à temps pour l'éviter, ce qui eut pour effet de transmettre la baffe qui lui était destinée à un autre qui venait d'arriver. S'ensuivit une rixe des plus indescriptibles, dans laquelle Rvart fut le seul à voir un sens: les voix lui ouvraient le chemin! Il se remit sur pied comme il put, et courut vers l'entrée de celle qui défiait les domaines des dieux. Arrivée à quelques pas de celle-ci, il s'immobilisa, écrasé par sa hauteur inconsidéré. S'il avait connu d'autres cités et put penser comme les êtres des contrées au delà du Dern, il se serait incliné devant l'irréel du spectacle. Cette entrée, à elle seule, était si imbue de lignes vertigineuses qu'elle n'aurait su s'élever sans magie. Selon la légende, Elesas était faite des pierres célestes, ce qui lui donnait cet aspect luisant et noir.
Rvart ignorait tout cela, mais il ressentait à travers les voix les puissances occultes qui émanaient de la Grande Flèche. Elles étaient telles qu'il en suffoquait. Les sorts qu'elle recelaient étaient indénombrables, certains dormaient depuis des millénaires, d'autres se consumaient comme une flammes dans la nuit, et d'autres s'infiltraient par tous les pores de la peau, pénétrant jusqu'aux os et resserrant un étau glacial sur l'esprit. Le jeune Orc tentait de fermer son esprit aux voix, à tout ce qui l'entourait... Mais c'était en vain. Il était submergé d'enchantements de tous âges, parfois plus anciens que son propre peuple, complètement à leur merci.
Il était nu devant elle.
Si Elesas transperçait le ciel, elle plongeait aussi au coeur de ceux qui s'approchaient d'elle, jusqu'à atteindre leur âme, déflorée de toutes ses parades et protections.
Rvart ne ressentait pas la peur... Cette épreuve était trop difficile pour qu'il puisse en avoir totalement conscience. Il percevait les présences multiples et complexes qui l'exploraient, se déversaient en lui et l'aspiraient de l'intérieur. Aucune résistance n'était possible. Bientôt, le flot se fit plus homogène, comme si un certain équilibre se faisait. Pendant un bref instant, le jeune Orc crut sentir une présence englobant les autres, s'approcher de lui. Mais elle se déroba avant même d'éclore.
Il tomba face contre terre, une vive douleur à l'arrière du crâne. Le contact subit avec la réalité l'empêcha de réagir quand son agresseur le saisit par le col et le traîna en arrière. Soudain, les portes d'ébène bougèrent, sans aucun bruit, immobilisant sur place tous les Orcs. Les battants mirent un temps avant de s'ouvrir, révélant deux yeux d'un violet étincelant, qui les fixa un instant avant de s'avancer dans la faible lueur restante du jour. C'était un immense félin au pelage ténébreux, dont le pas gracieux ne faisait aucun son.
Les Orcs s'écartèrent précautionneusement de la bête, l'un d'eux tenant toujours Rvart par ses cheveux, ébahi. Quand l'animal fabuleux s'immobilisa au sommet des marches, elle frémit légèrement, hérissant son pelage surréel, puis s'assit, aussi immobile qu'un sphinx. Dans l'ombre, une silhouette inquiétante se dessina, puis se révéla.
Rvart sentit son coeur s'accélérer. Les voix s'agitèrent si intensément qu'il dut se concentrer pour se maîtriser. La N'Elfir - il ignorait que c'en était une - portait une capuche qui couvrait son regard, mais son regard l'atteignit de plein fouet, et l'enveloppa comme un serpent glacé. Un des gardes baragouina en elfique antique -en surveillant son accent :
- Pardonnez-nous, Ombre. Il n'y a aucun problème.
Elle resta impassible un instant, des mèches de cheveux sombres dansant au gré du vent. Elle leva une main, suspendant la respiration du bataillon instantanément, puis rajusta son capuchon. Ses lèvres remuèrent en prononçant des mots inaudibles, puis elle répliqua, d'une voix lente et mesurée:
- Aucune raison de vous pardonner, alors.
Elle s'avança vers son compagnon fabuleux, manquant de faire sursauter la petite troupe. Rassurés, les gardes reportèrent leur attention sur Rvart.
- Tu as osé déranger une Ombre avec tes pitreries...
- Emmenez le au camp, on va lui faire passer l'envie de recommencer!
Des ronronnements rauques secouèrent les rangs, et quelque coups plurent sur Rvart, qui dut se protéger de ses avant-bras. Il gémit, tandis que les autres l'entrainaient vers un des nombreux camps en contrebas. Mais brusquement, ils se pétrifièrent sur place. Un bruit de souffle puissant s'approchait, par vagues successives.
Tous levèrent la tête, pour découvrir avec effroi une ombre énorme se découper sous le ciel d'encre. Les ailes sinistres d'un oiseau géant soufflèrent sur la plateforme, faisant reculer les Orcs. Le prédateur ailé se posa sur un promontoire avoisinant, et accrocha les griffes de l'articulation de ses ailes sur le roc pour se stabiliser.
Ce faisant, il révéla son cavalier, que tous les Orcs semblèrent reconnaître: l'inquiétude se lut dans leurs yeux. Sa voix, énigmatique, emplit l'espace:
- Que se passe-t-il, Vrgarn?
L'Orc sembla surpris et terrorisé que l'Elfe Noir s'adresse à lui, et par son nom. Il bégaya:
- Hm... U... Un effronté a essayé d'entrer dans la Grande Flèche, Seigneur Sombre.
L'oiseau géant bondit de son promontoire, éjectant son cavalier vers le groupe. Il le saisit dans ses griffres, le transportant jusqu'à eux d'un coup d'aile, rétrécissant à vue d'oeil. Le N'Elfir posa pied à terre face à eux, l'oiseau posé sur son épaule, devenu aussi imposant qu'un grand rapace ordinaire.
Il n'était pas du tout comme sa congénère qui était sortie de la tour quelques instants plus tôt. Lui était vêtu d'un ensemble plutôt clair en comparaison, très léger. Mais ce qui était surprenant, c'était son albinisme apparent, qui contrastait avec tout ce qui se trouvait à des centaines de lieues à la ronde. Il irradiait d'un clarté presque outrageante pour la situation. Et son Familier n'était pas pour arranger cette singularité incroyable.
Son iris clair, presque lumineux, descendit sur Rvart, subjugué, mais il ne baissa pas la tête d'un millimètre, imposant la crainte et l'angoisse par sa simple prestance.
- Où est le problème?
- Il... euh... C'est... Il n'y a... Il voulait entrer.
- Et?
L'Orc déglutit.
- Et... rien, Seigneur Sombre.
- Bien. Alors laissez-le allez. Vous voyez qu'il n'est pas dangereux.
Il se retourna sans attendre de réponse, mais resta dos à eux. Son regard se porta vers la N'Elfir de tout à l'heure, tandis qu'il ordonnait d'un ton sans réplique:
- Partez maintenant.
Les Orcs s'inclinèrent, et s'en furent sans demander leur reste, laissant Rvart étendu sur le sol, en présence des deux N'Elfir. Il alla de l'un à l'autre, ressentant avec force la dissonance des voix entre eux. Mais il n'eut pas le temps d'en observer davantage. L'Elfe Noire plissa les lèvres et abaissa son capuchon, puis bondit sur son félin, qui s'élança dans le vide, sortant du champs de vision du jeune Orc.
L'oiseau ouvrit ses ailes et s'envola, entamant un grand cercle dans les airs, pendant lequel sa taille décupla. Rvart frôla l'espace d'un instant le regard mystique de l'être immaculé, juste avant qu'il ne saute sur sa monture, le laissant perdu.
Rvart regarda, fasciné, la forme regagner les hauteurs vertigineuses d'Elesas jusqu'à ce qu'il la perde des yeux. Il redescendit longuement jusqu'à sa hauteur, vidé de toute idée, sentiment ou sensation. Ce furent le mouvement des portes qui le tira de sa torpeur: elles se fermaient!
Trébuchant, il bondit vers son destin, oubliant tout d'un coup tout ce qui venait de se passer. Il roula au dernier moment entre les battants massif et silencieux.
Quand les portes furent closes, le silence et la chaleur assaillirent le jeune Orc.
Il tâta son crâne encore douloureux, puis huma l'air.
En bas. Il fallait descendre.
**************************************
Suite de l'aventure dans le combat "Rvart vs N'ruyir"
A l'instant où les deux N'Elfir entrent en présence, un combat mental est engagé. Ce combat s'intitule "Nathrae vs l'Ombre-Lumière".
(pour ceux que ça intéresse... L'Ombre-Lumière est le personnage qui figure actuellement sur mon avatar/sign. Il aura sa propre présentation,car ce sera un personnage récurrent).
L'Orc en armure poussa violemment Rvart de la main, le projetant au sol comme un vulgaire fétu de paille. Il répéta de sa voix rocailleuse, en orcique:
- Je t'ai dit 'tu passes pas', abruti!
En voyant Rvart s'effondrer, le partenaire du garde ronronna bruyamment, et fut bientôt imité par son compagnon. C'étaient la stupidité apparente de Rvart, et son corps - qui pour leur espèce, était atrophié - qui provoquaient chez eux cette hilarité. Mais le jeune Orc ne pouvait pas faire le lien. Son anormalité l'empêchait de concevoir qu'il pouvait être drôle en répétant inlassablement un même geste, sans comprendre qu'il ne devait pas le faire, ou que son corps était une honte. D'ailleurs, qu'était-ce que la honte, pour lui? Rien. Un comportement inepte qui poussait les autres à faire des actions tout aussi incompréhensibles.
Il se releva une énième fois, et avança derechef vers la bouche béante de la grand pique-qui-perce-le-vide-d'en-haut. Il devait aller là-bas. Pourquoi? Il n'en avait aucune idée. Il n'avait même pas conscience d'un devoir. C'était une évidence, un instinct. Il n'y avait pas de cause, de raison ou de conséquence. Il devait entrer par la porte menaçante, qu'il y ait 2 ou 1000 Orcs qui lui barrent le passage, qu'une montagne surgisse du néant ou que le ciel tombe sur la terre...
- Oh! T'as pas compris Vrgarn, nabot?! On veut pas de toi ici, alors dégage!
La poigne du second garde étrangla Rvart pendant toute sa phrase, avant qu'il ne l'envoie paître dans la direction opposée.
Le vide-d'en-haut était encore lourd, et son sang incolore se déversait toujours au nord. Rvart vacilla en pensant à celle-qui-réconforte, toujours là-bas. Il se rappelait comment elle l'avait chassé. Pourquoi? Comment? Vers où? Tant de question auxquelles ils ne pouvait même pas penser. Le monde lui faisait mal. Sur sa peau, dans sa poitrine, partout. Tout le rejetait. Dans quelque direction qu'il aille, c'était l'impasse.
Il se laissa choir à genoux, et leva les yeux vers le vide-d'en-haut. Il ferma les yeux, pour sentir la caresse-invisible sur sa peau, dans sa crinière drue. Derrière lui, les deux gardes se parlaient, mais il ne les écoutait pas. A quoi bon? Ils ne prononçaient que des incohérences aux oreilles de Rvart. Seules les voix avaient un sens. Il ne les entendait pas vraiment, mais elles disaient des choses. Des choses pleines. Vides aussi. Les voix étaient dans la caresse-invisible qui parcourait le vide-d'en-haut... Elles étaient dans la peau-rude-et-molle sous ses pieds, et dans le sang-du-vide-d'en-haut qui coulait dessus, dans ses crevasses et ses vallées. Elles étaient dans les rocs et le rouge-et-jaune-qui-danse, dans les poils verts qui poussent sur la peau-rude-et-molle, partout autour et en lui.
Il porta ses mains sur sa poitrine, et se redressa en sursaut, surpris de se toucher lui-même, comme s'il avait oublié qu'il était lui en quelques instants. Ca n'avait pas changé. Les voix le guidaient vers l'intérieur de la pique-qui-perce-le-vide-d'en-haut. Il n'y avait aucun doute possible. Avait-il le choix? Avait-il intérêt à s'opposer à toutes ses puissances autour de lui? Rvart n'avait pas ce loisir. Il se releva et revint vers la porte, droit sur les gardes, l'air décidé.
- Ragavbrenn! Le revoilà!
Les 2 mastodontes lui firent face comme un seul Orc, les muscles de leurs avant-bras sautillant sous leurs peaux épaisses de baroudeurs. En cet instant, même une vouivre aurait reculé. Mais Rvart ne sembla pas même les remarquer, les yeux rivés sur les ogives immenses de l'entrée d'Elesas. Soudain, il se mit à courir, surprenant les 2 compères, qui aussitôt se mirent à héler leurs congénères. Rvart bondissait, escaladant les marches naturelles de la roche noire comme un félin, évitant tout obstacle sans dévisser ses yeux de son objectif. Bientôt, ce fut toute une escouade de farouches Orcs qui le poursuivaient, gagnant rapidement du terrain. Car si le jeune entêté avait pour lui la légèreté que lui conférait sa stature et sa quasi nudité (en dehors de son pagne et de ses ornements), il n'était ni entraîné, ni conscient du danger qu'il courait en ignorant ainsi les vigies des marches d'Elesas An'Duin.
Au dessus de la Grande Flêche, les nuages étaient devenus définitivement opaques à la lumière. Le premier éclair bleuté qui secoua le ciel n'avait rien d'un éclair naturel. Il chuta du haut d'Elesas en émettant un sifflement suraigu avant de remonter en vrille, puis de disparaître dans les nuées insondables. Le bruit avait été si étourdissant que tous les Orcs s'étaient jetés à terre, sans exception.
Rvart gémit, et profita de ce que la lumière-hurlante-qui-enflamme s'étaient éloignée pour détaler de plus belle vers la bouche béante de la Grande Flèche. Un second éclat de magie pétrifia le ciel de teintes sanguines, avant de percuté un autre, plus clair, ce qui produisit un crissement si atroce que le jeune Orc en resta plusieurs secondes hébété à terre.
Quand il reprit ses esprits, il était trop tard: les autres l'avaient rattrapé. L'un des gardes le saisit, mais Rvart, sans réfléchir, détendit sa jambe et le frappa en plus genou. L'orc le lâcha vivement et recula, écrasant le pied d'un de ses confrères, qui lui asséna par vengeance un coup magistral dans les côtes.
Rvart se dégagea juste à temps pour l'éviter, ce qui eut pour effet de transmettre la baffe qui lui était destinée à un autre qui venait d'arriver. S'ensuivit une rixe des plus indescriptibles, dans laquelle Rvart fut le seul à voir un sens: les voix lui ouvraient le chemin! Il se remit sur pied comme il put, et courut vers l'entrée de celle qui défiait les domaines des dieux. Arrivée à quelques pas de celle-ci, il s'immobilisa, écrasé par sa hauteur inconsidéré. S'il avait connu d'autres cités et put penser comme les êtres des contrées au delà du Dern, il se serait incliné devant l'irréel du spectacle. Cette entrée, à elle seule, était si imbue de lignes vertigineuses qu'elle n'aurait su s'élever sans magie. Selon la légende, Elesas était faite des pierres célestes, ce qui lui donnait cet aspect luisant et noir.
Rvart ignorait tout cela, mais il ressentait à travers les voix les puissances occultes qui émanaient de la Grande Flèche. Elles étaient telles qu'il en suffoquait. Les sorts qu'elle recelaient étaient indénombrables, certains dormaient depuis des millénaires, d'autres se consumaient comme une flammes dans la nuit, et d'autres s'infiltraient par tous les pores de la peau, pénétrant jusqu'aux os et resserrant un étau glacial sur l'esprit. Le jeune Orc tentait de fermer son esprit aux voix, à tout ce qui l'entourait... Mais c'était en vain. Il était submergé d'enchantements de tous âges, parfois plus anciens que son propre peuple, complètement à leur merci.
Il était nu devant elle.
Si Elesas transperçait le ciel, elle plongeait aussi au coeur de ceux qui s'approchaient d'elle, jusqu'à atteindre leur âme, déflorée de toutes ses parades et protections.
Rvart ne ressentait pas la peur... Cette épreuve était trop difficile pour qu'il puisse en avoir totalement conscience. Il percevait les présences multiples et complexes qui l'exploraient, se déversaient en lui et l'aspiraient de l'intérieur. Aucune résistance n'était possible. Bientôt, le flot se fit plus homogène, comme si un certain équilibre se faisait. Pendant un bref instant, le jeune Orc crut sentir une présence englobant les autres, s'approcher de lui. Mais elle se déroba avant même d'éclore.
Il tomba face contre terre, une vive douleur à l'arrière du crâne. Le contact subit avec la réalité l'empêcha de réagir quand son agresseur le saisit par le col et le traîna en arrière. Soudain, les portes d'ébène bougèrent, sans aucun bruit, immobilisant sur place tous les Orcs. Les battants mirent un temps avant de s'ouvrir, révélant deux yeux d'un violet étincelant, qui les fixa un instant avant de s'avancer dans la faible lueur restante du jour. C'était un immense félin au pelage ténébreux, dont le pas gracieux ne faisait aucun son.
Les Orcs s'écartèrent précautionneusement de la bête, l'un d'eux tenant toujours Rvart par ses cheveux, ébahi. Quand l'animal fabuleux s'immobilisa au sommet des marches, elle frémit légèrement, hérissant son pelage surréel, puis s'assit, aussi immobile qu'un sphinx. Dans l'ombre, une silhouette inquiétante se dessina, puis se révéla.
Rvart sentit son coeur s'accélérer. Les voix s'agitèrent si intensément qu'il dut se concentrer pour se maîtriser. La N'Elfir - il ignorait que c'en était une - portait une capuche qui couvrait son regard, mais son regard l'atteignit de plein fouet, et l'enveloppa comme un serpent glacé. Un des gardes baragouina en elfique antique -en surveillant son accent :
- Pardonnez-nous, Ombre. Il n'y a aucun problème.
Elle resta impassible un instant, des mèches de cheveux sombres dansant au gré du vent. Elle leva une main, suspendant la respiration du bataillon instantanément, puis rajusta son capuchon. Ses lèvres remuèrent en prononçant des mots inaudibles, puis elle répliqua, d'une voix lente et mesurée:
- Aucune raison de vous pardonner, alors.
Elle s'avança vers son compagnon fabuleux, manquant de faire sursauter la petite troupe. Rassurés, les gardes reportèrent leur attention sur Rvart.
- Tu as osé déranger une Ombre avec tes pitreries...
- Emmenez le au camp, on va lui faire passer l'envie de recommencer!
Des ronronnements rauques secouèrent les rangs, et quelque coups plurent sur Rvart, qui dut se protéger de ses avant-bras. Il gémit, tandis que les autres l'entrainaient vers un des nombreux camps en contrebas. Mais brusquement, ils se pétrifièrent sur place. Un bruit de souffle puissant s'approchait, par vagues successives.
Tous levèrent la tête, pour découvrir avec effroi une ombre énorme se découper sous le ciel d'encre. Les ailes sinistres d'un oiseau géant soufflèrent sur la plateforme, faisant reculer les Orcs. Le prédateur ailé se posa sur un promontoire avoisinant, et accrocha les griffes de l'articulation de ses ailes sur le roc pour se stabiliser.
Ce faisant, il révéla son cavalier, que tous les Orcs semblèrent reconnaître: l'inquiétude se lut dans leurs yeux. Sa voix, énigmatique, emplit l'espace:
- Que se passe-t-il, Vrgarn?
L'Orc sembla surpris et terrorisé que l'Elfe Noir s'adresse à lui, et par son nom. Il bégaya:
- Hm... U... Un effronté a essayé d'entrer dans la Grande Flèche, Seigneur Sombre.
L'oiseau géant bondit de son promontoire, éjectant son cavalier vers le groupe. Il le saisit dans ses griffres, le transportant jusqu'à eux d'un coup d'aile, rétrécissant à vue d'oeil. Le N'Elfir posa pied à terre face à eux, l'oiseau posé sur son épaule, devenu aussi imposant qu'un grand rapace ordinaire.
Il n'était pas du tout comme sa congénère qui était sortie de la tour quelques instants plus tôt. Lui était vêtu d'un ensemble plutôt clair en comparaison, très léger. Mais ce qui était surprenant, c'était son albinisme apparent, qui contrastait avec tout ce qui se trouvait à des centaines de lieues à la ronde. Il irradiait d'un clarté presque outrageante pour la situation. Et son Familier n'était pas pour arranger cette singularité incroyable.
Son iris clair, presque lumineux, descendit sur Rvart, subjugué, mais il ne baissa pas la tête d'un millimètre, imposant la crainte et l'angoisse par sa simple prestance.
- Où est le problème?
- Il... euh... C'est... Il n'y a... Il voulait entrer.
- Et?
L'Orc déglutit.
- Et... rien, Seigneur Sombre.
- Bien. Alors laissez-le allez. Vous voyez qu'il n'est pas dangereux.
Il se retourna sans attendre de réponse, mais resta dos à eux. Son regard se porta vers la N'Elfir de tout à l'heure, tandis qu'il ordonnait d'un ton sans réplique:
- Partez maintenant.
Les Orcs s'inclinèrent, et s'en furent sans demander leur reste, laissant Rvart étendu sur le sol, en présence des deux N'Elfir. Il alla de l'un à l'autre, ressentant avec force la dissonance des voix entre eux. Mais il n'eut pas le temps d'en observer davantage. L'Elfe Noire plissa les lèvres et abaissa son capuchon, puis bondit sur son félin, qui s'élança dans le vide, sortant du champs de vision du jeune Orc.
L'oiseau ouvrit ses ailes et s'envola, entamant un grand cercle dans les airs, pendant lequel sa taille décupla. Rvart frôla l'espace d'un instant le regard mystique de l'être immaculé, juste avant qu'il ne saute sur sa monture, le laissant perdu.
Rvart regarda, fasciné, la forme regagner les hauteurs vertigineuses d'Elesas jusqu'à ce qu'il la perde des yeux. Il redescendit longuement jusqu'à sa hauteur, vidé de toute idée, sentiment ou sensation. Ce furent le mouvement des portes qui le tira de sa torpeur: elles se fermaient!
Trébuchant, il bondit vers son destin, oubliant tout d'un coup tout ce qui venait de se passer. Il roula au dernier moment entre les battants massif et silencieux.
Quand les portes furent closes, le silence et la chaleur assaillirent le jeune Orc.
Il tâta son crâne encore douloureux, puis huma l'air.
En bas. Il fallait descendre.
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Suite de l'aventure dans le combat "Rvart vs N'ruyir"
A l'instant où les deux N'Elfir entrent en présence, un combat mental est engagé. Ce combat s'intitule "Nathrae vs l'Ombre-Lumière".
(pour ceux que ça intéresse... L'Ombre-Lumière est le personnage qui figure actuellement sur mon avatar/sign. Il aura sa propre présentation,car ce sera un personnage récurrent).
- Spoiler:
- 2d RP simple de la semaine: + 10 stats en PV
Admin: reporté!
Valid Yuke: +9 Pui, +3Rés, +20Int, +15Con
Dernière édition par Yuke le Dim 16 Mai 2010 - 14:50, édité 2 fois
Re: Le secret sous la Flèche [Terminé]
[Vous devez avoir lu le combat contre N'rujjir pour lire ce post, ou au moins à partir de ce post. Dans le cas contraire, vous risquez de ne pas comprendre, et si vous lisez ceci avant, vous risquez d'avoir des spoilers. Bonne lecture ^^]
Cela faisait plusieurs heures que Rvart était immobile sur le sol rocailleux. Il reprit doucement conscience lorsque un énorme museau se hasarda enfin à pousser son corps pour le pousser à réagir, avec un léger grondement.
L'esprit encore embué, il mit un temps avant de se rappeler qu'il était dans un endroit sans lumière, ce qui expliquait qu'ouvrir ses yeux n'avait aucun effet. Il constata avec bonheur la présence désormais familière à ses côtés. Celui-qui-ne-peut-être-vu. C'était son nom. Rvart ne l'avait pas décidé. Cela s'imposait de lui-même.
Il existait désormais entre eux une symbiose mystique, qui transcendait leurs deux êtres. Le jeune Orc se redressa doucement, vacillant de faiblesse. Il faillit retomber, mais un mur chaud se dressa devant lui, où il put se rattraper. Il se laissa doucement aller et se colla contre la tête de N'ruyir, fermant les yeux, plongeant en lui comme dans un océan. Le dragon se mêla aussi à lui, ce qui les transporta sur les vagues brumeuses de leurs souvenirs mis en commun. Rvart se sentait transporté; en compagnie de N'rujjir, les vents semblaient soudain prendre une toute autre dimension. La sensation passée du vent sur la peau de l'Orc provoquait chez l'animal un frisson sans pareil, qui paraissait embrasser son âme à l'instar d'une révélation ultime. La bête brûlait du désir de bondir dans le vide-d'en-haut, de s'élancer en lui pour sentir le vent caresser ses flancs... Cette envie était si puissante que Rvart en était gagné également, si fortement qu'il avait l'impression qu'il décollait à chaque pulsion mentale de son compagnon étrange.
Ce dernier cessa de soutenir Rvart, brusquement saisi d'une envie incontrôlable. L'Orc comprit et s'aplatit sur le sol juste à temps pour résister à la projection violente du monstre. Dans la caverne, la pression monta de plusieurs bars, manquant de tuer Rvart. Puis N'ruyir relâcha tout l'air par sa gueule, secouant toute la grotte. Son souffle était si puissant qu'il pénétra la roche comme une immense lance, et projeta des blocs de plusieurs tonnes dont un manqua d'écrabouiller son petit protégé.
Mais Rvart ne s'en souciait guère. Il percevait si profondément la frustration du dragon, qu'il en hurlait de désespoir. C'en était trop. N'rujjir n'avait jamais connu autre chose que cette caverne, durant des centaines, peut-être des milliers d'années. Son contact avec Rvart lui avait révélé ce monde extérieur, ou était la lumière et le vent... Cette chose fluide qui l'attirait si irrésistiblement qu'il en mourrait de désir. Les larmes se mirent à couler sur les joues de l'Orc, manifestes de son impuissance. Dès cet instant, il devenait aussi prisonnier que celui-qui-ne-peut-être-vu. Il ne pouvait rien faire contre ce noir perpétuel, silencieux, mort...
N'rujjir rugit, frappant de son dos la paroi de pierres, plongeant ses griffes et ses crocs pour arracher des montagnes. Mais Rvart savait que c'était inutile. Descendre en ce lieu lui avait pris trop de temps: ils étaient sous la pique-qui-transperce-le-vide-d'en-haut qui ne les laisserait pas sortir. L'animal se remit lourdement à 4 pattes et feula de dépit.
Tous deux restèrent un moment ainsi, haletants, accablés par cette suite d'expériences douloureuses. Ce fut sans raison qu'un souvenir heurta Rvart. Les voix... Les voix s'étaient agitées étrangement plus tôt dans la journée. Quand cet être lumineux était venu au pieds de la citadelle. Il ne savait pas vraiment pourquoi, mais il était persuadé que cet être pouvait l'aider pour sortir N'rujjir - pour les sortir - de cette caverne. Rvart ne se posait pas de question. Même s'il l'avait pu, il n'avait pas d'autre choix de toute façon.
Il ignorait tout de ce qui l'attendait, ni comment il retrouverait cet être que les voix entouraient, mais c'était son chemin. Leur chemin.
Il sentit le dragon l'effleurer, percevoir sa certitude et sa détermination. Ni l'un ni l'autre ne connaissaient l'espoir, le risque ou la crainte de la mort. C'était aller en avant et rien d'autre. N'rujjir avait compris. Il le poussa de son museau vers une galerie. Quand Rvart s'éloigna, il lui adressa un grondement, que seuls eux pouvaient comprendre.
L'être de lumière et son oiseau sombre pouvaient les aider. C'est ce que disaient les voix.
Rvart gémit en sentant le lien avec N'ruyir s'affaiblir. Le souvenir de Sgattiqam et de leur séparation brutale lui revint en mémoire. Il avait survécu à la première... Il pourrait survivre à la seconde. C'était comme si il avait été préparé à ce départ. Bientôt, il retournerait près d'eux. Et ils ne seraient plus jamais séparés. Il se mit à escalader les murs d'un conduit, bondissant de toute sa volonté, ignorant ses blessures et poussant un cri de rage.
Rien ne l'arrêterait.
*************************************
Musiques:
"The exhaustion" by Bruno Coulais.
"Indefatigable determination" by N. Uematsu (mon idole *_*)
Cela faisait plusieurs heures que Rvart était immobile sur le sol rocailleux. Il reprit doucement conscience lorsque un énorme museau se hasarda enfin à pousser son corps pour le pousser à réagir, avec un léger grondement.
L'esprit encore embué, il mit un temps avant de se rappeler qu'il était dans un endroit sans lumière, ce qui expliquait qu'ouvrir ses yeux n'avait aucun effet. Il constata avec bonheur la présence désormais familière à ses côtés. Celui-qui-ne-peut-être-vu. C'était son nom. Rvart ne l'avait pas décidé. Cela s'imposait de lui-même.
Il existait désormais entre eux une symbiose mystique, qui transcendait leurs deux êtres. Le jeune Orc se redressa doucement, vacillant de faiblesse. Il faillit retomber, mais un mur chaud se dressa devant lui, où il put se rattraper. Il se laissa doucement aller et se colla contre la tête de N'ruyir, fermant les yeux, plongeant en lui comme dans un océan. Le dragon se mêla aussi à lui, ce qui les transporta sur les vagues brumeuses de leurs souvenirs mis en commun. Rvart se sentait transporté; en compagnie de N'rujjir, les vents semblaient soudain prendre une toute autre dimension. La sensation passée du vent sur la peau de l'Orc provoquait chez l'animal un frisson sans pareil, qui paraissait embrasser son âme à l'instar d'une révélation ultime. La bête brûlait du désir de bondir dans le vide-d'en-haut, de s'élancer en lui pour sentir le vent caresser ses flancs... Cette envie était si puissante que Rvart en était gagné également, si fortement qu'il avait l'impression qu'il décollait à chaque pulsion mentale de son compagnon étrange.
Ce dernier cessa de soutenir Rvart, brusquement saisi d'une envie incontrôlable. L'Orc comprit et s'aplatit sur le sol juste à temps pour résister à la projection violente du monstre. Dans la caverne, la pression monta de plusieurs bars, manquant de tuer Rvart. Puis N'ruyir relâcha tout l'air par sa gueule, secouant toute la grotte. Son souffle était si puissant qu'il pénétra la roche comme une immense lance, et projeta des blocs de plusieurs tonnes dont un manqua d'écrabouiller son petit protégé.
Mais Rvart ne s'en souciait guère. Il percevait si profondément la frustration du dragon, qu'il en hurlait de désespoir. C'en était trop. N'rujjir n'avait jamais connu autre chose que cette caverne, durant des centaines, peut-être des milliers d'années. Son contact avec Rvart lui avait révélé ce monde extérieur, ou était la lumière et le vent... Cette chose fluide qui l'attirait si irrésistiblement qu'il en mourrait de désir. Les larmes se mirent à couler sur les joues de l'Orc, manifestes de son impuissance. Dès cet instant, il devenait aussi prisonnier que celui-qui-ne-peut-être-vu. Il ne pouvait rien faire contre ce noir perpétuel, silencieux, mort...
N'rujjir rugit, frappant de son dos la paroi de pierres, plongeant ses griffes et ses crocs pour arracher des montagnes. Mais Rvart savait que c'était inutile. Descendre en ce lieu lui avait pris trop de temps: ils étaient sous la pique-qui-transperce-le-vide-d'en-haut qui ne les laisserait pas sortir. L'animal se remit lourdement à 4 pattes et feula de dépit.
Tous deux restèrent un moment ainsi, haletants, accablés par cette suite d'expériences douloureuses. Ce fut sans raison qu'un souvenir heurta Rvart. Les voix... Les voix s'étaient agitées étrangement plus tôt dans la journée. Quand cet être lumineux était venu au pieds de la citadelle. Il ne savait pas vraiment pourquoi, mais il était persuadé que cet être pouvait l'aider pour sortir N'rujjir - pour les sortir - de cette caverne. Rvart ne se posait pas de question. Même s'il l'avait pu, il n'avait pas d'autre choix de toute façon.
Il ignorait tout de ce qui l'attendait, ni comment il retrouverait cet être que les voix entouraient, mais c'était son chemin. Leur chemin.
Il sentit le dragon l'effleurer, percevoir sa certitude et sa détermination. Ni l'un ni l'autre ne connaissaient l'espoir, le risque ou la crainte de la mort. C'était aller en avant et rien d'autre. N'rujjir avait compris. Il le poussa de son museau vers une galerie. Quand Rvart s'éloigna, il lui adressa un grondement, que seuls eux pouvaient comprendre.
L'être de lumière et son oiseau sombre pouvaient les aider. C'est ce que disaient les voix.
Rvart gémit en sentant le lien avec N'ruyir s'affaiblir. Le souvenir de Sgattiqam et de leur séparation brutale lui revint en mémoire. Il avait survécu à la première... Il pourrait survivre à la seconde. C'était comme si il avait été préparé à ce départ. Bientôt, il retournerait près d'eux. Et ils ne seraient plus jamais séparés. Il se mit à escalader les murs d'un conduit, bondissant de toute sa volonté, ignorant ses blessures et poussant un cri de rage.
Rien ne l'arrêterait.
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Musiques:
"The exhaustion" by Bruno Coulais.
"Indefatigable determination" by N. Uematsu (mon idole *_*)
- Spoiler:
- Premier RP de la semaine: +10stats en MA svp
Edit Alrik: Stats reportées dans la fiche
Valid Yuke: +1Pui, +10Rés, +6Int
Dernière édition par Yuke le Dim 16 Mai 2010 - 14:52, édité 2 fois
Re: Le secret sous la Flèche [Terminé]
[Quelques dizaines de minutes après le post précédent]
Le jeune Orc bondit de la galerie, et s'immobilisa, stupéfié par la splendeur et la grandeur du spectacle. Il venait de déboucher sur un des socles intérieurs d'Elesas, et devant lui s'offrait une constellation de lumières, provenant parfois des ouvertures sur l'extérieur, parfois d'éclats de magie semblables à des étoiles mourantes, ou des comètes irisées... Il n'y avait aucun bruit d'ici, ce qui était surprenant vu le vide de la citadelle. Rvart, de toute façon, ne pouvait pas se doter de telles réflexions. Il ressentait très fortement les voix ici. Elles hurlaient presque, comme s'il y en avait trop et trop près. Après son escalade dans le conduit, l'air était moins étouffant ici, mais il y avait une électricité dans l'air qui démangeait sur la peau.
Il se rapprocha du bord de la plateforme - les pierres sous ses pieds étaient chaudes, et vibraient sourdement. Il regarda vers le bas, et s'aperçut qu'il était juste un socle au dessus du niveau de l'entrée, qu'il avait empruntée il y avait quelques heures, maintenant. Il regarda ensuite vers le haut, pour découvrir un ciel nocturne artificiel, qui montait, montait, montait... vers des ténèbres absolues.
Il gémit.
L'être-d'ombre-et-de-lumière n'était nulle part. Rvart ne sentait aucune odeur connue ici, sur laquelle chercher une piste. Son monde s'écroulait une fois de plus.
Il s'assit en repliant ses genoux et les serra contre lui, fermant ses yeux. Il arrivait tant de choses qu'il ne comprenait pas, auxquelles il ne pouvait rien... Le sang-du-vide-d'en-haut commença à couler de ses joues. Encore? Pourquoi? Quelque chose dans sa poitrine lui faisait mal et du bien en même temps. Il se redressa lentement, et toucha ses joues, pour observer ce liquide chaud et sans couleur qui brouillait sa vue. Qu'est-ce que c'était? Est-ce que ses yeux étaient comme le vide-d'en-haut? Etait-ce cela le... 'ciel'?
Soudain, son corps entier tressaillit. Un froissement régulier, comme un gros battement d'ailes, se rapprochait. Il se dressa sur ses deux jambes d'un bond. C'était cela! Il ne la voyait pas encore clairement, mais une ombre énorme occultait les lueurs enchanteresses très loin au dessus. Son coeur se mit à battre la chamade. Se pouvait-il...
Un grand oiseau de ténèbres fondait comme une pierre vers le bas, vers lui! Rvart fit appel à tous ses sens, qu'il déploya tous dans un unique but: identifier ce gigantesque animal. Instinctivement, il tendait tout son esprit vers lui, et trouva ce qu'il cherchait, non par ses sens, mais par les voix. Il reconnut la perturbation identique.
L'oiseau et son cavalier firent un brusque arrêt, magistral. Les ailes magiques de la créature battaient puissamment l'air, puis ce dernier se posa délicatement sur une plateforme, deux niveaux au dessus de Rvart. Le jeune Orc, reconnaissant son maître, tendit le bras, comme s'il croyait pouvoir l'attraper. Il comprit seulement à cet instant qu'il ne le pouvait pas. Ses yeux, affolés, cherchèrent le chemin pour traverser l'immense vide qui les séparait. Mais il ne voyait rien. Tout était sombre, et tous les chemins qui partaient de son socle semblaient conduire en bas. Il tendit à nouveau la main vers eux, et hurla un cri, un appel désespéré.
Mais celui-ci se noya dans les ombres, et mourut presque aussitôt après être né. Rvart paniquait. Il voyaient ceux qui pouvaient l'aider, le sauver, le délivrer lui et N'ruyir de leur prison... Mais... Ils étaient trop loin. Il ne pouvait les rejoindre, et eux ne pouvaient l'entendre. Il était impuissant, une fois de plus. Il s'approcha du bord dangereusement, et tendit son bras aussi loin qu'il le pouvait, mais dût se rattraper au dernier moment pour ne pas faire une chute mortelle.
Sa détresse était si grande qu'il la déchaîna de tout son être, hurlant aussi bien de sa voix que de son esprit, appelant tout ce qu'il connaissait à l'aide, invoquant les souvenirs de Sgattiqam, de ceux de sa tribu, de ses voyages, de ceux qu'ils avaient guéri... De N'ruyir... Du vent sur sa peau, de la danse du feu, et des larmes du vide-d'en-haut. Tout cela mêlé, il le jeta tout autour de lui, frappant le sol, pleurant et rugissant. Mais toute cette hargne n'eut pas plus d'effet: les ténèbres et le vide absorbèrent son désespoir et ses faibles ressources, le laissant pantelant, sur le sol qui vibrait doucement.
Il resta étendu là durant un long instant, son oreille collé contre la surface lisse et chaude. La vibration avait quelque chose d'apaisant, de fascinant, qui faisait un drôle d'effet au jeune Orc, comme lorsqu'il se vidait la tête pour percevoir les voix.
Sa présence se dilua, comme absorbé par le sol... par la citadelle elle-même. Il ne tarda pas à percevoir une nouvelle fois la multitude de présences mystiques qui occupaient ce lieu. Mais cette fois-ci, il n'avait pas la force ni la volonté de résister. Il se laissa porter, comme une feuille dans un immense fleuve.
Sa respiration ralentit, et son coeur aussi, ainsi que ses pensées. Le monde qu'il percevait disparu, pour s'effilocher sous de multiples visions divergentes. Il hoqueta, sentant sa vie se drainer hors de lui, puis soudain... La présence au dessus des autres se fit sentir. Elle agissait comme un aimant, les organisant d'un seul coup autour d'elle comme des rayons autour d'un astre. Le corps de Rvart, sur les dalles, convulsa: cette présence l'écrasait de sa puissance indescriptible. Elle le submergeait comme un océan engloutirait un grain de sable. Puis soudain... Le calme.
Ça voyait. Tout. Trop. A travers. Non. Autre chose. Inutile. Néant. Point. Dedans, dehors. Quelle importance? Plusieurs voix. Un chemin. Plusieurs êtres. Une histoire.
Rvart revint à lui, aspirant l'air de tous ses poumons, terrifié.
A l'aide!
Sur la plateforme, de l'autre côté de la citadelle, l'oiseau avait disparu. Rvart se redressa péniblement. Il posa sa paume sur la pierre, devenue presque bouillante. Ses yeux s'agrandirent sous la surprise.
A côté de sa paume, une plume constituée d'étranges flammèches noires se consumait de sa magie perpétuelle. Il leva les yeux vivement, pour voir une ombre montée par une silhouette lumineuse, qui se fondait dans l'immensité nébuleuse. Rvart saisit délicatement la plume, comme s'il s'agissait du trésor le plus précieux de l'univers.
Il la huma profondément, et quand il rouvrit les yeux, ceux-ci s'illuminèrent.
Il se releva, oubliant son corps éprouvé qui le fit tomber, puis se dirigea à quatre pattes vers le conduit par où il était venu.
N'importe qui, même parmi les plus bêtes créatures de Naravel, se serait servi de la plume pour partir à la recherche de son possesseur. Mais Rvart n'était pas comme n'importe qui. Cette plume allait permettre à N'rujjir d'être libéré. N'importe qui aurait pu dire en cet instant que Rvart était fou - et il aurait eu raison - de croire qu'il pourrait libérer une bête prisonnière sous des milliers de tonnes de roches avec une simple plume... Car c'était impossible. Une mot... qui n'avait pas lieu d'être dans l'esprit du jeune Orc. Cette plume représentait à elle seule son espoir. Elle lui suffisait pour croire que l'être sombre et lumineux et sa monture l'aideraient.
C'était suffisant pour Rvart. C'était même déjà trop.
Il s'engouffra dans la galerie, tenant religieusement la plume de ténèbres dans sa main. La plume qui allait le sauver. Les sauver.
*********************************
Le jeune Orc bondit de la galerie, et s'immobilisa, stupéfié par la splendeur et la grandeur du spectacle. Il venait de déboucher sur un des socles intérieurs d'Elesas, et devant lui s'offrait une constellation de lumières, provenant parfois des ouvertures sur l'extérieur, parfois d'éclats de magie semblables à des étoiles mourantes, ou des comètes irisées... Il n'y avait aucun bruit d'ici, ce qui était surprenant vu le vide de la citadelle. Rvart, de toute façon, ne pouvait pas se doter de telles réflexions. Il ressentait très fortement les voix ici. Elles hurlaient presque, comme s'il y en avait trop et trop près. Après son escalade dans le conduit, l'air était moins étouffant ici, mais il y avait une électricité dans l'air qui démangeait sur la peau.
Il se rapprocha du bord de la plateforme - les pierres sous ses pieds étaient chaudes, et vibraient sourdement. Il regarda vers le bas, et s'aperçut qu'il était juste un socle au dessus du niveau de l'entrée, qu'il avait empruntée il y avait quelques heures, maintenant. Il regarda ensuite vers le haut, pour découvrir un ciel nocturne artificiel, qui montait, montait, montait... vers des ténèbres absolues.
Il gémit.
L'être-d'ombre-et-de-lumière n'était nulle part. Rvart ne sentait aucune odeur connue ici, sur laquelle chercher une piste. Son monde s'écroulait une fois de plus.
Il s'assit en repliant ses genoux et les serra contre lui, fermant ses yeux. Il arrivait tant de choses qu'il ne comprenait pas, auxquelles il ne pouvait rien... Le sang-du-vide-d'en-haut commença à couler de ses joues. Encore? Pourquoi? Quelque chose dans sa poitrine lui faisait mal et du bien en même temps. Il se redressa lentement, et toucha ses joues, pour observer ce liquide chaud et sans couleur qui brouillait sa vue. Qu'est-ce que c'était? Est-ce que ses yeux étaient comme le vide-d'en-haut? Etait-ce cela le... 'ciel'?
Soudain, son corps entier tressaillit. Un froissement régulier, comme un gros battement d'ailes, se rapprochait. Il se dressa sur ses deux jambes d'un bond. C'était cela! Il ne la voyait pas encore clairement, mais une ombre énorme occultait les lueurs enchanteresses très loin au dessus. Son coeur se mit à battre la chamade. Se pouvait-il...
Un grand oiseau de ténèbres fondait comme une pierre vers le bas, vers lui! Rvart fit appel à tous ses sens, qu'il déploya tous dans un unique but: identifier ce gigantesque animal. Instinctivement, il tendait tout son esprit vers lui, et trouva ce qu'il cherchait, non par ses sens, mais par les voix. Il reconnut la perturbation identique.
L'oiseau et son cavalier firent un brusque arrêt, magistral. Les ailes magiques de la créature battaient puissamment l'air, puis ce dernier se posa délicatement sur une plateforme, deux niveaux au dessus de Rvart. Le jeune Orc, reconnaissant son maître, tendit le bras, comme s'il croyait pouvoir l'attraper. Il comprit seulement à cet instant qu'il ne le pouvait pas. Ses yeux, affolés, cherchèrent le chemin pour traverser l'immense vide qui les séparait. Mais il ne voyait rien. Tout était sombre, et tous les chemins qui partaient de son socle semblaient conduire en bas. Il tendit à nouveau la main vers eux, et hurla un cri, un appel désespéré.
Mais celui-ci se noya dans les ombres, et mourut presque aussitôt après être né. Rvart paniquait. Il voyaient ceux qui pouvaient l'aider, le sauver, le délivrer lui et N'ruyir de leur prison... Mais... Ils étaient trop loin. Il ne pouvait les rejoindre, et eux ne pouvaient l'entendre. Il était impuissant, une fois de plus. Il s'approcha du bord dangereusement, et tendit son bras aussi loin qu'il le pouvait, mais dût se rattraper au dernier moment pour ne pas faire une chute mortelle.
Sa détresse était si grande qu'il la déchaîna de tout son être, hurlant aussi bien de sa voix que de son esprit, appelant tout ce qu'il connaissait à l'aide, invoquant les souvenirs de Sgattiqam, de ceux de sa tribu, de ses voyages, de ceux qu'ils avaient guéri... De N'ruyir... Du vent sur sa peau, de la danse du feu, et des larmes du vide-d'en-haut. Tout cela mêlé, il le jeta tout autour de lui, frappant le sol, pleurant et rugissant. Mais toute cette hargne n'eut pas plus d'effet: les ténèbres et le vide absorbèrent son désespoir et ses faibles ressources, le laissant pantelant, sur le sol qui vibrait doucement.
Il resta étendu là durant un long instant, son oreille collé contre la surface lisse et chaude. La vibration avait quelque chose d'apaisant, de fascinant, qui faisait un drôle d'effet au jeune Orc, comme lorsqu'il se vidait la tête pour percevoir les voix.
Sa présence se dilua, comme absorbé par le sol... par la citadelle elle-même. Il ne tarda pas à percevoir une nouvelle fois la multitude de présences mystiques qui occupaient ce lieu. Mais cette fois-ci, il n'avait pas la force ni la volonté de résister. Il se laissa porter, comme une feuille dans un immense fleuve.
Sa respiration ralentit, et son coeur aussi, ainsi que ses pensées. Le monde qu'il percevait disparu, pour s'effilocher sous de multiples visions divergentes. Il hoqueta, sentant sa vie se drainer hors de lui, puis soudain... La présence au dessus des autres se fit sentir. Elle agissait comme un aimant, les organisant d'un seul coup autour d'elle comme des rayons autour d'un astre. Le corps de Rvart, sur les dalles, convulsa: cette présence l'écrasait de sa puissance indescriptible. Elle le submergeait comme un océan engloutirait un grain de sable. Puis soudain... Le calme.
Ça voyait. Tout. Trop. A travers. Non. Autre chose. Inutile. Néant. Point. Dedans, dehors. Quelle importance? Plusieurs voix. Un chemin. Plusieurs êtres. Une histoire.
Rvart revint à lui, aspirant l'air de tous ses poumons, terrifié.
A l'aide!
Sur la plateforme, de l'autre côté de la citadelle, l'oiseau avait disparu. Rvart se redressa péniblement. Il posa sa paume sur la pierre, devenue presque bouillante. Ses yeux s'agrandirent sous la surprise.
A côté de sa paume, une plume constituée d'étranges flammèches noires se consumait de sa magie perpétuelle. Il leva les yeux vivement, pour voir une ombre montée par une silhouette lumineuse, qui se fondait dans l'immensité nébuleuse. Rvart saisit délicatement la plume, comme s'il s'agissait du trésor le plus précieux de l'univers.
Il la huma profondément, et quand il rouvrit les yeux, ceux-ci s'illuminèrent.
Il se releva, oubliant son corps éprouvé qui le fit tomber, puis se dirigea à quatre pattes vers le conduit par où il était venu.
N'importe qui, même parmi les plus bêtes créatures de Naravel, se serait servi de la plume pour partir à la recherche de son possesseur. Mais Rvart n'était pas comme n'importe qui. Cette plume allait permettre à N'rujjir d'être libéré. N'importe qui aurait pu dire en cet instant que Rvart était fou - et il aurait eu raison - de croire qu'il pourrait libérer une bête prisonnière sous des milliers de tonnes de roches avec une simple plume... Car c'était impossible. Une mot... qui n'avait pas lieu d'être dans l'esprit du jeune Orc. Cette plume représentait à elle seule son espoir. Elle lui suffisait pour croire que l'être sombre et lumineux et sa monture l'aideraient.
C'était suffisant pour Rvart. C'était même déjà trop.
Il s'engouffra dans la galerie, tenant religieusement la plume de ténèbres dans sa main. La plume qui allait le sauver. Les sauver.
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- Spoiler:
- 2d RP de la semaine: +10MA.
Yuke: validés!
Valid Yuke: +10Pui, +2Rés, +4Int, +10Con
Dernière édition par Yuke le Dim 16 Mai 2010 - 14:53, édité 2 fois
Re: Le secret sous la Flèche [Terminé]
[Quelques instants après la fin du post précédent, beaucoup plus haut dans Elesas...]
L'oiseau s'engouffra dans la grande alcôve, et se posa avec majesté sur le sol plongé dans la pénombre. Son cavalier sauta à terre, silhouette radieuse dans l'opacité du lieu. Il s'avança calmement vers l'intérieur, suivit de près par l'animal qui diminuait en taille. Il escalada d'un bond leste le mur et gagna un terre-plein plus élevé, s'ouvrant sur une grande salle, au milieu de laquelle un unique rayon de lumière éclairait si faiblement qu'aucune autre forme que l'arrivant n'était dévoilée.
L'oiseau bifurqua sur la droite quand il entra dans la Salle des Paroles, son plumage de magie noire le rendant totalement invisible. Son compagnon s'approcha de la lumière centrale, s'y arrêta et s'inclina, un genou à terre. Son aura étincelante chatoya dans la salle silencieuse, révélant la forme fantomatique de ce qui devait être son oiseau, et les traits rectilignes d'un grand trône, devant lequel l'être lumineux venait de se prosterner. La salle devait être immense, car hormis quelques colonnes hautes, il était impossible de distinguer des murs.
Une voix noble, ancienne, s'éleva sous la voûte sombre, comme emplissant tout l'espace et habitant chaque chose:
- Andarameth unde te maoat entho'ani, Fanaël...
L'être étincelant conserva sa posture pour répondre, en langue commune, pour marquer sa distance :
- Vous oubliez celle qui était la plus importante, Prince... Je vous fais mes excuses pour ce retard... Ca ne se reproduira plus.
Il y eut un long silence, puis la voix impressionnante reprit:
- Cetelaïm vajjura eneth da olmenecer to'cuom. Temuhin nacja dejj...
Fanaël hocha la tête lors de la première phrase, puis se redressa à la fin de la seconde.
- Dois-je les emmener?
- Non, fit enfin la voix en langue commune, comme pour signifier un message caché à l'être lumineux. Il est trop tôt pour révéler aux autres Peuples notre secret.
- Bien. De quoi s'agit-il?
- Il semblerait que nos amis Ezzarans aient perdu un de leurs précieux spécimens. Retrouve le et ramène les tous ici.
- Les Humains aussi? fit Fanaël avec un soupçon d'entrain dissimulé.
- Les Humains surtout, rectifia la voix du Prince des Ombres, vibrant de toutes parts.
- Jusqu'où puis-je aller?
- Ton heure n'est pas encore venue, Fanaël. Les secrets sur les tiens ne doivent pas être dévoilés encore. Sois patient.
Silence. Puis:
- Oui, Prince. Je suppose que je dois y aller seul?
- Tu suppose bien. Contacte moi dès que tu as mis la main sur les Humains.
- Il en sera fait ainsi, fit Fanaël avant de s'incliner tout en saluant dans la haute langue.
- Camaet nam doruaba, répliqua son interlocuteur invisible.
L'être étincelant sortit de la lumière et revint sur ses pas, vers l'alcôve qui donnait sur le vide du coeur d'Elesas. Il sauta au bas, puis s'approcha du vide, laissant ses pointes de pied dépasser dangereusement. En dessous de lui, le trou était si profond qu'on n'en voyait pas le fond. Il n'y avait que la magie qui éclaboussait parfois les socles où expérimentaient les N'Armetla.
Silhouette blanche suspendue au dessus du néant, les lèvres pâles de l'albino murmurèrent:
- Mae'che zul daroaïna jjante...
Puis il se laissa choir dans le vide, écartant les bras. Une magie flamboyante jaillit de lui, l'enveloppa, le faisant tournoyer sur lui même jusqu'à ce qu'il ne deviennent plus qu'une masse incandescente, une comète qui s'enfonçait dans le néant. Puis soudain, la boule explosa en plusieurs disques d'étincelles qui se transformèrent en pluie d'or, qui éclaira furtivement un pan de la citadelle des Elfes Noir, avant de se dissiper en crépitant.
Fanaël était parti.
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L'oiseau s'engouffra dans la grande alcôve, et se posa avec majesté sur le sol plongé dans la pénombre. Son cavalier sauta à terre, silhouette radieuse dans l'opacité du lieu. Il s'avança calmement vers l'intérieur, suivit de près par l'animal qui diminuait en taille. Il escalada d'un bond leste le mur et gagna un terre-plein plus élevé, s'ouvrant sur une grande salle, au milieu de laquelle un unique rayon de lumière éclairait si faiblement qu'aucune autre forme que l'arrivant n'était dévoilée.
L'oiseau bifurqua sur la droite quand il entra dans la Salle des Paroles, son plumage de magie noire le rendant totalement invisible. Son compagnon s'approcha de la lumière centrale, s'y arrêta et s'inclina, un genou à terre. Son aura étincelante chatoya dans la salle silencieuse, révélant la forme fantomatique de ce qui devait être son oiseau, et les traits rectilignes d'un grand trône, devant lequel l'être lumineux venait de se prosterner. La salle devait être immense, car hormis quelques colonnes hautes, il était impossible de distinguer des murs.
Une voix noble, ancienne, s'éleva sous la voûte sombre, comme emplissant tout l'espace et habitant chaque chose:
- Andarameth unde te maoat entho'ani, Fanaël...
L'être étincelant conserva sa posture pour répondre, en langue commune, pour marquer sa distance :
- Vous oubliez celle qui était la plus importante, Prince... Je vous fais mes excuses pour ce retard... Ca ne se reproduira plus.
Il y eut un long silence, puis la voix impressionnante reprit:
- Cetelaïm vajjura eneth da olmenecer to'cuom. Temuhin nacja dejj...
Fanaël hocha la tête lors de la première phrase, puis se redressa à la fin de la seconde.
- Dois-je les emmener?
- Non, fit enfin la voix en langue commune, comme pour signifier un message caché à l'être lumineux. Il est trop tôt pour révéler aux autres Peuples notre secret.
- Bien. De quoi s'agit-il?
- Il semblerait que nos amis Ezzarans aient perdu un de leurs précieux spécimens. Retrouve le et ramène les tous ici.
- Les Humains aussi? fit Fanaël avec un soupçon d'entrain dissimulé.
- Les Humains surtout, rectifia la voix du Prince des Ombres, vibrant de toutes parts.
- Jusqu'où puis-je aller?
- Ton heure n'est pas encore venue, Fanaël. Les secrets sur les tiens ne doivent pas être dévoilés encore. Sois patient.
Silence. Puis:
- Oui, Prince. Je suppose que je dois y aller seul?
- Tu suppose bien. Contacte moi dès que tu as mis la main sur les Humains.
- Il en sera fait ainsi, fit Fanaël avant de s'incliner tout en saluant dans la haute langue.
- Camaet nam doruaba, répliqua son interlocuteur invisible.
L'être étincelant sortit de la lumière et revint sur ses pas, vers l'alcôve qui donnait sur le vide du coeur d'Elesas. Il sauta au bas, puis s'approcha du vide, laissant ses pointes de pied dépasser dangereusement. En dessous de lui, le trou était si profond qu'on n'en voyait pas le fond. Il n'y avait que la magie qui éclaboussait parfois les socles où expérimentaient les N'Armetla.
Silhouette blanche suspendue au dessus du néant, les lèvres pâles de l'albino murmurèrent:
- Mae'che zul daroaïna jjante...
Puis il se laissa choir dans le vide, écartant les bras. Une magie flamboyante jaillit de lui, l'enveloppa, le faisant tournoyer sur lui même jusqu'à ce qu'il ne deviennent plus qu'une masse incandescente, une comète qui s'enfonçait dans le néant. Puis soudain, la boule explosa en plusieurs disques d'étincelles qui se transformèrent en pluie d'or, qui éclaira furtivement un pan de la citadelle des Elfes Noir, avant de se dissiper en crépitant.
Fanaël était parti.
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- Spoiler:
- 1er RP simple de la semaine. +10EN
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Re: Le secret sous la Flèche [Terminé]
Rvart cligna plusieurs fois des yeux, trouvant incroyablement drôle de ne pas plus voir les paupières ouvertes que fermées. Il s’amusa à se chatouiller juste pour ressentir le curieux sentiment qui s’emparait de N’rujjir en le sentant faire ce geste. L’animal frissonna en faisant vibrer doucement sa longue gorge. Le sourire du jeune Orc s’étira dans l’ombre. Il adorait leur faire ça.
Son esprit se calma et il écarta délicatement les doigts du précieux trésor qu’il tenait contre sa paume. La magie le chatouillait doucement, et l’affamait en même temps par le biais de son grand compagnon qui voulait l’absorber. N’ruyir avait compris l’importance qu’avait cette plume pour eux. Tout comme Rvart, il n’avait aucune idée de comment une plume pouvait les aider à sortir des entrailles d’Elesas, mais il ne songeait pas un seul instant que cela était logiquement impossible. Il n’y avait pas de pourquoi, pas de comment. Il n’y avait que… eux. Le reste n’était que brumes, illusions et évanescences fugaces.
Leurs souffles ralentirent. Rvart allait laisser les voix choisir. Sgattiqam n’avait jamais rien fait contre les voix, elle lui avait appris à les laisser opérer. Le jeune Orc n’avait jamais eu à penser à choisir. Cette partie de son existence, c’étaient les voix qui s’en chargeaient… Il leva la main, libérant la magie qui animait la plume, exposant cette dernière à l’aspiration avide du corps de N’rujjir.
Tous deux ne voyaient rien, mais leurs perceptions leur indiquaient clairement la position de la plume grâce aux courants d’énergie qui irradiaient d’elle. Pour eux, elle ressemblait à un trou dans le vide, par lequel quelqu’un soufflait, ce qui caressait doucement leurs peaux respectives, comme un liquide étrange. N’ruyir se faisait violence pour ne rien absorber, mais Rvart n’était pas tenu par cela. Quand la petite étoile noire s’envola de sa main, il fut submergé d’un élan de bonheur indicible.
Il se tourna vers l’autre, et prononça des sons inarticulés, comme des appels impatients. Il bondit à la poursuite du petit-trou-qui-souffle, le chassant de ses mains sans resserrer les doigts, comme un jeu. A chaque fois qu’il s’approchait, la fuyarde s’éloignait devant lui, comme si elle l’amenait quelque part. En tout cas, c’est de cette oreille que Rvart l’entendit. Il se retourna à nouveau, et poussa des cris pour attirer N’rujjir.
‘Elle nous montre la voie ! ‘ semblait-il dire…
Dans l’ombre, la masse invisible de la bête se dressa, envahie d’un espoir nouveau, fou. Le goût de la liberté… C’était donc cela ? Le souffle étrange… S’ils suivaient cette étincelle noire… Ils allaient y arriver…
Dehors.
Libres.
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Son esprit se calma et il écarta délicatement les doigts du précieux trésor qu’il tenait contre sa paume. La magie le chatouillait doucement, et l’affamait en même temps par le biais de son grand compagnon qui voulait l’absorber. N’ruyir avait compris l’importance qu’avait cette plume pour eux. Tout comme Rvart, il n’avait aucune idée de comment une plume pouvait les aider à sortir des entrailles d’Elesas, mais il ne songeait pas un seul instant que cela était logiquement impossible. Il n’y avait pas de pourquoi, pas de comment. Il n’y avait que… eux. Le reste n’était que brumes, illusions et évanescences fugaces.
Leurs souffles ralentirent. Rvart allait laisser les voix choisir. Sgattiqam n’avait jamais rien fait contre les voix, elle lui avait appris à les laisser opérer. Le jeune Orc n’avait jamais eu à penser à choisir. Cette partie de son existence, c’étaient les voix qui s’en chargeaient… Il leva la main, libérant la magie qui animait la plume, exposant cette dernière à l’aspiration avide du corps de N’rujjir.
Tous deux ne voyaient rien, mais leurs perceptions leur indiquaient clairement la position de la plume grâce aux courants d’énergie qui irradiaient d’elle. Pour eux, elle ressemblait à un trou dans le vide, par lequel quelqu’un soufflait, ce qui caressait doucement leurs peaux respectives, comme un liquide étrange. N’ruyir se faisait violence pour ne rien absorber, mais Rvart n’était pas tenu par cela. Quand la petite étoile noire s’envola de sa main, il fut submergé d’un élan de bonheur indicible.
Il se tourna vers l’autre, et prononça des sons inarticulés, comme des appels impatients. Il bondit à la poursuite du petit-trou-qui-souffle, le chassant de ses mains sans resserrer les doigts, comme un jeu. A chaque fois qu’il s’approchait, la fuyarde s’éloignait devant lui, comme si elle l’amenait quelque part. En tout cas, c’est de cette oreille que Rvart l’entendit. Il se retourna à nouveau, et poussa des cris pour attirer N’rujjir.
‘Elle nous montre la voie ! ‘ semblait-il dire…
Dans l’ombre, la masse invisible de la bête se dressa, envahie d’un espoir nouveau, fou. Le goût de la liberté… C’était donc cela ? Le souffle étrange… S’ils suivaient cette étincelle noire… Ils allaient y arriver…
Dehors.
Libres.
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- Spoiler:
- 2e RP sem: +10EN
Yuke: validés.
Valid Yuke: +5Int, +4Con
Dernière édition par Yuke le Dim 16 Mai 2010 - 14:57, édité 2 fois
Re: Le secret sous la Flèche [Terminé]
La plume se plaqua sur la paroi de la grotte et n'en bougea plus. Rvart sauta plusieurs fois pour tenter de l'atteindre, sans jamais y parvenir. Quand au troisième échec, il tomba à la renverse, le grondement du gigantesque animal derrière lui se fit entendre. N'ruyir avança, s'appuyant sur la paroi verticale pour atteindre l'endroit du plafond sur lequel la petite chose légère s'était immobilisée.
Rvart le sentit aussitôt. C'était si ténu que lui même ne pouvait le percevoir, mais les prolongements-moustaches de N'rujjir étaient particulièrement sensibles à cette sensation. Ce dernier darda sa langue et aussitôt, le souffle se confirma. Une aspiration! Infime, mais il y avait un minuscule appel d'air dans la paroi!!!
Et si l'air montait... C'est qu'il y avait une issue!
Pris d'une irrépressible frénésie, N'ruyir attaqua la roche à coups de griffes, arrachant des pans entier de minerais, créant un véritablement éboulement. Ce fut les cris affolés de Rvart qui le stoppèrent. Celui-ci s'était pris quelques gravas qui l'avaient blessés, pas très gravement, mais suffisamment pour ouvrir quelques plaies superficielles. Sa peau était bien plus fragile que celles de ses frères robustes, même si elle était déjà plus résistante que celle d'un humain. Cela dit, ni lui ni l'animal n'avait perçu cette douleur comme une conséquence de l'éboulement, car aucun d'eux ne disposait d'un instrument comme la logique. En outre, il leur était difficile de distinguer leur perception réciproque de la douleur. En un sens, ils avaient raison: car N'ruyir avait ressenti une souffrance qui n'était nullement sienne, et encore moins naturelle, ou explicable. Le sort s'acharnait contre eux. Ils étaient à la fois forts et faibles. Si forts que rien ne pouvait leur résister. Si faibles qu'un rien pouvait les écraser. A la fois indivisibles et désespérément différents.
Le dragon avait accolé son museau contre Rvart, qui se laissait porter par lui, complètement plaqué sur lui. Il écoutait le souffle profond de l'animal, qui faisait vibrer sa grosse tête, et avec elle, le corps entier de l'Orc. Quelque part, il percevait un petit bruit, et un coeur qui battait très vite. Il sentait ce petit être pitoyablement fragile au bout de son nez, et sa douleur sur différentes parties de son corps, qui étaient là et ailleurs en même temps. Tout se mêlait, tant et si bien qu'ils se perdaient l'un dans l'autre.
C'est de ce lien que leur vint le réflexe. N'rujjir recula légèrement, et ouvrit sa gueule immense. Rvart sentit le souffle chaud sur son corps tout entier... Il se laissa gagner par cette chaleur, puis fit ce qu'aucun être au monde n'aurait tenté, avec un minimum d'instinct ou de logique. Il fit un pas en avant, enjambant la rangée de crocs invisibles, mais non moins tranchants, s'engouffrant dans la gueule du prédateur. Il tourna sur lui-même et s'assit. Presque aussitôt, la langue fourchue du dragon s'enroula autour de ses bras et de son torse, et la mâchoire se referma jusqu'à ce que de minces espaces entre les dents laissent pénétrer l'air dans la gueule.
Soudain, Rvart sentit la pesanteur augmenter, sensation qui déstabilisa également N'ruyir, mais ils se reprirent, et l'animal se redressa, et commença à creuser dans le plafond. Le jeune Orc ne pouvait rien faire physiquement, mais en sentant la fébrilité de son alter ego, il se laissa gagner par le bonheur et ouvrit ses souvenirs du monde extérieur à ce dernier.
A ce moment, quelque chose se renforça encore entre eux: leurs peaux frissonnèrent, et bientôt, la roche sous les griffes de N'rujjir sembla s'effriter comme du sable.
Ainsi débuta l'escalade de l'espoir. Pendant un temps interminable, ils labourèrent les roches et la terre dense, écrasées par le poids énorme d'Elesas, au fil des millénaires. Ils ignoraient fatigue, découragement, et souffrance. A chaque fois que les perceptions de N'ruyir faisaient défaut, Rvart sortait de sa gueule et lâchait la plume, qui virevoltait, d'abord timidement, comme si elle était perdue, puis voguait lentement vers une paroi, et s'il collait pour montrer le chemin.
Ce fut longtemps après le seul repos qu'ils s'étaient autorisés, que leur épreuves prirent une tournure dramatique: alors que le dragon sentait la roche se déliter plus facilement sous ses coups de pattes, il accéléra le mouvement et malheureusement ouvrit une nappe phréatique. Il n'avait jamais connu d'eau, hormis le sang chaud de ses proies... et le contact avec le liquide froid éveilla chez la bête une terreur indicible. Il ouvrit sa gueule, laissant la traîtresse submerger le petit Orc, et s'engouffrer dans sa gueule et sa gorge. Soudain, tout le monde connu s'effondra, noyé dans une terreur sans nom. N'ruyir lâcha prise et tomba dans le conduit, malmené par le raz de marée aquatique, séparé de Rvart qui, plus léger que lui, s'était échappé malencontreusement de sa gueule et était parvenu à se raccrocher à une paroi. L'eau le ballotait qui de droite, qui de gauche, comprimant ses poumons et l'attirant vers le bas. Il sentit l'esprit paniqué de N'rujjir s'occulter, s'emplissant d'un instinct d'une sauvagerie inégalée, indescriptible. Et soudain, le cours de l'eau s'inversa, le projetant vers le haut avec une force inouïe. Il émergea au sommet d'un geyser puissant qui l'éjecta sans ménagement sur une surface dure, l'assommant sur le coup.
Il revint à lui lentement, après une période qu'il n'aurait su mesurer. Tout son corps était meurtri, et ses jambes étaient complètement insensibles. Sa tête lui tournait tant qu'il ne pouvait rien faire. Son esprit affolé chercha la présence de N'ruyir, et il le crut le sentir. C'était ténu, mais il avait l'impression de sentir comme une pression en lui. Oui, c'était bien lui.
Rassuré, il amorça un soupir, ce qui lui arracha un gémissement. Sa gorge et sa mâchoire lui faisaient atrocement mal. A ce bruit, la présence de la bête non loin de là se fit plus nette. Ils étaient tous deux très meurtris, et complètement épuisés. Ca n'en finirait donc jamais? Où étaient-ils? Ils évoluaient dans le noir depuis une éternité (peut-être plus)... Et toujours rien. Les voix avaient même faillit les faire mourir. Il n'y avait aucune raison. Pourquoi le ciel n'existait pas ici? Comment le noir pouvait-il être si vaste et si dangereux?
La plume!!!!
Il tenta de se redresser, comme électrisé, mais cela lui arracha seulement un cri qui mourut presque aussitôt dans un hoquet non moins douloureux. Il ne pouvait plus rien faire. Tout était perdu. Ils allaient mourir ici, dans le vide total, perdus entre le temps et l'espace, piégés dans les entrailles du monde.
A tout jamais.
Leurs paupières se fermèrent, remplaçant le néant par le néant.
*******************************
Rvart le sentit aussitôt. C'était si ténu que lui même ne pouvait le percevoir, mais les prolongements-moustaches de N'rujjir étaient particulièrement sensibles à cette sensation. Ce dernier darda sa langue et aussitôt, le souffle se confirma. Une aspiration! Infime, mais il y avait un minuscule appel d'air dans la paroi!!!
Et si l'air montait... C'est qu'il y avait une issue!
Pris d'une irrépressible frénésie, N'ruyir attaqua la roche à coups de griffes, arrachant des pans entier de minerais, créant un véritablement éboulement. Ce fut les cris affolés de Rvart qui le stoppèrent. Celui-ci s'était pris quelques gravas qui l'avaient blessés, pas très gravement, mais suffisamment pour ouvrir quelques plaies superficielles. Sa peau était bien plus fragile que celles de ses frères robustes, même si elle était déjà plus résistante que celle d'un humain. Cela dit, ni lui ni l'animal n'avait perçu cette douleur comme une conséquence de l'éboulement, car aucun d'eux ne disposait d'un instrument comme la logique. En outre, il leur était difficile de distinguer leur perception réciproque de la douleur. En un sens, ils avaient raison: car N'ruyir avait ressenti une souffrance qui n'était nullement sienne, et encore moins naturelle, ou explicable. Le sort s'acharnait contre eux. Ils étaient à la fois forts et faibles. Si forts que rien ne pouvait leur résister. Si faibles qu'un rien pouvait les écraser. A la fois indivisibles et désespérément différents.
Le dragon avait accolé son museau contre Rvart, qui se laissait porter par lui, complètement plaqué sur lui. Il écoutait le souffle profond de l'animal, qui faisait vibrer sa grosse tête, et avec elle, le corps entier de l'Orc. Quelque part, il percevait un petit bruit, et un coeur qui battait très vite. Il sentait ce petit être pitoyablement fragile au bout de son nez, et sa douleur sur différentes parties de son corps, qui étaient là et ailleurs en même temps. Tout se mêlait, tant et si bien qu'ils se perdaient l'un dans l'autre.
C'est de ce lien que leur vint le réflexe. N'rujjir recula légèrement, et ouvrit sa gueule immense. Rvart sentit le souffle chaud sur son corps tout entier... Il se laissa gagner par cette chaleur, puis fit ce qu'aucun être au monde n'aurait tenté, avec un minimum d'instinct ou de logique. Il fit un pas en avant, enjambant la rangée de crocs invisibles, mais non moins tranchants, s'engouffrant dans la gueule du prédateur. Il tourna sur lui-même et s'assit. Presque aussitôt, la langue fourchue du dragon s'enroula autour de ses bras et de son torse, et la mâchoire se referma jusqu'à ce que de minces espaces entre les dents laissent pénétrer l'air dans la gueule.
Soudain, Rvart sentit la pesanteur augmenter, sensation qui déstabilisa également N'ruyir, mais ils se reprirent, et l'animal se redressa, et commença à creuser dans le plafond. Le jeune Orc ne pouvait rien faire physiquement, mais en sentant la fébrilité de son alter ego, il se laissa gagner par le bonheur et ouvrit ses souvenirs du monde extérieur à ce dernier.
A ce moment, quelque chose se renforça encore entre eux: leurs peaux frissonnèrent, et bientôt, la roche sous les griffes de N'rujjir sembla s'effriter comme du sable.
Ainsi débuta l'escalade de l'espoir. Pendant un temps interminable, ils labourèrent les roches et la terre dense, écrasées par le poids énorme d'Elesas, au fil des millénaires. Ils ignoraient fatigue, découragement, et souffrance. A chaque fois que les perceptions de N'ruyir faisaient défaut, Rvart sortait de sa gueule et lâchait la plume, qui virevoltait, d'abord timidement, comme si elle était perdue, puis voguait lentement vers une paroi, et s'il collait pour montrer le chemin.
Ce fut longtemps après le seul repos qu'ils s'étaient autorisés, que leur épreuves prirent une tournure dramatique: alors que le dragon sentait la roche se déliter plus facilement sous ses coups de pattes, il accéléra le mouvement et malheureusement ouvrit une nappe phréatique. Il n'avait jamais connu d'eau, hormis le sang chaud de ses proies... et le contact avec le liquide froid éveilla chez la bête une terreur indicible. Il ouvrit sa gueule, laissant la traîtresse submerger le petit Orc, et s'engouffrer dans sa gueule et sa gorge. Soudain, tout le monde connu s'effondra, noyé dans une terreur sans nom. N'ruyir lâcha prise et tomba dans le conduit, malmené par le raz de marée aquatique, séparé de Rvart qui, plus léger que lui, s'était échappé malencontreusement de sa gueule et était parvenu à se raccrocher à une paroi. L'eau le ballotait qui de droite, qui de gauche, comprimant ses poumons et l'attirant vers le bas. Il sentit l'esprit paniqué de N'rujjir s'occulter, s'emplissant d'un instinct d'une sauvagerie inégalée, indescriptible. Et soudain, le cours de l'eau s'inversa, le projetant vers le haut avec une force inouïe. Il émergea au sommet d'un geyser puissant qui l'éjecta sans ménagement sur une surface dure, l'assommant sur le coup.
Il revint à lui lentement, après une période qu'il n'aurait su mesurer. Tout son corps était meurtri, et ses jambes étaient complètement insensibles. Sa tête lui tournait tant qu'il ne pouvait rien faire. Son esprit affolé chercha la présence de N'ruyir, et il le crut le sentir. C'était ténu, mais il avait l'impression de sentir comme une pression en lui. Oui, c'était bien lui.
Rassuré, il amorça un soupir, ce qui lui arracha un gémissement. Sa gorge et sa mâchoire lui faisaient atrocement mal. A ce bruit, la présence de la bête non loin de là se fit plus nette. Ils étaient tous deux très meurtris, et complètement épuisés. Ca n'en finirait donc jamais? Où étaient-ils? Ils évoluaient dans le noir depuis une éternité (peut-être plus)... Et toujours rien. Les voix avaient même faillit les faire mourir. Il n'y avait aucune raison. Pourquoi le ciel n'existait pas ici? Comment le noir pouvait-il être si vaste et si dangereux?
La plume!!!!
Il tenta de se redresser, comme électrisé, mais cela lui arracha seulement un cri qui mourut presque aussitôt dans un hoquet non moins douloureux. Il ne pouvait plus rien faire. Tout était perdu. Ils allaient mourir ici, dans le vide total, perdus entre le temps et l'espace, piégés dans les entrailles du monde.
A tout jamais.
Leurs paupières se fermèrent, remplaçant le néant par le néant.
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- Spoiler:
- 1er post RP semaine: 10MA
Yuke: validés
Valid Yuke: +10Pui, +7Rés, +6Con
Dernière édition par Yuke le Dim 16 Mai 2010 - 14:59, édité 1 fois
Re: Le secret sous la Flèche [Terminé]
Le monde se déploya autour, avec son lot de souffrances. L'être ne parvenait pas vraiment à distinguer d'où venait le mal, ni pourquoi il n'y avait rien que des mâchoires qui déchiraient son corps. Quelque chose sifflait dans le noir, et il y avait comme des bruits de bulles. Quel était ce monde étrange? Les sons se précisèrent, et se muèrent en une respiration agonisante, et le roulis irrégulier de pierres qui chutaient dans de l'eau. Rvart tourna lentement sur lui-même, puis, arrivé sur le côté, bascula en arrière. Aussitôt, le bruit sifflant de sa respiration devint un halètement de noyé. Sa poitrine libérée se gonfla à tout rompre, se vida, puis recommença encore et encore avant de se calmer. Le jeune Orc était profondément meurtri, et sa gorge était si sèche que le passage de l'air était aussi désagréable que celui de milliers d'aiguilles. Les bruits clinquants s'étaient rapprochés. Ca le rassurait, mais son esprit était disloqué. Il voyait un tunnel lumineux au dessus de lui, qui semblait l'aspirer à lui. La lumière était chaude, agréable... Il y entendait les voix, ainsi que celle de sa mère, et une autre, masculine, qu'il ne parvenait pas à reconnaître sans pour autant la trouver inconnue. Il avait l'impression de flotter et d'être immensément lourd en même temps. Son esprit cherchait à monter, mais quelque chose le tirait vers le bas, et lui faisait extrêmement mal. Soudain, une ombre emplit le tunnel de lumière, comme une éclipse. Le froid se fit plus intense. Rvart tenta de repousser l'ombre, mais ses bras refusaient. Cette chose était inébranlable et dure. Ou étaient-ce ses bras? Il soupira en relâchant ses muscles. Cet effort ultime avait consommé ses dernières forces. Il se détachait lentement, oubliant le poids qui l'écrasait et le retenait prisonnier. Il allait partir.
Quelque chose de brûlant coula dans sa bouche, manquant de le noyer. Il s'étouffa, et son corps, instinctivement, toussa pour libérer sa trachée. Il se pencha quelque peu sur le côté, et le liquide brûlant coula sur son menton et inonda la roche, éclaboussant son coude. Ce goût... Cette énergie...
L'Orc avala une gorgée. Le breuvage l'emplit d'un feu qu'il n'avait connu qu'une seule fois, qui fit frissonner son corps tout entier. Aussitôt, il se sentit mieux. La souffrance totale dans laquelle il baignait se dissipa rapidement, pour laisser place au froid et à l'odeur du sang. Sa vue changea, l'éblouit. Il avait soif. Tellement soif. Il but le reste du liquide, même celui sur son menton. Ses sens s'éveillaient un à un, lui révélant les blessures sur sa poitrine, son ventre et ses cuisses. Mais, ce qui était le plus surprenant, c'était que ses blessures se refermaient d'elles-mêmes. Les plaies qu'avaient creusé le choc sur les roches se taisaient dans son esprit, et se changeaient en une sorte d'euphorie de bien-être. Et...
N'rujjir!...
Rvart regarda devant lui, et découvrit ce qu'il avait prit pour une éclipse; la tête de l'animal fabuleux se découpait dans... Un rayon de lumière!!! L'Orc allait bondir de bonheur, mais quand son être entra en contact avec celui de N'ruyir, son élan se coupa sous ses pieds. N'ruyir était épuisé, meurtri, et la peau de ses griffes et de ses babines étaient aussi ouvertes que sanguinolentes. Cela devait faire des dizaines d'heures, peut-être des jours qu'il creusait la roche pour tenter de leur ouvrir un passage. Il était parvenu à ouvrir un petit trou dans le plafond de l'ancienne nappe souterraine, par lequel filtrait la lueur du jour. Mais à quel prix! Rvart s'approcha doucement de lui, et, la main tremblante, toucha le museau de N'ruyir. Pour la première fois, il le voyait avec de la lumière. Mais en fait... il ne voyait rien. Et pourtant... Il avait l'impression de contempler la chose la plus véritable, la plus présente qui lui avait été donné de voir de sa vie. Par le contact de sa main, Rvart sentait la lumière miroiter sur son corps, si long que Rvart n'avait jamais vu un animal aussi grand, pas même les Salach. Son corps était recouvert de sortes de prolongements qui absorbaient la lumière comme on buvait un élixir de longévité. Cela annulait toute douleur, et le rendait comme fou. Son corps tout entier brûlait de sortir de cet endroit et de gagner l'air libre qui filtrait par là-haut. Mais il avait surmonté tout cela, pour sauver Rvart d'une mort certaine. Son compagnon n'avait aucune notion du sacrifice, mais son lien avec N'rujjir s'en trouvait renforcé, par une raison qui les dépassait tous les deux.
Rvart s'étendit sur la tête de l'animal, et laissant le sang du vide-d'en-haut couler de ses yeux. Tandis qu'il laissa ses sentiments le submerger, la peau de N'ruyir réagit et se mit à étinceler de mille feux, projetant sur les murs de la caverne des reflets dansants irisés. Le phénomène dura quelques instants, puis Rvart se redressa, et ouvrit ses paupières. N'rujjir était redevenu une présence invisible.
Il le prit sur son museau et bondit vers la paroi et le trou vers l'extérieur. Pendant un instant, ils eurent la sensation de décoller, mais le plafond les accueillit rudement. Le grand animal planta ses griffes dans la roche, puis se stabilisa. Il grimpa en utilisant toutes ses forces, et hissa Rvart vers le trou de lumière. Quand le jeune Orc arriva à son niveau, il distingua la plume noire juste devant l'orifice, dont la magie irradiait des centaines de voix comprimées. Rvart y glissa son bras pour l'attraper. C'était trop petit pour qu'il y passe en entier. Il referma ses doigts sur le vide. La plume ne semblait pas vouloir se laisser toucher. Il se retira, puis commença à creuser, de toute sa rage, de toute sa force, de tous leurs espoirs conjugués. Il fallait sortir. Il poursuivit ce travail acharné pendant un temps qui leur sembla interminable à tous deux. L'astre du jour déclina, disparut, puis revint. Les doigts de Rvart étaient aussi ensanglantés que les griffes de N'ruyir. Ni l'un ni l'autre n'abandonna alors que ses forces n'étaient plus. Ils bataillèrent contre la roche dure jusqu'à en perdre tout autre pensée ou sensation. Puis, fourbus et las, ils cessèrent, et se laissèrent tomber sur le sol de la grotte souterraine.
Il n'y avait rien à faire. Cette roche refusait de leur laisser le passage. C'était une roche sombre et brillante à la fois. Lisse et tranchante. Elle semblait douée d'une volonté propre, et leur interdisait de monter plus haut, comme si elle attendait quelque chose. La plume semblait animée de cette même volonté: elle les attendait patiemment devant l'orifice, comme un sage attend que vous trouviez la réponse à son énigme.
Il n'y avait nul autre échappatoire pour Rvart et N'rujjir: la plume leur indiquait le chemin à suivre, le seul qu'ils pouvaient emprunter. Il n'y en avait nul autre.
Les deux êtres souffraient en silence à présent. Rvart avait très faim, ce qui obligeait N'ruyir à lui donner de son sang s'il se blessait. Mais cela l'affaiblissait beaucoup, malgré la présence d'essences magiques abondantes dans cet endroit. Ils étaient dans une situation critique, et ils ne pouvaient plus revenir en arrière, car l'ancien conduit était bouché par l'écoulement qui avait provoqué des éboulements. Ils n'avaient plus le choix, et partageaient tant de souffrances et de frustrations que c'en était insupportable. Rvart, en voyant le jour se lever une énième fois pour les narguer, ne put contenir la violence qui montait en lui. Il avait besoin de crier, de hurler au monde de les laisser partir.
De tout son être, il libéra toute cette énergie négative qu'il avait accumulé. Ce cri était tellement pur, tellement primaire, qu'il éveilla toutes les voix autour d'eux. L'Orc sentit un chaos indescriptible envahir son corps, et l'écraser. Comme la première fois qu'il avait vu la grande-pique-qui-transperce-le-vide-d'en-haut. Mais cette fois-ci, il n'était plus seul. La présence de N'rujjir l'enveloppa, le protégeant. Aussitôt, les voix s'organisèrent autrement, et firent place à une autre, beaucoup plus puissante, plus lente, d'une envergure incommensurable. La volonté immense les isola comme des brindilles, refoulant leur rage et leur désespoir. Elle les mesurait, comme pour jauger s'ils étaient digne de l'avoir dérangée. Elle s'enfonça dans leur souvenir et leur fit éprouver une nouvelle fois toutes les épreuves qu'ils avaient traversées jusque là. Elle les broya à nouveau de la souffrance qu'ils avaient endurée.
Puis, elle se calma, et se retira. Cela n'avait duré qu'un fragment de seconde, et pourtant, ils leur avait sembler faire face à l'éternité. Une onde de choc terrible se dégagea de leurs deux corps, se conjugua, formant des arcs de magie violets et or, qui frappèrent la grotte de toute part, produisant une explosion qui propulsa des tonnes de rocailles dans les airs, inondant la caverne d'une lumière intense... avant qu'elle ne disparaisse, et se transforme en pluie de blocs énorme de roche. Rvart poussa un cri et s'aplatit au sol. Il eut juste le temps de sentir la patte de son compagnon le recouvrir, puis il y eut le fracas.
Terrible. Total. Tonitruant.
Le jeune Orc attendit un long moment avant de s'extirper, et de grimper sur les gravas. Il regarda, ébahi, le ciel dégagé.
ILS ETAIENT LIBRES!!!!
Ils étaient...
Rvart ne sentait plus la présence de N'ruyir. Sans oser penser, il se dirigea vers ce dernier, et tomba à genoux.
Le sang du vide-d'en-haut se mit à tomber à plus grosse goutte sur les roches, se mêlant au sang pailleté de N'rujjir, qui coulait rapidement sur les pierres vers la petite nappe d'eau restante. Les rayons du soleil se voilèrent, laissant le silence s'installer sur la scène. L'Orc avança cm par cm vers la tête ensanglantée de l'animal, qui était devenue visible: d'un blanc argenté, elle reposait, immobile, couverte de blessure. Sa respiration ne soulevait plus ses narines. Les étranges prolongements qui ornaient son corps ne bougeaient plus, et jonchaient l'éboulis comme des serpents de plumes inertes. Rvart agissait presque contre sa volonté en avançant ses doigts fébriles vers lui. Il le toucha, et rien ne se passa. Puis, lentement, l'oeil de la bête s'entrouvrit, et les filaments-plumes se déplacèrent, et s'enroulèrent autour des poignets et des jambes de l'Orc. Ce dernier sentit un flux d'énergie se déverser en lui, comme un torrent intarissable de souvenirs enfouis depuis une éternité. Tout cela était différent de la présence de tout à l'heure, mais tout aussi... envahissant et incontrôlable. Il allait se jeter en arrière, quand il sentit pour la première fois la réelle présence de N'ruyir en lui.
Cette fois-ci... Il ne le percevait plus comme proche... Il devenait lui. Et tout le vécu avant lui. L'instant de l'animal devenait sien, ses souvenirs et son être tout entier. Il se mêlait à lui pour ne former plus qu'un. Rvart était terrifié par ce qu'il vivait et ressentait, mais la bête l'empêchait de s'opposer. Cette créature était immensément plus puissante que lui, au delà de son imagination. Mais elle était aussi plus faible, d'un certain point de vue. Elle avait besoin de lui, de son existence en ce moment précis. Par lui, elle faisait le pas vers la prochaine étape.
C'était ainsi. Ils devaient ne faire plus qu'un. De deux frères, ils passaient à un seul être unique. Pour toujours.
Les rayons de soleil repercèrent les nuages et illuminèrent le désastre. Les filaments se dissolurent, puis le corps entier de N'ruyir se transforma en liquide translucide, qui s'écoula vers l'étendue d'eau proche, dont la surface rutilait.
Seule une forme sombre demeurait dans le cratère, une forme qui n'avait plus rien d'un orc.
Un rugissement bestial s'éleva sur l'An'Duin, d'une tristesse et d'une mélancolie infinies.
L'instant d'après, les Orcs Gardiens d'Elesas qui accoururent découvrir un cratère emplir d'éboulis, à quelques mètres à peine de la base d'Elesas la grande. Une mystère de plus, dans ces terres de magie. L'un d'entre eux s'en fut tout de même prévenir les N'Elfir, au cas où.
Nul ne remarqua la plume noire qui s'éleva gracieusement sans l'aide du vent, et se dirigea d'elle-même vers le sud...
Quelque chose de brûlant coula dans sa bouche, manquant de le noyer. Il s'étouffa, et son corps, instinctivement, toussa pour libérer sa trachée. Il se pencha quelque peu sur le côté, et le liquide brûlant coula sur son menton et inonda la roche, éclaboussant son coude. Ce goût... Cette énergie...
L'Orc avala une gorgée. Le breuvage l'emplit d'un feu qu'il n'avait connu qu'une seule fois, qui fit frissonner son corps tout entier. Aussitôt, il se sentit mieux. La souffrance totale dans laquelle il baignait se dissipa rapidement, pour laisser place au froid et à l'odeur du sang. Sa vue changea, l'éblouit. Il avait soif. Tellement soif. Il but le reste du liquide, même celui sur son menton. Ses sens s'éveillaient un à un, lui révélant les blessures sur sa poitrine, son ventre et ses cuisses. Mais, ce qui était le plus surprenant, c'était que ses blessures se refermaient d'elles-mêmes. Les plaies qu'avaient creusé le choc sur les roches se taisaient dans son esprit, et se changeaient en une sorte d'euphorie de bien-être. Et...
N'rujjir!...
Rvart regarda devant lui, et découvrit ce qu'il avait prit pour une éclipse; la tête de l'animal fabuleux se découpait dans... Un rayon de lumière!!! L'Orc allait bondir de bonheur, mais quand son être entra en contact avec celui de N'ruyir, son élan se coupa sous ses pieds. N'ruyir était épuisé, meurtri, et la peau de ses griffes et de ses babines étaient aussi ouvertes que sanguinolentes. Cela devait faire des dizaines d'heures, peut-être des jours qu'il creusait la roche pour tenter de leur ouvrir un passage. Il était parvenu à ouvrir un petit trou dans le plafond de l'ancienne nappe souterraine, par lequel filtrait la lueur du jour. Mais à quel prix! Rvart s'approcha doucement de lui, et, la main tremblante, toucha le museau de N'ruyir. Pour la première fois, il le voyait avec de la lumière. Mais en fait... il ne voyait rien. Et pourtant... Il avait l'impression de contempler la chose la plus véritable, la plus présente qui lui avait été donné de voir de sa vie. Par le contact de sa main, Rvart sentait la lumière miroiter sur son corps, si long que Rvart n'avait jamais vu un animal aussi grand, pas même les Salach. Son corps était recouvert de sortes de prolongements qui absorbaient la lumière comme on buvait un élixir de longévité. Cela annulait toute douleur, et le rendait comme fou. Son corps tout entier brûlait de sortir de cet endroit et de gagner l'air libre qui filtrait par là-haut. Mais il avait surmonté tout cela, pour sauver Rvart d'une mort certaine. Son compagnon n'avait aucune notion du sacrifice, mais son lien avec N'rujjir s'en trouvait renforcé, par une raison qui les dépassait tous les deux.
Rvart s'étendit sur la tête de l'animal, et laissant le sang du vide-d'en-haut couler de ses yeux. Tandis qu'il laissa ses sentiments le submerger, la peau de N'ruyir réagit et se mit à étinceler de mille feux, projetant sur les murs de la caverne des reflets dansants irisés. Le phénomène dura quelques instants, puis Rvart se redressa, et ouvrit ses paupières. N'rujjir était redevenu une présence invisible.
Il le prit sur son museau et bondit vers la paroi et le trou vers l'extérieur. Pendant un instant, ils eurent la sensation de décoller, mais le plafond les accueillit rudement. Le grand animal planta ses griffes dans la roche, puis se stabilisa. Il grimpa en utilisant toutes ses forces, et hissa Rvart vers le trou de lumière. Quand le jeune Orc arriva à son niveau, il distingua la plume noire juste devant l'orifice, dont la magie irradiait des centaines de voix comprimées. Rvart y glissa son bras pour l'attraper. C'était trop petit pour qu'il y passe en entier. Il referma ses doigts sur le vide. La plume ne semblait pas vouloir se laisser toucher. Il se retira, puis commença à creuser, de toute sa rage, de toute sa force, de tous leurs espoirs conjugués. Il fallait sortir. Il poursuivit ce travail acharné pendant un temps qui leur sembla interminable à tous deux. L'astre du jour déclina, disparut, puis revint. Les doigts de Rvart étaient aussi ensanglantés que les griffes de N'ruyir. Ni l'un ni l'autre n'abandonna alors que ses forces n'étaient plus. Ils bataillèrent contre la roche dure jusqu'à en perdre tout autre pensée ou sensation. Puis, fourbus et las, ils cessèrent, et se laissèrent tomber sur le sol de la grotte souterraine.
Il n'y avait rien à faire. Cette roche refusait de leur laisser le passage. C'était une roche sombre et brillante à la fois. Lisse et tranchante. Elle semblait douée d'une volonté propre, et leur interdisait de monter plus haut, comme si elle attendait quelque chose. La plume semblait animée de cette même volonté: elle les attendait patiemment devant l'orifice, comme un sage attend que vous trouviez la réponse à son énigme.
Il n'y avait nul autre échappatoire pour Rvart et N'rujjir: la plume leur indiquait le chemin à suivre, le seul qu'ils pouvaient emprunter. Il n'y en avait nul autre.
Les deux êtres souffraient en silence à présent. Rvart avait très faim, ce qui obligeait N'ruyir à lui donner de son sang s'il se blessait. Mais cela l'affaiblissait beaucoup, malgré la présence d'essences magiques abondantes dans cet endroit. Ils étaient dans une situation critique, et ils ne pouvaient plus revenir en arrière, car l'ancien conduit était bouché par l'écoulement qui avait provoqué des éboulements. Ils n'avaient plus le choix, et partageaient tant de souffrances et de frustrations que c'en était insupportable. Rvart, en voyant le jour se lever une énième fois pour les narguer, ne put contenir la violence qui montait en lui. Il avait besoin de crier, de hurler au monde de les laisser partir.
De tout son être, il libéra toute cette énergie négative qu'il avait accumulé. Ce cri était tellement pur, tellement primaire, qu'il éveilla toutes les voix autour d'eux. L'Orc sentit un chaos indescriptible envahir son corps, et l'écraser. Comme la première fois qu'il avait vu la grande-pique-qui-transperce-le-vide-d'en-haut. Mais cette fois-ci, il n'était plus seul. La présence de N'rujjir l'enveloppa, le protégeant. Aussitôt, les voix s'organisèrent autrement, et firent place à une autre, beaucoup plus puissante, plus lente, d'une envergure incommensurable. La volonté immense les isola comme des brindilles, refoulant leur rage et leur désespoir. Elle les mesurait, comme pour jauger s'ils étaient digne de l'avoir dérangée. Elle s'enfonça dans leur souvenir et leur fit éprouver une nouvelle fois toutes les épreuves qu'ils avaient traversées jusque là. Elle les broya à nouveau de la souffrance qu'ils avaient endurée.
Puis, elle se calma, et se retira. Cela n'avait duré qu'un fragment de seconde, et pourtant, ils leur avait sembler faire face à l'éternité. Une onde de choc terrible se dégagea de leurs deux corps, se conjugua, formant des arcs de magie violets et or, qui frappèrent la grotte de toute part, produisant une explosion qui propulsa des tonnes de rocailles dans les airs, inondant la caverne d'une lumière intense... avant qu'elle ne disparaisse, et se transforme en pluie de blocs énorme de roche. Rvart poussa un cri et s'aplatit au sol. Il eut juste le temps de sentir la patte de son compagnon le recouvrir, puis il y eut le fracas.
Terrible. Total. Tonitruant.
Le jeune Orc attendit un long moment avant de s'extirper, et de grimper sur les gravas. Il regarda, ébahi, le ciel dégagé.
ILS ETAIENT LIBRES!!!!
Ils étaient...
Rvart ne sentait plus la présence de N'ruyir. Sans oser penser, il se dirigea vers ce dernier, et tomba à genoux.
Le sang du vide-d'en-haut se mit à tomber à plus grosse goutte sur les roches, se mêlant au sang pailleté de N'rujjir, qui coulait rapidement sur les pierres vers la petite nappe d'eau restante. Les rayons du soleil se voilèrent, laissant le silence s'installer sur la scène. L'Orc avança cm par cm vers la tête ensanglantée de l'animal, qui était devenue visible: d'un blanc argenté, elle reposait, immobile, couverte de blessure. Sa respiration ne soulevait plus ses narines. Les étranges prolongements qui ornaient son corps ne bougeaient plus, et jonchaient l'éboulis comme des serpents de plumes inertes. Rvart agissait presque contre sa volonté en avançant ses doigts fébriles vers lui. Il le toucha, et rien ne se passa. Puis, lentement, l'oeil de la bête s'entrouvrit, et les filaments-plumes se déplacèrent, et s'enroulèrent autour des poignets et des jambes de l'Orc. Ce dernier sentit un flux d'énergie se déverser en lui, comme un torrent intarissable de souvenirs enfouis depuis une éternité. Tout cela était différent de la présence de tout à l'heure, mais tout aussi... envahissant et incontrôlable. Il allait se jeter en arrière, quand il sentit pour la première fois la réelle présence de N'ruyir en lui.
Cette fois-ci... Il ne le percevait plus comme proche... Il devenait lui. Et tout le vécu avant lui. L'instant de l'animal devenait sien, ses souvenirs et son être tout entier. Il se mêlait à lui pour ne former plus qu'un. Rvart était terrifié par ce qu'il vivait et ressentait, mais la bête l'empêchait de s'opposer. Cette créature était immensément plus puissante que lui, au delà de son imagination. Mais elle était aussi plus faible, d'un certain point de vue. Elle avait besoin de lui, de son existence en ce moment précis. Par lui, elle faisait le pas vers la prochaine étape.
C'était ainsi. Ils devaient ne faire plus qu'un. De deux frères, ils passaient à un seul être unique. Pour toujours.
Les rayons de soleil repercèrent les nuages et illuminèrent le désastre. Les filaments se dissolurent, puis le corps entier de N'ruyir se transforma en liquide translucide, qui s'écoula vers l'étendue d'eau proche, dont la surface rutilait.
Seule une forme sombre demeurait dans le cratère, une forme qui n'avait plus rien d'un orc.
Un rugissement bestial s'éleva sur l'An'Duin, d'une tristesse et d'une mélancolie infinies.
L'instant d'après, les Orcs Gardiens d'Elesas qui accoururent découvrir un cratère emplir d'éboulis, à quelques mètres à peine de la base d'Elesas la grande. Une mystère de plus, dans ces terres de magie. L'un d'entre eux s'en fut tout de même prévenir les N'Elfir, au cas où.
Nul ne remarqua la plume noire qui s'éleva gracieusement sans l'aide du vent, et se dirigea d'elle-même vers le sud...
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~ Fin du "Secret sous la Flèche" ~
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~ Fin du "Secret sous la Flèche" ~
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Musiques:
Kodoku by O. Michiru
Brothers by O. Michiru.
- Spoiler:
- Je pense bien que je fais plus que 40 lignes complètes ^^
RP de la semaine 1 et 2: +20EN
Yuke: c'est fait
Valid Yuke: +10Pui, +12Rés, +10Int, +10Con
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