Legends of Naravel
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[Intrigue Chroniques] Les choix que nous faisons...

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Message par N'Aedras Lun 7 Nov 2011 - 11:33

Avant Propos (attention pâté caché):




Serädjëon resta un moment silencieux en jaugeant Itrenog. Son attitude était on ne peut plus méfiante, mais c'était inévitable. Que le démon ait eu vent de quoi que ce soit sur lui, ou qu'il ignore totalement à qui il avait à faire ne pouvaient conduire qu'à cette issue. Rien que le nom sous lequel il le connaissait pousserait n'importe quel démon à se tenir prêt à attaquer férocement. Toutefois, Itrenog n'était pas de ceux-là: bien qu'il semblât conserver ses pulsions, il faisait preuve d'une maîtrise de lui-même hors du commun. Mais ce n'était certainement pas la seule chose qui retenait ses réflexes, même s'il l'ignorait.
Ce fut Kin-Fei qui rompit le moment de réflexion en se dirigeant vers son compagnon d'aventure:

- Itrenog... Qui sont ces gens? C'est à eux que tu parlais?
- Tu peux les voir?
- L'explosion de tout à l'heure n'était pas normale. Elle a fait très mal à cet endroit... Maintenant il est blessé, et il ne peut plus s'ouvrir.

Le démon ne sut que répondre à cela. La jeune fille semblait parler de l'espace autour d'eux comme quelque chose de vivant. Réflexion faite, cela ne l'étonnait pas vraiment... Cet... "Eden" réagissait à ses visiteurs, et dégageait une essence magique intense. Mais il n'avait jamais eu connaissance qu'on pouvait "blesser" un environnement comme celui-ci. Ce serait comme dire qu'on peut "blesser" la magie: ça n'avait pas de sens.

- Il n'y a pas que l'Eden qui ait souffert dans cet incident, hélas. Je vais devoir régler certains problèmes avant que ça n'empire... A partir de maintenant, n'utilisez sous aucun prétexte la magie, et ne tentez pas de solliciter l'Eden. Et enfin, ne sortez pas de la tente, quoi qu'il se passe.

Il se dirigea vers un sac renversé et commença à en sortir divers instruments. A quelques mètres de là, la créature féline sombre ne les quittait pas des yeux. Ses iris violets scrutaient chaque infime mouvement ou réaction, comme si elle cherchait à percer toutes leurs intentions. On pouvait lire l'intelligence manifeste qui l'animait, ce qui rendait son regard troublant, et difficile à soutenir. Derrière elle, l'Elfe Noire ne semblait prêter aucune attention à leur présence, s'en remettant visiblement totalement à sa créature surnaturelle. Elle leur tournait presque le dos, et ne bougeait pas outre mesure. Itrenog fronçait les sourcils: la présence d'une Ombre, ici... C'était très improbable, et extrêmement dangereux. Les Elfes Noirs ne faisaient pas partie du Pacte des Cinq: ils étaient fortement indésirables dans ces contrées. Il n'en avait jamais vu aussi loin de l'An'Duin, même alors que les grandes guerres avaient encore cours, aucun ne se risquait si près des terres de ceux qui les avaient bannis.
La question était donc: que faisaient-elles ici? Qu'étaient ces deux êtres pâles? Celui de qui l'explosion semblait avoir émanée ressemblait à un Elfe, mais plusieurs indices ne concordaient pas. S'il était Ombre lui aussi, il n'en avait pas non plus les traits communs. Mais le plus étrange, c'est qu'il évoquait chez Itrenog une curieuse sensation de déjà-vu. Sur la gauche, inconsciente également, même constat: bien que proche de la morphologie humaine, plusieurs choses ne collaient pas. Ces deux-là était indubitablement liés. Tout cela ne disait rien qui vaille au démon.
Soudain, une onde bleutée jaillit devant Serädjëon. Celle-ci courut sur toute la tente ainsi que le sol, puis se dispersa soudain dans un trou invisible, ce qui provoqua un appel d'air sinistre. Puis l'opération se répéta. Leur mystérieux hôte rétablissait sûrement le sortilège qui commandait ce lieu. Les appels d'air mettaient Itrenog profondément mal à l'aise, c'est pourquoi il décida de s'éloigner. Une nouvelle fois, ce fut la voix de Kin-Fei qui le tira de ses pensées:

- Ce sont des Elfes? Ils sont... bizarres.
- Non… Ils n'en sont plus, du moins.

Kin-Fei ouvrit de grands yeux, et murmura, presque comme si elle avait peur d'être entendue:

- Des Elfes Noirs?
- Celle qui veillent sur eux, oui, probablement. Les autres, je ne sais pas. Peut-être sont-ils des serviteurs à elles, enchaînés et mutilés par sa magie.

Kin-Fei frissonna.

- Est-ce possible?
- Les Ombres sont capables des plus grands maléfices. Dès lors qu’il s’agit de magie, ils ne reculent devant rien. Des Démons, ils ont hérité la Bäjra Sathies.

En voyant l’air interrogateur de l’humaine, il chercha une traduction convenable. Le langage commun était incapable de refléter correctement la qualité brute de celui des Démons - même prononcé ici sans son essence, mais il reformula tout de même en tâchant d’ignorer la grossièreté de la transposition :

- La Soif Intarrissable. Celle des Démons se base en partie sur ce que vous appelez les âmes, celle des Elfes Noirs se porte sur les essences.
- Tu as aussi la Baïra Zasiès ? demanda-t-elle, avec une prononciation catastrophique.

Itrenog ne répondit pas. Que l’avalanche de questions de l’humaine l’ait excédé, ou qu’il préparât une réponse, même pour couper court à la discussion… Un événement mit fin à leur conversation : il y eut un crépitement, et une sensation que le démon ne connaissait que trop bien.

Il bondit devant Kin-Fei, et lui tourna le dos, faisant face à la magie qui vint le frapper. Pendant un instant, sa silhouette sembla grandir, et changer de forme. L’humaine, bien qu’éblouie par l’éclat occulte, et assourdie par la force du choc, sentit l’air devenir désagréable, entre une chaleur intense et une odeur quasi insoutenable… De grands arcs lumineux se formèrent à partir d’Itrenog, et se rejoignirent derrière Kin-Fei, comme s’il fendait le flot furieux. Très vite, ils changèrent de couleur et s’entortillèrent comme une tornade. Puis ils se dissipèrent, les catapultant dans un lieu suspendu entre ciel et terre. Le sol sembla venir à eux, et le contact vertigineux les fit vaciller sur leurs jambes. Avant qu’ils n’aient pu comprendre ce qui se passait, la voix de Serädjëon fendit l’air:

- Attention !!!

Ses bras se levèrent, et il prononça quelque chose qui se perdit dans le fracas assourdissant qui explosa au dessus de leurs têtes : un éclair percuta le dôme érigé par ce dernier, et déferla en vague concentrique sur les parois magiques. A l’impact, le sol vola en éclat par ondes successives, comme si une puissance terrifiante l’écrasait, puis soulevait des blocs énormes à plusieurs mètres de hauteur. La terre sous leurs pieds trembla de plusieurs secousses tandis que toute la zone autour de leur position était pulvérisée, et projetée dans les airs. Puis la scène sembla s’immobiliser, comme si les blocs de terre et de roches se tenaient en apesanteur… Des étincelles surgirent entre eux, et il y eut à nouveau une électrocution généralisée, qui disloqua le tout en le consumant. Serädjëon relâcha la protection. Plusieurs éclairs frappèrent le sol au loin, provoquant de nouveaux coups de tonnerre. Etrangement, ils semblaient laisser des formes mouvantes sur le sol, qui bientôt se mirent à foncer dans leur direction à une vitesse folle. Sauvages, les silhouettes bondirent dans les airs pour leur plonger dessus… Et à peine se furent-ils mis en position de défense, que les formes explosèrent à quelques mètres. Les traits ardents enveloppèrent l’air autour des cibles comme une griffes se referme sur sa proie. Mais soudain… une nouvelle onde, qui venait de leur dos cette fois-ci, vint frapper leurs assaillants, qui se disloquèrent dans des sifflements suraigus. Itrenog, Kin-Fei et Nathrae restèrent pétrifiés pendant un instant, saisis par la menace qui avait failli les balayer à l’instant. Puis ils se retournèrent pour découvrir Serädjëon, agenouillé, qui tenait la jeune femme blanche, qui semblait s’être éveillée. Il releva la tête, et fit :

- Allez-y. Ils vous attendent.

Nul n’eut besoin de poser la question pour comprendre de quoi il s’agissait. Les secrets du passé, les clés de l’avenir, les mystères du présent.

- Et vous ? interrogea Kin-Fei.
- Je dois rester ici, pour réparer la brèche afin que vous puissiez sortir une fois que tout sera terminé.

Les regards d’Itrenog et Nathrae se croisèrent un court instant, puis chacun retourna à Serädjëon, sans laisser transparaître la moindre réaction interprétable :

- Prenez-la avec vous. Sa présence devrait vous protéger de Fanaël si jamais…

Il ne termina pas sa phrase, et reprit :

- Elle vous guidera dans les Ténèbres. Ne la laissez pas s’éteindre…



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Dernière édition par Yuke le Dim 8 Avr 2012 - 18:44, édité 1 fois
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Message par N'Aedras Lun 7 Nov 2011 - 11:49


Le ciel se mit à gronder à nouveau, et des traits immaculés blessèrent à nouveau le sol. Les formes blanches se mirent à filer dans leur direction. La jeune femme mystérieuse se redressa, le regard perdu au loin, comme si elle ne les voyait pas. Et soudain, elle s’élança, en plein vers leurs ennemis. Fyea fut la première à la suivre, puis Nathrae, et enfin Itrenog et Kin-Fei leur emboîtèrent le pas. Etrangement, ici, la pesanteur semblait très faible. Leur course était d’une rapidité surprenante, et ils ne tardèrent pas à voir leur guide entrer en collision avec les créatures des éclairs, qui se mirent à ricocher devant elle, comme si elle était pourvue d’un bouclier invisible. Les autres accélérèrent pour coller à ses talons, et profiter de sa protection. Derrière eux, leurs ennemis se relevaient tout de même, et commencèrent à les pourchasser. Itrenog se retrouva bientôt en mêlée avec deux d’entre eux. Il tenta d’en frapper un, mais son coup sembla traverser l’être de lumière. Il se prépara à dégainer Asala, quand ses assaillants cessèrent de les poursuivre brusquement. Tous s’arrêtèrent après eux, comme s’ils étaient parvenus à une frontière. Leur guide ralentit, et le ciel devant eux se déchira de rayons sans chaleur. Ils s’arrêtèrent au bord d’une falaise vertigineuse, qui donnait sur une grande plaine obscure.
Subitement, les faibles rayons du jour s’estompèrent. Derrière eux, des sifflements et crépitements violent se firent entendre, leur faisant faire volte face. Sous leurs yeux, les créatures lumineuses s’assemblaient en un tas énormes, se fondant les unes aux autres. L’amas se mit à aspirer l’énergie magique autour de lui, qui le recouvrit d’un nuage de fumée opaque. Et bientôt, un rugissement terrifiant secoua la créature, qui se déplia sur elle-même, et déploya d’immenses ailes anguleuses. Sa gueule ressemblait à un trou noir, au fond duquel un magma rougeoyant tourbillonnait. Le monstre énorme se dressa, et serra ses mâchoires.

- Par tous les… Derrière moi !! fit Itrenog surtout à l’attention de Kin-Fei.

La bête lâcha un torrent incandescent vers eux. Itrenog, au lieu d’esquiver, fonça en plein sur la fournaise, les mains en avant. Quand il percuta le flot de flammes, la force du flux le poussa en arrière, le faisant déraper dangereusement vers la falaise. Ses vêtements de face se mirent à brûler. Il ne pouvait pas résister. Puis soudain, il sentit deux appuis dans son dos. Aussitôt, il cessa de déraper, et le flux sembla perdre de sa force. Kin-Fei et lui commencèrent à regagner du terrain. Puis les flammes lâchèrent soudain, comme soufflées. Tous deux se rétablirent de l’explosion par un salto arrière, beaucoup plus aisé ici.
Nathrae croisa leur regard d’un air entendu, auquel Itrenog répondit par un bref signe de tête, et Kin-Fei par un sourire.
Le combat reprit aussitôt : la N’Elfir lança une série de traits occultes vers le monstre de fumée, qui les balaya avant d’abattre sur son ennemie minuscule ce qui semblait être une patte. Itrenog s’assura que leur guide était en sécurité, puis fondit sur leur adversaire ; il bondit dans les airs et asséna un grand coup, mais se heurta à quelque chose de dur sous la couche de fumée, et dut repartir à l’assaut. Kin-Fei dansait devant la gueule de la bête, ou du moins c’était ce qu’il semblait. Elle esquivait les coups de pattes et les jets de flammes par de multiples figures acrobatiques, l’empêchant de se concentrer sur ses deux autres alliés qui attaquaient par les flans. Mais, sous une pique de Nathrae, le monstre rugit de colère et cracha dans la direction de la N’Elfir, qui, malgré son sort de protection, fut éjectée au loin. Un membre immense, qui devait être sa queue, claqua Itrenog dont le corps ripa sur plusieurs dizaines de mètres de l’autre côté.

- Kin-Fei !

Celle-ci avait disparue. Fauchée par l’aile de la créature, elle avait due être projetée dans le vide de la falaise. Itrenog maudit son corps que le coup précédent semblait avoir brisé. Il tenta de se relever, mais sans succès. Loin de l’autre côté, nul éclat de magie ne témoignait d’une éventuelle contre-attaque de l’Ombre. En effet, celle-ci se redressait avec peine, tandis que leur terrible adversaire semblait avoir achevé sa métamorphose : la fumée sur son corps semblait se durcir et sa forme globale se préciser. Il déploya ses ailes, prêt à porter le coup de grâce, mais enfin, sous les yeux stupéfaits du démon et de l’elfe noire, une silhouette jaillit du dos du monstre, armée d’une pique étincelante, dirigée en plein sur l’œil de leur ennemi. Kin-Fei, suspendue dans les airs, raffermit son emprise sur l’os extrêmement pointu et dur qu’elle avait récupéré sur le sol. Sa pointe se rapprochait inexorablement de l’œil trouble de la bête, qui ne l’avait pas encore vue. L’humaine vit son reflet grossir dans l’iris, juste avant que la grande pupille se tourne vers elle. En cet instant, le temps sembla s’arrêter une fraction de seconde. Elle allait l’achever, d’un coup d’un seul, sous le regard des deux qui observaient la scène, sans un souffle. Puis ils y eut un grand flash, et le silence. Quand Itrenog et Nathrae abaissèrent leurs bras, Kin-Fei se trouvait au sol, un genou à terre. Derrière elle, l’immense corps du monstre semblait comme pétrifié. Il s’affaissa sur le sol lourdement, soulevant un nuage de poussière. Kin-Fei se redressa, tandis que les rayons de l’astre du jour percèrent à nouveau les nuages comme pour la caresser. Le corps de la bête se mit à s’effriter dans le vent, se dispersant dans le ciel comme les cendres d’un feu ancien.
Le Démon la rejoignit. Il posa sa main sur l’épaule de la jeune humaine, et demanda sur un ton qui se voulait neutre :

- Tout va bien ?

Lorsqu’elle tourna le regard vers lui, il tressaillit et retira vivement sa main. Les iris de la jeune fille brillaient d’une lueur inhumaine, écrasante.

- Je crois, oui, répondit-elle avec une certaine tristesse dans la voix.

L’instant d’après, l’illusion semblait s’être dissipée.

- Que s’est-il passé ? Comment as-tu …

Il ne termina pas sa phrase, tout simplement parce que ce qu’elle avait fait demeurait un mystère, mais aussi parce qu’ils n’étaient désormais plus seuls. Nathrae étaient revenue non loin de là, s’assurant de la santé de leur guide, qui n’avait pas bronché ni même montré de signe de frayeur durant toute la durée du combat. Elle n’avait pas bougé, comme si elle les attendait.

- Je ne suis pas sûre encore. Mais je comprends mieux pourquoi Serädjëon nous a envoyé ici…

Sans crier gare, elle s’approcha de l’Ombre, sans manifester aucune crainte à son encontre comme l’aurait fait n’importe quel humain sensé. Sa voix parut même à l’aise lorsqu’elle déclara :

- C’est curieux… Au début, quand j’ai rencontré Itrenog, c’était difficile de m’en apercevoir, mais maintenant que vous êtes là, je ressens la même chose. Je ne vous connais pas, mais vous m’êtes tous les deux comme… familiers. Il y a quelque chose autour de vous qui a la même odeur.

Le Démon ne fit aucun commentaire à la mention de son nom, mais n’en pensa pas moins. Ce détail fut néanmoins vite balayé, lorsqu’à nouveau son regard croisa celui de l’Elfe Noire. Kin-Fei avait beau être maladroite voire indésirable parfois, maintenant qu’elle le disait… Il avait bien l’impression que cette Ombre lui disait quelque chose. Pourtant, sa mémoire n’attestait d’aucun souvenir la concernant. De toute façon, ce n’était pas comme un souvenir, mais plutôt une impression diffuse, familière.

- C’est vous Nathrae ?

La N’Elfir reporta son attention sur cette petite humaine anormalement perspicace. Son nom n’avait pas été prononcé, et pourtant, elle semblait le connaître. Et cette aura qui l’entourait…

- Comment le sais-tu ?
- Les voix… Elles parlent de vous.

Sur cette mystérieuse phrase, Kin-Fei sembla ragaillardie, et regagna son enthousiasme naturel au détour d’un changement de sujet radical :

- Je crois que nous devrions y aller.

Leurs attention se postèrent sur leur guide, qui semblait regarder en direction des territoires en contrebas, qui s’étendaient à perte de vue. Cependant, la falaise immense où ils étaient ne semblaient guère franchissable, et leur destination semblait lointaine.

- Et comment comptes-tu t’y prendre ? ironisa Itrenog d’un ton légèrement sarcastique.

Elle lui retourna un sourire radieux :

- Nous sommes dans l’Eden, non ? Je crois que je comprends de plus en plus comment il fonctionne. Suivez-moi !

Elle s’approcha du rebord de la falaise, vacillant au dessus du vide, sans manifester la moindre inquiétude. Elle les rassura :

- Je sais comment faire, suivez-moi…

Et elle plongea par un saut de l’ange. Kin-Fei ferma les yeux, se laissant envahir par son désir. Elle le laissa se diluer dans l’air de l’Eden, et le sentit aussitôt façonner son envie, aussi simplement que dans un rêve.

Voler. Glisser dans le ciel. Grandeur. Liberté. Majesté.




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Message par N'Aedras Lun 7 Nov 2011 - 12:02

Kin-Fei sentait à peine la présence des autres dans son dos. Seul le vent qui courait sous elle, sur lequel elle pouvait s’appuyer, glisser, et pousser avec ses bras puissants comme si elle nageait. Quel bonheur ! La pesanteur n’existait plus, son petit corps fragile n’était plus que vitalité débordante, légèreté sublime. Elle ouvrit les yeux, et contempla la plaine qui défilait sous eux, lointaine et pourtant si proche. Ses yeux pouvaient presque la toucher dans ses moindres recoins, l’explorer comme on détaille le sol sur lequel on marche… Mais bientôt, l’air se fit sec et désagréable, et cessa progressivement de la porter. Le ciel était devenu aussi noir que de l’encre, ainsi que la plaine. Les ruisseaux s’étaient changés en courants de lave d’où exhalaient des fumées nauséabondes. Kin-Fei plana aussi loin qu’elle le put, et bientôt, distingua des cris en contrebas. Leurs auteurs se précisèrent bientôt, bondissant dans leur direction comme des loups affamés.

- Attention ! avertit Kin-Fei.

Ils atterrirent violemment, en prenant soin de déclencher un vaste souffle pour éjecter toutes les créatures hostiles qui les attendaient. Ils soulevèrent un mur de poussières et de débris gigantesque, et dérapèrent sur plusieurs mètres. Ils s’empressèrent de se regrouper dos à dos, tandis que Nathrae bâtissait une protection occulte pour leur guide, car déjà leurs ennemis s’amassaient tout autour d’eux.

- Ces créatures sortent de ton esprit, Démon… Dis-nous comment les vaincre.

Itrenog attendit quelques instants avant d’être sûr. Quand il vit le premier se dégager des débris, il grinça :

- C’est pas vrai… De tous, il a fallu que ce soient eux…

Autour d’eux, une véritable armée de créatures ne cessait de grossir. Ils s’extirpaient des rivières de lave alentours comme de la boue. Ils mettaient un certain temps à durcir, constituant une carapace sombre et craquelée sous laquelle bouillonnait le magma.
Itrenog dégaina son Asala de son fourreau, et se mit en garde. Il expliqua, assez fort pour que ses alliées de fortune puissent entendre, dans son dos :

- Il n’existe aucun moyen de les tuer. Le seul moyen de s’en débarrasser est de les renvoyer d’où ils viennent.
- …

Autour d’eux, la meute commençait à grogner et lancer des jappements sinistres et affamés, accompagnés de grognements et d’autres bruits étranges, indescriptibles, effroyables. De leurs gueules béantes, la lave coulait comme des filets de bave sanguinolants…

- Cette odeur… C’est horrible… fit Kin-Fei, au bord de la nausée.
- C’est l’essence des âmes en putréfaction… L’odeur des charognards de l’Inferës… Les Démons les appellent les Cerëberës, ou Berëscer…

Le chef de meute hurla, et tous leurs ennemis leurs fondirent dessus, toutes griffes dehors. Itrenog termina, en leva son épée :

- On dit que lors des grandes guerres, ils étaient lâchés sur les légions ennemies en premier, pour dévorer et semer la terreur. Les Humains les nommèrent alors… Les Berserkers… les Chiens de l’Inferës !!!


Il frappa du plat de sa lame le premier Cerëberës, qui lâcha un couinement de douleur et fut projeté violemment loin de là. Il brandit son épée face à lui pour éviter le second qui tenta de lui déchiqueter le visage, et l’expédia d’un coup de pied. Il en aplatit un autre, et envoya le suivant voler par-dessus ses congénères.
Profitant d’un moment de répit, il clama :

- Mettez-les en morceaux ! Je vais tenter quelque chose…

Kin-Fei, qui avait tourné la tête vers lui, répondit entre deux esquives :

- On était censées faire autre chose ?

Nathrae intervint :

- Je pense qu’il voulait dire leur arracher les membres ou la tête. Comme ceci…

La N’Elfir s’éloigna rapidement en récitant un sort, et soudain un maelström violacé saisit les Berserkers dans un large périmètre, les soulevant de terre et les amenant à elle. Puis elle finit par un mot qui claque l’air comme un fouet, et aussitôt des vrilles magiques déchiquetèrent tout ce qui se trouvait autour d’elle. Des morceaux de laves volèrent un peu partout, puis retombèrent au sol.

- Aaaah ! Il fallait le dire !

Kin-Fei ferma les yeux, et soudain son corps grandit, prenant peu à peu la forme sous laquelle elle les avait transportés jusqu’ici. Elle balaya les ennemis autour d’elle comme des fétus de paille, et souffla sur les autres, les projetant dans les airs. Itrenog dut éviter plusieurs d’entre eux, et la fustigea du regard. Il s’éloigna en plusieurs bonds, et reprit son combat. Il écrasait tous les Cerëberës qui lui fonçaient dessus avec une sauvagerie qu’il n’avait plus libérée depuis longtemps. A la seule force de ses bras, il arrachait tout ce qui se trouvait à sa portée, et sentir les carapaces de lave refroidie se briser semblait décupler son ardeur frénétique et sa cruauté. Il prenait soin de ne jamais trancher avec Asala, qui pourtant réclamait à chaque frappe son dû avec plus de véhémence, au point que le bras qui la tenait n’obéissait quasiment plus à la volonté de son porteur. Malgré tout, il continuait de faire un carnage dantesque, amoncela des morceaux de Berëscer sans pitié ni remords. Il arracha la tête du dernier à proximité, et regarda en direction des autres. Le champs de bataille était jonché de cadavres incandescents, dont la substance s’agglutinait en masse informe et mouvantes. C’était le moment qu’attendait le Démon : il se rua vers les chimères de laves, qui ne cessaient de grossir en absorbant les corps déchiquetés, et commença à les rouer de coups pour qu’elles se réunissent en une seule énorme créature. Bientôt, la chimère se mit prendre consistance, et à l’attaquer, malgré son corps difforme. Itrenog recula, se mettant hors de portée. Quelque chose n’allait pas. Il ne tarda pas à en avoir la confirmation, lorsque le corps en fusion explosa de l’intérieur. Une sorte de bras sombre en jaillit, et s’abattit violemment sur l’emplacement où Itrenog s’était tenu quelques instants plus tôt. L’aura qui s’en échappa pétrifia le Démon sur pied pendant un instant. Même Nathrae et Kin-Fei sentirent la pression funeste, et entreprirent de rallier sa position.
Le bras sombre plongea ses griffes dans le sol, et commença à extirper des entrailles de la chimère un corps encore plus énorme, sur lequel la lave semblait couler et même s’évaporer comme de l’eau. Leurs regards contemplaient la nouvelle menace sortir de son marasme, toujours plus grande.

- C’est impossible… fit à mi-voix Nathrae. Un Mnautas, à la surface… ?

Elle se tourna vers Itrenog, mais l’Humaine la devança, peinant à respirer :

- On dirait… que toute la magie brûle…

Partout autour d’eux, la vie semblait se flétrir, la terre devenir cendres, et l’air s’emplir de cristaux coupants et crissants.

- Il faut que trouver le moyen de passer l’épreuve, Démon, insista Nathrae pour qu’Itrenog sorte de sa torpeur. Affronter un Mnautas, surtout dans un lieu pareil, serait pure folie.
- …

Kin-Fei posa une main sur le bras d’Itrenog, que la fureur de l’Asala agitait de tremblements incontrôlés. L’Humaine l’avait peut-être interprété comme de l’inquiétude, mais son timbre était ferme lorsqu’elle fit :

- L’anéantir n’est pas la solution. Il faut comprendre ce que l’Eden veut te montrer en te faisant passer cette épreuve. Réfléchis au fond de toi ce pourrait bien avoir matérialisé un tel ennemi, ici et maintenant. N’essaie pas de chercher une réponse précise. Juste un indice.

Nathrae observa longuement Kin-Fei tandis qu’elle parlait. Elle semblait la plus à l’aise d’eux tous dans son rapport avec l’Eden. Comment se faisait-il qu’un être aussi jeune, aussi insignifiant, puisse atteindre un tel degré de compréhension alors qu’elle et le Démon peinaient ? Cela faisait bien longtemps qu’elle n’avait pas étudié d’Humains, mais ils la fascinaient toujours autant. Cela dit, celle-ci était particulièrement intrigante. Son aura avait quelque chose de curieux, qu’elle n’avait ressenti qu’il y a des millénaires de cela, loin à l’est de l’An’Duin. D’une certaine manière, quelque chose était familier en elle, sans pouvoir définir clairement ce dont il s’agissait. Elle dut interrompre sa réflexion, car face à eux, le corps du Mnautas se redressa d’un coup, proche d’être complètement sorti. La voix d’Itrenog résonna avec un timbre métallique dans l’atmosphère viciée :

- Je vais tenter quelque chose, mais je vais avoir besoin de votre appui pour réussir.

La contrariété du Démon se devinait clairement, mais Nathrae, que la situation n’enchantait guère davantage, se devait d’admettre qu’il n’y avait pas d’autre alternative. Elle hocha d’un signe de tête en signe d’accord. Itrenog poursuivit en se tournant vers Kin-Fei :

- Il va falloir prendre de la hauteur…
- Entendu.

Ils s’empressèrent de récupérer leur guide, qu’aucun Berserker n’avait pu approcher à moins de vingt mètres. Elle semblait plus lucide d’instant en instant, et réagit à leur arrivée. Kin-Fei fit appel à la force que lui avait conférée leur première bataille pour se transformer à nouveau. Le Démon et l’Elfe Noire montèrent sur son dos, suivis de leur protégée, et ils décollèrent d’une grande impulsion. Le Mnautas se retourna brusquement à cet instant, et manqua d’éventrer Kin-Fei, qui dut faire une embardée violente. Le Démon supérieur cracha un jet noir dans leur direction, qui les manqua de peu. Puis ils prirent de l’altitude, et Itrenog se tourna vers Nathrae :

- J’aurais besoin que le Mnautas soit immobilisé, pour que je puisse aller lui porter le coup.

L’Elfe Noire opina, et commença à construire la litanie dans son esprit, tandis que les mots glissaient sur sa langue. Itrenog regarda en contrebas, et bientôt, de grandes chaines bleutées s’enroulèrent autour du corps massif du Mnautas. Plusieurs se brisèrent, mais de nouvelles jaillissaient du sol sans cesse, tant et si bien qu’il se retrouva entravé de plus en plus. Itrenog fit un signe de tête à Nathrae, et plongea dans le vide, saisissant des deux mains Asala.
De haut, elles le regardèrent tomber, unique goutte qui vient frapper une stalagmite, espérant la briser… Nathrae sentit ses chaines se briser sous la colère du Mnautas, et malgré tous ses efforts, elle ne put pas le retenir plus avant. Plutôt que de forcer, elle libéra volontairement son étreinte, déséquilibrant le colosse, peu avant l’impact. Mais alors qu’il était tout proche de sa cible, prêt à le frapper de toutes ses forces, Itrenog sembla perdre le contrôle de sa chute, et se retourna sur lui-même. Aussitôt, un flash lumineux, identique à celui qui s’était produit sur la falaise auparavant, immortalisa la scène, avant de laisser place au silence.
La silhouette gigantesque du Mnautas s’immobilisa lentement, devenant d’un gris pâle. Sur sa tête, Itrenog se tenait debout, l’épée levée. Il n’avait pas frappé. Mais bientôt, la créature pétrifiée se fendit, et s’écroula dans un fracas majestueux. Kin-Fei plongea, rasant leur ennemi vaincu. Le Démon les rejoignit d’un bond surhumain, échappant de justesse à ce qui jaillissait de l’éboulement dans un grondement assourdissant. Une tour immense se dressa vers le ciel, et les perça comme une flèche perce la chair.
Les nuages se mirent à tournoyer à son sommet, et des coups de tonnerres se firent entendre. Affectée par les brusques vents contraires que l’apparition surnaturelle venait de provoquer, Kin-Fei se retrouva projetée contre la paroi noire, avant de pouvoir s’agripper à ce qui semblait être une terrasse. Ils restèrent plaqués plusieurs secondes, le monde autour d’eux tournant à toute vitesse, tandis que la tour n’en finissait pas de grandir, jaillissant de la terre comme une vrille géante.

Puis le phénomène diminua, et s’arrêta, enfin. Kin-Fei, à nouveau sous sa forme habituelle, se précipita vers Itrenog :

- N’approche pas !

Ses mots tonnèrent si intensément qu’elle ne fit pas un pas de plus. Sa voix était différente. Moins… humaine. Il tenait fermement son poignet-maître, et une grimace de douleur déformait ses traits. Sa peau avait pris la même teinte que celle du Mnautas avant qu’il ne le vainque… Toutefois, cette coloration recula, et disparut sous sa manche, et bientôt, ses doigts se décrispèrent, et son expression s’affranchit de la souffrance. Presque surpris, il plia et déplia plusieurs fois sa main, l’observant sous tous les angles.

- Tes veines bleues ont disparu, on dirait, remarqua Kin-Fei.

Il remonta un peu sa manche, comme pour s’en assurer, puis la regarda :

- On dirait bien, oui.
- Ca veut dire que tu as saisi l’indice.

Itrenog ne répondit pas ; son regard se dirigea vers la tour.



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Message par N'Aedras Lun 7 Nov 2011 - 12:24

En face d’eux, une entrée donnait sur des ténèbres absolues… Il leva les yeux, pour contempler la tour, qui semblait n’avoir aucune fin. Puis il se rabbatit sur Nathrae, non loin de là, qui elle aussi sondait les hauteurs, plongée dans ses pensées. C’était en partie grâce à elle si il y était parvenu. Alors qu’il allait frapper, il avait vu le sortilège de l’Elfe Noire se défaire de lui-même… Le Mnautas ne l’avait pas brisé, elle l’avait libérée elle-même. Une fraction de seconde, il s’était cru trahi, puis il avait compris l’idée lorsque le Démon supérieur s’était trouvé déséquilibré. Parfois, il valait mieux accepter de lâcher prise pour mieux faire face plutôt que de chercher à museler tout ce qui constituait un problème. Ce n’était peut-être pas les réponses qu’il attendait, mais il venait de franchir le premier pas vers elles. Et puis… Il saisissait à présent ce que Kin-Fei avait voulu dire par « Je comprends mieux pourquoi Serädjëon nous a envoyé ici… ». Le tout était encore abscons, mais des esquisses commençaient à se préciser dans toute cette série de mises à l’épreuve, qu’il avait jugées futiles et avilissantes au départ.

- C’est ton épreuve, Dame Sombre. Je suppose que nous sommes à Elesas…

Nathrae décrocha son regard de la tour. C’était la première fois qu’on la nommait ainsi. Ce qualificatif faisait référence à l’étiquette elfique lorsqu’on ne connait pas vraiment son interlocuteur, et le « Sombre » était sûrement un emprunt à l’expression « Seigneur Sombre » que les généraux N’Elfir avaient acquis lors des grandes guerres. L’association finale formait un joli oxymore, qui ne correspondait pas du tout à Nathrae. Elle n’était plus Elfe, donc le titre de Dame ne lui convenait pas, et elle n’était pas un Seigneur Sombre. Toutefois, l’usage d’Itrenog ne semblait pas avoir été conçu dans le but de la contrarier, mais plutôt comme une tentative maladroite d’établir un échange neutre. Ce genre de situation était cependant courant, car il était rare pour n’importe quel habitant de Geadrâs de rencontrer un Elfe Noir, et encore plus de s’adresser à lui.
En temps normal… Cette situation ne l’était de toute façon pas. Ses seuls rapports avec des Démons s’étaient cantonnés la plupart du temps à des échanges de nature occulte, généralement très peu agréables, et sûrement pas civilisés.
Aussi, plutôt que de chercher à respecter une étiquette particulière, elle se contenta de s’adresser à lui comme à un compagnon d’expérience : sans marque particulière que ce soit, autant positive que négative :

- Je doute que ça y ressemble longtemps…

Sur ces mots, leur guide avança vers l’intérieur, et sa silhouette blanche disparut dans les ténèbres. Ils lui emboitèrent le pas, tous leurs sens en alerte. Dès qu’ils entrèrent, le bruit du vent cessa, et la lumière derrière eux faiblit au fur et à mesure qu’ils progressaient dans un espace qui semblait sans fin. Le sol résonna comme s’ils étaient dans un grand espace vide. Devant eux, leur guide avançait sans s’arrêter, mais se retournait parfois pour voir s’ils suivaient. Bientôt, après quelques minutes du bruit des pas, le sol se fit mou, et les échos cessèrent. Puis, progressivement, des chuchotements s’élevèrent sur leur passage. L’odeur de l’herbe verte et humide enveloppa l’atmosphère, tandis que les murmures se faisaient de plus en plus nombreux et inquiétants. Ils parlaient dans des langues inconnues à Itrenog et Kin-Fei, même si parfois, il leur semblait reconnaître un mot. Mais de toute façon, tous parlaient en même temps, ce qui rendait la tâche de compréhension impossible à réaliser.
Abruptement, leur guide s’arrêta, et s’allongea en se recroquevillant sur elle-même. La lueur irréelle qui l’auréolait s’intensifia, éblouissante. Elle coula sur le sol, d’où naquirent un parterre de fleurs et d’herbes parfumées. A l’endroit où elle s’était allongée, un arbre se dressa, grandissant à vue d’œil, étira ses branches dans toutes les directions. Il s’épanouissait toujours plus haut, et ses graines donnaient vie à d’autres autres, et la lumière ruisselait partout, faisant éclore des plantes en quelques secondes. Bientôt, ils se retrouvèrent dans une clairière baignée d’une lueur surnaturelle. Nathrae se baissa, avec une extrême lenteur, et plongea délicatement sa main dans l’herbe, comme si elle avait peur de la briser, ou qu’elle s’évapore à son toucher. Elle baissa la tête pendant un long moment, durant lequel ni Itrenog ni Kin-Fei ne firent un son ou n’esquissèrent un mouvement. Même si aucun d’eux ne pouvait comprendre ce que pensait l’Elfe Noire en cet instant, ils pouvaient presque palper le poids des sentiments qui régnaient ici. Des sentiments anciens, d’une puissance indescriptible, mais dont les sens profonds semblaient s’être dilués, si bien qu’ils n’étaient plus différenciables les uns des autres. Cela formait une brume épaisse, invisible, à la fois insoutenable et qu’on ne voudrait quitter pour rien au monde.

- Nathrae…


A l’appel de Kin-Fei, celle-ci se redressa. Devant eux, un spectre venait d’apparaître. Une personne dont on ne distinguait plus réellement les traits, hormis que sa stature était plutôt masculine et elfique. Une voix d’outre-tombe s’éleva parmi les murmures. Bien que prononcées dans une langue inconnue, le sens des paroles était si intense qu’une partie imprégna les deux témoins :

- Qu’as-tu fait ?... Pourquoi…

Nathrae recula, mais aussitôt, un autre fantôme surgit entre les troncs sur sa gauche, et tonna :

- Allez-vous en !

Puis un autre, qui la fit virevolter :

- Abandonnes ! Tu ne peux plus rien y faire…

Les voix se firent plus insistantes, plus menaçantes, puis s’assourdirent. Les spectres s’effacèrent pour laisser passer l’un d’eux, dont l’éclat ne permettait pas de voir l’apparence. A son approche, Nathrae se tendit, alertant Itrenog et Kin-Fei, qui se tinrent prêts à intervenir en cas de menace. Quand le spectre délivra son message, celui-ci se répercuta dans toutes les directions comme un coup de tonnerre, qui frappa leurs esprits avec une force à couper le souffle :

- Il est mort…


Brusquement, toute la lumière de la clairière se mit à se concentrer dans le spectre, comme s’il aspirait à lui toute l’énergie de ce lieu. Un bruit atroce se mit à s’amplifier, comme des milliers de cris de souffrances devenant de plus en plus aigus. Nathrae allait tenter de se protéger, quand des griffes énormes se refermèrent sur elle comme un étau impitoyable. Avec stupeur, elle sentit le bras du Mnautas la tirer en arrière, l’arrachant du sol !!! La déferlante jaillit du spectre et éclaboussa la poigne démoniaque, qui lâcha prise, permettant à la N’Elfir de se changer en une forme sombre et mouvante. Elle se rematérialisa à l’instant où elle comprit : ce n’était pas le Mnautas de tout à l’heure qui ressurgissait… L’être démoniaque plongea ses griffes dans le sol, et libéra le feu sombre qui l’habitait : le choc des deux ondes souleva une gerbe immense d’écume, comme la mer furieuse se brise contre une falaise. Hélas, le flux énorme retomba furieusement sur Itrenog. Juste à ce moment, un nouveau tumulte, de vent cette fois, frappa le Démon supérieur dans le dos. La bourrasque provoquée par la transformation de Kin-Fei attisa le feu sombre d’un seul coup, qui tripla d’envergure, balayant tout sur son passage. Le Mnautas libéra un torrent obscur de sa gueule, qui fit s’évaporer la vague dans un capharnaüm de cris de souffrance.
Puis, ce fut le silence et les ténèbres.
Tous trois se remettaient à peine de leurs émotions, que des raies lumineuses se mirent à renaître, s’entortillant entre elles.

- Bon sang… Il va vite falloir trouver une solution… On ne résistera pas longtemps à cette chose…
- Plus nous l’attaquerons, et plus la lumière sera vive et rapide.
- Notre attaque combinée avec ton vent et mon feu sombre, ça devrait la calmer si on y met tout ce qu’on a…
- Je ne pense pas. Rappellez-vous que cet endroit réagit comme une créature vivante. Plus nous l’attaquerons, et plus il se défendra.

Le Démon se tourna vers la N’Elfir, et concéda :

- Alors… il n’y a que toi qui puisses nous tirer de là en trouvant ce que nous veut cette épreuve.

Tous trois se tournèrent vers l’amas éclatant, qui avait pris des proportions gigantesques. Il prenait la forme… d’un félin immense.

- Fyea… murmura Nathrae.

Soudain, son expression se fit plus déterminée.

- Je crois que je commence à comprendre comment fonctionne cet endroit. Je ressens la conscience de Fanaël, et je crois savoir ce qu’il veut. Il ne s’agit pas de vaincre nos Némésis, mais de les accepter. Il n’y a que comme ça que nous parviendrons à l’étape suivante.

Elle se tut un instant, contemplant le monstre brûlant qui achevait sa reconstitution. Finalement, elle déclara :

- J’ai une idée. Je vais avoir besoin de vous pour me couvrir.

Itrenog et Kin-Fei se surprirent eux-mêmes à acquiescer d’un signe de tête. Le démon se mit entre la N’Elfir et le monstre, dos à lui. L’humaine se posta entre ses deux alliés, face à leur ennemis. Enfin, le félin géant acheva sa transformation, et s’arqua sur ses pattes titanesques, pour lâcher un rugissement inouï. Sa gueule béante révéla une fournaise de lumière insoutenable, de laquelle jaillit un flot mortel d’énergie blanche. Celui-ci frappa le dos d’Itrenog, qui ploya sous le choc. Son corps s’enflamma du feu sombre, et grandit démesurément, formant un rempart salvateur. Le flot de lumière se fendit en deux de part et d’autre, laissant une étroite faille où Kin-Fei et Nathrae se trouvaient. La N’Elfir était déjà lancée dans une litanie d’une complexité telle que même le démon n’aurait pu comprendre l’enchainement des termes de son espèce. Un cercle de volutes ténébreuses, proche des flammes qui parcouraient le corps du démon tournoyait autour d’elle, comme des serpents affamés. Le flot de lumière se fit plus puissant encore. Même les griffes du Mnautas se mirent à déraper dans le sol surnaturel. Son aura se mit à rétrécir, soufflée par la puissance de l’attaque. Kin-Fei se tourna vers la N’Elfir, extrêmement tendue. Puis enfin, celle-ci concentra les ombres entre ses deux mains, et fit volte face vers l’Humaine.
Kin-Fei réagit au quart de tour, déploya ses ailes et projeta de toutes ses forces tout l’air qu’elle pouvait, l’imprégnant de son essence.
Le contre-courant surnaturel percuta le démon de face. Son feu sombre s’embrasa violemment, et dévora le torrent immaculé. L’explosion éjecta les deux, qui ne purent que contempler la gracieuse silhouette de la N’Armetla lancer un sortilège terrifiant, qui de gerbe noire, se mua en serpents évanescents et hurleurs, qui s’enlacèrent autour du monstre dans un concert de sifflements stridents. Ils le recouvrirent, ne laissant plus transparaitre que de fines interstices de lumière. Itrenog et Kin-Fei contemplèrent l’Elfe Noire s’approcher de leur ennemi qui commençait déjà à se débattre avec de plus en plus de colère. Aucun ne tenta de la retenir… Elle était face à son épreuve.
Nathrae arriva au niveau du museau du fauve, et plongea son regard dans les yeux incandescents de la bête.

- Plus je m’avance dans les ténèbres… Et plus la lumière m’apparait… Les réponses que je cherche sont tout près… Et je sais que tu es là.

Elle posa sa main sur le museau, s’exposant à la mâchoire furieuse de sa captive.

- Cette lumière… Je ne la fuirai plus. Je l’accepte, avec toute la souffrance qu’elle apporte.

Du contact de sa main, un flash surgit, déferlant sur eux tous, emplissant tout l’espace, supprimant la pesanteur. Tous les bruits disparurent, et ils se sentirent ballotés dans les airs. Bientôt, la présence des autres disparut, et des contours flous se dessinèrent peu à peu tout autour.



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Message par N'Aedras Lun 7 Nov 2011 - 12:39

Kin-Fei se laissa porter dans sa chute, virevoltant avec volupté. Bientôt, elle eut l’intuition que le sol s’approchait. Elle se contorsionna avec souplesse, et atterrit dans un lieu qui éveilla chez elle une nostalgie indéchiffrable. Ses sentiments ne paraissaient plus du tout clairs, entre l’immense respect, la crainte, le bonheur et la tristesse. Ils remontaient à la surface depuis des profondeurs inexplorées, presque étrangères. Elle se sentait comme agressée par des souvenirs innombrables, dont elle ne comprenait pas la provenance, ni le sens. Tout tourbillonnait comme un ouragan violent et oublié depuis longtemps, qui cherchait à s’imposer à elle. Elle s’ébroua pour refouler ce débordement envahissant, et regarda autour d’elle. Elle se trouvait sur une vaste corniche de pierre, face à ce qui semblait être une grotte immense, plongée dans le noir. Derrière elle, un souffle léger indiquait un conduit vers l’extérieur. Tremblante, elle n’osait pas avancer, sentant une présence supérieure dans les ombres. Même si elle ne la voyait pas, son odeur caractéristique la tétanisait. Pourtant, elle ne pouvait se résoudre à rebrousser chemin non plus, elle devait être là. C’était son destin. Sa volonté. Elle resta un long moment ainsi, incapable de mettre des mots sur ses ressentis, incapable de prendre une décision, incapable de se rappeler clairement ce qu’elle devait faire. Puis, un bruit terrifiant résonna dans les ténèbres en face d’elle. C’était familier, doux, un plissement feutré, mais qui l’emplit de tension. Puis, lentement, un grondement sourd, sauvage, sembla monter des profondeurs, s’amplifiant jusqu’à faire vibrer l’air et la terre. Kin-Fei n’eut d’autre choix que de se ramasser au sol, à la fois rassurée et subjuguée. Le son chassa tous ses doutes et ses tremblements, et la sensation de danger. Tout son être s’apaisa, et s’accorda avec la puissance omniprésente de ces lieux. Ses pensées s’éclaircirent. La présence l’entourait et l’enveloppait, de manière si intense qu’elle pouvait percevoir ses intentions. Curieusement, elle décelait du sens sans même avoir besoin de phrase ou de logique. Cela ne semblait même pas émaner d’une source particulière : il jaillissait en elle par vagues de sensations curieuses, multiples, mais évidentes. Il y avait quelque chose dans les ténèbres… Elle le savait mais ne pouvait pas le voir. Elle ne pouvait plus le voir. Comme la lueur d’une flamme qui vacillerait sous un vent violent, dans son dos. Mais elle ne pouvait plus se retourner. Elle avait tourné le dos à cette voie pour aller vers l’inconnu. Instinctivement, ses doigts s’enfoncèrent sous elle. C’était dur, mais étrangement facile de s’y enfoncer. Pourquoi était-elle venue ici ? C’était agréable de toucher cette chose dure avec une odeur si particulière… Mais l’envie de retourner là-haut était forte, insistante, irrépressible. Pour aller où ? Cela n’avait pas d’importance. Etre là où on le doit. C’est ainsi. Soudain, une réponse surgit, comme une évidence : elle était ici pour transmettre un message. Echanger un espoir, une aide, quelque chose qui doit être caché.
Etait-ce pour les siens ? Qui étaient-ils ? Où étaient-ils ? Seuls la douleur et le danger continuaient de lui mordre les flans, de plonger leurs crocs invisibles dans sa gorge, de la plaquer et de l’empêcher de retourner là-haut. Tant de sacrifices, tant de souffrances… Pour en arriver là ? Elle ne s’était jamais sentie aussi seule. Ici, même son compagnon de toujours n’était pas là. Le ciel n’existait pas, il n’y avait aucune issue hormis celle derrière elle. Mais y retourner n’était pas possible. Ce n’était pas qu’elle ne pouvait plus emprunter le même chemin, mais plutôt que tout lui imposait de rester, car elle avait à faire ici. Une tâche à laquelle elle ne pouvait pas se dérober.
Petit à petit, les choses lui apparaissaient plus claires. Tout ce qu’elle sentait autour d’elle était un reflet vivant de ce qui germait dans son esprit, de ce qui tiraillait son être. Le conduit jusqu’ici représentait le chemin qu’avait pris sa vie. L’obscurité de cette caverne était la manifestation de ses doutes, de ce qu’elle avait oublié et qu’il fallait se rappeler. Les étranges sensations sur la force de son corps, sur ces anciennes perceptions incompréhensibles, la guidaient lentement mais sûrement vers la solution.
Désormais, elle en était sûre. Elle avait changé avant de rencontrer ceux qui l’avaient recueillie. Elle avait abandonné ce qu’elle était, parce qu’il le fallait. Les siens lui avaient confié une tâche, un message. Elle était ce message, il était ancré en elle. Et il était près à jaillir.
Face à elle, dans les ténèbres, des flammes s’embrasèrent, et se déployèrent avec majesté dans la caverne immense. La nouvelle vision et l’esprit différent de Kin-Fei ne lui permettait pas de mettre un nom sur la couleur de ce qu’elle voyait, mais en revanche elle percevait très clairement d’autres informations dont elle ne pouvait pas clairement expliquer la nature. Elle se trouvait face à un conglomérat d’énergies diverses qui se consumaient plus ou moins violemment, avec des teintes très variées. Chacune d’elles avait une « empreinte » différente. Kin-Fei en reconnaissait certaines, mais beaucoup lui étaient inconnues. Certaines énergies étaient épouvantables, menaçantes, malveillantes. L’une d’elle tenta une embardée vers elle, la tétanisant dans une étau glacé, impitoyable. Heureusement, quelque chose sembla la retenir au dernier moment, et elle réintégra le flux de ses comparses.
Il y avait quelque chose parmi ces entités qui les reliait, les maintenait dans ce mouvement incessant et violent. Kin-Fei devait le trouver. C’était de là que s’échappait la souffrance, la déchirure de cet endroit. Elle devait l’apaiser, et ainsi ils reviendraient tous dans leur monde. Se ramassant sur elle-même, elle rassembla toutes ses ressources. Elle devait le faire.
De toutes ses forces, elle bondit dans la tourmente. Celle-ci l’engloutit comme un fétu et l’éleva dans les airs. Les essences la frappèrent de toutes part, l’envoyant tournoyer sur elle-même. Elle luttait de tout son être pour tenter de garder un minimum de contrôle. Les présences la frôlaient, et les plus agressives la lacéraient sauvagement, ce à quoi elle répondit instinctivement en leur soufflant dessus de toutes ses forces. Un curieux frisson parcourut son corps, et les essences la lâchèrent instantanément. Kin-Fei tomba et se rattrapa de justesse sur le piton rocheux au milieu de la caverne. En face d’elle, un ouragan s’acharnait sur la source de souffrance. Elle devait arrêter ça à tout prix. C’était trop dur à supporter. Elle grimpa un peu, battant ses bras dans la tourmente. Elle voulut crier « Lâchez-le !!! », mais ici, sa bouche ne parvenait pas à articuler. De plus, le vacarme assourdissant des légions lumineuses couvrait tout autre bruit. Cependant, son cri frappa les essences comme une bourrasque.
Kin-Fei plissa les yeux, éblouie. Son hébétement dura un instant, puis elle réagit instinctivement en tendant la main. Elle ne pouvait pas parler en ce lieu, mais son intention transpirait de tout son corps. Et elle percevait celle de la créature qui lui faisait face, dans la lumière. Ils avaient besoin l’un de l’autre. Non. Les choses qu’ils représentaient avaient besoin les unes des autres. Il ne s’agissait pas d’eux. Ils n’étaient que les messagers. Elle se trouvait face à une porte ouverte vers quelque chose d’incroyable, qu’elle ne comprenait pas. Mais elle savait qu’elle se trouvait exactement là où elle devait être. Et tout en elle savait ce qu’elle devait faire. Elle saisit et tira. Pas seulement physiquement, mais aussi mentalement. Elle se sentit comme aspirée par le ciel. Le dôme de la caverne se brisa. Ils traversèrent la crevasse gigantesque, allant de plus en plus vite. La lumière du jour devenait de plus en plus forte. En dessous d’eux, la terre se refermait dans un grondement terrifiant, comme une mâchoire énorme prête à les broyer. Kin-Fei mobilisa toute sa volonté pour qu’ils puissent s’échapper. Puis, dans un effort ultime, ils jaillirent à l’air libre. Elle sentit son emprise lâcher, et derrière eux, le sol se referma dans un craquement rageur. Elle roula sur le sol, haletante. Son corps entier la lançait ardemment. Elle sentait les blessures infligées par les volontés qui avaient meurtri sa chair autant que son âme. Elle ressentait une peur primitive, terrible, qui remontait de son passé oublié. Cela la faisait trembler, incapable de se relever. Elle sentait la présence de l’être étrange non loin d’elle. Tout autour d’eux, l’Eden se calmait. Les vibrations menaçantes avaient décru. Le sol se couvrait de roches, et quelques arbustes poussaient. Le vent se mit à souffler doucement sur Kin-Fei. Ce vent était apaisant, reconnaissant. Elle le sentait guérir son corps, réconforter son for intérieur. Lentement, la présence se fit plus proche, toujours hors de son champ de vision. Elle la sentit s’arrêter tout près d’elle, familière et rassurante. Lorsque cette chose parla, ce fut par d’innombrables voix, comme si tout autour d’eux s’adressait à elle en même temps, dans des langues différentes mais avec la même intention :

- Ton Souffle est grand, Flamme du Vent et des Rêves…


Le corps de Kin-Fei s’embrasa tout entier. Ce nom… Il faisait vibrer tout son être. Elle se retourna à grand peine, et ses yeux s’écarquillèrent devant la créature qui se tenait devant elle. C’était celle qui les avait guidés jusqu’ici, à travers cet endroit dangereux… Mais à présent, Kin-Fei ne la voyait plus du tout de la même manière : quelque chose irradiait d’elle, d’une puissance phénoménale, qu’elle n’aurait su décrire. Sans savoir pourquoi, cette énergie lui envoyait des signes incompréhensibles, anciens, familiers… et pourtant lointains. Investie de cette aura mystique, son interlocutrice n’avait plus grand-chose en commun avec ce qu’elle était avant d’arriver ici. Sa silhouette semblait reposer sur ce monde vierge comme en apesanteur, les formes diaphanes qui enveloppaient son corps s’élevant vers les cieux en ondulant telles des flammes. Il se dégageait de sa présence une telle majesté que Kin-Fei baissa rapidement le regard.

- Puisque tu es venue jusqu’ici… Tu auras ce que tu es venue chercher.

Kin-Fei hésita. La créature en face d’elle semblait pouvoir lire en elle. Mais elle aussi percevait certaines choses, comme savoir qu’elle avait les réponses à ses questions, et qu’elle avait un lien profond avec son passé. Cet endroit avait révélé à Kin-Fei ce qui sommeillait au plus profond de son être. La vérité était si proche… Durant tant d’années elle avait erré, espérant retrouver qui elle était, un but à suivre… en vain. Mais sa vie était sur le point de changer à tout jamais. Elle le savait. Elle tremblait lorsqu’elle demanda :

- J’étais… un Dragon, n’est-ce pas ?

Autour d’eux, l’Eden se mit à changer, comme emporté dans une spirale.

- En partie, oui. Tu as cessé de l’être lorsque tu as embrassé ce monde.
- Pourquoi ai-je abandonné les miens ? Ils me manquent tellement…

Kin-Fei se laissa choir au sol, terrassée par la souffrance qui la submergeait.

- Il le fallait. Tu appartiens à ce monde, désormais.
- Mais… Je suis seule… J’ai tout perdu.
- Tu n’es pas seule, la reprit son interlocutrice. D’autres sont venus avant toi.

Kin-Fei leva la tête, les yeux emplis d’espoir.

- D… D’autres ? Où sont-ils ? Puis-je les rencontrer ?
- Ton peuple est encore jeune, et peu d’entre vous foulent les terres de Naravel.
- Mon peuple ? Que voulez-vous dire ? Que sommes-nous ?
- Vous êtes les N’ragons. Vos parents ont renoncé à ce qu’ils étaient pour embrasser ce monde, perdant de ce fait ce qui faisaient d’eux des Seigneurs du Ciel.

Sur les joues de Kin-Fei, des larmes coulaient en entendant ces mots. Sa peine qu’elle avait étouffée jusque là se concrétisait enfin en mots. En son for intérieur, elle ressentait la terrible déchirure qui l’avait engendrée, mais la connaître enfin la libérait d’un poids insurmontable. Enfin, elle savait qui elle était. Maintenant…

- Oui… Je comprends maintenant… Pourquoi je suis venue. Pourquoi j’ai su qu’il fallait vous secourir. L’Etincelle en vous… Je la ressens clairement maintenant.

Puis, dans un murmure:

- Vous êtes… un serviteur du Porteur du Premier Souffle…

Son interlocutrice mit un temps avant de répondre :

- Ton Dajjra se régénère enfin.
- Mon… Dajjra ?

La silhouette éthérée toucha du bout de sa main la gorge de Kin-Fei, qui sentit l’énergie crépiter sur sa peau.

- Ceci est ton Dajjra, un vestige du cœur des Dragons. Il contient ton énergie vitale, et le savoir des tiens. Il a dû être endommagé avant que tu ne quittes ton ancienne vie. Probablement par tes ennemis. Mais grâce à cela… Tu es passée inaperçue tout ce temps.

Kin-Fei effleura doucement l’emplacement de son Dajjra. L’endroit était d’une chaleur inhabituelle. Tant de choses se bousculaient dans sa tête… Elle ne savait plus où donner de la tête.

- Mais… Désormais tu es à nouveau en grand danger. Il va te falloir fuir vers l’ouest. Tes ennemis ne parviendront pas à te traquer là-bas. Tu pourras ainsi te préparer aux dures épreuves qui vous attendent tous.
- Nous aiderez-vous ?

La main de l’être mystique enserra sans prévenir la gorge de Kin-Fei. Une impulsion violente inonda son Dajjra et se répandit dans tout son corps. Les multitudes de voix résonnèrent dans son esprit comme un coup de tonnerre :

- Nous vous aiderons…

L’Eden explosa autour de Kin-Fei en volutes étincelantes. Elle se redressa en sursaut, avec une aspiration paniquée… sous une toile blanche familière.
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Message par N'Aedras Lun 7 Nov 2011 - 12:54

Itrenog retrouvait avec délectation une sensation qui l’avait quitté depuis longtemps. Cet endroit semblait lui enlever tout le poids qui lui pesait constamment sur les épaules. Depuis qu’il avait perdu le contact avec l’humaine et celle qui semblait être une N’Elfir, l’environnement autour de lui s’était gonflé d’une chaleur rassurante et d’une pesanteur beaucoup plus supportable. Son corps s’était spontanément accordé à l’intense magie qui régnait ici bas, et avant repris son apparence d’antan, avant qu’il ne s’échappe de sa prison souterraine. Toutefois, l’entité qui les avait attirés ici l’entourait de toute part. Il sentait son influence picoter sa peau et agir sur lui. Il était difficile de savoir de quelle manière, mais ce contact étrange lui semblait familier, bien qu’éveillant une méfiance certaine. Après le flash qui l’avait aspiré, la puissance mystique qui régnait ici n’avait cessé de l’entrainer vers le bas ; et au fur et à mesure de sa progression, des souvenirs et sensations l’avaient assailli, remontant chaque fois plus loin dans sa mémoire. Cette jeune fille, Kin-Fei, qui lui était tombé dessus comme un fait du destin. Elle était étrange à bien des égards, et son instinct lui faisait soupçonner que ce n’était pas un hasard s’il l’avait croisée juste avant de parvenir à Serädjëon. Quelque chose gronda à l’intérieur de lui à la simple évocation de ce nom. C’était une forme vide d’un vrai mot du langage des Démons, qui signifiait le plus souvent « Très mauvais présage ». Ce mot, empli de magie, provoquerait probablement des catastrophes sans nom s’il était prononcé sous son état brut sur le sol de Naravel. Porter un surnom pareil était lourd de conséquences, et Itrenog ne pouvait pas les ignorer, même sans en connaître toute la portée. Cet être, qui ou quoi qu’il soit, n’était ni ordinaire, ni de confiance, mais n’était pas non plus dispensable. Itrenog avait des choses à découvrir, des maux à éradiquer, et Serädjëon avait – selon toute vraisemblance – certaines des clés pour cela.
Quand il avait quitté Iberiel, Dozla et Athos à Moelranev, sa situation s’avérait critique. La dégénérescence de son corps avait gagné beaucoup de terrain, et les effets commençaient à friser la limite du supportable. Son emprise sur ce vaisseau menaçait de lâcher à tout moment, sans compter Asala qui ne laissait que peu de répits. Il ne trouverait aucune aide auprès des siens, et même un mage de la carrure d’Athos ne pouvait rien pour lui, alors que sa race lui conférait une compétence large dans plusieurs domaines de magie. Les pouvoirs de Nains et des Elfes ne seraient d’aucun secours. Celles des Orcs auraient peut-être été utile, mais il était peu probable que l’un d’entre eux l’aide, et il n’y avait pas raison à ce qu’ils connaissent quelque chose à sa situation. Il ne restait donc plus que les N’Elfir. On disait d’eux qu’ils pouvaient réaliser les choses les plus folles… Mais le peu qu’Itrenog savait d’eux suffisait pour leur porter à peu près autant de confiance qu’aux siens. Il n’y avait alors plus qu’une solution, se tourner vers un expert des magies délétères et des Démons : un mage noir. L’un d’eux aurait forcément des réponses et un moyen de faire reculer son mal, pourvu qu’Itrenog ait quelque chose d’intéressant à lui proposer. Les Joutes Geadrasiennes s’étaient avérées le moyen le plus simple d’entrer en contact avec l’un d’eux. Il avait donc collecté de quoi intéresser ce dernier, et s’était débrouillé pour le trouver, chose qui avait été paradoxalement, très nébuleuse, et assez fortuite. Presque trop. Et le voilà qui se retrouvait à présent prisonnier d’un monde étrange, en compagnie d’un humaine qui ne ressemblait à aucune autre, et une Elfe Noire avec qui ils avaient dû s’allier pour survivre.
Soudain, l’ombre s’épaissit autour de lui. Des grondements caractéristiques s’élevèrent tout autour. Sans attendre, il déploya son aura néfaste et frappa dans la brume noire. Son corps déchirait sans pitié ce qu’il rencontrait, plongeant dans une démence frénétique et dévorante. Mais il s’arrêta bientôt, les bruits s’intensifiant autour de lui. Les épreuves qu’ils avaient passées avant leur avaient enseigné que maltraiter ce qu’ils rencontraient ne faisait que renforcer la colère immanente. Il s’immobilisa, laissant son corps à la merci des mâchoires qui se refermèrent sur lui. Il ne riposta pas, et puisa dans ce qu’il croyait avoir oublié :

- Nadrajj abraeth !!

Sa voix tonna dans la brume noire comme un éclair. Aussitôt, celle-ci reculèrent, accompagnées de cris. Cette forme de magie, si brute, lui avait manqué. Ici, son nouveau corps pouvait la supporter sans problème. Il doutait que ce fusse le cas à l’extérieur. Lentement, le paysage se dégagea. Il se trouvait sur une plateforme noire, dont les crevasses en quelques endroits laissaient entrevoir de la lave. Tout autour, des flots de feu se déversaient à grande vitesse dans diverses directions. Il était difficile de savoir ce qui se trouvait à l’endroit ou non dans ce paysage inquiétant. Des formes jaillissaient ou effleuraient de tous endroits de la lave, en tous sens. Itrenog se ramassa sur lui-même. Il se trouvait dans la gueule de ce qu’il fuyait depuis toujours. Son regard se posa sur la silhouette immobile qui se dressait non loin de lui, au centre de la plateforme.


- Rallume la Flamme, disperse les Ténèbres. Alors, tu pourras voir.
- …
- Puisque tu as passé les obstacles et aidé à rétablir l’équilibre, tu devrais pouvoir trouver ce que tu es venu chercher.

Itrenog se détendit. Bien qu’il fût face à celui qu’il était venu consulter, il ne sentait toujours pas son essence ici. Était-ce… une illusion ? Après tout, il s’en moquait. Ce qui lui importait, c’était que Serädjëon lui dise ce qu’il savait, et s’il lui était possible de remédier au danger qui planait sur son corps, donc son existence sur Geadrâs, et, par extension, son existence tout court. Aussi, il ne s’embarrassa pas de frivolités inutiles :

- J’ai pris ma décision. Je dois retrouver mon passé si je veux l’affronter et panser mes blessures.

Serädjëon hocha lentement la tête sous sa capuche, et répondit :

- Dangereuse et sage décision. Qu’as-tu appris en traversant l’Eden ?

Itrenog commençait à se faire à la manière de questionner pour guider vers les réponses. Cela lui rappelait étrangement la manie d’un vieux compagnon d’aventure.

- Qu’il fallait accepter ce que j’étais pour avancer. En moi, différentes entités s’affrontent… Je dois cesser de les cloisonner et en faire un tout indivisible.
- Précisément. La division de ton être est la source de ton mal actuel, et la conséquence de ce qui explique ton passé.

Itrenog ne voyait pas bien où il voulait en venir. Alors que les paroles de Serädjëon lui parvenaient, des flashs lui vinrent à l’esprit, par bribes :

- Depuis toujours, les mages ont cherché des sources de pouvoirs plus puissantes. Toutes les formes de magie se sont donc tournées, immanquablement, vers ce qui est communément nommé aujourd’hui les Emanances. Les Emanances sont des concentrations exceptionnelles d’essences, qui s’animent spontanément. Ce sont les phénomènes magiques les plus puissants qui soient, lesquels permettraient – si maîtrisés – de passer outre toutes les lois occultes connues. En tout cas, c’est ce qu’admettent la plupart des érudits.
- Quel rapport avec mon état ?
- Bien des mages se sont essayés à créer et contrôler des Emanances. Mais si la première opération arrive parfois à terme, le second a causé de tels événements qu’il est depuis longtemps interdit de s’en servir. Pour pallier à ce manque, certains mages essayèrent d’obtenir une source d’énergie équivalente par un procédé différent. C’est ainsi que les premiers Mnautas ont été amené à la surface de Naravel. Les essences de ces démons furent brisées, séparées les unes des autres par la force. Naquirent ainsi des Démons artificiels, les Vanätas, dont les essences ne cessent de se diviser lorsqu’elles rencontrent des corps capables de les accueillir. Ainsi, les Vanätas furent les premiers Démons à fouler le monde chantant, créatures errantes et blessées, sans but ni espoir de survie, se désagrégeant peu à peu, victimes de l’immense énergie qu’ils recèlent.

Itrenog regarda ses mains démoniaques devant lui. La peau noire se rétracta, faisant place à ses appendices humains. Comme pour se le faire accepter, il prononça :

- Je serais… un de ces Vanätas ?
- …

Puis, il revint sur Serädjëon, la détermination regagnant du terrain dans son ton :

- Pourquoi les Omerädies me pourchassent ? Est-ce que celui que j’étais autrefois a enfreint des lois de l’Inferës ?
- Les Vanätas doivent être éliminés pour ne pas servir les mages. C’est l’une des règles du Haut Conseil.
- Pour ne pas servir les mages ?
- Les Vanätas sont nés pour servir de ressources aux mages, qui peuvent profiter de leur état pour conclure un pacte déséquilibré. Avec l’appui d’un catalyseur, un mage peut en théorie déclencher un sort avec une puissance avoisinant celle d’une grande Emanance.

Itrenog fronçait les sourcils. Ce qu’il entrevoyait n’augurait rien de bon. Etait-il possible qu’Iberiel et Athos… Si tout cela était vrai… Itrenog n’était peut-être pas prisonnier dans les mines où il s’était réveillé, il y avait longtemps de cela. Peut-être qu’on l’y avait caché, ou qu’il s’y était lui-même enfermé. Et peut-être que leur rencontre ne devait rien au hasard.

- Les catalyseurs… Que sont-ils exactement ?
- Ce sont le plus souvent des Elfes, nés dans des conditions extrêmes. Leur essence, immature, n’évolue pas en grandissant, et a tendance à provoquer naturellement des émanances de plus ou moins grande envergure. Les Elfir les isolent un maximum du monde extérieur, et ne laissent sortir des forêts qu’une infime partie d’entre eux, sous surveillance extrême et en cas de nécessité seulement. On considère généralement les Demeterän comme des êtres touchés par la grâce, d’où leur nom, même si celle-ci leur apporte une vie de contraintes et d’interdits.

Le Démon ne laissa transparaître aucune réaction et enchaina comme si de rien n’était :

- Comment puis-je empêcher mes essences de se décomposer ? fit-il.
- Il existe en théorie deux moyens, répliqua Serädjëon. Le premier consiste à abandonner ta part démoniaque. Tes pouvoirs te quitteront et tu deviendras humain.

Son interlocuteur leva un bras, et effectua des gestes étranges avec sa main. Itrenog sentit son enveloppe démoniaque être aspirée : les essences violentes ondulèrent en serpentant vers son interlocuteur, qui les concentra en une sphère tourbillonnante, sombre, effroyable. Itrenog dut résister durant le détachement, mais enfin, l’emprise occulte le relâcha, et il se retrouva avec un corps d’une légèreté stupéfiante. Il ne faisait plus qu’un avec, et ne ressentait aucun malaise. Un grand frisson le parcourut, témoin de tout le potentiel qui s’éveillait en lui.

- Le second sera de fusionner avec Asala. Le processus devrait inverser la tendance, mais tu devras sûrement continuer à chercher tes frères Vanätas pour assurer ta survie. Tu redeviendras alors progressivement le démon que tu as été jadis.

Serädjëon fit un geste brusque et propulsa la sphère démoniaque sur le corps humain, qui le frappa avec une sauvagerie sans nom. Itrenog sentit le choc arracher sa peau par lambeaux entiers, effriter ses os, annihiler ses sensations, et troquer son âme contre des présences dévorantes. Son être se gonfla d’une puissance meurtrière, d’une soif intarissable qui recouvrait tout. La Bäjra Sathies, qu’Itrenog n’avait plus ressentie que par le biais de la colère d’Asala depuis longtemps. Machinalement, il la matérialisa à ses côtés pour y déverser ce fardeau qui l’empêchait d’être au clair. Lentement, la lucidité et le calme gagnèrent son esprit.
Il hésitait. Devenir humain le mettrait à l’abri de tout son passé définitivement, et lui permettrait d’accéder à la mortalité, ainsi qu’à tout le potentiel des Humains. Mais d’un autre côté, il abandonnerait tout ce qu’il avait été. De plus, si la voix de Serädjëon ne transpirait pas le mensonge, il était évident qu’il cachait beaucoup de choses. Et notamment, ce qu’il recherchait en lui racontant tout cela. Ses actions était immanquablement dictées par un intérêt certains, qu’Itrenog devinait à moitié. La voix grave, il interrogea :

- Je suppose que votre aide n’est pas gratuite. Qu’attendez-vous de moi ? Un Pacte ?

Serädjëon joignit ses doigts devant lui, prenant le temps avant de répondre :

- Pas vraiment… Disons plutôt… Un échange équitable.

La méfiance d’Itrenog ne fit que s’accroître rien que par le ton que son interlocuteur avait employé. Il allait enfin dire ce qu’il avait derrière la tête en l’attirant dans ce lieu.

- Je peux te faire échapper à ton sort. En contrepartie, je ne demande qu’une seule chose : disposer de l’énergie qui a servi à ta « naissance ». Cela aura pour conséquence, si tu choisis de redevenir Démon, de revenir à l’état de Vanäthies… ou si tu choisis de devenir Humain, de rajeunir à l’enfance. Dans les deux cas, ton esprit et le cœur de ton essence seront préservés.

Le Démon grogna intérieurement. Evidemment… Serädjëon était intéressé par les ressources d’énergie qu’il constituait en tant que Vanätas. Cela paraissait évident, et confirmait et justifiait tout ce que l’individu lui avait dit depuis le début. Tout ce que cela sous-entendait pour Itrenog le clouait sur place. Il pourrait ne pas l’écouter, et poursuivre son errance encore, chercher d’autres réponses, qui peut-être n’existaient pas. Peut-être trouverait-il un moyen de stopper son mal, sans devoir payer de tribut. Mais il n’avait aucune idée d’où chercher. Rien sur Naravel ou dans ses profondeurs ne semblait être en mesure de stopper cette déliquescence, hormis Serädjëon. Sa connaissance des Démons, de la magie, et son propre nom indiquaient tous cette solution. Mais puisque lui faire confiance n’était pas possible… Peut-être qu’un Pacte serait la solution.
Itrenog devait réfléchir. Sa décision allait probablement avoir des répercussions sur d’autres êtres de Naravel. Ses autres frères Vanätas, ou ceux qui seraient touchés par les actes de Serädjëon. Celui-ci projetait visiblement de se servir d’un sort immense. Dans quel but ? Comment comptait-il y parvenir ? S’il parvenait à réaliser une telle magie, cela changerait probablement la face du monde. S’il avait découvert des secrets d’une telle importance, tous les peuples chercheraient à s’en emparer. Peut-être était-ce pour cela qu’Itrenog ne ressentait pas la présence de Serädjëon ici. Il se cachait probablement.

- As-tu décidé ? trancha son interlocuteur.
- Oui, répliqua Itrenog sans hésitation.
- Alors, l’Eden s’ouvre à toi.

Soudain, tout autour d’Itrenog se mit à changer, comme un voile qui se déchire. Le chaos étouffant se disloqua, d’abord lentement, puis comme sous l’effet d’une tornade. Itrenog voyait clair, à présent. Il se trouvait à une croisée de chemins. Derrière lui, les ténèbres de l’hésitation, du doute, étaient toujours là, toujours accessibles… Ce qu’il avait devant lui était criblé de dangers et d’obstacles, mais il savait à présent ce qu’il devait faire. Serädjëon, sur l’un des chemins, prononça :

- Il est temps…

L’Eden vola en éclats, tandis qu’Itrenog se redressait dans un sursaut. Face à lui, sous une voûte de toile blanche, deux silhouettes familières se dressaient.

- ... de revenir, dans ce cas.



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Message par N'Aedras Lun 7 Nov 2011 - 13:06

Nathrae, pour la deuxième fois, ressentit un changement tout autour. Le premier avait soulagé la souffrance, et celui-ci… Ses pieds se posèrent délicatement sur des marches. Autour d’elle, le néant prenait forme, comme déchiré par des griffes mystérieuses. Les ténèbres reculaient, perdant leur toute-puissance. La N’Elfir, immobile, retrouvait avec soulagement la présence bienveillante de sa compagne de toujours. Glissant entre les ombres, Fyea ne tarda pas à la rejoindre. Son contact était différent ici, mais il apportait un soutien indispensable après les épreuves qui venaient de se dérouler. Elle y était, à présent. Il l’attendait, là-haut, au-delà des marches. Le danger planait partout à présent que les obstacles précédents étaient tombés. Il allait falloir lui faire face comme jamais elle ne l’avait fait avec aucun autre depuis longtemps. Déterminée, elle entama l’ascension vers l’ultime salle d’Elesas, où siégeait le trône du Prince Sombre… et où l’attendait celui qu’elle était venue chercher.
Ses pas feutrés ne laissaient filtrer aucun bruit sur les marches noires gravées d’enchantements. Progressant dans ce silence total, elles franchirent les colimaçons, pour déboucher sur un grand hall pourvu de 6 arches, au milieu duquel une grande sculpture d’essences pures miroitait en remuant doucement. Celles-ci se tendirent spontanément les arrivantes en dirigeant vers elles des rubans éthérés qui les caressèrent avec douceur et hésitation mêlée. Nathrae contempla les lieux un long moment. Cela faisait longtemps qu’elle n’était pas venue les fouler, mais ils paraissaient différents de son souvenir. Plus hostiles.
Fyea la sortit de ses songes et elles se dirigèrent vers l’une des arches, de laquelle s’échappait des relents surnaturels de plus en plus menaçants à chaque pas. Elles s’engagèrent dans l’allée sombre avec méfiance, jusqu’à déboucher sur la salle du trône. Frappées par le souffle redoutable qui dégageait ce lieu, aucune des deux ne posa le pied dans le cercle de l’enceinte. Ce ne fut que par un effort de résolution de Nathrae qu’elles entrèrent. La salle était plongée dans la pénombre ; seule une très mince ouverture dans la haute voûte laissait filtrer un rayon de lumière. Celui-ci, étroit, peinait à dessiner sur le sol une tâche digne de ce nom. La faible réverbération épousait alentour les formes fantomatiques de racines noueuses et rampantes, qui provenaient du fond de la salle. La N'Elfir crut distinguer dans l'ombre deux iris terribles dont la puissance ébranla les défenses de son esprit.

L'intensité et la froideur de l'aura l'immobilisa sur place. Elle ne parvenait pas à sentir la provenance exacte de la présence qui l'écrasait. Mais elle n’eut pas le temps d’observer davantage : une lame verte explosa à sa droite, encaissée au dernier moment par Fyea, dont le corps brumeux fut refoulé dans le couleur d’accès. La N’Armetla réagit aussitôt, en déployant un courant déflecteur sur la provenance de l’attaque. Une forme floue glissa sur sa gauche, lançant une pointe étincelante sur son flanc. Nathrae fit tournoyer son autre bras avec une incantation, dispersant aussitôt l’attaque. Un choc percuta sa déflection, la faisant riper sur le mur. La N’Elfir vit sa Familière bondir à l’assaut de l’autre forme, et annula son sort. Déjà deux ennemis fusaient sur elle : l’un jetant un sortilège, et l’autre, animant ses bras de crépitements dangereux. Sans hésiter, elle contrattaqua d’une riposte bleutée, puis prononça quelques mots. Sa silhouette se dilua et se reforma à quelques mètres, avant d’émettre une vrille étincelante qui frappa sans ménagement ses adversaires. Fyea la rejoignit à cet instant, débarrassée de son adversaire. Mais déjà, quatre autres leurs fondaient dessus. Nathrae leva une main dans leur direction et prononça en langage de magie :

- Assez !!

Les leurres se disloquèrent en myriades resplandissantes, avant de disparaître en crépitant. Nathrae porta un regard dur en direction du trône, dans la pénombre. Elle tenta de sonder par l’esprit, mais comme elle s’y attendait, elle se heurta à plusieurs entités terrifiantes qui l’attaquèrent sur plusieurs fronts. Comme elle l’avait appris durant son voyage avec Fanaël, au lieu de tenter de les repousser, elle les harponna et les tira à elle en tentant de leur insuffler son essence. Le duel mental se termina par une rupture brutale, que Fyea s’empressa aussitôt de colmater. Nathrae, la laissant faire, se concentrait sur les apports du bref échange. Bien que très peu orthodoxe, tout ce qui venait de se produire pouvait être assimilé à des présentations dans les usages. Elle n’était pas la bienvenue, et ceux qu’elle avait en face n’étaient pas celui avec qui elle désirait s’entretenir. Ils étaient des manifestations intruses et défensives à la fois. L’expression de la colère, de la trahison, de la peur et de leurs conséquences. Elle rassembla sa conviction, et déclara :

- Je sais que vous êtes et pourquoi vous vous opposez à moi. Mais ce n’est pas avec de la magie que vous m’arrêterez. Laissez-moi atteindre Fanaël.
- Tu n’es pas dans ton monde, ici…

Tout d’un coup, une force prodigieuse écrasa Nathrae contre une paroi, enfonçant littéralement celle-ci, la transperçant de griffes invisibles. Mais son corps se dissipa aussitôt, tandis que non loin d’elle, l’ancienne Fyea se transformait en sa complice. L’interversion avait fonctionné à merveille : aucune des deux ne semblait blessée.

- C’est vrai, répliqua Nathrae, mais j’en ai appris certaines règles. Laissez-moi lui parler.
- Jamais !! cria une voix emplie de colère.

Nathrae sentit les flux converger vers elle avec une fureur extrême. Une avalanche mortelle s’abattit sur elle et son acolyte sans aucune pitié. Des trombes de sorts offensifs surgissaient de toutes part, se fracassant sur ses défenses avec toujours plus de véhémence. La N’Elfir, submergée par la déferlante malveillante, ne cessait de psalmodier une incantation lancinante, répétitive et complexe pour faire barrage. Sa magie traversait l’influence de Fyea qui la décuplait et l’harmonisait de tout son être. Autour d’elle, les éclats de magie ricochaient, explosaient, se pliaient sans discontinuer, impuissants face à leur maîtrise. Mais bientôt, ce fut autre chose qui atteignit les deux comparses : ce n’étaient pas seulement des sorts qui leurs étaient adressés… Il affluait des cris et des souvenirs insoutenables, empreints de sensations multiples, suffocantes. Tout cela était un fardeau trop grand pour l’entendement de la N’Elfir, et encore plus pour son être. Par sa faute, ce fardeau s’était alourdi, et son porteur en payait déjà le prix. A présent, elle en prenait la mesure. Ou tout du moins, c’était ce qu’elle croyait.
L’offensive déjà stupéfiante ne cessait d’augmenter en intensité. La complexité des sorts dépassa bientôt celle qu’elle connaissait à Fanaël, rongea ses protections comme si elles étaient insignifiantes. Nathrae n’avait plus le choix : elle prononça une formule secrète et employa toute sa force pour détourner la magie à son avantage, et la projeta sans retenue vers Fyea. Celle-ci absorba toutes les essences, et bondit vers la source des sorts. Elle aspira la tourmente occulte dans son sillon, ravageant tout sur son passage. Mais alors qu’elle allait toucher au but, quelque chose de terrible se produisit. Quelque chose percuta Fyea, qui fit à Nathrae l’effet d’une lame froide en plein cœur. La magie secrète de la N’Elfir lui échappa totalement et se retourna contre elle. Hébétée, elle ne put réagir quand Fyea s’interposa pour la couvrir. Le tumulte battant se déversa sur la Familière sans interruption pendant un moment qui sembla une éternité. Puis brusquement, le torrent décrut, et le calme revint. Fyea, terrassée, s’affaissa dans les bras de sa Liée. Elles échangèrent un court regard, et son corps se liquéfia lentement pour se réfugier contre le sien, meurtrie au plus profond d’elle. Elle ne pourrait plus reprendre forme ici.
La N’Elfir, accablée, demeura prostrée quelques instants, le temps de surmonter sa torpeur et sa douleur. Comment… Personne ne pouvait détourner cette magie : elle était la seule à la connaître. Il aurait fallu… Non. C’était impossible. Elle leva les yeux vers le trône.
De la voûte du dôme, quelque chose se détacha de ce qui ressemblait à des branches sinistres. Telle une feuille morte, l’excroissance perdue virevolta dans les airs, gracieusement, tout en se désintégrant. Elle se posa au pied des marches du trône, devant la silhouette obscure qui se tenait là à présent, dissimulant de sa magie ce qui se trouvait derrière. Nathrae se raidit en reconnaissant son propre reflet. Sa voix la fit tressaillir quand elle l’entendit s’adresser à elle:

- Ta route s’arrête ici.

La N’Elfir fronça les sourcils, et tenta de démasquer l’imposteur. Mais son double la devança d’une parade parfaite, comme si elle connaissait exactement sa pensée, et lui asséna une frappe mentale paralysante. Nathrae, stupéfaite, mit un temps avant de se libérer par l’incantation adéquate. C’était bien sa propre magie.

- Comment… cela est possible ?
- Je suis l’enchantement que tu as placé ici pour empêcher quiconque de commettre ce qui ne doit pas l’être.
- Que j’ai placé ici ?
- Tu as déjà deviné que ce n’est pas la première fois que tu rencontres Fanaël. Je suis la précaution que tu as placée en lui au cas où quelqu’un chercherait à voler ce qui y est caché.
- Qu’est-ce qui est caché ?
rétorqua aussitôt Nathrae, dont l’esprit s’agitait de plus en plus.
- Tes secrets, parmi d’autres.

Les espoirs de la N’Elfir se confirmaient. Ce qu’elle cherchait se cachait ici, quelque part. Elle était tout près du but, enfin. Des souvenirs devaient être scellés, qui contenaient les réponses à ses questions. Elle ne pouvait pas laisser passer l’occasion.

- Pourquoi m’empêcher d’y accéder, alors qu’en sauvant Fanaël, je les ai tous préservés ?
- Ce que tu as fait était pure folie. En empêchant Fanaël de suivre son plan, tu as brisé une partie des protections des secrets. A présent, de terribles ennemis sont au courant de choses qui n’auraient pas dû entrer en leur connaissance.
- De terribles ennemis ? De qui parlez-vous ? Des Elfes ?
- Non… Bien pires que ceux-là.


Devinant l’incrédulité de Nathrae, son double enchaina :

- Ceux qui sont après Fanaël ne reculeront devant rien pour mettre la main sur lui, maintenant qu’ils savent ce qu’il est. Cela ne doit en aucun cas se produire. Tu dois le mettre à l’abri.
- Mais qui sont-ils ? Et que lui veulent-ils ?
- Cela, seul lui le sait. Mais je me rappelle ce qu’ils ont fait lorsqu’Il s’est opposé à eux.


Nathrae subit une bouffée d’effroi qui la crispa toute entière. Pour une raison encore nébuleuse, elle savait exactement de quoi elle parlait. La Grande Malédiction. Se pouvait-il que la véritable raison de leur bannissement était Fanaël lui-même ? Curieusement, à cette pensée, aucun ressentiment envers lui ni surprise ne la saisissait, même fugacement. Ce qu’elle redécouvrait n’était pas nouveau. Un flash diffus la saisit, dans lequel elle crut l’apercevoir dans des endroits oubliés. Mais il était différent. Tout était différent, même elle.

- J’ai l’impression de le percevoir dans mes souvenirs… Mais son aspect est changeant, comme si plusieurs personnes s’emmêlaient autour de lui…

Son reflet hocha la tête.

- C’est normal. Fanaël change souvent d’apparence lorsqu’il meurt. Il perd parfois certaines caractéristiques et en retrouvent d’anciennes, ou en acquiert de nouvelles.
- Lorsqu’il meurt ?
s’étonna Nathrae.
- Les siens sont des créatures étonnantes, mortelles et immortelles à la fois. Fanaël t’a laissé l’étudier à plusieurs reprises, en échange de quelques enseignements. Votre premier lien s’est tissé avant la Grande Malédiction. Le second avant l’apparition de Fyea et la mienne. Tous deux se sont soldés d’un bien lourd et douloureux tribut.

Il y eut un silence, pendant lequel la N’Elfir ressentit le poids insaisissable de ces derniers, sans pour autant se les remémorer clairement. Toutes ses révélations coulaient sur son esprit comme de l’eau sur la terre trop sèche. Il serait temps plus tard de méditer. Pour l’instant, elle avait encore des choses à entendre.

- Parmi les siens, Fanaël est un aîné. Son rôle est de les rassembler et de les préserver de leurs ennemis. Pour cela, il a conclu une sorte de pacte avec le Prince Elderian : ils ont auprès de lui protection, et en échange ils vous offrent une partie de leurs secrets.

Le regard de Nathrae se durcit.

- Elesas a été bâtie grâce à cela, et certaines magies N’Elfir en sont issues. Comme celle qui a engendré Fyea… Les seuls à en avoir profité sont ceux qui ont connaissance du pacte. Ces secrets ne doivent d’aucune manière leur être arrachés par ceux qui les pourchassent. Cela menacerait Naravel tout entier.

En cet instant, l’Elfe Noire avait une vision plus précise des dégâts qu’elle avait causé, et ceux qu’elle avait failli commettre avant que l’enchantement ne l’arrête. Ses propres chimères l’avaient aveuglée sur les conséquences de ses actes, dont la portée dépassait l’entendement. Si la menace dont il était question ne craignait même pas le Prince Sombre, Nathrae ne voyait pas comment éviter le pire. Il fallait trouver un esprit capable de d’appréhender le problème pour trouver une issue. Une fois en place, elle pourrait mettre tous ses talents à contribution. C’était ainsi qu’elle regagnerait sa confiance et expierait sa faute.
Soudain, un soulagement intense la saisit. Comme dans un rêve, la lumière envahi le dôme, et l’arbre mort se couvrit de feuilles et de fleurs. Une silhouette diaphane sembla se dessiner devant le trône, mais disparut aussitôt lorsque l’Eden se déchira autour d’elle.
La présence chaleureuse de Fyea l’enveloppait totalement lorsqu’elle revint à elle.



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Message par N'Aedras Mar 8 Nov 2011 - 14:14

HRP*

Je poste juste pour dire qu'un ultime post est en cours d'édition, pour vous aider à enchainer correctement. Il y sera fait un petit topo sur la situation globale (ce qui vous attend à l'extérieur) qui vous permettra d'embrayer sur vos propres réactions suite à l'épisode dans l'Eden. Vous pourrez probablement poser des questions supplémentaires à vos interlocuteurs "référents":
La femme blanche pour Kin-Fei, Serädjëon pour Itrenog, et Fanaël pour Nathrae.
Et décider de la suite à donner aux chemins qui s'offrent à vous (avec le topo sur les événements extérieurs, ça devrait aider ^^).

J'ai fixé ma deadline pour ce post à demain soir au plus tard (en tout cas je fais mon max pour finir là).

Voilà voilà.
Je supprimerai cette intervention au moment de poster la chose.

*HRP
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Message par N'Aedras Mer 9 Nov 2011 - 22:28


Une brise légère s'engouffrait avec volupté dans l'aile est de la tente. L'ouverture vers l'Eden au-delà montrait un paysage doux, éclairé par les chaudes lueurs d'un astre déclinant. Kin-Fei contemplait le paysage magnifique et changeant, réfrénant son envie de s'y aventurer. Serädjëon et Leranej - c'était ainsi que la femme blanche s'était nommée - s'étaient retirés dans l'aile sud, pour s'occuper de celui qui les avait tous envoyés dans la tourmente. Cela faisait un moment qu'ils s'étaient isolé, les laissant à eux-mêmes. Itrenog avait gagné l'aide nord. D'ici, Kin-Fei ne le voyait pas; il s'échappait seulement une vive lueur dans sa direction, assez désagréable. Son feu intérieur souffrait encore. L'Eden n'avait visiblement pas amélioré sa condition, au contraire. Si Serädjëon pouvait le soigner, il ne l'avait pas encore fait. Elle n'avait pas posé de question depuis leur sortie. Toute comme elle, il avait besoin d'être seul pour se remettre de l'épreuve qu'ils avaient traversés. Ca avait été éprouvant, et Kin-Fei avait de plus en plus de mal à se rappeler ce qu'elle avait vu. Il restait seulement des bribes de connaissances, sur ce qu'elle était... ce qu'elle devait faire.
Son regard se porta avec curiosité vers l'aile ouest, où séjournait l'Elfe Noire. Tout comme la première fois, elle ne vit que la créature féline surnaturelle qui attendait. La flamme de son aura était fascinante. Kin-Fei découvrait ses nouveaux sens petit à petit. Sa vision et son odorat étaient les sens qui avaient le plus changé. Le monde brûlait autour d'elle, lui livrant milles informations nouvelles. Il était difficile de faire le tri, et il n'était plus possible de regarder comme avant. Elle n'osait plus bouger comme avant... Il y avait trop de choses autour d'elles, qui bougeaient et interagissaient avec elle. De plus, les choses inertes étaient devenues plus difficiles à percevoir au milieu des courants d'énergie. Soudain, les yeux de l'animal croisèrent les siens. Kin-Fei tressaillit et détourna le regard. Elle avait l'impression que la créature la touchait de l'intérieur si elle la fixait. Elle se concentra sur le paysage devant elle, serrant ses jambes entre ses bras.

Itrenog retira la main de son épaule ensuquée, et porta son regard sur la pierre devant lui. Il la prit et la fit tourner lentement dans sa main, perdu dans ses songes. Ses yeux plongèrent dans le brasier devant lui. Son essence pure soulageait son corps entier, et muselait Asala. Il serra le poing, et rangea la pierre dans une de ses poches. Tout cela ne serait bientôt plus qu'un pâle souvenir. Il avait pris sa décision.

Nathrae émergea enfin de sa méditation. Son esprit s'était enfin calmé, s’accommodant lentement de nombreuses choses retrouvées. Elle s'était légèrement isolée dans l'Eden, désirant ne pas impliquer Fyea dans ce moment. La N'Elfir avait besoin de franchir cette étape seule, et dans le calme, et de mettre en place des précautions mentales pour limiter la remémoration. Elle partagerait ensuite avec sa Familière, qui l'avait laissée à l'orée de l'Eden. Elle surveillait Fanaël, au cas où quelque chose se passait. Ce qui ne tarda pas à se produire: la présence spirituelle de sa compagne se manifesta, lui indiquant de rentrer. Nathrae se leva, et avança vers la tente sans ouvrir les yeux. Regarder ce que son esprit créait autour d'elle était trop dangereux. Elle avait atténué tous ses sens pour ne pas subir trop puissamment l'influence de l'Eden. Rapidement, elle sentit le sol se durcir, et Fyea réagir à sa présence. Elle ouvrit les yeux et réajusta ses sensations. Ici, le flux d'essences était moins présent, même s'il ne fallait tout de même pas le sous-estimer.




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Message par N'Aedras Mer 9 Nov 2011 - 22:37

Serädjëon déposa une grande quantité d'objet sur la haute table ronde centrale, avant de s'adresser à ses hôtes:

- Bien. Il reste de nombreuses choses à régler avant votre départ, et le temps presse. L'Eden m'a permis de voir les rôles que vous pouvez jouer dans les événements à venir. Aussi, vous devez savoir plusieurs choses...

Il marqua une pause pour laisser à l'auditoire le temps de focaliser son attention.

- Vous tous courez désormais de grands dangers. Votre présence et vos actes ici ne sont pas passés inaperçus, et impliquent de grands changements dans vos destinées respectives. Il se joue sur Naravel un conflit séculaire, qui dépasse les enjeux du monde chantant. Même si vous n'en portez pas encore le souvenir, vous y avez déjà participé dans votre passé, en tant qu'alliés à notre cause. C'est là en partie la raison de votre présence ici.

Il saisit un rouleau de parchemin, qu'il lança sur la table. Celui-ci se déplia en vol et atterrit doucement sur le support.

- Bientôt, le monde va s'embraser...

Tout en parlant, il indiquait sur la carte:

- Cela a déjà commencé ici, à Munduce. Les Elfes dissidents sont le premier mouvement de nos ennemis. Bientôt, ils vont se soulever dans la Grande Forêt. Au sud, les Nains sont déjà entrés en guérilla contre des rebelles, et malgré l'optimisme du Haut Roi, nous sommes presque sûr que le conflit va dégénérer sous peu en guerre... Elle a même sûrement commencée à l'heure qu'il est. Mais ce n'est pas tout.

Il glissa à l'est, sur les chaînes de Valaya.

- Venant du sud, une menace que tous croyaient éteinte vient de se réveiller. Des Dragons de N'darakrin ont franchi les Falaises et frappé à plusieurs endroits. Il est très probable qu'il s'agisse d'une diversion de nos ennemis pour affaiblir encore plus les peuples.

Il revint à une boîte gravées de symboles, sur lequel il jeta un sort en murmurant avant de l'ouvrir.

- Même s'il est difficile de prévoir leurs plans, il est presque certain que ce chaos généralisé va leur permettre d'agir sur des cibles précises pendant que chaque race sera impliquée dans le conflit grandissant.




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Message par N'Aedras Mer 9 Nov 2011 - 22:49

Deux formes sombres jaillirent de la boîte, et vinrent se répartir sur la carte de Geadrâs sous les incantations de Serädjëon. Il ferma la boîte avant que la troisième forme n'en sorte. Les formes magiques vinrent se positionner en An'Duin, et sud-ouest d'Ilmar.

- Ces deux points seront attaqués, tôt ou tard. Ils devront être défendus.

Il reporta son attention sur son auditoire.

- Si vous décidez de nous aider, c'est là-bas que vous devrez vous rendre avant tout.

Il y eut un silence, puis Kin-Fei fit, en indiquant la direction de Fanaël, derrière les tentures:

- Ces ennemis... C'est lui qu'il recherchent, n'est-ce pas?

Serädjëon hocha la tête en signe d'acquiescement:

- Fanaël est celui qui montre le chemin dans les Ténèbres. De puissants alliés se sont déjà ralliés à lui.

Itrenog fronça les sourcils, avant de déclarer:

- Quel est son but? Et qui sont ces ennemis?
- Ils chassent les êtres semblables à Fanaël - les Neutrins - à travers les âges, pour arracher les secrets qu'ils détiennent. Ils font partie d'une alliance très puissante nommée TriAqua. Plusieurs Neutrins ont été pris, mais lui est resté, et leur a résisté, avec l'aide que certains Naraveliens lui apportaient. Aujourd'hui, s'ils le capturent, d'immenses secrets de ce monde basculeraient en leur possession, et ce pourrait être la fin pour tous ses habitants. Fanaël cherche à éviter cela, en donnant aux peuples de Naravel de quoi se défendre et les repousser.
- Aux peuples de Naravel? releva Nathrae. Fanaël... a-t-il un moyen d'agir sur Elfirea?

Serädjëon ne répondit pas, et ouvrit la boîte, qui aspira les deux formes sombres. Puis il la scella à nouveau, et termina:

- Maintenant que vous en savez assez, vous pouvez faire votre choix. Dans le cas où vous rejoignez notre cause, vous aurez la reconnaissance de son détenteur, et par là-même notre soutien. Le cas échéant, vous oublierez tout ceci, et repartirez allégés des souffrances qui vous ont mené jusque là.

La table disparut, et les objets lévitèrent vers l'aile nord.


- Lorsque vous serez décidé, venez le dire à l'un d'entre nous. Si vous avez encore des questions, nous pourrons peut-être y répondre. Mais ne tardez pas. L'avenir demande du temps pour être préparé, quelque soit la voie empruntée...

Il suivit les objet, les laissant à leurs propres réflexions.




Spoiler:
Voilà j'ai fini. A vous! MP et/ou skype si besoin ^^
J'espère que ça vous a plu et que vous y voyez un peu plus clair.
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Message par Itrenog Ven 6 Déc 2013 - 0:05

Itrenog observait attentivement ses bras. Les glyphes qui parcheminaient sa peau ne rayonnaient plus d'énergie vibrante et astreignante. Elles n'étaient désormais que de fines boursouflures argentées, bardant simplement de leur parcours précis son aura écrasante. Il sentait sur lui leur emprise toujours forte, mais il semblait que ses flux internes s'étaient de nouveau harmonisés avec ceux plus rêches des marques. Elles étaient redevenues un simple cran de sécurité comme l'imposait leur fonction d'origine. Il ne respirait plus la douleur et la tension. Un sentiment qui remontait si loin qu'il ne se rappelait plus l'avoir jamais éprouvé un jour. A une époque où il n'était qu'un tout solide et indivisible.

L'épée d'ombre, posée sur une table non loin, paraissait elle aussi endormie. Itrenog savait qu'il n'en était rien, que ce n'était qu'un leurre destiné à le tromper, mais il se risqua malgré tout à la saisir à pleine main. Le lien qui connectait les deux parts de son être s'intensifia brutalement et il ressentit rapidement cette soif de carnage que lui transmettait l'arme. Il devait dégainer, tuer, assimiler, mais il n'en fit rien. Il résista, se laissa transpercer par cette force implacable, tenta de la rediriger, de la soumettre, sans succès. Quand sa tolérance manqua de céder, il lâcha brutalement l'épée qui retomba comme une pierre. Cette parcelle ne se laisserait pas dominer si facilement, c'était une évidence. Sa volonté, qui devenait propre avec le temps, surpassait la sienne en terme de puissance brute. Un comble puisque cette volonté n'était ni plus ni moins que la sienne. Il était donc plus fort que lui-même. Une ironie qui manqua presque de le faire sourire.

Prestement, il enfila une tunique mais retint son bras quand il effleura son manteau. Le cuir rapiécé qui le composait n'était qu'une nouvelle prison, destinée à piéger ce qu'il était plus intensément. Une précaution supplémentaire qui n'avait plus lieu d'être. Il s'arrangea alors une tenue plus souple, moins couverte, toujours aussi imposante cependant. Les bras plus libres, son visage de pierre à l'air, il roula des épaules. Cet agrégat d'os et de chair, encore une chose que même dix millénaires ne parviendraient pas à rendre plus supportable. Comme cette vision limitée aux choses tangibles. Itrenog se promit de retrouver ses sens démoniaques lorsque le temps se présenterait à lui. Pour l'heure, il y avait à faire.

D'un geste rapide, il attrapa la pierre que lui avait confié Godric entre ses doigts. Un objet d'une grande valeur qui s'accordait à merveille avec son état, jouant le rôle d'un baume apaisant sur une aura déchirée par le cloisonnement. Mais ce n'était pas lui qui avait besoin d'être calmé. Un regard au sol et il plaqua l'arme d'ombre de sa botte. En lui, il sentit gronder la colère. Avec précaution, il déposa le rubis sur le pommeau de l'épée et entra en résonance avec les deux objets. A l'instinct, il modela les deux matériaux, appréciant leur réceptivité respective à ses flux, pour les fusionner. L'opération ne laissa que l'épée entre les mains d'Itrenog. Elle avait assimilée cette essence et en tirerait bénéfice. Le temps ferait son œuvre.

Muselée pour le moment, elle rejoignit le côté de son porteur qui sortit. Face à lui, dans une autre pièce, se trouvait Kin-Fei. Si elle avait été éprouvée par les récents événements, elle n'en laissait rien paraître. Allongée à même le sol, les pieds sur la tête, elle était perdue dans ses songes. Tandis qu'il la regardait, Itrenog décela dans sa présence quelque chose qu'il avait déjà ressenti par le passé. Une apparence bien différente, un visage plus marqué, fortement écaillé par endroit, une maîtrise des arcanes plus poussée aussi, mais avec une racine commune. Un autre, sûrement. S'il remontait plus loin, il pensait à quelque chose de plus sauvage, brutal, infiniment plus dangereux, mais plus confus, à la limite du rêve. L'endroit semblait le même, mais il n'en était par sûr. Itrenog se détourna. Tout cela n'était que réminiscences brouillées, déconnectées les unes des autres. L'impression subsista un temps, puis fut remplacée par le retour froid à la réalité. Itrenog continua son chemin et entendit des bribes d'une discussion dont il ne comprenait pas la teneur. Un ton sec, venimeux par moment, fut tout ce qu'il décela sur sa gauche. Il ne chercha pas à en savoir plus, les conversations d'autrui l'intéressant rarement.

Plus loin, Serädjëon était assis devant une table, les yeux mis-clos. Il ne semblait pas attendre quelque chose, seulement écouter le temps passer. Il paraissait jeune, du moins de ce que l'on pouvait discerner de ses traits drapés dans l'ombre. Mais Itrenog ne s'y trompa pas. Il respirait la magie à plein nez et c'était précisément ce qui le poussait à rester méfiant. Des crépitements discrets de l'air à cette odeur sombre et lourde, typique des mages, le tout pourtant différemment agencé. C'était étrange. Dangereusement étrange.
-Te voilà, lança-t-il sans animosité.
Itrenog prit place devant lui, sans mot dire.
-Tu es donc le premier à avoir pris ta décision, reprit Serädjëon après un temps, Ou le premier à l'assumer réellement.
Itrenog se garda de répondre.
-Comptes-tu me dévisager jusqu'à ce que nous devenions poussière ? Ou préfères-tu me faire par de tes... longues réflexions ?
-Je refuse votre marché.
Ce fut au tour de Serädjëon de garder le silence. La voix de plomb d'Itrenog semblait avoir pris contenance dans cette simple phrase, engluant l'atmosphère dès son énonciation.
-Puis-je te demander pourquoi ?
-Quelle importance. Ma décision est prise.
-Mais peut-être pourrais-je m'assurer que tes raisons sont valables.
Itrenog resta silencieux. Il occulta certaines informations pour sa réponse qu'il formula lentement.
-J'ai fait le choix de scinder mon être il y a longtemps pour échapper aux traqueurs du Pandémonium. Redevenir celui que j'étais, que je suis, est un risque que je ne peux pas prendre pour l'instant.
Serädjëon absorba l'information sans bouger.
-Tu lui préfères donc le risque de disparaître simplement par crainte des représailles, répondit-il, Un jeu dangereux.
-J'ai tenu des siècles éloigné de ma première enveloppe. Ne sous-estimez pas ma résilience.
Itrenog croisa les bras et poursuivit.
-Et si je suis véritablement un de ces Vanätas, vous offrir mon énergie reviendrait à justifier les actions des Omeradiës.
-Je vois. Sache toutefois que tu ne résoudras pas ta situation par la seule force de ta volonté. Surtout dans cet état avancé. Ce que je te propose, c'est une porte de sortie, la possibilité de mettre derrière toi ton état pour te focaliser sur la recherche de ton passé.
-Si ce que vous prétendez est la vérité.
L'ombre d'un sourire sembla se dessiner sur le visage de Serädjëon. L'impression était fugace, imaginée peut-être, mais son ton laissa percer une pointe d'amusement malgré tout.
-Tu doutes de ce que j'ai dit ?
La question était en demi-teinte. Mi-affirmative, simplement de pure forme, aussi n'attendit-elle par de réponse.
-Je serai bien mal avisé de mentir à un potentiel allié.
-Vos motivations ne concernent que vous. Je sais que vos propos recèlent une une part de vérité mais certaines choses ne collent pas.
-Ma proposition manque donc d'un certain sens de l’à-propos. Hélas, je ne serai peut-être pas en mesure de la réitérer dans l'éventualité où tu y trouverais ton compte et...
-Ma décision est prise.
-...Il sera alors peut-être trop tard. Mais je comprends.
Serädjëon laissa un silence s'insinuer avant de le percer lentement.
-Et concernant notre cause ?
-Tout dépend ce que vous attendez de moi.
Le mage releva la tête sensiblement et son regard sembla se porter au loin.
-Je compte demander à Kin-Fei d'accomplir une mission pour moi. Si tu l'acceptes, tu l'accompagneras pour l'épauler.
-Que devra-t-elle accomplir ?
-Elle devra se rendre à Ilmar pour nuire aux efforts de nos ennemis. Je partagerais les détails avec vous plus tard, lorsque j'aurais son assentiment.
Itrenog resta pensif un instant et changea de sujet.
-Et l'An'Duin ?
-Eh bien ?
-Est-elle menacée ?
-Pour l'instant... Je ne saurai dire. Si personne ne s'est encore manifesté là-bas, cela ne signifie pas qu'il ne s'y passe rien. Mais tôt ou tard, les choses se mettront aussi en mouvement à la Flèche et il faudra la défendre.
Itrenog posa ses paumes sur ses genoux. Une situation épineuse et peu de marge de manœuvre. Rien de trop nouveau, donc. Une esquisse de solution se dessina dans son esprit.
-Je l'aiderai, décida-t-il, si tel est son souhait.
-Curieux, s'amusa Serädjëon, Vraiment curieux. Soit. Je préparerai votre départ. Avant que tu ne partes toutefois...
Serädjëon s'approcha d'une commode plus loin puis se retourna, deux tasses à la main.
-Un thé ?

De retour dans sa chambre, Itrenog resta debout, le regard rivé dans le flou. Que les choses bougent à ce point le rendait perplexe. Il devait sortir de l'ombre, coopérer avec autrui et se battre contre un ennemi dont il ne connaissait que le nom. Et plus que tout, prendre part. Briser sa neutralité pour une cause qu'il ne partageait que du bout des lèvres. Étrangement, l'idée de se battre pour autre chose que son passé le réconfortait. Mais trop d'inconnues se disputaient la place avec cette pensée pour la rendre fiable. Avait-il vraiment déjà participé à ce conflit ? Serädjëon était-il vraiment un allié ? Et que dire de celui à qui il semblait accorder une foi totale ? Itrenog chassa d'un revers ce questionnement absurde. Il avait un objectif. Un but. Qu'il concorde, au moins pour un temps, avec les plans d'un autre ne lui faisait ni chaud ni froid. Le temps seul lui assurerait de la crédibilité et de la confiance qu'il placerait dans cette cause. Pour l'heure, tout cela n'était qu'un simple concours de circonstance.
Itrenog s'assit par terre, jambes croisées, et planta son arme devant lui. Serädjëon lui avait fourni des pistes pour lui permettre de comprendre son mal. Le reste ne dépendait que de lui. S'il voulait aider Kin-Fei, il se devait d'améliorer son état. S'il voulait s'aider lui-même, il devait s'escrimer à emprunter le lien qu'il entretenait avec son arme dans un sens qui ne lui était pas familier. Le temps que son chemin ne le pousse encore sur les routes, il profiterait de cet instant de répit. Itrenog ferma les yeux, déganta et, les mains serrées sur le pommeau d'une prise ferme, se laissa emporter.

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