Legends of Naravel
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Le prix du devoir

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Message par Itrenog Jeu 15 Juil 2010 - 12:29

Cela faisait bien quatre jours qu'Itrenog n'avait pas quitté son camp d'infortune. Il avait érigé une toile de tente en bordure d'une forêt proche d'une route commerciale, et passait le plus clair de son temps à observer les humains passant et repassant, décrivant sans relâche le chemin monotone de leur vie. Parfois, et de plus en plus fréquemment ces-derniers jours, des délégations de nains, d'elfes, ou d'orcs croisaient la route des pèlerins et demandaient leur chemin dans la langue commune fortement marquée par leurs accents respectifs. Itrenog ne s'en souciait guerre. Il se contenta seulement d'identifier et de reconnaître les différentes spécificités entre ces peuples, tant au niveau de leurs physiques que par l'aura qu'ils dégageaient. Ainsi, il pourrait réagir plus rapidement en cas de rencontre avec l'une ou l'autre des factions. Ce fut le cinquième jour que sa tranquillité relative fut troublée. Il avait alors ressenti les pulsions si distinctes des démons qui quittaient l'Inferës pour suivre le même chemin que les autres races les jours précédents. Deux Omerädies suivis de quelques Vanäthies lui passèrent à côté sans lui accorder la moindre attention. Itrenog pensa en premier lieu que son manteau et le contrôle de lui même y étaient pour quelque chose, mais en soirée, un groupe hétéroclite monta un bivouac proche du sien et bientôt, il du revoir son idée. Un homme aux cheveux bruns en bataille arborant une sorte de bandana de cuir qui empêchait ses cheveux rebelles de lui masquer le visage, une barbe de plusieurs jours lui mangeant le visage se montra en premier. Il était équipé de larges épaulières en acier blanc et d'une simple cotte de maille sous des vêtements de cuirs rapiécés. Ses bras étaient nus, ses mains recouvertes par des mitaines marrons. Serré par une ceinture constituée de poches de cuir en tout genre, un fourreau pendait sur sa hanche gauche, visiblement pour une épée bâtarde. Il portait de hautes bottes couleur terre par dessus un pantalon blanc quelque peu terni par la poussière et ses jambes étaient simplement protégées par une cuissarde de cuir brun qui ne masquait que la moitié de la cuisse. Avec lui, un elfe aux cheveux blonds et aux yeux bleus aciers, vêtu d'une armure de cuir souple qui rappelait à Itrenog le teint des pins qui s'étendaient derrière lui. Il portait un arc long courbe typique des façonneurs elfes et deux lames courtes dans son dos. Un nain sortit alors de la toile de tente et beugla sur l'elfe, une large hache de bataille fouettant dangereusement l'air. Ses cheveux mis-longs, couleur ébène cirée et son opulente barbe noire tressée lui donnait un air farouche et animal. Au contraire de ses compagnons, il portait avec fierté une épaisse armure d'un métal rouge et ses épaulières étaient recouvertes de pointes, ce qui lui donnait l'impression de revêtir une carapace de tortue couplée avec des piquants de Saragnes. Ses jambes trapues étaient protégées par des bottes de ce même métal et on se demandait comment il pouvait se mouvoir avec une telle aisance tant l'armure était imposante pour un être aussi petit. Itrenog fut surpris de voir l'humain les raisonner avec tant de calme et surtout, de se faire respecter sans crainte pour sa vie. Plus encore, le nain et l'elfe ne semblait pas se disputer à cause de leur passé notoire, mais pour une histoire de boisson qui prenait trop de place dans leurs sacs de voyage. Il soupira et prépara un petit foyer. Bientôt, plusieurs tâches orangée dansant à l'horizon s'allumèrent à leur tour, témoignant de la présence de nombreux groupes de voyageurs. Itrenog s'était rendu compte de la présence d'autant de personnes au cours de la journée après avoir calmé son arme qui avait de plus en plus de mal à cesser de trembler. Cela faisait plusieurs jours qu'il ne l'avait pas nourri et malheureusement, faute d'animaux, il ne se résolvait pas à ôter la vie. Du moins, pas avec autant de témoins, pas avec d'autres démons trainant dans les parages et qui risquaient de le découvrir. Il s'assit près du feu et se résolut à patienter en orientant ses pensées sur une solution qui lui permettrait de résoudre son problème. Peut-être durant la nuit aurait-il le temps de soustraire quelqu'un à la vigilance des autres. C'était temporaire, mais nécessaire. Une ombre de petite taille s'éloigna alors du campement de ses voisins et s'avança d'une démarche incertaine vers le sien. Itrenog reconnu alors le nain qui avait crié après l'elfe.

-Hé ! Vous, vous là … , brailla-t-il après s'être arrêté et stabilisé un temps soi peu, Celui avec le ... visage masqué … Vous pourriez pas faire moins de lumière avec vot' … feu brulant, chaud et … lumineux … ?

Il avait une voix rocailleuse encore plus marquée par l'absence de rythme de sa phrase. Les mots sortaient de sa bouche comme une pierre qui roulait sur un tapis de mousse et Itrenog douta qu'il puisse répéter ce qu'il disait avec exactitude tant son haleine dégageait des vapeurs d'alcool fort. Avant qu'il ait eu le temps de répondre, un homme s'avança à son tour et posa une main sur l'épaule de son compagnon. C'était celui qui l'avait calmé quelques temps auparavant et il le dépassait au moins de deux fois sa taille.

-Pardonnez-le, fit-il, Il a un peu trop forcé sur la bière avant d'arriver.

-Hé ! J'espère que vous allez m'payer mes hono … horono … mon argent pour c'voyage ! Pas question que la blondinette ait plus que moi cette fois !

Il avait agrémenté ses paroles par des moulinets exagérés avec les bras et, emporté par son élan, il s'effondra au sol et s'endormit aussitôt sec. L'humain haussa des épaules et tendit une main à Itrenog :

-Excusez mes manières. Je m'appelle Gerik, Gerik Theirin. Ancien membre des Legioni di Munduce.

-Itrenog, répondit ce dernier en serrant sa main, simple voyageur.

Il ne savait pas vraiment ce que signifiait ces «Legioni di Munduce». Surement un ordre de guerrier humains. Gerik resta un moment sans bouger, ses yeux gris détaillant le visage d'Itrenog comme si il y cherchait une quelconque réponse autre que celle qu'il avait fournie. Il demanda finalement la permission de s'assoir et, face au mutisme de son interlocuteur, il resta debout face à lui :

-Alors, vous comptez participer aux Joutes vous aussi ?

-Non. Je ne suis que de passage dans la région.

-Vraiment ? S'étonna Gerik en se frottant les mains pour se réchauffer, Pourtant, c'est pour ça que la plupart des gens se déplacent. Et puis vu votre allure ...

Itrenog comprit alors pourquoi tant de personnes prenait cette route. C'était la plus directe pour se rendre à la grande ville humaine. Il avait entendu vaguement parler d'un tournoi, mais était loin de s'imaginer que toutes les races de Geadrâs y étaient conviées.

-Vous pourriez nous accompagner, proposa l'homme, Nous nous y rendons aussi pour faire des affaires et se serait l'occasion pour vous de voir du paysage. Munduce est vraiment une ville superbe.

Superbe n'est pas l'adjectif qu'aurait utilisé Itrenog pour qualifier cette ville. Il y était passé une fois et même s'il n'avait aucun comparatif, Munduce n'était ni plus ni moins qu'un amoncellement de maison ceinte par de hauts murs de pierre blanche. Il ne voulait pas vraiment s'y rendre si d'autres démons y étaient. Le Pacte des Cinq ne le protégerait pas. L'affaire était du seul ressort des démons et ne concernait aucune autre race. S'il devait y avoir un affrontement dans cette ville, il serait seul.

-Je ne sais pas si c'est une bonne idée, répondit-il finalement.

-Comme vous voulez, fit Gerik en s'éloignant, Si jamais vous changez d'avis, venez nous voir demain matin. Nous partirons à l'aube. D'ici là, prenez soin de vous.

Il attrapa le nain par les bras pour le trainer jusqu'à sa tente et laissa Itrenog seul avec ses pensées. Pour quelle raison aurait-il eu envie d'aller à Munduce ? Il n'avait rien là-bas qui méritait qu'il s'y déplace et pourtant, son intuition lui dictait de s'y rendre. Peut-être y avait-il un quelconque intérêt à voir comment s'organiserait un tel rendez-vous entre les peuples de Geadrâs. C'était sans précédent après tout. Et puis, Itrenog n'avait aucune autre activité en vue. Si les démons étaient monopolisés vers les Joutes, il ne serait pas près de les voir lui courir après. Mais plus que tout, une concentration d'un nombre si important de personnes lui permettrait surement de trouver quelqu'un qui pourrait l'aider. Avec la foule, il passerait inaperçu. L'idée était tentante, mais Itrenog n'avait encore rien décidé. Peut-être irait-il au devant du danger pour une fois. Il se laissa aller à la rêverie sans s'endormir, le regard perdu dans le vague à contempler les lueurs de son feu de camp.
Le lendemain, il alla trouver Gerik et ses compagnons qui passaient leurs sacs sur leurs épaules. Gorim était visiblement remit de sa beuverie de la veille car il sautillait sur place comme une puce sur le dos d'un chien :

-Alors vous vous êtes décidé à venir ? Lança l'humain une fois qu'Itrenog les eut rejoint.

-On peut dire ça.

-Tant mieux ! S'exclama l'elfe en frappant des mains, Plus on est de fous, plus on rit ; croyez moi sur parole !

-Espèce de dévergondé, grogna le nain en se mettant en marche.

Et ils partirent alors en direction de Munduce. La ville était seulement à une demi-journée de marche et plus ils avançaient, plus le flux de personnes se fit important. Itrenog ressentit une aura particulièrement distincte des autres à plusieurs lieues de là alors qu'ils avisaient un léger virage. Il n'en fit cependant pas cas, estimant qu'il ne s'agissait rien d'autre que d'un nouveau groupe de démons jaillissant des profondeurs de la terre. Durant le trajet, le nain s'approcha discrètement d'Itrenog et fit :

-Excusez pour hier. Je voulais pas … enfin pardon, je m'appelle Gorim Aeducan.

-Itrenog.

-L'autre là, continua-t-il en désignant l'elfe avec un air dédaigneux, c'est Zevran. Faites gaffe à votre pantalon, c'est un conseil d'ami ...

Itrenog retint leurs prénoms même s'il ne savait pas à quoi ils pourraient bien lui servir. Leur avancée ne fut ponctuée que par les pics que s'envoyaient continuellement Gorim et Zevran. De temps à autre, Gerik s'éloignait afin de discuter avec deux trois marchands et revenait quelques instants plus tard, un sourire satisfait au visage. Sur tous les visages on pouvait lire la même excitation grandissante. Du plus pauvres des paysans aux plus riche des nobles, toutes les catégories sociales se mêlaient sans distinctions, uniquement soucieux de trouver leurs places et d'assister aux Joutes. Quelques heures après leur départ, le groupe arriva sur un talus qui dominait la plaine autour de Munduce.

-Par les tétons de mes ancêtres, s'étouffa Gorim, Regardez moi ça ! C'est une véritable fourmilière géante !

Les murs de la ville étaient parés de multiples drapeaux représentant les blasons de telle ou telle famille noble ou encore les races qui se présentaient au tournoi. Les murs étincelaient de blancheur et baignaient l'atmosphère d'une clarté surnaturelle. Partout autour, comme pour contraster avec Munduce, des bivouacs aux couleurs chatoyantes s'étendaient à perte de vue. On entendait clairement les trompettes claironnant partout dans entre les campements et la foule qui s'affairait bruyamment. Malgré ce désordre apparent, chacune des races restait avec ses semblables. Les nains ne se risquaient pas chez les orcs et cette méfiance était réciproque. Les elfes ne se mélangeaient que rarement aux humains et quant aux démons, ils étaient isolés par les préjugés raciaux qui se remarquaient par une sorte de ruelle aménagée entre leurs tentes et celles des humains. Articulées autour de ce capharnaüm, des colonnes de personnes s'étiraient de l'horizon jusqu'aux arrondissements de Munduce. De nombreuses personnes trimbalaient avec elles des caravanes remplies de bric-à-brac tirées par des mulets épuisés par le voyage, tandis que d'autres n'avaient pour effets personnels qu'un simple sac de toile et deux trois babioles claquant contre leurs hanches. Itrenog remarqua alors qu'il y avait de nombreux mages présents sur les lieux. Du simple vendeur de gri-gri repousse malchance à l'enchanteur d'armes runiques, toutes les races possédaient ses lanceurs de sorts. Une idée germa alors dans son esprit. Peut-être que finalement venir à Munduce n'était pas une si mauvaise idée. Il trouverait surement quelqu'un pour résoudre définitivement son problème. Il se tourna alors vers Gerik et dit :

-Je pense qu'il serait mieux que nous nous séparions ici.

-Vous nous faussez déjà compagnie ?

-Nous aurons surement l'occasion de nous revoir mais j'ai quelques affaires à régler. Seul.

En réalité, il voulait surtout évaluer les lieux avant de commencer ses recherches afin de limiter un maximum ses altercations avec les démons. Et le mieux pour ne pas attirer l'attention était de se déplacer seul.

-J'espère que vous combattez l'ami ! Tonna Gorim en saisissant la manche d'Itrenog, Il me tarde de savoir ce que vous valez avec cette épée !

-Peut-être. Je verrais ça en temps voulu.

-Nous serons probablement dans les environs des marchands, l'informa Gerik, Vous nous y trouverez si vous voulez un peu de compagnie.

Itrenog doutait avoir envie de «compagnie» mais remercia tout de même Gerik pour sa proposition. Il sera la main de Zevran puis celle de Gorim, salua Gerik, et les observa s'enfoncer à travers la foule. Quelque chose lui disait qu'il allait se passer des choses ici qui méritaient qu'on soit là pour les voir. Et cela n'était pas uniquement lié à sa présence.



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Message par Itrenog Mar 20 Juil 2010 - 16:09

Itrenog ne perdit pas d'avantage de temps à rester contempler la foule toujours grandissante. Il décrivit en premier lieu un large cercle afin de mieux se rendre compte de la superficie totale que représentant cet amoncellement de bivouacs. Il estima entre quatre et cinq lieues d'épaisseur réparties plus ou moins équitablement autour des murs de Munduce tout en sachant que d'autres personnes arrivaient encore. Il se trouvait face au mur sud de la cité et à l'ouest s'étendait la partie occupée par les elfes. Puis, vers l'est, il y avait respectivement les humains, les orcs qui, au grand dam de certains, se trouvaient au plus près de la porte principale, les nains et enfin, les démons. Ces derniers n'avaient pas de campement à titrer, seulement des lambeaux de toiles qui flottaient au gré du vent piqués sur des pieux hauts de deux fois la taille d'un homme normal. Itrenog devina qu'il devait alors éviter cette zone, même s'il n'était pas exclu que des démons se trouvent dans les autres parties. Il opta directement pour les elfes, sachant que s'il devait trouver des mages talentueux, il aurait plus de chance en commençant par là. Il se lança donc à son tour dans la cacophonie générale, jouant parfois des coudes pour avancer. Progressivement toutefois, des sortes de ruelles étaient aménagées un peu partout, et des patrouilles régulières de gardes empêchaient tout débordement. C'était comme se retrouver au milieu d'un camp de réfugiés, l'odeur en moins. Car par-dessus toutes les sensations qui agressaient les sens d'Itrenog, les effluves de cuisson étaient les plus fortes. Partout il y avait des chaudrons qui chauffaient on ne sait quelle texture noirâtre à l'intérieur ou encore des vendeurs de viandes grillées qui exhibaient les plus belles pièces d'un cochon saigné la veille en tentant de couvrir le vacarme environnant. Itrenog se dégagea tant bien que mal de cette ambiance qui le mettait mal à l'aise et bientôt, il se rendit compte d'avoir atteint les tentes elfes. Il y régnait une ambiance beaucoup plus calme, plus sereine, baignée par les chants ou les musiques douces des compositeurs, et une brise légère soufflait dans le sens contraire de son avancée, balayant toutes les odeurs de viandes ou d'autres animaux. Sur le sol, des fleurs poussaient ça et là, alors que d'ordinaire, il n'y avait que terre ocre et poussière. Les toiles de tentes étaient pour la plupart constituées de feuilles et de branches, ou encore d'un pelage d'un blanc immaculé dont Itrenog ne parvenait pas à déterminer la provenance. C'était assurément l'endroit le plus agréable autour de Munduce. Certains elfes le dévisagèrent avant de reprendre leurs activités comme si de rien était. Il y avait peu d'humains sur les lieux, et encore moins de Nains ou d'Orcs. Les rancœurs étaient bien présentes dans les esprits des peuples malgré la paix. Itrenog remarqua aussi qu'aucun démon n'était là et il en fut rassuré. Il n'avait aucune envie de se battre avec autant de personnes autour de lui. Alors qu'il avisait un énième croisement entre les tentes, il aperçut un des rares humains qui osait s'aventurer ici. Ce dernier portait une ample tunique grise, des gants et des bottes de la même couleur, ainsi que de nombreuses poches arnachées un peu partout sur son torse. Du simple tube à essai jusqu'aux parchemins anciens en passant par une bandoulière de cuir qui transportait un épais livre, cet homme avait tout du mage solitaire et voyageur. Ces cheveux châtains on peu plus commun rivalisaient avec son visage au port altier et impérieux, presque noble. Il était en train de converser avec un elfe encapuchonné et avec un infime mouvement commun de la part des deux individus un échange de pièces d'or eu lieu, passant de la main de l'homme à celle de l'elfe. Itrenog se dirigea mine de rien vers l'homme qui s'apprêtait déjà à partir et fit :

-Lucius ?

-Itrenog !, s'exclama ledit Lucius en se retournant vivement, Ça par exemple ! Je ne m'attendais pas à vous voir ici !

-Moi non plus.

-J'ai quelqu'un à rencontrer, l'avertit Lucius sur la voix de la confidence après voir balayé l'endroit du regard, Attendez moi là-bas, j'en ai pour une seconde.

Il désigna un carré de terre inoccupé un peu plus loin de là où ils se trouvaient. Itrenog acquiesça et alla s'assoir. Lucius avait été l'élève d'Athos des années auparavant. Il avait quitté Alcantare après la fuite de son maître et avait consacré le reste de sa vie à la recherche sur la magie. C'était le seul mage humain qu'Itrenog ait pu qualifier de «fréquentable» et assurément le meilleur qui puisse l'aider en ce lieu. Lucius revint quelques instants plus tard, une fiole emplit d'une poudre rouge qu'il s'empressa de cacher dans les replis de sa robe.

-Est-ce que c'est … du lyrium ? Demanda Itrenog lorsque Lucius s'assit à côté de lui.

-Chut ! Pas si fort ! Les bons fournisseurs se font rares ces-derniers temps avec les fraudes des Camath et les Feuilles Souples me tueraient si elles apprenaient que je trafique pour obtenir ce «don de la Pierre».

-Je suppose qu'il s'agit de la forme modifiée.

Le lyrium brut était une pierre des montagnes Naines sous la forme d'une roche bleutée. C'était un minéral rare compte tenu des coûts et des dangers qu'entrainait son extraction. Une trop grande exposition pouvait rendre fou et seuls les Khûzud, qui avaient développé une sorte de résistance naturelle, pouvaient le travailler sans trop de risque avant de le raffiner sous forme de poussière. La teinte rouge était un phénomène qui survenait lors du chauffage de la pierre afin de faciliter sa transformation. Malheureusement, les Nains avaient officiellement cessés toutes les exportations à cause des conséquences que cela entrainaient sur les autres peuples et parce qu'ils avaient trop exploités les filons. Les trafics étaient donc légions.

-Du sel, rectifia Lucius avec un air rêveur, Pas de la poussière. C'est plus concentré et plus stable.

-Mais plus dangereux.

-Oui, oui bien sûr. Mais j'en ai vraiment besoin vous comprenez. Le lyrium voyez-vous, est un des rouages du projet sur lequel je travaille en ce moment. Sans lui, je ne peux même pas espérer continuer mes recherches.

Itrenog comprenait ce que Lucius sous-entendait. Le Nain chez lequel il avait passé quelques temps après sa fuite de l'Inferës lui avait appris que le lyrium avait des propriétés particulières pour les mages. Il prétendait qu'une potion faite à base de lyrium améliorait momentanément les capacités d'un mage mais qu'hélas, une trop grande prise entrainait une forte dépendance. Si le mage venait à trop manquer de lyrium dans ce cas, il pouvait perdre la totalité de ses pouvoirs. C'était un cercle vicieux car plus il en prenait, plus il voulait en prendre. Itrenog avait longtemps douté si Lucius était lui même dépendant, car il avait de formidable ressources magiques et semblait distrait s'il restait sans activité, mais il finit par comprendre qu'il s'agissait surtout de l'influence qu'Athos avait eu sur lui lorsqu'il avait été son élève.

-Mais nous ne sommes pas là pour débattre de ça, reprit Lucius, Pourquoi êtes-vous là ? Vous participez aux Joutes ?

-Je cherche de l'aide.

-De l'aide ? Vous voulez me faire croire que vous avez pris le risque de vous déplacer à Munduce pour obtenir de l'aide ?

Itrenog approuva d'un bref signe de la tête et Lucius prit une mine soucieuse :

-Nous ferions mieux de partir d'ici, fit-il en se relevant, Il y a trop d'oreilles indiscrètes et je ne veux pas attirer l'attention.

Il l'entraina alors hors du camp des elfes et bientôt, le braillement des marchands empli de nouveau l'atmosphère. Il y avait toujours de plus en plus de monde et les soldats peinaient à se faire entendre lors de rappel à l'ordre. A l'orée d'un carrefour particulièrement bondé, Lucius changea brusquement de direction et partait désormais vers la sortie des campements. Itrenog pressa le pas et ils arrivèrent à un lieu que peu de personnes fréquentaient. Il y avait de suffisamment de place pour s'assoir ou converser librement, mais Lucius ne s'arrêta pas. Il continua toujours plus avant, souhaitant mettre le plus de distance entre les Joutes et eux. Finalement, après dix bonnes minutes de cavale, il arrivèrent devant un petit buisson à l'écart de la population et bien éloigné des murs de Munduce. Le mage se courba en deux pour reprendre son souffle et lâcha entre deux bouffées :

-Bon … Je pense que nous sommes suffisamment loin. Alors, quel est le problème ?

-Pouvez-vous garantir que personne ne sentira aucune aura ici ?

-Hé bien, hésita Lucius, je peux toujours m'en charger. Pourquoi donc ?

Itrenog posa alors son stetson au sol et entreprit d'ouvrir son manteau. Il décrocha le premier bouton de son col et l'entrouvrit. Aussitôt, l'air s'emplit d'une sensation lourde et oppressante. Lucius recula de quelques pas en grimaçant et fit signe à Itrenog de remonter son manteau. Il leva les deux mains devant lui, paumes ouvertes, et ferma les yeux quelques instants. Rien ne sembla se produire et pourtant, il affirma :

-C'est bon. Vous pouvez y aller.

Cette fois-ci, Itrenog ne prit pas son temps. Il ôta directement son manteau, révélant une tunique de cuir noir. Sur son cou, on voyait très nettement les veinules bleutées qui rayonnaient d'énergie et qui se poursuivaient jusqu'à son visage. Lucius ouvrit grand les yeux et demanda s'il pouvait enlever sa chemise :

-Vous êtes sûr ?

-Allez-y, assura-t-il sur un ton pressant, presque suppliant, Je veux voir jusqu'où ça va.

Préférant de loin l'action à la parole, Itrenog ôta sa chemise et l'air qui était déjà surchargée d'énergie sembla acquérir une consistance physique, pressant sur la respiration comme sur les muscles. Les marques s'étiraient partout sur son torse, dans son dos, et s'arrêtaient jusqu'à la peau violacée sur son bras droit. Elles semblaient symétriques par rapport à une ligne médiane à son corps et dessinaient un enchevêtrement de symboles qui pulsaient de lumière au rythme de sa respiration lente et mesurée. Lucius s'avança d'avantage, les yeux fixés sur ce qu'il voyait, et approcha une main tremblante :

-Je peux ?

Itrenog acquiesça et Lucius palpa l'une des veines sur son épaule, le regard néanmoins perdu sur son bras droit :

-Ça par exemple. J'avais déjà entendu parler de contrôle démoniaque, mais je ne m'attendais pas à une telle réaction. C'est comme si … comme si le corps de l'humain tentait de vous déloger.

-Je sais, fit Itrenog d'une voix lasse, Et c'est pour ça que je viens vous voir. Athos m'a appris que je risque la mort si je suis expulsé de l'humain sans que mon corps ne soit dans les environs. Il ne sait pas dans combien de temps, et moi non plus, mais je cherche un moyen d'augmenter ce délai.

-Pourquoi ?, Répliqua Lucius, Pourquoi ne pas regagner votre corps ? Ou alors de retenter avec un autre humain ? Mieux ! Un elfe ou un nain ! Je pourrais aussi limiter votre aura ce qui pourrait ...

Le mage continuait d'énumérer des solutions possibles, les lèvres tremblant comme celles d'un mourant et la respiration de plus en plus sèche. Lorsqu'il eut finit, Itrenog leva sa main pour le faire taire et répondit :

-Je ne peux pas regagner mon corps ; les démons me retrouveraient et limiter mes pulsions ne serait que temporaire. Quant à un autre humain, j'ai déjà essayé et il n'y a que celui-ci qui me supporte. J'ignore pourquoi. Et je ne prendrais pas le risque de posséder une autre race. Ils ne sont pas aussi faibles que les Samäthies.

Itrenog laissa un silence gênant, surpris d'avoir autant parlé en si peu de temps. Normalement, il ne se serait contenté que du strict minimum, mais les circonstances étaient tout sauf ordinaires. Lorsque Lucius entendit le nom "Samäthies", il tressaillit. Il cligna des yeux plusieurs fois et le prévint :

-Il va falloir que je procède à des tests avant.

-A quoi bon ?

-Si je veux résoudre votre problème, il faut que j'en connaisse les causes. Et en l'état actuel des choses, mes connaissances ont été dépassées à partir du moment où j'ai vu ces … veines.

Itrenog opina et Lucius se saisit d'un des tubes qu'il portait et pinça l'extrémité d'une aiguille qui fuma. Lorsqu'il retira ses doigts, elle était rougit par la chaleur. Il s'approcha alors de l'une des veines et enfonça délicatement l'aiguille à l'intérieur. Itrenog ne ressentit rien. Ni la chaleur, ni le fait que l'aiguille ait déjà percé sa peau. Une sorte de liquide bleuté brillant en sortit et Lucius en récolta une petite goute avant de presser un pouce sur l'endroit où il avait piqué. Un fourmillement suivi d'un picotement désagréable se fit ressentir dans cette partie et le liquide cessa de couler. Lucius était cependant complètement absorbé par le petit échantillon qui se trouvait dans le tube et ne prêtait nullement attention aux gouttes de sang qui suintaient de son visage.

-Lucius, intervint Itrenog, Vos yeux saignent.

Le mage reboucha rapidement le flacon et s'essuya les yeux, stupéfait :

-Ça par exemple. C'est impensable. Vous êtes … une usine à lyrium à l'état liquide !

-Comment est-ce possible ?, s'enquit Itrenog.

Il se moquait éperdument de l'explication rationnelle, mais peut-être pourrait-il tirer une information intéressante de ce que lui dirait Lucius afin de chercher autre part s'il échouait ici. Le mage se pinça le menton et dit avec un air crispé :

-Peut-être que l'endroit où vous avez procédé à la possession du corps regorgeait de lyrium et qu'il a interféré. Ou alors, l'humain était lui aussi dépendant du lyrium et en avait une bonne dose en lui. Dans ce cas, je me demande bien pourquoi le parcours de ces veines n'est pas identique à celui du sang. Et ces formes, ajouta-t-il en suivant du bout des doigts la courbures d'une veinule, Elles représentent quelque chose, j'en suis sur. Quant à savoir quoi …

Lucius se détacha, ôta son livre qui pendait en bandoulière et le parcourut rapidement. Itrenog se revêtit en réfléchissant. Il aurait dû se renseigner plus avant sur l'humain avant de prendre son contrôle. Il savait quelques bribes de sa vie, son nom entre autre, mais ignorait tout de ce qu'il avait été réellement. Mais désormais, il connaissait l'origine de ses marques. Le lyrium. Cependant, pour qu'une telle chose ne se produise, il aurait fallut que l'humain en question en ait eu une quantité considérable dans le sang. Et dans ce cas, pourquoi en avait-il besoin ? A quoi cela lui avait-il servi ? Lui qui pensait trouver des réponses et une solution, il ne se retrouva qu'avec des interrogations supplémentaires. Lucius souligna du doigt une ligne de son livre :

-Mmmh … L'électricité jouerait un rôle alors … elle augmenterait … oui, c'est possible.

-Lucius, pouvez-vous faire quelque chose ?

-Je regrette mon ami, répondit Lucius en se redressant, vous avez bien vu ce qu'une goutte a pu me faire. Je doute même qu'un Nain puisse vous approcher sans souffrir lui aussi. Personne ne le peut, à part peut-être d'autres démons. Et encore. La seule solution que je peux vous proposer, c'est d'essayer de trouver un autre corps. Ou de regagner le votre.

C'était impossible, Itrenog le savait. Il ne savait pas si son vrai corps était toujours à l'endroit où il l'avait laissé et il ne voulait pas prendre le risque de retourner voir. Il était pieds et poings liés. Sa seule solution serait d'accomplir ce qu'il devait faire dans le temps qui lui était imparti. Au moins avait-il un moyen de vérifier la propagation de son mal sur le corps de l'humain. Lucius griffonna alors quelque chose sur un petit bout de papier et le lui remit :

-Écoutez, je connais quelqu'un qui peut peut-être vous aiguiller. Il participe aux Joutes et il s'appelle Godric. Allez le voir et donnez lui ce papier. Il vous aidera je l'espère.

Et il s'éclipsa sans demander son reste. Itrenog rangea le papier dans une poche de son pantalon et se rhabilla. Avant de recouvrer son bras toutefois, il regarda une dernière fois la peau brûlée qui grignotait l'épaule. Le temps lui était compté mais il devait retrouver ce Godric. Si sa planche de salut se trouvait dans ce papier alors il la saisirait et ne la lâcherait qu'une fois fait ce qui devait être accompli.

Spoiler:
Je continuerais toussa dans des mini-jeux quand j'aurais reçu les Ducats ! A moi la fiesta !
Yuke: Introduction ok Wink Je te reporte tes 20 Ducats pour que tu puisses te lancer quand tu le souhaites. Ok pour ta valid en sous (je ferai les valids plus tard par contre ^^



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Message par N'Aedras Ven 6 Aoû 2010 - 17:05

La mine altière de cet humain ne suffisait pas à dissimuler les relents d'anxiétés et d'impatience qui exhalaient de tous les pores de sa peau. On pouvait en comprendre les raisons quand on savait ce qu'il désirait obtenir. Qui était d'ailleurs très mauvais pour lui... Mais ce n'était pas ses affaires. Et tout cela l'indifférait royalement, étant donné les circonstances. L'Elfir lui indiqua où se procurer ce dont son interlocuteur avait besoin distrait par une présence inhabituelle dans le campement des Etres de Lumière. Un autre Humain, ici? Malgré le Pacte des Cinq et les Joutes Geadrasiennes, sa présence ici était plutôt louche, voire même coupable: il devait chercher quelque chose ou quelqu'un. Car les Elfir souhaitant un échange s'étaient déjà rendu au coeur des Joutes. Mais ce qui était le plus suspect, c'était qu'il ne dégageait absolument rien de particulier. Un Humain au milieu du campement elfique, banal au possible qui plus est... Bien qu'il ne risquât rien, il était préférable de s'éloigner au plus vite de ce nouvel arrivant. Il reçut les Ducats du mage et s'en fut aussitôt entre les construction naturelles. Il s'éloigna quelque peu, puis tendit l'oreille.

- Lucius?

Bref silence. Probablement la surprise.

- Itrenog! Ca par exemple, je ne m'attendais pas à vous voir ici!

L'Elfe encapuchonné tressaillit. Ce nom... Ca ne pouvait être... Il découvrit son poignet, ceint de plusieurs dizaines de bracelets étranges, formés de chapelets de gemmes. Sa voix murmura des mots de magie, et l'un des bracelets se mit à tourner, puis à émettre une vibration constante. L'Elfir redressa sa tête, et son regard fixa l'homme vêtu de noir qui s'asseyait. Il avait l'air dans un état de fatigue avancé, pourtant il ne produisait pas d'odeur qui le confirmait. Avant qu'il ne remarque sa présence, la Feuille Souple s'éclipsa en prenant soin de ne pas attirer l'attention de ses semblables qui déambulaient avec grâce dans les allées. Une fois assez éloigné, il accéléra le pas en se dirigeant vers la lisière avec le coeur des Joutes, mais bifurqua juste avant d'entrer dans la fourmilière. Il tourna brièvement la tête de droite à gauche, puis s'engouffra dans un habitacle blanc. A l'intérieur, tout sembla plus grand. L'espace, ainsi que ses vêtements. Il retira son capuchon d'un geste vif, révélant de nouveaux traits: ceux d'un jeune Humain, beaucoup plus petit que l'elfe qu'il était quelques instants plus tôt. Ses yeux bruns balayèrent l'abris, et s'arrêtèrent sur une boule de tissu bleue qui tremblait. Il se hâta de s'en approcha, s'accroupit, et attrapa délicatement la personne qui était recroquevillée là.

- Nayen'na...

D'une main, il écarta doucement les mèches auburn et bouclée de la jeune femme, et la serra fort contre lui.

- C'est fini, tout va bien...

Les tremblements se calmèrent petit à petit, puis bientôt elle le serra elle aussi, sans dire un mot. Puis ils se séparèrent lentement, avant qu'il ne se relève. Elle s'accrocha à son bras, mais il la rassura:

- Je ne m'en vais pas. Je reste ici.

Elle hésita un instant, puis le libéra. Il se rendit près du seul élément que contenait la vaste tente: une sorte d'armoire portable usée, pourvue de deux bretelles sommaires. Il ouvrit un tiroir et en tira une capeline légère ainsi qu'un paquet enveloppé dans du tissu pour le ramener auprès de sa protégée. Il déplia soigneusement le paquet, pour lui tendre une sorte de gâteau brun qu'elle prit comme s'il s'agissait d'un objet bizarre. Il ne s'en soucia pas et croquant dans le sien, puis fit claquer la cape pour l'ouvrir et la déposer dans le même geste sur les épaules de la jeune femme. Il mordit à nouveau dans le gâteau, et lui sourit lorsqu'elle l'imita. Ses yeux bleus semblaient suivre ses moindres gestes avec une attention particulière. Il replia le tissu autour des restes, puis expliqua:

- Ici nous serons en sécurité, il ne pourront pas nous trouver. Et dès la levée du blocus de la fin des Joutes, nous prendrons un bateau de Munduce. Sur la mer, ils ne pourront pas nous retrouver...

Soudain, les pupilles de la jeune femme se dilatèrent, couvrant toute la surface de ses iris. Le gateau tomba de ses mains, et elle prononça une phrase chargée d'une magie terrifiante, qui ébranla tout le refuge en butant contre le grand nombre de barrière magique qui les entourait:

- Mar'deth injacuddar ab'ni narjju kar... Fana'l Sha mekkrejä durminjäes vun Itrenog...

La phrase frappa le jeune homme comme une vague furieuse, qui projeta des éclaboussures de magie de part et d'autre de son corps. Elle traversa la tente, ravageant le sol, avant de se fracasser contre les parois, qui s'illuminèrent aussitôt, faisant apparaître les barrières des enchantements qui les dissimulaient de l'extérieur. Seul le sac-armoire ne bougea pas, soulevant la vague colorée comme un récif immobile au milieu de la furie d'une tempête.

- C'est vous qui l'avez attiré ici?... Je ne veux pas que vous reveniez sur ce pacte... C'est trop dangereux... Les Omerädies...

L'atmosphère de la tente s'alourdit, forçant le jeune homme à tomber à genoux. Des voix sinistres s'élevèrent dans les airs, puis se turent.

- Vous rendez-vous compte de ce que vous voulez accomplir? Cela peut provoquer...

Il redressa son regard vers Nayen'na, dont les yeux bleus le regardaient avec un effroi inqualifiable.

- La fin du Pacte des Cinq...



********************

^^ J'espère que ça te plaira... Je fais assez de mystère... Je pense faire 2/3 posts avant la rencontre d'Itr avec Serädjëon (tu peux donc poster tes activités en même temps sans problème ^^). Mais comme tu vois, de tout cela va découler plus de choses de prévues (enfin, tu t'en doutes, avec moi... =P)



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Message par Itrenog Sam 14 Aoû 2010 - 15:03

[Ce post marqué le début de ma mission en tant que Régleur de comptes. On pourrait voir ça comme ... une introduction.]

Itrenog s'enfonça de nouveau dans la foule en prenant soin d'éviter le campement des Elfes. Il n'hésitait pas à jouer des épaules pour se frayer un passage, au grand mécontentement de la foule qui voyait en lui un voyageur peu soucieux du bien-être commun. Bientôt, il atteignit l'endroit où se réunissait la plupart des combattants pour les Joutes. Toutes les races y étaient présentes et chacun des combattants vérifiait une dernière fois la solidité de ses armes ou bien les derniers enchainements qui pourraient servir lors des combats. Ils se trouvaient devant un mur de bois haut de neuf pieds et demi qui décrivait un cercle avant de se perdre derrière les tentes aux armoiries diverses et colorées. Deux étendards étaient plantés contre le mur et quatre soldats montaient la garde de part et d'autre de ce qui s'apparentait à une porte taillé à même la palissade. De l'autre côté, on entendait très distinctement des cris d'exclamations ponctués par des bruits de lame contre le fer et des hurlements de rage. Puis, une ovation de joie et un nom qui était scandé par tous. La porte s'ouvrit alors et les soldats se mirent au garde-à-vous. Un homme de haute stature affublé d'un petit bouc au menton jaillit de l'entrée – ou de la sortie – accompagné par un nain à la chevelure noire qui souriait de toutes ses dents. Itrenog s'arrêta pour mieux voir. C'était bien Gorim qu'il voyait. Son armure était quelque peu cabossée et il avait une balafre qui lui courrait de la tempe gauche à la mâchoire inférieure. Malgré cela, il paraissait en pleine forme et heureux comme tout. L'homme appela à lui tous les concurrents qui se réunirent en demi-cercle autour de lui. Itrenog se désintéressa rapidement de la tournure que prenait les évènements et poursuivit ses recherches. Alors qu'il s'apprêtait à partir, Gorim le héla :

-Hé ! Vous là-bas ! Par la barbe de mes ancêtres, poussez-vous un peu !

Itrenog se retourna tandis que le nain se dirigeait vers lui en poussant vigoureusement ses supporters à l'aide de ses bras musclés. Arrivé à son niveau, il lui fourra une grand claque dans l'épaule et fit :

-Hé bien ! On vient se battre finalement ? Dommage que vous ayez loupé ça, j'ai mis une sacré dérouillée à cet humain. Il ne s'en remettra pas de si tôt le pauvre, il est à l'infirmerie.

-Si vous le dites.

-Alors ? Vous aussi vous aller participer ? Je suis qualifié pour le tour suivant et j'aimerais bien vous y voir aussi !

Les portes se refermèrent alors avec un grincement à la limite du supportable tandis que deux concurrents étaient entrés à leur tour. Un elfe et un orc.

-Encore du combat, commenta Gorim jovial.

Puis, il porta son attention sur interlocuteur, attendant toujours une réponse à sa question.

-Je ne suis pas là pour ça, lâcha finalement Itrenog, Je cherche un certain Godric. Vous connaissez ?

-Godric ? LE Godric ? Par la Pierre, vous venez juste de tomber dessus !

Il pointa du doigt la porte de bois :

-C'est lui qui coordonne les combats officiels et qui fait en sorte qu'il n'y ait pas de débordement. Mais je vous préviens, pour lui parler, autant vous préparer à dégainer. Il est pas du genre à discuter avec le premier venu.

-Je devrais donc me battre … là-dedans.

-C'est surement la meilleure chose à faire pour le contacter, affirma Gorim, Et encore, j'ai eu droit qu'à un «Bien joué», quand je suis arrivé. Pas très loquace le bougre.

Itrenog résista à la tentation d'ouvrir le papier que lui avait confié Lucius, ne sachant pas si il serait suffisant pour lui éviter le combat. Il ne doutait pas de sa capacité à combattre, mais des répercutions que cela pourrait entrainer. Et puis, il n'avait nulle envie de s'engager dans un tournoi. Les crissements de métal avaient reprit de plus belle tandis qu'Itrenog réfléchissait à la meilleure façon d'agir.

-Vous faites pas de bile, le rassura Gorim qui avait remarqué son silence, La plupart des combats ici sont faits pour des amateurs. Mais c'est obligatoire pour continuer à faire ceux de plus grande envergure.

-Et qu'en penses Gerik ?

-Le patron ? Bah. C'est lui qui m'a demandé si je voulais bien y participer. Il a aussi proposé à Zevran mais vous savez les elfes …

-Je ne comprends pas. Vous servez un humain. Ça n'a aucun sens.

Itrenog avait du mal à concevoir que l'on puisse s'aliéner à une race aussi faible. Ce qu'il savait des Elfes et des Nains laissaient supposer que si rapport de subordination il devait y avoir, ce serait dans l'autre sens que cela devrait se produire. Gorim eut un rire bourru :

-Il a l'esprit remarquablement affuté pour un simple humain. Et puis, je n'y peux rien, il m'a sauvé la vie.

Il ria de nouveau et reprit :

-Bon, je vais aller faire réparer cette armure. N'oubliez pas, un combat, un entretien. Du moins, je l'espère.

Et il se dirigea vers une tente derrière laquelle un forgeron s'activait avec un grand soufflet pour raviver les flammes de son âtre. Itrenog s'avança vers la palissade. Le bois d'un marron clair paraissait usé, mais robuste, et quelques cordes maintenaient entre elles les différentes poutres qui formaient l'armature. Les combattants lui jetèrent des regards en biais mais aucun ne vint lui adresser la parole. Itrenog s'assit par terre, assez proche de la porte pour se présenter lorsqu'elle s'ouvrirait, et assez éloigné pour ne pas trop attirer l'attention. De nouveau, des cris de joie accompagnés d'applaudissement bruyants retentirent et la porte s'ouvrit. Le même homme que quelques instants auparavant s'avançait avec un Orc aux bras puissants et au front proéminent qui baissait la tête en signe de résignation. L'elfe rejoignit les siens en courant et leur narra le combat qui, apparemment, avait tourné à son avantage. Tous deux avaient quelques égratignures mais rien de bien méchant. Itrenog se leva rapidement et rejoignit l'homme, aussitôt imité par les autres concurrents.

-Bien, tonna l'organisateur, Le public est pas trop mécontent du spectacle. Alors je compte sur les prochains pour ne pas le décevoir. Des volontaires ?

Un silence gêné accueilli ses paroles. Finalement, un humain chauve s'avança :

-J'en suis !

-C'est bien ça. Maintenant, un adversaire.

Aussitôt, un autre elfe à la chevelure d'argent se proposa sous les acclamations enthousiastes des siens. L'homme approuva :

-Alors on y va. N'oubliez pas : pas de morts et surtout pas de magie. A part ça, vous avez carte blanche pour remporter la victoire.

Itrenog attendit que les combattants ne se dispersent et, avant que l'organisateur ne fut entré à son tour, il l'attrapa par l'épaule :

-Vous êtes Godric ?

Les quatre gardes réagirent au quart de tour et pointèrent leurs lances dans sa direction. Sans lâcher son interlocuteur du regard, l'homme leur adressa un signe de la main et les soldats reprirent leur poste en gardant Itrenog sous le feu de leurs regards inquisiteurs.

-Ça se peut, répondit-il en haussant des épaules, Qu'est-ce que vous voulez ?

-J'ai un message et je souhaite m'entretenir avec vous.

-Ha. Pour ça, il faudra que vous entriez dans l'arène.

Itrenog resserra sa poigne :

-Je n'ai pas le temps pour ça.

Et il sortit le papier que Lucius lui avait donné. Godric ne parut pas le moins du monde impressionné malgré le fait qu'il se crispa. Il saisit quand même la missive et la déplia précautionneusement. Il la parcourut du regard et une goutte de sueur perla sur son front. Il resta un moment silencieux en jouant des mâchoires. Derrière les portes, la foule s'impatientait et des grognements se faisaient entendre. L'homme se dégagea d'un geste brusque :

-Bon. Très bien. Retrouvez moi derrière l'arène à la fin de ce combat et je verrais ce que je ferais.

Godric rejoignit alors les combattants qui l'attendaient en jouant des épaules. Itrenog approuva d'un signe de la tête. Il avait évité de se battre pour le moment. Il entreprit donc de contourner la haute palissade afin de discuter avec cet homme. Une sensation désagréable lui parcourut l'échine mais il n'y prit pas garde et continua sa marche.



*****************
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Message par Itrenog Mer 18 Aoû 2010 - 21:00

Itrenog fit le tour entier de la palissade, ce qui lui prit dix bonnes minutes en la longeant ras le mur, et s'arrêta lorsqu'il atteignit une autre porte, cette fois-ci surmontée d'un auvent pourpre. Comme de l'autre côté, des soldats montaient la garde. Ils étaient plus nombreux et portaient les fiers étendards du Duce : une flamme rouge surlignée d'un fil d'or sur fond noir. Ils fixaient un point imaginaire devant eux et ne prêtèrent nullement attention à Itrenog lorsque celui-ci leur passa devant afin d'attendre Godric. Dans cette partie, tout était plus calme. Nul marchand, nul crieur public, uniquement des tentes noires alignées dans une précision qui frôlait le ridicule en comparaison avec le reste de la Mergetale. Elles étaient séparées d'environ dix pieds chacune et les rues de terres sillonnaient entre elles, se croisant à angle droit dans un équilibre parfait. Des soldats en permission marchaient ça et là dans une décontraction apparente, certains en armure, d'autres non. Tous en revanche portait une épée à la ceinture. Quelques instants après son arrivée, la porte s'ouvrit sur ses gonds huilés sans émettre une note discordante. Derrière, on distinguait les spectateurs qui se pressaient par l'autre sortie dans une confusion générale pour sortir au plus vite saluer leurs champions. Les piaillements des soldats qui tentaient de faire régner un semblant d'ordre étaient atténués, comme étouffés dans un linge épais. Puis vint Godric accompagné par quatre gardes. Il fit signe à Itrenog de le suivre et ils entrèrent à l'intérieur d'une tente plus grande et plus ornée que les autres, un peu plus loin dans le campement. A l'intérieur s'étalait une peau d'ours au sol, une table basse, ainsi que trois sièges de cuir confortables dont les pieds formaient des griffes de bois imposantes. Sur la toile, les armoiries du Duce vue à l'envers. Il y avait aussi une cotte de maille et les pièces complètes d'une armure reposant sur un mannequin, ainsi une hallebarde que le pantin de bois tenait entre ses mains. Godric proposa un fauteuil à son invité et se dirigea vers une petite commode à côté de son lit et en sorti une bouteille de verre de forme rectangulaire. Un étrange liquide ambré flottait à l'intérieur. Il s'en versa un peu dans un verre et compléta avec de l'eau ce qui troubla la boisson d'un blanc laiteux.

-Vous en voulez ?

Itrenog secoua la tête et Godric s'assit en face de lui.

-Alors comme ça vous connaissez Lucius ?

-On peut le dire.

-Il ne me met pas dans une situation facile, grogna-t-il en pianotant du bout des doigts le bord de son verre, Il veut que je vous donne un objet qu'il m'a envoyé il y a longtemps en échange d'un service que je lui ai rendu. Pourquoi ? Je m'en moque. Mais le problème, c'est que je ne l'ai plus.

L'homme laissa un léger silence en se caressant le bouc du menton. Il regardait en hauteur comme s'il réfléchissait. Un éclair entendu passa dans son regard et il s'appuya sur les accoudoirs de son fauteuil :

-Enfin, je pourrais le récupérer si d'aventure quelqu'un venait à me rendre un service …

-Je vous ai dit que je n'ai pas de temps à perdre.

-Et moi je vous réponds que je ne vous donnerais cet objet que si vous m'aidez, rétorqua Godric sur un ton égal.

Itrenog croisa les bras. Il s'était attendu à ce cas de figure. De tous les humains qu'il avait rencontré, aucun n'offrait ses services sans contrepartie. Et selon Gorim, à moins de combattre, il n'avait pas le choix de se plier à ses exigences.

-Ce n'est peut-être qu'une breloque.

-Peut-être, admit l'homme avec un sourire, Mais je peux vous assurer que breloque ou pas, il vous aidera quoique vous vouliez en faire.

-Dans ce cas, je ne peux pas croire que vous vouliez vous en débarrasser comme cela.

Godric s'agita but une gorgée de sa boisson. Visiblement, ce sujet le laissait mal à l'aise.

-J'ai eu mon comptant de bizarrerie avec ce truc, répondit-il la mine sombre, Et si on m'offre une occasion de plus l'avoir, je la saisit, surtout si en plus je peux en tirer profit.

Itrenog évalua rapidement la situation. Il connaissait suffisamment Lucius pour savoir qu'il ne se moquait pas de lui. Le danger ne pourra pas être aussi grand que s'il venait à rester passif. Il devait donc accepter. Face au mutisme de son interlocuteur, Godric soupira et absorba d'une traite le liquide dans son verre avant de se diriger de nouveau vers sa commode. Il fit jouer une vieille clé dans un des tiroirs et en sorti une boite noire carrée, gravée de motifs compliqués, qui ne mesurait pas plus de de six pouces de côté. Il la tenait du bout des doigts comme s'il craignait d'être contaminé par une quelconque maladie et la posa sur la table. Lentement, il l'ouvrit, révélant l'objet qui s'y trouvait. Un rubis poli gros comme la dernière phalange de l'index était accroché à un long fil argenté et reposait sur un petit matelas de velours. Une pâle lumière dorée brillait à l'intérieur, au rythme d'un cœur qui bat et il était parcourut de légère vibration. Itrenog considéra l'objet comme n'étant bon qu'à offrir à une femme et s'apprêta à parler lorsque son regard se perdit dans la lueur au sein du bijou. Une énergie pure l'attirait comme un aimant, son regard se perdait à travers le rougeoiement de la pierre, le clouait sur place, l'aspirait dans un vortex sans fond et annihilait ses facultés de raisonnements. Il voulait s'en emparer, s'en nourrir et la garder pour lui. Au plus profond de lui, ce désir ardent se mua en colère sourde qui menaçait d'exploser à tout instant et il perdit l'espace d'un instant ce qui faisait son identité. Avant qu'il n'ait pu esquisser un seul mouvement, Godric referma la boite d'un geste sec.

-Satisfait ? Demanda-t-il en s'essuyant le front.

Itrenog ne répondit pas de suite, le regard encore fixé sur les motifs de la boite. Cette sensation, il ne l'avait ressentie qu'une seule fois dans toute sa vie. Elle avait fait naître en lui un besoin impérieux de force et de puissance et avait scellée son avenir. Ses mains se crispèrent sur son manteau. Et s'il venait à réitérer l'erreur qui avait fait basculer sa vie ? Il lui fallut plusieurs minutes éprouvantes pour parvenir à se caler de nouveau au fond de son siège, le souffle court. Godric lui tendit un verre d'eau :

-Je vous en parlerais un plus en détail si vous me rendez un service.

Une nouvelle détermination aussi inattendue que bienvenue effaça toute trace de ce qu'il avait ressenti l'instant d'avant. Il avait besoin de cette pierre, peu importe les dangers qu'il encourrait. Il releva les yeux et darda un regard empli de volonté sur l'homme qui se tenait en face de lui :

-Que dois-je faire ?

Spoiler:



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Message par Itrenog Ven 20 Aoû 2010 - 22:13

-Vous devez mettre hors-circuit un homme du nom de Gragas. Il passe son temps au comptoir près de l'arène, à côté de la forge, le plus souvent tout seul. Faites en sorte qu'il ne puisse plus tenir une arme de n'importe laquelle des façons. L'important, c'est qu'on le retrouve avec cette lettre sur lui et que vous évitiez les embrouilles avec la garde.

Itrenog s'était donc rendu sur les lieux avec le peu d'information dont il disposait. Le comptoir à proprement parler était constitué d'une longue planche de bois reposant sur de lourds fûts devant une tente, le tout surmonté d'une bâche verte olive qui devait garder des éventuelles intempéries. Il n'y avait pas grand monde hormis un petit homme à la mine patibulaire qui essuyait négligemment un verre, un autre accoudé sur une table à l'écart et un groupe d'Elfes qui jouaient à un jeu de carte. L'homme seul avait de longs cheveux sales couleurs poivre et sel et une mine fatiguée. Ces traits étaient tirés et de lourdes cernes pesaient sous ses yeux marrons. Il était vêtu d'une simple brigandine et d'un fauchon, et sirotait tranquillement une pinte. Itrenog s'assit à son tour et se résolut à patienter. Le patron ne sembla pas l'avoir remarqué car il ne prit même pas commande.

-Qu'est-ce que je te sers d'autre Gragas ? Demanda-t-il d'une voix grasseyante après quelques instants.

-Rien. Je vais y aller, je dois me préparer pour demain. Je te paie maintenant.

Il déposa quelques pièce sur le bord de la table et termina son verre.

-Bon courage alors ! Passe le bonjour à ta femme et à ta fille pour moi !

Gragas émit un grognement affirmatif et se leva. Itrenog attendit qu'il se fut un peu éloigné avant de le suivre. L'homme se dirigeait vers l'intérieur de la Mergetale d'un pas tranquille. Il parlait de temps à autre avec des soldats, échangeait des plaisanterie avec d'autres et continuait toujours à s'enfoncer de plus en direction de Munduce. Itrenog dû presser le pas pour ne pas se faire distancer tout en réfléchissant sur un moyen de l'isoler. Alors qu'ils avisaient un virage à angle droit, Gragas se retourna vivement et après avoir fureté autour de lui, il changea brusquement de direction. Il allait à présent vers la bordure extérieure, là où il y avait le moins de personnes et il avait accéléré la cadence. Il ne laissait plus que quelques secondes à Itrenog pour deviner sa direction, ce qui compliquait considérablement sa tâche. Bientôt, le monde se fit de moins en moins présent, mais Gragas ne ralentissait pas. Au contraire. Il profitait de chaque espace laissé par les gens pour s'engouffrer à l'intérieur, se faufilant comme une anguille à travers la foule, et ne laissait aucune minute de répit à son poursuivant. Il courrait presque à présent, bousculant volontairement les hommes et les femmes sur son passage. A une intersection, il feinta à droite et fonça sur sa gauche en renversant des cageots de poissons. Tout en le suivant, Itrenog se demanda s'il n'avait pas été découvert. Peu lui importait désormais. Un simple humain ne ferait pas le poids face à lui et plus il s'éloignait, moins il y avait de monde. Dix minutes de cavale plus tard, Itrenog bifurqua à un virage emprunté par Gragas et eut l'impression étrange d'avoir traversé un voile invisible. Une légère pression se fit ressentir sur tout son corps et s'évanouit aussitôt qu'il eut continué à avancer. Il s'arrêta et observa les environs. Il n'y avait personne. Le changement fut aussi brutal qu'étrange. Partout autour, il n'y avait pas une âme qui vive, pas un soldat qui montait la garde, plus de son tonitruant des Joutes. La lumière elle-même semblait avoir changée en quelque chose d'indéfinissable, le soleil ne renvoyant qu'une lueur pâle et fantomatique. Gragas semblait s'être volatilisé lui aussi. Itrenog se retourna. Rien hormis le chemin de terre et les tentes piquées de façon éparses en bordure de la route. Il se mit alors à courir et se rendit vite compte que tout ce qui l'entourait se répétait avec une exactitude effrayante. Il passa trois fois devant deux bivouacs noirs entourés de deux arbres morts et devant un tonneau rempli de piques et de lances. Il décida alors de changer de tactique et prit la transversale à la rue sur laquelle il se trouvait. A peine avait-il dépassé la grande route, à peine avait-il esquissé un mouvement qu'un formidable coup de poing sorti des pans d'une tente l'arrêta. Il tituba avant qu'un deuxième coup ne l'envoya au sol dix pieds plus loin. Il se redressa lentement pour faire face à son adversaire. Une sorte de géant à la peau luisante se dressait face à lui. Le cou presque aussi large que la tête, les épaules saillantes et les bras comme deux troncs d'arbre, on aurait dit un buffle fraichement libéré de son enclot. Deux cornes en spirales s'enroulaient à la base de son front, lui cachant presque entièrement les yeux. Il empestait la sueur, la viande pourrie, et un rictus tordait sa bouche difforme remplie de dents pointues et aiguisées comme des rasoirs. Derrière lui se découpa une autre silhouette. Gragas avait sorti son fauchon et le pointait sur Itrenog :

-Qu'est-ce que tu me veux étranger ? Pourquoi me suis-tu ?

Itrenog ne répondit pas, se contentant de se redresser en s'essuyant la lèvre d'un revers de la manche. Il observa une sorte de tâche sombre qu'il ne reconnut que trop bien pour l'avoir fait sortir maintes fois du corps de ses ennemis.

-Je sais très bien que des gens veulent ma mort, reprit l'homme, Tu n'es pas le premier qui essaie et tu ne seras pas le dernier qui échouera. Qui t'envoie ?

-Peu importe.

-Tu as raison. Je suppose qu'il s'agit de l'un de mes concurrents. Mais tu vas aller lui dire que tu n'as pas réussi ou mon ami ici présent se chargera de ton cas.

L'Orc acquiesça par un grognement. Il n'était vêtu que d'une peau de bête qui ne lui couvrait que la moitié du torse, d'un pagne lui serrant le bassin, ainsi que de bottes cloutées qui laissaient supposer que c'était un garde du corps engagé sur le tas. Ses énormes mains pourvues de doigts griffus étaient nues elles aussi.

-Je ne peux pas, répondit calmement Itrenog, Tu vas mourir ici et maintenant Gragas.

Godric ne lui avait pas stipulé qu'il ne pouvait pas le tuer. Et la faim sans limites de son épée ne lui laissait pas d'autres choix. Elle ne se contenterait pas d'une Peau Verte ; il lui fallait autre chose en plus. Par chance, le lieu était isolé. Il n'y aurait pas de témoin. Gragas eut un rire rauque :

-A deux contre un, c'est toi qui risque de passer un sale quart d'heure.

Il aboya un ordre dans une langue gutturale et hachée à son compagnon qui se rua sur son adversaire tête baissée. Itrenog se courba et passa sous ses immenses bras velus. Il se redressa violemment, carrant solidement le poitrail musclé de l'orc sur ses épaules, et le souleva de quelques centimètres avant de le plaquer au sol. Un nuage de poussière se leva lorsque la carcasse du Peau Verte s'écrasa par terre, tandis qu'Itrenog se relevait. Gragas restait en retrait et se contentait de lui lancer des invectives de plus en plus rudes. L'Orc se dirigea alors vers un des tonneaux remplis d'armes et en sorti une pique longue de cinq pieds. Il se frappa le torse et chargea encore en poussant un cri de guerre. Itrenog se déroba sur sa droite par une roulade. Il ne pouvait pas rester sans rien faire. Et puisque le lieu semblait être une illusion, peut-être que personne ne ressentirait ce qu'il se passerait à l'intérieur. Uniquement réduit aux conjectures, il n'eut d'autre choix que d'agir. Avant que l'Orc ait pu repasser à l'attaque, il passa une main dans son dos et dégaina son arme d'un geste rapide. Un grondement sourd retentit alors et la température ambiante monta en flèche. Une présence maléfique semblait être apparue en l'espace d'un instant, emplissant l'air d'une lourdeur incroyable, comme un jour d'orage. Gragas posa un genou à terre, visiblement affecté plus que l'Orc qui ne fit que froncer ses sourcils broussailleux en grognant pour lui. Il toucha ses cornes du bout des doigts avant de presser son poing sur son ventre. Itrenog y reconnut un geste de protection contre le mauvais sort. Sa lame tremblait dans sa main. L'acier d'obsidienne la composant rougeoyait à un rythme régulier qui semblait s'accroître avec le temps. Gragas se releva péniblement et ordonna à l'Orc de passer à l'offensive. Ce dernier hésita un instant mais obéit tout de même. Itrenog se campa sur ses positions et dévia la pique qui visait sa jambe. Avec un moulinet du poignet, il désarma son adversaire et le frappa au menton d'un coup de pommeau. Sans lui laisser le temps de réagir, il le gratifia d'une estafilade au bras avant de lui sectionner le tendon de la jambe. L'Orc s'effondra lourdement au sol mais ne cria pas grâce. Il défia son ennemi du regard et cracha au sol. Itrenog le poussa à terre d'un coup de pied et le supplicia sans hésitation. Pendant un temps, il resta stoïque et l'atmosphère s'allégea. Puis, le Samathiës poussa un hurlement rauque qui se brisa tandis que son corps fondait à vue d'œil. Il convulsa, ses membres fouettèrent l'air sans parvenir à se libérer, de l'écume apparut sur les coin de sa bouche imposante, sa peau vira au blême et ses yeux devinrent vitreux. Dans un dernier râle de souffrance, il s'affaissa sur lui-même et cessa tout mouvement. Ses bras tombèrent mollement sur le sol et ses jambes ne battirent plus la poussière. En quelques instants, il ne restait plus du colosse qu'une simple enveloppe, une imitation grotesque de ce qu'il avait été, ressemblant plus à un pantin de cire qu'à un cadavre. Gragas recula :

-Par tous les … comment … Qu'est-ce que …

Itrenog retira son arme et l'air se chargea de nouveau en énergie. Plus oppressante encore. L'épée avait une teinte pourpre et on pouvait presque entendre un murmure venant de la fin des âges réclamant encore et toujours plus de mort et de sang. Gragas pointa son fauchon vers Itrenog qui s'avançait vers lui :

-Pitié … J'ai une femme, des enfants … Je … Je ne veux pas mourir ...

Il continua à plaider sa cause, les yeux emplis d'une terreur sans nom, prétendant que tout le monde voulait sa mort parce qu'il avait triché une fois, juste une fois, lors d'un combat en usant de magie pour troubler les sens de ses concurrents. Dans une folie du dernier espoir, il se fendit largement en avant et batailla furieusement pour sa vie. Itrenog aurait été surpris de voir une telle détermination chez un humain s'il n'avait pas vu les larmes roulant sur ses joues. Gragas se battait admirablement bien, feintait, usant de bottes et de trésors d'escrime pour se défaire de son adversaire, mais ses forces le quittèrent bientôt. Il semblait s'épuiser alors qu'au contraire, Itrenog se renforçait de plus en plus. A chaque coup qu'il portait, il sentait son énergie le quitter pour se loger dans l'épée de son ennemi. Ses attaques furent de moins en moins puissantes, ses réflexes de plus en plus lents et finalement, dans une tentative désespérée pour désarmer Itrenog, il lâcha son fauchon et attrapa la lame à pleine main. Une flaque vermeille tâcha la terre sableuse tandis que Gragas pleurait :

-Pourquoi tu fais ça ? Pourquoi ? Je n'ai rien fait qui mérite un tel sort ! Tu n'es qu'un monstre sans cœur ! Tu ...

Sans comprendre pourquoi ni comment, il fut projeté au sol. Il contempla ses mains et vit avec horreur que la peau était noircie. Il poussa un hurlement de douleur lorsqu'enfin, les brûlures lui firent retrouver ses esprits. Itrenog posa un pas et Gragas le frappa au tibia. Il espérait le faire partir, que sa hardiesse suffirait à le sauver, mais rien ni personne ne l'entendait. Il cria de nouveau quand l'épée lui transperça le mollet, déchiquetant le muscle et mettant l'os à vif. Sa jambe trembla et bientôt, un froid inhabituel se répandit dans tout son corps. Itrenog retira la lame et s'avança de nouveau. L'homme se trainait par terre, s'écorchant les coudes car il ne pouvait plus se servir de ses mains ni de ses jambes. Il suppliait encore et toujours, en tentant vainement de fuir. Comme pour abréger ses souffrances, Itrenog porta bien haut son épée et lui transperça le torse. Le même scénario qu'avec l'Orc se reproduisit. D'abord un cri inhumain suivi d'un silence de mort. L'homme hoqueta une dernière fois avant d'expulser son dernier souffle. Son corps devint flasque une lumière argentée filtra sur l'acier de la lame avant de se perdre dans sa couleur de braise. Itrenog attendit que le procédé atteigne son terme et retira son arme. La pression qu'il avait ressenti en arrivant ici recommença et en un instant, il se retrouva entre deux tentes jaunes. Le bruit habituel des Joutes résonna de nouveau autour de lui, accompagné par les beuglement des vendeurs et des soldats, et le soleil darda des rayons plus clairs et plus forts que le moment d'avant. Il sortit l'enveloppe cachetée de sa poche et la déposa sur le corps sans vie de Gragas. Étrangement, l'Orc qui lui avait servi de garde du corps était à ses côtés, comme s'il ne l'avait jamais quitté, comme s'il souhaitait le protéger par delà la mort. Itrenog essuya sa lame, lui murmura quelques mots avant de rengainer et soupira en se dirigeant vers la tente de Godric.
Arrivé sur place, il le trouva assis dans son fauteuil de cuir en train de lire un vieux livre ouvragé. L'homme se redressa vivement en entendant la toile de sa tente se froisser et fut soulagé de voir celui qu'il avait engagé entrer.

-C'était rapide, s'exclama-t-il dans un souffle, Qu'avez-vous fait ?

Itrenog résuma rapidement la confrontation avec Gragas sans lui cacher qu'il l'avait tué car l'homme ne voulait pas se rendre. Il précisa aussi qu'il avait mis la lettre en évidence et que si quelqu'un venait à retrouver le corps, il serait forcer de la voir.

-Vous m'ôtez une sacré épine du pied, conclut Godric visiblement ravi, Cet homme était une fripouille et un vaut-rien. Ne vous inquiétez pas, la lettre garantira votre sécurité et la mienne, même s'il est mort. Personne ne vous ennuiera plus avec ça. Un verre ?

-Il me faut la pierre.

Godric grogna, perturbé par ce manque de tact, mais ne protesta pas. Il chercha la boîte noire et la posa sur la table. En la voyant de nouveau face à lui, Itrenog eut du mal à contenir son appréhension.

-Bien, je vous dois des explications il me semble.

Il referma son livre et invita son interlocuteur à s'installer en face de lui. Il joignit ses deux index en forme de flèche et dit :

-Cette … pierre est magique. Du moins, elle s'en rapproche. Lucius m'a dit qu'elle n'accorde pas un vœu à celui ou celle qui la possède, mais qu'elle donne les moyens de parvenir à ses fins.

Il laissa ses paroles faire leur effet avant de poursuivre :

-En fait, j'ai remarqué que dès que je voulais ardemment quelque chose, ce bijou m'a guidé en quelque sorte. C'est très difficile à expliquer. Il faut que vous en fassiez vous même l'expérience pour comprendre ...

D'un geste souple de la main, il se dénuda le bras droit, révélant une impressionnante cicatrice large d'un pouce qui courrait surement jusqu'à plus haut vers son épaule.

-Un bête accident, commenta-t-il sur le ton de la confidence, Je ne m'étais jamais blessé auparavant en forgeant une arme. Mais dès que je me suis servi du rubis et que j'ai eu ce que je voulais, le lendemain, je me suis blessé. J'ai failli perdre mon bras. Si vous voulez mon avis …

Il baissa encore plus bas la voix, comme s'il avait peur qu'on l'entendit, de telle sorte qu'il ne sortait plus qu'un murmure presque inaudible entre ses lèvres :

-On doit payer à chaque fois qu'on s'en sert.

Il se redressa alors et darda un regard perçant sur Itrenog.

-Ça part d'un constat personnel mais, je ne pense pas me tromper en disant qu'elle vous asservit l'âme et vous fait avoir de terribles remords, comme si elle … voulait, comme si elle était vivante et qu'elle voulait vous faire culpabiliser pour avoir acquis aussi facilement ce que vous désirez tout en vous poussant à vous en servir d'avantage. Et si on continue, les accidents arrivent.

Sur ses derniers mots il avait posé une main tremblante sur son cœur. Itrenog n'avait pas à craindre se genre de chose. Il savait que «l'âme» n'était qu'un mot inventé pour faire croire à une vie après la mort et que par conséquent, surtout dans son cas, il ne risquait pas grand chose à se servir de la pierre. Mais un doute subsistait sur ce qu'elle était réellement capable de faire. Elle avait le don de perturber quiconque la possédait, il en était sûr en voyant Godric, mais à savoir si elle lui serait vraiment utile ou si elle était vraiment dangereuse, il n'y avait qu'un seul moyen d'être fixé. Il tendit la main et la posa sur la boîte :

-Je prends le risque. J'en ai vraiment besoin.

-Alors je ne vais pas vous empêcher de l'avoir, répondit l'homme en haussant des épaules, Qu'elle aille en Inferës avec les fils des Démons cette foutue pierre. Au moins, elle servirait à leur remonter les bretelles pour ce qu'ils font.

Itrenog ouvrit la boîte sans poser le regard sur le rubis. Il ne voulait pas subir de nouveau son pouvoir attirant. Il dégrafa l'élégante broche d'argent en forme de feuille de lys qui servait à refermer le collier et se l'accrocha autour du coup. Il remarqua la sueur qui perlait sur le cou de Godric et le soulagement lorsquela pierre disparut sous le manteau noir. Étrangement, elle n'était pas froide, mais tiède. Itrenog ressentit un frisson lorsque le bijou toucha sa peau mais apprécia son contact. Il avait quelque chose de familier et de rassurant, de désirable aussi, comme si quelque chose venait d'être signé entre eux deux, les liant à jamais, lui un être vivant, et le rubis un simple objet. Il cligna des yeux pour chasser cette impression étrangère et se leva pour partir. Godric le raccompagna et avant qu'il ne passa le seuil de la tente, il lui dit :

-Vous n'avez pas l'air d'éprouver de remords pour quelqu'un qui vient de tuer un homme de sang-froid. Je ne connais pas beaucoup de gens comme ça, et je ne sais pas si c'est tant une force qu'une faiblesse, mais personne n'est à l'abri de la tentation. Surtout avec ça – il désigna l'endroit où la pierre pouvait être cachée – autour du cou.

-Je saurais m'en souvenir.

-Je l'espère. Que Sigmar guide vos pas. Puissiez-vous garder votre âme libre de tout asservissement.

Itrenog le remercia et quitta sa tente. Dehors, le soleil déclinait progressivement dans l'océan bleu de la voute céleste, répandant une douce chaleur. Il ferma les yeux, inspira à fond et décida de trouver un endroit où se reposer jusqu'au lendemain ; le lendemain où il trouverait enfin ce qu'il cherche.

Spoiler:



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Message par Itrenog Mar 26 Oct 2010 - 22:35

Après ce post-ci.

Itrenog ne sut jamais combien de temps il resta inconscient. Par moment, tout lui parut s'étirer à l'infini, les secondes devenaient des minutes, les minutes des heures, et sa perception entière de ce qui l'entourait s'en voyait modifiée. Il nageait dans un endroit sombre et sans bruit, et rien ne perturba cet étrange calme plat. Parfois un mouvement silencieux s'opérait, comme s'il eut peur d'être découvert, et se rétractait à la moindre secousse. A certains instants au contraire, le temps filait à une vitesse ahurissante. A peine avait-il gravé une émotion, une sensation, qu'elle s'était volatilisée et supplantée par une autre encore plus éphémère. Tout ceci se passait dans une sorte d'équilibre parfait qui le laissa en transe jusqu'à ce qu'enfin, un rai lumineux perça ce voile noir et le ramena à la réalité. Les brumes des songes qui avaient enveloppées son esprit se dissipèrent bientôt et il retrouva une lucidité partielle. Sa première sensation fut qu'il n'était plus étendu au sol, mais assis sur une chaise, la tête dodelinant en avant. N'ayant pas encore retrouvé les notions de l'espace, il lui fallut un moment pour comprendre pourquoi il voyait un sol mousseux face à lui et pourquoi ses bras étaient retenus par des cordes dans son dos. Il leva les yeux, mouvement accompagné douloureusement par son visage, et observa les environs. Il se trouvait dans un endroit circulaire et la pénombre ambiante était contrastée d'un vert pâle qui donnait l'impression d'avoir constamment un film de couleur posé en travers du regard. Une sorte de toile le séparait de l'extérieur et tout semblait bien trop grand pour être un bivouac traditionnel. Devant, une table où reposaient ses effets, son manteau, sa tunique ainsi que son épée. Une personne était accoudée dessus et tourna la tête au moment où Itrenog l'avait aperçu. Simplement vêtu d'une longue robe marron sans ornements, un masque d'écorce recouvrait entièrement son visage, ne laissant apparaître que des cheveux bruns qui lui tombaient sur les épaules. Aucune perforation ne lui permettait de voir ou de respirer. L'inconnu s'avança d'un pas léger et sa voix laissa penser qu'il s'agissait d'un homme :

-Vous êtes enfin éveillé. Nous avions peur que vous en ayez trop fait face au Legioni. Pardonnez ces manières grossières de traiter un invité, mais nous ne pouvions pas prévoir votre réaction une fois ici.

Itrenog demeura silencieux, tentant de remettre de l'ordre dans son esprit. Ses derniers souvenirs étaient flous. Il se battait contre les Legioni et soudain, plus rien, un vide béant qui remplaçait la certitude que des choses se soient passées à ce moment précis. Et maintenant, il était prisonnier. Était-ce par les humains ou bien quelqu'un d'autre, il ne sut dire. Il posa son regard sur son interlocuteur qui était désormais à quelques pas de lui. Son aura exhalait une odeur typique des êtres ayant passés de longues années près des arbres, mais un voile de mélancolie se détachait nettement de cet ensemble serein.

-Vous n'êtes pas humain, fit-il alors.

-Effectivement. Je suppose que vous devez vous demander qui nous sommes, où vous êtes, et pourquoi vous êtes ici, mais je ne peux pas vous répondre. N'ayez craintes toutefois, aucun mal ne vous sera fait si tant est que vous ne faites rien de stupide.

Sur ses paroles, il s'éloigna vers la table et y resta quelques seconde, le temps d'observer l'épée qui s'y trouvait. De loin il déclara :

-Vous savez, cet objet est très curieux. Il nous a fallut nous protéger de plusieurs sorts ne serait-ce que pour la toucher. Nous ignorons comment vous faites pour la supporter mais nous le découvrirons bien assez tôt.

Itrenog sut à ce moment que la situation risquait de s'envenimer. Si ceux qui le gardaient ici découvraient qui il était, cela risquerait de compliquer les choses de façon exponentielle, bien que tout lui était déjà défavorable. Il fallait agir. Profitant de l'instant durant lequel la personne face à lui lui tournait le dos, il concentra son énergie dans ses bras et provoqua une friction de l'air pour faire céder la corde qui craqua sous l'action conjuguée de la chaleur et des mouvements du captif qui tentait de se libérer. L'inconnu se tourna vivement et évita de justesse la chaise de bois qui alla se briser un peu plus loin. Itrenog avança d'un pas mais sa jambe blessée le prit en défaut. Il trébucha et se rattrapa à terre juste à temps. Alors qu'il se levait, prêt à parer une contre-attaque, une voix retentit derrière lui :

-Évidemment. Nous aurions dû nous douter que quelqu'un comme vous n'allait pas se laisser faire.

Il se tourna. Trop tard. Avec une rapidité surhumaine, l'homme s'était retrouvé dans son angle mort et l'avait plaqué à terre. Il sortit une mince aiguille d'un des replis de son habit et la planta dans son cou.

-Mais vous auriez dû vous aussi vous douter que nous ne serions pas aussi avare en moyens que le Legioni pour vous garder sous notre coupe.

Un engourdissement soudain se fit ressentir dans tout le corps d'Itrenog, comme s'il s'enfonçait littéralement dans de la boue gluante et collante. La moindre parcelle, le moindre muscle était soumis à cette sensation. Tout lui semblait lourd et sa tête le tournait affreusement, de même que ses sens qui lui envoyaient des informations incongrues. Sa vue brouillait chaque endroit qu'il observait et son ouïe lui causait des troubles de l'équilibre au point qu'il se pensait dériver sur un flot invisible, sa tête remuant au ré de vagues imaginaires, et tout son lui parvenant était irrémédiablement brouillé. Il tenta de secouer sa tête, mais le ressenti s'accentua. Bientôt, il perdit toute notion des repères et il cessa de bouger. L'inconnu se releva et épousseta sa robe :

-Vous devriez rester tranquille maintenant.

Sans le moindre effort, il le souleva et fit jaillir un siège de terre avant de le rassoir dessus. Cette fois, il bloqua l'ensemble du corps par un étau magique et une femme apparut dans la pièce en l'espace d'un battement de cils, vêtu de la même façon et arborant le même masque mystérieux. La seule différence notable, c'est qu'on pouvait voir ses yeux par le biais de deux trous, des yeux glacés et déterminés, et qu'un petit primate à poil blanc se tenait sur son épaule en caquetant gaiement.

-Alors ? Demanda-t-elle.

-Il a tenté de s'enfuir mais je n'ai rien pu découvrir.

La femme s'approcha du prisonnier inerte et lui toucha l'épaule.

-Étrange. On ne ressent rien.

-C'est pour cela que nous devions le tester, répondit l'homme, Ce n'est pas normal. Que faisons-nous maintenant ?

-Nous ferions mieux d'en parler ailleurs. Je n'ai pas confiance en tes produits.

Elle murmura quelques mots à son compagnon et il quitta son perchoir pour se retrouver assis au sol. Un claquement sonore vrilla l'air et ils disparurent tous deux, laissant Itrenog seul avec le petit animal qui continuait d'émettre des petits sons par sa bouche entrouverte.

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Dernière édition par Itrenog le Sam 8 Jan 2011 - 11:19, édité 1 fois
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Message par Kin-Fei Jeu 11 Nov 2010 - 13:40

La petite acrobate était aux anges. Cet endroit fourmillait d'activité et d'êtres vivants, de très nombreux êtres vivants, qu'elle n'avait jamais vu auparavant. En effet, entre Nains, humains, leurs animaux, leurs vêtements, tout, oui vraiment tout émerveillait la gamine. Des défilés de couleurs passaient devant elle à chaque instant, et elle avait beau y mettre toute sa volonté, pas moyen de tout retenir du premier coup. Ici et là, il y avait des commerçants, ou bien des guerriers, ou encore des jeux étranges et inconnus à la mémoire de Kin Fei. Elle l'avait entendu, en volant quelques informations de son oreille indiscrète, que cet endroit ne serait plus comme ça lorsque "la fête" sera finie, que les gens venaient de partout ( elle en déduit que c'était pour ça qu'un si petit lieu contienne autant de races différentes ), qu'il fallait donner des pièces étranges pour pouvoir jouer ( elle en déduit qu'il s'agissait des petites choses qu'on lui avait remis à l'entrée ), qu'il était facile de se perdre ( mais ça, elle n'en avait que faire ), et surtout, que des choses inhabituelles allaient se produire cette année.
Bien sûr, pour la fillette, tout était toujours inhabituel, mais elle était tout de même curieuse de savoir ce qu'il allait se passer. Donc elle décida de rester et de se balader ici, en attendant que ça arrive, bien qu'elle ne sache absolument pas de quoi il s'agissait.

Dès qu'elle était entrée à "Mutrucmuche", elle avait perdu Siriondil, qui s'en était allé de son côté vaquer à ses affaires, laissant l'étrangère seule au milieu de cet univers attractif et mouvementé. Elle ne s'imposa pas de devoir le suivre, puisqu'elle faisait toujours ce qu'elle voulait quand ça lui plaisait, quoiqu'elle fut un peu déçue de se séparer de cet ami si singulier. Kumo no Ame n'était pas revenu lui non plus, surement effrayé par toute cette agitation dont il n'était pas habitué et dont il ne voulait pour tout l'or du monde approcher. Les humains, il ne les aimait pas vraiment. Kin Fei était différente, c'était et sera toujours la seule raison pour laquelle il la suivait comme son ombre, dans la mesure du possible. En scrutant le ciel et ne le voyant pas tournoyer au dessus de la ville, la jeune fille haussa les épaules, se rappelant intérieurement de lui raconter toutes ses découvertes lorsqu'il pointerait le bout de son bec.
C'est donc dans une solitude agréable que la gamine fit ses premiers pas sur le sol de Munduce.

Intriguée par tout, et tout l'intrigant, elle voulait tout voir, tout toucher. Elle avait même demandé à un Nain si elle pouvait examiner sa longue barbe. Avant, dans la caravane, il y avait bien des gens à barbe, mais elle avait la conviction infondée que celles de ce monde ci étaient différentes. C'est le Nain qui cria grâce au bout d'une dizaine de minutes, lorsqu'elle avait voulu faire des expériences avec. Heureusement, elle s'arrêta là.
Elle courait dans tous les sens, ravie, un immense sourire peint indélébilement sur son visage, durant des heures sans ressentir la moindre fatigue malvenue. On lui demanda de ne pas grimper aux murs, de rester tranquille et de profiter des joutes comme tout le monde. Mais Kin ne faisait rien comme tout le monde.

Elle avait assisté avec beaucoup d'intérêt à une partie d'un jeu bizarre avec des cartes. Dans la caravane,certaines personnes avaient des cartes, mais on ne jouait pas comme ça avec. Alors elle avait voulu mémoriser chaque geste des deux adversaires, sans arriver cependant à comprendre les règles du jeu...
Ensuite, elle avait vu deux combattants dans une sorte de cercle dans lequel ils devaient se battre. Elle avait compris que le gagnant recevait un prix, mais comme elle n'avait pas eu la patience de rester jusqu'à la fin, elle ne savait pas de quoi il était question. Elle pouvait rester des heures sur quelque chose comme elle pouvait vite s'en ennuyer.
Dans le même genre de jeu, elle avait observé également tous plein d'autres combats, avec des flèches, avec des couteaux, avec des tas d'autres objets. Un instant, elle avait voulu en prendre un pour le scruter de fond en comble, mais à peine eut-elle posé les doigts dessus que l'organisateur de la joute avait fondu sur elle, menaçant. Immédiatement, elle avait laissé tombé et fila aussi vite que ses jambes le lui permirent.

Marchant sur les mains sur un toit, elle jouait seule à "combien de gens dans la maison?", un pari puéril qui consiste à attendre que les habitants, outrés par le comportement téméraire de la jeune fille, sortent leur tête par la fenêtre et hurlent. Une petite chose qui la faisait bien rire.

Elle perdit comme ça la notion du temps. Tantôt se remettait-elle en position bipède, tantôt elle recommençait ses idioties infantiles. Mais elle riait bien, et, oublia vite où elle était.
En effet, elle ne marchait plus sur les toits d'habitations, comme dans le quartier précédent, et elle fut même obligée de descendre lorsqu'il n'y eut plus de quoi avancer.
Toutefois, elle continua son petit manège, la tête dans les nuages, ne pensant à rien de véritablement intéressant ni intelligent.

Soudain, le sol s'effondra sous ses pieds. Elle n'eut pas le temps de réagir que déjà, elle tombait. Pourquoi cette partie là du terrain était elle si peu stable ? Et surtout, le trou formé par la petite silhouette ne s'effrita pas plus autour d'elle. Et elle continua de tomber. Mais bizarrement, elle semblait traverser quelque chose d'invisible...En réalité, il devait probablement s'agir de barrières magiques destinées aux curieux ou aux inattentifs, comme Kikin. Celle-ci ressentit les ondes magiques, mais elle glissa au travers comme dans de l'eau. Elle ne devait pas être concernée par le sort.

- WAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAH !!!!!!!


Elle atterrit sur les fesses, dans une étrange pièce qui sentait la terre. Elle se releva et épousseta ses vêtements, bien que ceux-ci fussent déjà bien sales, à force de trainer partout. Elle s'étira le dos et se retourna vivement et entendant un grognement venir du milieu de la pièce. En effet, elle était tout à fait ronde, au grand émerveillement de la fillette.
Au centre du disque était un grand homme, qui bizarrement lui rappelait quelque chose... Son aura, puissante, ressemblait à celle de Sirion, bien qu'elle soit partiellement différente. Kin s'assit en tailleur et se tâta la mémoire, dans l'espoir d'en tirer une information intéressante, mais non, au bout d'une ou deux minutes de réflexion intense, elle n'avait jamais vu cette personne là. Si tant est que ce fut une personne... Alors elle s'approcha prudemment, sous l'oeil d'un petit singe blanc, et s'accroupit devant l'être. Il ne bougeait pas d'un poil. Elle tendit le bras et...
... tâta du bout de l'index le puissant démon, très curieuse, mais surtout cherchant à se rappeler ce qui était si étrange chez Sirion et qu'elle retrouvait en lui.

Elle pencha la tête de côté et sourit.

- Salut ! ça va ?




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Dernière édition par Kin-Fei le Dim 27 Mar 2011 - 12:20, édité 1 fois
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Message par Itrenog Mer 17 Nov 2010 - 20:44

Une sensation étrange. Un contact sur le bras. Où était-il ? Itrenog ouvrit difficilement les yeux. Sa tête le tournait affreusement. Il entendit un bourdonnement incompréhensible sur sa gauche. Y avait-il encore quelqu'un ? Il tenta de remuer la tête sans en être capable, des milliers de picotements l'empêchant de savoir où était ses bras, ses jambes, son corps en général, et annihilait toute possibilité de mouvement. Il voulut accentuer sa respiration, mais ne put faire ce mouvement aussi simple non plus. Il était là, sans pouvoir bouger, simplement. Alors qu'il voulait retourner dans les limbes de son inconscient, un second bourdonnement le sortit de sa torpeur. Quelqu'un lui attrapa le visage et le souleva. Il ne sut alors pas si ce qu'il vit était le fruit de son imagination ou bien une personne bien vivante se tenant devant lui. Une petite fille, très jeune, avec des cheveux bruns mi-longs arborant deux épis démesurés, lui souriait gaiement.

-Ca va ? Répéta-t-elle, Tu n'as pas l'air en forme.

Même s'il l'avait voulu, Itrenog n'aurait pas pu répondre. Son regard vide n'échappa pas à la jeune fille qui sortit une friandise de son pantalon et la lui fourra dans la bouche en l'aidant à avaler comme le ferait une mère donnant la becqueté à son petit. Le bonbon coula dans sa gorge comme une goutte enflammée et se nicha dans le creux de son estomac en répandant une nouvelle chaleur dans ses membres. Étrangement, toute sensation de lourdeur disparu et il put articuler :

-Qui es-tu ?

-Moi c'est Kin-Fei. Kin pour les intimes. Et toi c'est quoi ton prénom ?

-Qu'est-ce que tu fais ici ? Répliqua Itrenog, Tu n'es pas …

-Hé ! Coupa Kin-Fei, Je t'ai posé une question, non ? Tu pourrais répondre quand même.

-Itrenog.

La gamine parut satisfaite et se redressa. Itrenog de son côté commença à reprendre conscience de ses mouvements mais fut bloqué par l'étau mit en place précédemment par son ravisseur. Il ne pouvait toujours pas se libérer et répéta :

-Que fais-tu ici ?

-Sais pas, répondit Kin-Fei qui observait attentivement les environs, Je suis tombée ici sans faire exprès. Et toi ?

-Je suis prisonnier.

La fille se tourna vers lui, les yeux ronds :

-Tu as fait quelque chose de mal alors ?

-Non.

-Alors pourquoi tu es prisonnier ?

-Je ne sais pas.

Kin-Fei arrêta là ses questions et se dirigea vers l'établi où elle resta aussi contemplative.

-C'est à toi ? Demanda-t-elle en montrant l'épée.

-Oui.

Sans demander son avis, elle mit les gants de cuir et s'amusa avec le long manteau du captif à grand coup de rires expressifs en fouettant l'air, transperçant des hordes d'ennemis sanguinaires sortis tout droit de son imagination. Itrenog restait dubitatif. Il émanait d'elle une énergie qui était tellement positive qu'il se demandait réellement si c'était possible. C'était la première fois qu'il rencontrait quelqu'un comme elle. Kin-Fei attrapa alors l'arme à pleine main et courut vers lui :

-Dis, tu crois que je peux te libérer avec ça ?

-Possible. Tu sais où sont les gonds ?

-Bien sûr ! Je ne suis pas bête !

Elle prit son élan et frappa violemment sur les poignets et les chevilles du prisonnier, étrangement sans manquer sa cible, ce qui fit sauter les protections magiques dont la force fut absorbée vers l'épée. Itrenog se leva lentement et joua avec ses muscles pour se délier totalement de cette sensation omniprésente de lourdeur mais rien n'y fit. Il alla récupérer son pantalon et ses bottes,s'habilla prestement. Le tout avait été soigneusement réparé,comme s'ils n'avaient jamais quittés leur endroit d'origine, neufs jusque dans les moindres détails. Alors que Kin-Fei lui tendait son arme, Itrenog dit :

-Les gants d'abord.

-Pourquoi ?

-Parce que.

Sans chercher à discuter malgré la curiosité qui pouvait se lire dans ses yeux, la jeune fille posa l'épée et donna les gants à son propriétaire qui les enfila précautionneusement avant de sangler sa lame dans son fourreau. Il se tourna vers elle :

-Par où es-tu arrivée ?

-Là !

Et elle pointa le plafond d'où se détachait visiblement un trou de la taille de la gamine. Il n'y avait aucun moyen de sortir et Itrenog ne ressentait rien alentour qui lui témoignait la présence de ceux qui l'avait capturé. Plus étrange encore, Kin-Fei ne s'était pas plaint de ses pulsions démoniaques. Lui non plus ne pouvait plus les sentir. Il y avait quelque chose qui clochait mais avant d'avoir eu le temps de se demander quoique ce soit, le petit primate blanc jusque là silencieux émit un caquètement suraigu et aussitôt, une portion de la masse verte qui les entourait se dégrada à vue d'œil et un groupe de trois individus masqués en jaillit.

-Capturez-les ! Ordonna l'un d'eux.

Alors qu'ils avançaient, Kin-Fei se tourna vers Itrenog :

-Heu Itr, on fait quoi ?

-Cours.

-Quoi ?

-Cours et trouve une sortie.

Il dégaina et chargea ses assaillants tandis que la jeune fille s'élançait à son tour derrière lui. Il visa l'épaule du premier inconnu qu'il croisa mais ce dernier se baissa pour éviter,permettant à l'un de ses compagnon de lui passer par dessus et d'attaquer au corps à corps. Le dernier se plaça devant Kin-Fei pour lui bloquer le passage, mais la gamine le feinta sur la gauche,pirouetta pour lui passer par dessus avant de se réceptionner sur les mains et de le frapper avec un coup de pied circulaire. Son adversaire déstabilisé pour un court moment, elle s'élança à travers la sortie nouvellement formée à la recherche d'un moyen de retourner dans la Mergetale. Itrenog de son côté botta et attrapa l'un des individus masqués par le cou avant de l'envoyer promener sur son camarade, sans effet car ils se réceptionnèrent tous deux gracieusement et sans le moindre effort. Il savait qu'il ne pourrait pas tenir indéfiniment, sans compter que ses capacités semblaient sapées par quelque chose qu'il ne s'expliquait pas. Le pouvoir de son arme n'avait aucun effet sur eux et il fut contraint d'agir. Il fonça et engagea le premier des deux qu'il rencontra. Même si son agilité et sa vitesse était infiniment inférieure à eux, il compensait ce manque par la force brute à chacun de ses coups. Alors qu'il brisait la garde de son opposant, le second intervint et passa sous Itrenog pour lui porter un coup à l'aine. Ce dernier pivota juste à temps pour voir la lame sinistre le frôler de justesse et balança son bras en avant pour plaquer celui qui venait d'attaquer au sol. Il se tourna rapidement mais ne put éviter une seconde offensive dans son angle mort et accusa un dégât à l'épaule.Avant que son adversaire ait pu se dégager, il lui attrapa le poignet et le lui brisa avant de l'envoyer s'écraser contre le mur du fond. L'autre se relevait à peine qu'il fut accueillit par un violent coup de pied en plein visage, l'assommant par la même.Grimaçant, Itrenog retira vivement la dague, pressa sa blessure et détalla à toutes jambes. Face à lui, un couloir sans fin s'étendait, la même clarté irréelle l'entourant, mais aucune ouverture. Il se tourna. Pas moins d'une dizaine de personnes se rapprochaient de lui à une vitesse faramineuse, d'autres les rejoignant soit en traversant les murs, soit en apparaissant de nulle part. Il accéléra la cadence et un virage serré se découpa plus loin. Il l'emprunta juste à temps pour éviter une salve magique. Il se réceptionna d'une roulade maladroite et dérapa sur le sol mousseux et gluant. Il fit quelques pas de course et quand il pensa que ses assaillants l'avaient rattrapé, il se tourna. En réalité,ils étaient à une distance qui était même supérieure à celle du corridor précédent. Sans s'interroger d'avantage sur une telle prouesse, il continua à courir, des tâches de son sang le rendant facilement traçable, et déambula sans fin. A un croisement qu'il avait l'impression d'avoir déjà vu se découpaient d'autres silhouettes. Ne pouvant faire demi-tour, il tenta de gagner en vitesse pour prendre le chemin transversal mais une main traversa le mur sur sa gauche et l'empoigna par le col, le faisant basculer à travers lui. Il trébucha avec quelqu'un et il reconnut Kin-Fei juste à temps avant d'avoir pu frapper ce qu'il avait prit pour un agresseur. La gamine s'était à peine relevée qu'elle l'entraîna dans un nouveau passage sans prendre le temps de s'expliquer. Avec elle, il traversa plusieurs fois des chemins qu'il n'aurait jamais soupçonné comme étant existant jusqu'à ce qu'ils atteignent une pièce possédant un piédestal lumineux, seule source de lumière dans cet endroit si particulier.

-C'est par là, indiqua-t-elle, J'ai vu l'un deux l'emprunter tout àl'heure !

Des échos de voix remuaient autour d'eux et le groupe d'assaillants les rejoignit alors, pas le moins du monde essoufflé malgré la course-poursuite qu'ils venaient de mener et l'apparente distance qui les avaient séparé des fuyards. C'était comme s'ils venaient de passer à travers une porte séparant ce lieu de là où ils se trouvaient juste avant. L'un d'eux s'avança et Itrenog reconnut celui à qui il avait parlé la première fois qu'il s'était éveillé ici.

-Très divertissant, fit-il, Maintenant, soyez gentil et venez avec nous. Il serait regrettable de vous faire mal.

-Pas question !, répliqua Kin-Fei, Vous n'avez pas le droit de faire ça !

-Et une jeune humaine. Insolente évidemment. Ta présence ici compromet un temps soit peu nos projets, mais nous saurons y remédier. Rendez-vous maintenant ou bien nous devrons sévir.

Les autres s'approchèrent en silence pour les encercler et Itrenog de dire à son alliée fortuite :

-Tu n'as rien a faire ici. Tu peux partir.

-Et pourquoi je devrais te laisser ici ?

Cette question le prit au dépourvu.

-Tu ne me connais pas et tu n'as rien à gagner à m'aider.

-Qui te dit que je veux gagner quelque chose. Tu as besoin d'aide,c'est évident.

Il soupira. Visiblement, il avait encore de nombreuses choses à apprendre sur le comportement des êtres de la surface. Mais le temps n'était pas à la réflexion, il devait trouver un moyen de sortir.Sans avoir pu décider de quoique ce soit, l'un des inconnus lança une sphère bleue en direction dans leur direction. Itrenog réceptionna le sort et le contint dans sa main droite avec difficulté. La puissance était bien supérieure à celle qu'il s'attendait et qui plus est, ce n'était pas une attaque ordinaire.Des filins argentés se détachèrent de la boule et lui enserrèrent le bras, grimpant vers l'épaule comme des lianes. Il attrapa alors Kin-Fei par le bras et se tourna pour emprunter ce qui semblait s'apparenter à un passage vers l'extérieur. Il la jeta avec force et la jeune fille fut happée dans un courant de magie blanche et disparue dans un bruit étouffé. D'autres balles colorées le frappèrent alors dans le dos et commencèrent à le maintenir en place tandis que les individus masqués courraient déjà dans sa direction. Sans prévenir, une décharge plus puissante que les autres le propulsa en avant et il atterrit en plein milieu du piédestal. Avant qu'il ait eu le temps de se tourner pour voir ce qu'il se passait, une force colossale le fit basculer en arrière et un torrent de lumière engloutit son champs de vision. En quelques secondes et sans avoir compris ce qu'il se passait, son corps fut balloté dans tous les sens et il se trouva à la verticale d'un sol terreux avant de tomber lourdement sur le dos. Kin-Fei déjà de l'autre côté l'aida à se lever :

-Ça va ? Tu es blessé ?

-Ça ira. Où sommes-nous ?

La gamine tourna la tête :

-Apparemment de retour dans la Mergetale. Il s'est passé quoi là-bas? Pourquoi tu m'as poussé comme ça ?

-Nous sommes sortis, c'est l'essentiel.

Kin-Fei ne parut pas convaincue de sa réponse mais garda le silence et Itrenog en profita pour observer les alentours. Ils se trouvaient dans une ruelle déserte, complètement aux antipodes du lieu où ils étaient un instant avant. Deux tentes les entouraient et une faible agitation avait lieu de part et d'autre de leur position. Il tâta son épaule. La blessure était petite, mais profonde. Il pressa sa main dessus avant de se rendre compte que son gant avait été de nouveau déchiré. Il eut tout juste le temps de la cacher sous son manteau que Kin-Fei se tournait pour lui demander :

-On fait quoi maintenant ?

-Nous éloigner d'ici. Ils ne vont surement pas tarder à revenir.

-D'accord !

Ils s'engagèrent vers la rue et avant d'avoir continué, Itrenog fit:

-Merci.

-Pour ?

-M'avoir libéré.

La seule réponse de la jeune fille fut un sourire aimable tandis qu'ils s'élançaient pour mettre le plus de distance entre les inconnus et eux.

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Message par N'Aedras Lun 29 Nov 2010 - 22:57

[suite immédiate du post juste au dessus]

Le silence s'abattit dans la salle du piédestal. Les masques d'écorces tous dirigés vers l'endroit où les deux fuyards venaient de disparaître dans un éclat de magie s'étaient figés, aussi immobiles que des statues. Bientôt, un voix douce, comme le murmure des feuilles en automne, entama le dialogue, dans un dialecte proche mais surprenant de l'elfique commun:

- Qu'est-ce que c'était?
- Aucune idée, mais ce n'était pas un sort de téléportation.
- Impossible.
- De grands enjeux se jouent sur la Mergetale. Nous ne connaissons pas tous les êtres impliqués. Nous ne sommes sûrement pas les seuls à rechercher des Emanances. Vent, va quérir la Cîme.

Aussitôt, l'un des elfes se mua en torrent de brume qui s'engouffra dans un conduit attenant. Celui qui venait de parler continua:

- Brume et Ventul, suivez-les et tâchez de découvrir qui les aide.

Deux autres éléments s'avancèrent vers le lieu où leurs cibles s'étaient échappés. La première fit un gracieux mouvement du bras, qui répandit une brume légère dans l'air. Celle-ci fut aspirée dans une petite fente invisible. Son compagnon lança aussitôt un fil doré vers l'ouverture avec quelques mots en langage de magie, puis continua sa litanie pendant quelques secondes. Soudain, il saisit le bras de sa partenaire et tira d'un coup sec sur le fil surnaturel. Leurs deux corps furent happés par la brèche avec un claquement sec.
Presque aussitôt, Vent réapparut en compagnie de la Cîme. Les présents inclinèrent brièvement la tête devant elle.

- Vous l'avez laissé s'échapper?

Même si sa voix restait posée, elle n'en transpirait pas moins le mécontentement sous-jacent pour les oreilles expertes.

- Vos soupçons semblent s'avérer fondés. Mais grâce à notre enchantement traceur, les suivre ne devrait pas poser de problème.
- Tu as intérêt à ce que ton artifice fonctionne cette fois-ci, Rivage. Les Racines ne supporteront pas un nouvel échec de ta part.
- Les Racines peuvent grandir en paix. Je leur apporterai ce dont elles ont besoin.

Sur ces mots, "Rivage" fit un geste de la main, et les 4 elfes restants s'élancèrent à la suite des deux éclaireurs, disparaissant à leur tour, mais sans bruit cette fois. La Cîme termina sans détour:

- Je dois partir. Les Legioni ne cessent de recruter des éléments gênants, je dois m'assurer que nos autres cachettes sont sécurisées avant l'arrivée de la Racine. Je veux que vous le retrouviez, où qu'il soit. Cet être a subi quelque chose qui a fané son aura. S'il a été en contact avec une Emanance, nous devons absolument découvrir laquelle, et pour quelle raison elle l'a marqué. Ainsi, nous pourrons sûrement remonter jusqu'à elle.

Rivage s'inclina en signe de compréhension, et partit sur les talons des siens. Dès qu'il passa au dehors, le brouhaha de la Mergetale s'éleva. Bien qu'il fût à l'orée des quartiers elfiques, le calme habituels de ceux-ci semblait perturbé par quelques agitateurs indésirables. Non loin de là, un crieur public annonçait:

- Par décision du Duce, les Tournois des Joutes Geadrasiennes sont avancés et commenceront dès aujourd'hui. Les quartiers elfiques seront les premiers à accueillir les arènes qui serviront...

L'elfe s'éloigna du tintamarre, se faufilant agilement entre les tentes et les constructions magiques du Grand Peuple. Il ne tarda pas à découvrir des patrouilles de Legioni alertes, accompagnés systématiquement d'au moins un mage, sillonner les allées ordonnées en piétinant sans mesure l'herbe qui juste là avait été soigneusement préservée. Nombre d'elfe affichaient des mines furieuses en voyant la négligence des humains. Certains les accueillaient en tentant de surmonter la rusticité de leur comportement. Rivage détourna son attention de ces spectacles affligeants pour se concentrer sur les indices que lui laissaient ses prédécesseurs. Ils s'étaient d'abord rapprochés dangereusement de la muraille, puis avaient bifurqué vers les quartiers humaines du centre. La piste faisait un léger détour au milieu des Orcs. Rivage murmura à contrecoeur les formules pour changer son apparence.
Tous les détours semblaient indiqués que leurs cibles avaient une connaissance aiguë de la traque. Ils n'arrêtaient pas de changer de zones et d'effectuer des trajets aléatoires et tortueux. Toutefois, il était clair que les cibles évitaient soigneusement d'approcher un tant soit peu les quartiers dévolus aux Démons, et contournaient systématiquement les endroits protégés par des enchantements de révélation.
Brusquement, un contact mental s'établit. Le code mental étant adéquat, Rivage ouvrit l'orée de son esprit à son allié. Ils venaient de s'arrêter. Quelque part au milieu des quartiers humains. Il grouillait là-bas une multitudes de créatures et d'enchantements de détection. Il bifurqua à l'est et les rejoignit rapidement. Sous l'apparence d'humains banaux, ils l'attendaient, dispersés dans la foule. Ils connectèrent leurs esprits en prenant soin de contourner les détections magiques courantes.

- Nous avons perdu sa trace par ici. Un champ répulseur le protège pour l'instant, mais cela cessera dès qu'il sortira.
- Et l'humaine?
- Difficile à dire. Elle peut s'être cachée dans la foule, s'être arrêtée ailleurs ou l'avoir suivi.
- Un champ répulseur n'est pas commun chez les humains. Trouvez la tente de laquelle émane le flux et neutralisez-le. Dès que nous avons mis la main sur lui, dispersion et rendez-vous à la cache la plus proche.
- Si on nous découvre?
- Attirez l'attention sur vous et emmenez le maximum de poursuivants loin d'ici. Ne rentrez pas dans une cache sans être absolument certains que vous êtes indétectables.

Sur ces ordres, ils rompirent le contact et se mirent chacun à l'oeuvre. Rivage s'éloigna légèrement, puis se cacha derrière une tente et sortit une sorte de pendule d'une de ses poches cachées. Il souffla dessus, et celle-ci se mit à pointer dans une direction. Il murmura un sort de dissimulation et suivit la piste sans s'attarder.
Au bout de quelques instant, son instrument se mit à trembler, puis s'arrêta de bouger et se soumit de nouveau à l'attraction terrestre. Rivage leva les yeux, et vit une personne encapuchonné s'impatienter devant un étal de nourriture. Il semblait s'agir d'un homme, mais Rivage savait qu'il n'en était rien. Il s'approcha prudemment, et avança sa main pour saisir son épaule.
Mais juste avant qu'il ne le fasse, un objet dur et pointa dans son dos.

- Pas si vite, Masque-d'Ecorce. J'aime bien les courses, mais j'aime pas vos règles...

La voix qui venait de s'adresser à lui était celle d'une très jeune humaine, reconnaissable entre mille. L'homme encapuchonné se retourna, révélant le col haut de son manteau noir qu'il dissimulait par cette grossière étoffe. Sans un mot, il montra sa main fermement agrippée au manche de son arme maléfique, et fit signe à son poursuivant d'avancer dans le sens inverse.
Ils rentrèrent dans la tente la plus proche. Les 2 occupants les regardèrent avec des yeux ronds, et s'apprêtèrent à protester, mais l'homme encapuchonné les assomma sans sommation.
Il arracha ensuite la toile qui le recouvrait, et prononça avec une voix rauque:

- Qu'est-ce que vous me voulez, à la fin?

L'apparence de l'elfe revint à la normale, ayant été démasqué. Sa voix prononça sans aucun accent elfique en langage commun:

- Je veux que vous quittiez les Joutes au plus vite.

La surprise provoqua un moment de silence. Ce fut la jeune humaine qui continua:

- Quitter? Mais je croyais que vous vouliez le...
- Je ne suis pas des leurs.

L'homme mit un temps avant de demander:

- Qui êtes-vous?
- Ce serait trop long à vous expliquer. Tout ce que je peux dire, c'est que je ne souhaite pas que vous restiez entre les mains des dissidents.
- Les dissidents?
- Ceux qui vous pourchassent. Avez-vous été en contact avec une Emanance?

L'homme au manteau noir fronça les sourcils, puis répliqua:

- Je ne vois pas de quoi vous voulez parler.
- Nous n'avons pas beaucoup de temps, je vais donc être bref. Il est possible que votre état résulte du contact avec une Emanance. Les dissidents veulent se servir de vous pour remonter jusqu'à elle. Il ne faut pas que cela arrive, sous aucun prétexte. Quittez les Joutes sur-le-champ, je vous aiderai.
- C'est hors de question, refusa son interlocuteur. Et qui me dit que ce n'est pas un piège?
- Ecoutez, fit l'elfe dont le débit s'était sensiblement accéléré, quoi que vous soyez, si la Racine met la main sur vous, nous pourrions tous courir un danger terrible. Il faut vous enfuir immédiatement!
- Je n'ai pas le temps pour ces stupidités! s'emporta l'homme en renversant la table d'un geste brusque de la main. M'enfuir dans mon état ne servirait à rien... Il me faudrait...

Un silence s'ensuivit, puis l'elfe fit:

- J'ignore si ce qui vous est arrivé est la cause d'une Emanance. Mais ce dont je suis sûr, c'est que ce qui vous ronge ne peut être enrayé par aucune magie connue. Cependant...
- ... Cependant quoi? s'impatienta l'homme de sa voix rauque.
- Quelqu'un pourrait peut-être vous aider.

La jeune humaine fit un signe indécis à son compère, qui réfléchit avant de demander:

- Qui est-ce?
- Son nom est... Serädjëon.

Dès que le nom fut prononcé, l'homme grimaça et tituba en portant ses mains à sa tête. L'air se mit à brûler la peau et les poumons.

- Itr...

La jeune fille se ravisa avant de prononcer son mot en entier. Toutefois, sa voix sembla calmer le phénomène. Elle s'approcha de lui précipitamment pour le soutenir. L'Elfe en fasse d'eux murmura:

- Faites vite. Ils arrivent...

Il disparut dans une volute blanche, et aussitôt le bruit sinistre d'un enchantement qui se brise secoua la rangée de tente. Les deux humains s'échappèrent pas l'autre extrémités du refuge. Ils dévalèrent le talus sans ménagement et se redressèrent tant bien que mal. L'homme cracha du sang. Son alliée n'eut pas le temps de s'inquiéter de ça, car la tente au dessus s'enflamma d'un seul coup. Elle le soutint et ils partirent en courant tant bien que mal.

- Tu as l'air très malade... Ce sont les... "dissidents" qui t'ont mis dans cet état?

Il ne répondit pas, le visage congestionné par la douleur.

- Tu connais ce "Serdeon"? Il peut te soigner?
- ...

L'homme cracha à nouveau du sang et s'essuya d'un revers de manche avant de s'arrêter pour reprendre son souffle.

- Je... vais le trouver. Tu... ferais mieux... de partir... petite.
- Pas question de laisser un nouvel ami comme ça! Et puis... Je veux en savoir plus...

Itrenog avait beau ne pas connaître beaucoup d'humains, celle-ci avait vraiment quelque chose... d'étrange. Sa dernière phrase, bien qu'elle ne dise pas exactement le fond de la pensée... Il était dans le même cas.

°° Oui, moi aussi...

... une... Emanance?°°




*********************************

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Message par Itrenog Lun 13 Déc 2010 - 14:22

Kin-Fei continuait de courir en soutenant Itrenog du mieux qu'elle pouvait. De la sueur lui engluait la vue et elle dû s'arrêter dans un coin à peu près au calme pour se reposer. Courbée en deux pour reprendre son souffle, elle n'eut même pas la force de parler. Les Legioni étaient intervenus in extremis quelques instants plus tôt et, n'ayant pas vu les dissidents, les avaient attaqués en pensant avoir à faire aux fauteurs de trouble. Néanmoins, la situation s'était légèrement améliorée quand l'un des Elfes avaient raté son sort et touché l'un des soldats du Duce, provoquant de ce fait une violente réaction de la part de la garnison. Dans la cacophonie qui s'en était suivie, Kin-Fei avait détalé aussi vite que possible et ils étaient désormais tous deux assez éloignés pour souffler un peu.

-Il faut … continuer, grogna Itrenog en pressant son épaule meurtrie, Ils vont revenir …

Il avait déjà perdu une bonne quantité de sang et ses idées n'étaient plus très claires. La seule chose qui le maintenait encore debout, c'était la volonté. Il refusait d'abandonner, fut-il contraint d'abattre l'ensemble de la garde, malgré les protestations fulgurantes de ses membres.

-Je suis épuisée, répondit la jeune fille entre deux bouffés, On ne pourra pas tenir comme ça longtemps.

La seule option qu'il leur restait était de quitter les Joutes. C'était le seule gage de leur survie. Kin-Fei se redressa alors et attrapa le blessé par l'épaule pour continuer, dominant la fatigue. Les passants les regardaient avec des mines inquiètes, mais aucun n'osait les aider ou leur barrer la route. Ils se contenaient de les observer et de s'éloigner à leur passage, comme si les deux poursuivis n'étaient que des fantômes et qu'ils portaient en eux le germe d'une mauvaise maladie. Soudain, la terre trembla et une banderole pourpre s'éleva devant eux, provoquant la panique parmi les citoyens qui s'enfuyaient en tirant leurs enfants par la main ou en emportant leurs affaires le plus loin possible du brasier. Ils s'arrêtèrent rapidement et devant eux, à travers les flammes, se découpèrent plusieurs silhouettes sveltes portant des masques. Avant que les dissidents aient eu le temps de charger, une avalanche de Legioni déboulèrent sur leur flanc et ils engagèrent un corps à corps furieux accompagné par des décharges magiques provenant de tous les sens. Cela tournait presque au règlement de compte personnel et les deux compagnons en profitèrent pour disparaître aussi vite que possible. Quelques opportunistes tentèrent bien de les en empêcher, mais ils furent presque aussitôt happés par le brouillard confus de la bataille. Alors qu'ils avisaient un croisement entre deux tentes, une main se posa sur l'épaule d'Itrenog et le fit se retourner. Lucius, le mage qu'il avait rencontré lors de son arrivée au Joutes, lui fit signe de se taire et d'entrer. Kin-Fei se fit plus réticente à le suivre mais ne ne se prononça qu'une fois à l'intérieur :

-Qui êtes-vous ?

-Lucius, répondit l'homme, simple itinérant et accessoirement une connaissance d'Itrenog. Apparemment, vous avez l'air d'avoir des problèmes. Puis-je me permettre de vous aider ?

La jeune fille jeta un regard à son compagnon avant de le laisser s'approcher. Elle garda néanmoins une main sur son ceinturon, prête à faire usage de la force si nécessaire, et le fit s'assoir pour se reposer. Le mage s'approcha du blessé :

-Vous … n'avez pas quitté les Joutes, observa Itrenog.

-Je pensais pouvoir le faire après notre entrevue mais je me suis rendu compte qu'il me manquait quelques ingrédients pour une décoction. Et puis avec les Legioni partout, impossible de passer sans se faire contrôler et vous savez que ... Enfin bref, je ne suis pas là pour raconter des histoires. Faites-moi voir vos blessures.

Il l'aida alors à retirer son long manteau et sa chemise et grimaça à la vue de la plaie profonde de l'épaule.

-Vous avez vraiment un don pour vous attirer des ennuis, commenta-t-il en approchant sa main, Mais il semble qu'aucune de vos veines particulières n'aient été touchée. Une chance. Voyons …

Il posa sa main contre la peau rougie et boursoufflée et pressa légèrement. Itrenog laissa échapper un grondement sourd involontaire face à l'élancement qu'il venait de ressentir. C'était comme si une décharge électrique lui avait parcouru le bras entier avant de se répandre jusque dans son crâne et le marteler avec la puissance d'un bélier. Une sorte de liquide blanc-jaunâtre sorti de la plaie, accompagné par un filet de sang ininterrompu. L'homme attrapa un bol de terre cuite qui trainait par là, le rempli d'eau à l'aide d'une vieille carafe, et murmura quelques mots pour la faire chauffer. Il déposa plusieurs vieux torchons gisant inutilement sur une table usée à l'intérieur et attendit quelques instants avant d'en saisir un et le poser délicatement sur l'entaille, l'imbibant presque aussitôt d'une couleur vermeille.

-Il va falloir que je désinfecte. Il y a suffisamment de pus là-dedans pour que vous perdiez l'usage de votre bras si je suture sans rien faire.

Il tendit un autre tissu :

-Je vous conseille de mettre ça dans votre bouche et de le serrer bien fort histoire de ne pas perdre votre langue. Ça risque de faire un peu mal.

Lorsque le mage posa sa main brillante de magie sur la plaie, Itrenog comprit la nécessité d'avoir quelque chose entre les dents. La douleur lui avait fait contracter sa mâchoire tellement fort qu'il aurait pu les perdre avec une facilité déconcertante. Un mince filet de fumée s'échappa de l'endroit endolori et Lucius s'arrêta pour presser le contour rougi dans le but de faire sortir le liquide infectieux. Il répéta l'opération autant de fois qu'il le jugea nécessaire, et Itrenog commença à avoir des palpitations. L'opération était peut-être efficace, mais elle avait deux inconvénients majeurs : la souffrance engendrée par l'action de la chaleur et du contact pressant, et la perte de sang. Les bandes de toiles se succédèrent, d'abord propre, puis complètement trempée de rouge, et Kin-Fei se proposa de les aider pour les nettoyer. Elle ne semblait ni se plaindre de la tâche peu ragoutante qu'ils effectuaient, ni de l'allure peu engageante de celui qu'ils devaient soigner. Dehors, l'agitation avait décrue. Ou plutôt, elle semblait avoir disparue dès l'instant où ils avaient pénétré ici. Peut-être le combat faisait-il toujours rage, mais rien ne pouvait en attester.

-J'ai cru comprendre que vous n'êtes pas en de bons termes avec pas mal de gens ici, fit Lucius à l'intention du blessé pour détourner son attention , Vous ne pensez pas qu'il faudrait que vous quittiez les Joutes ?

-Je dois … trouver quelqu'un.

Kin-Fei releva vivement la tête et s'insurgea :

-Quoi ? Tu as dit tout à l'heure que c'était peut-être un piège. Tu ne vas quand même pas te fourrer dedans ?

-Si jamais les choses tournent mal, je ne resterais pas passif cette fois-ci.

-Vous ne le pensez pas sérieusement hein ?, demanda Lucius en s'épongeant le front, Les démons sont ici je vous le rappelle.

-Et alors ?

Le mage s'essuya de nouveau le visage et, en préparant un sortilège pour refermer la plaie, dit avec un sourire :

-Et bien je suppose que ce n'est pas à moi de vous en parler. Il y a surement une bonne raison à son silence après tout.

Itrenog porta son attention sur Kin-Fei :

-La seule chose que tu dois savoir, c'est que tu ne seras jamais en sécurité avec moi. Trop de gens me traquent et tôt ou tard, ils me trouveront. Je ne veux pas que tu sois concerné par mes problèmes.

-J'ai comme l'impression que c'est déjà le cas, répliqua la gamine en croisant les bras, Et puis je sais me défendre aussi.

-Tu ne comprends pas …

-Bien sûr que je comprends. Mais toi, ce que tu ne veux pas te rentrer dans la tête, c'est qu'on ne laisse pas les gens avec leurs problèmes en espérant qu'ils s'en sortent seuls. Il faut les aider et c'est précisément ce que je veux faire, que ça te plaise ou non.

Un silence accueillit cette réponse pour le moins surprenante. Lucius haussa des épaules, minant l'ignorance, et s'efforça de ne pas rater l'enchantement qu'il tissait au fur et à mesure de ses paroles. Un léger craquement se fit entendre, comme si l'on froissait une feuille de papier, et avec des démangeaisons à la limite du supportable, la blessure se referma lentement. A la fin, il n'en restait aucune trace, pas la moindre cicatrice témoignant d'un coup de poignard porté à cet endroit. L'humain soupira, visiblement satisfait mais nullement fatigué :

-Et voilà. Une épaule comme neuve. Maintenant, buvez-ça.

Il lui montra une fiole rosâtre.

-Pour vous aider à vous remettre d'aplomb, informa-t-il.

Itrenog prit la boisson et la but sans hésitation. Elle était pâteuse, mais pas désagréable. Il ne sentit cependant aucune différence et tenta de se lever. Ses jambes flageolèrent et Lucius lui prêta son bras pour l'aider.

-Hé bien. Ou comptez-vous aller comme ça ?

-Je vous l'ai dit tout à l'heure il me semble.

-Et qui est-ce sans indiscrétion ?

-C'est sans importance.

Il se tourna de nouveau vers Kin-Fei :

-Je ne sais pas pourquoi tu tiens tant à me suivre, mais je compte faire ce que j'ai dit. Que tu t'y opposes ou pas n'y changera rien.

-Très bien Monsieur Bougon. Mais ne va pas dire que je ne t'ai pas prévenu. Par où sort-on ?

Le mage hésita un bref instant puis désigna une embrasure sur la gauche, à demi-cachée par une commode aux finitions douteuses. La jeune fille s'y dirigea et passa lentement la tête au dehors, vérifia que personne n'était dans les environs, avant de sortir sans un bruit. Alors qu'Itrenog s'apprêtait à la suivre, Lucius l'arrêta :

-Vous pensez qu'il tiendra le coup ?

-Je ne sais pas.

-Même s'il a réussi à vous supporter jusque là, je pense que plus le temps passera, et plus les réactions se feront violentes. N'oubliez pas que vous êtes un démon tout de même.

-Je pense qu'elle me le rappelle suffisamment pour que je ne l'oublie pas.

-C'est vrai, souffla Lucius en baissant la tête, Pardonnez-moi.

Silence. Itrenog enfila ses affaires avec l'aide du mage. Le trou de son manteau était toujours là, mais avec sa tunique par-dessous, il n'y avait aucun risque qu'une personne voit son corps.

-Et la fille ? Comptez-vous vraiment l'embarquer là-dedans ? Elle a l'air de n'être au courant de rien.

-C'est elle qui m'a suivi.

-Mais avait-elle le choix ?

-On a toujours le choix.

Si Lucius n'étais pas de cet avis, il ne dit rien et l'accompagna jusqu'à la sortie. A l'extérieur, ils se trouvèrent face à une autre tente aux armoiries aussi étranges que stylisées, sur une rue au terrain dégagé. Un silence oppressant régnait, comme si toute vie avait quitté les Joutes. L'humain s'arrêta au pied de la sienne :

-Je pense que je vais vous laisser là. Je compte me faire discret jusqu'à ce que les affaires se tassent. Désolé de ne pas pouvoir vous aider d'avantage. Évitez simplement de vous attirer trop d'ennuis et si besoin, n'oubliez pas la pierre.

Alors que Kin-Fei se tournait pour les voir tous les deux, elle ne trouva qu'Irenog, seul. Derrière eux, il n'y avait nulle trace du mage ou de son bivouac.

-La pierre ? S'enquit l'humaine, Qu'est-ce qu'il voulait dire par là ?

-Rien. Allons-y.

Il se sentait bien mieux à présent. Sans autres questions, ils se remirent en route, tâchant de profiter du moindre coin d'ombre pour se dissimuler à la vue d'éventuels poursuivants. Ils croisèrent quelques Elfes, mais pas de dissidents ou de Legioni. Ces-derniers semblaient s'être volatilisés ou alors, s'être déplacés dans une autre zone de combat. Pourtant Itrenog ne se laissa pas le luxe de se reposer, pas plus qu'à son équipière. Il savait que ce n'était qu'une question de temps avant que leurs poursuivants ne les retrouvent et dans son esprit, il n'y avait qu'une seule chose qui comptait : Il devait trouver Serädjëon. Peu lui importait qui il était où ce qu'il ferait une fois qu'il serait devant lui, cette nécessité était la seule qui lui paraissait viable pour le moment. Quoiqu'il pouvait en dire, ses pensées étaient inexorablement attirées vers cet objectif, même quand il pensait avoir été trouvé par les dissidents et qu'un combat devait se profiler. Ils traversèrent rapidement une bonne distance à travers ce qu'ils jugèrent comme étant le campement elfique, sans trop savoir où ils allaient, mais avec la certitude qu'ils devaient continuer à avancer. Soudain toutefois, ils s'arrêtèrent tous deux, imités par les Feuilles Souples qui étaient présentes. Un immense nuage noir s'élevait dans le ciel, déchiré par des éclairs d'une blancheur surnaturelle, et la lumière décrue comme un jour d'orage. La puissance qui s'en dégageait était effrayante et des grondements sourds s'élevèrent pour rompre le silence. La nuée sinistre gagna en intensité et fut prise d'un mouvement cyclique qui la remuait comme aurait pu l'être un océan déchainé. Elle finit par se répandre sur une partie de la Mergetale mais personne ne semblait savoir d'où elle venait. Les Elfes autour d'eux ne lâchaient pas des yeux cet étrange spectacle, le regard empli d'un sentiment mêlant la curiosité et le dégoût. Itrenog se pencha en avant, prêt à bondir vers cette source inconnue. Ce qu'il voyait n'avait rien d'obscur, mais au contraire, aussi lumineux que le soleil qui tentait vainement de percer à travers cet écran opaque. Une source d'énergie. Deux sources plutôt. Une multitudes de point dansaient et vacillaient dans les airs autour de ses deux points lumineux. Peut-être pourrait-il en prendre un et s'en … Le contact de la main de Kin-Fei sur son épaule le ramena à la réalité. Il secoua la tête et ils continuèrent à s'éloigner du phénomène qui était loin d'être quelque chose de naturel. Itrenog tourna la tête. Il avait le sentiment que quelqu'un les observait. Les dissidents les avaient-ils retrouvés ? Il pressa l'allure et, après quelques dizaine de mètres, stoppa une seconde fois sa course. Le rubis sur sa poitrine tiédit.

-Qu'est-ce qu'il y a ? s'enquit la jeune fille en s'arrêtant de nouveau.

-Il … Elle … C'est ici.

-Quoi ?

Il se tourna sur la gauche. A travers l'amas confus de tentes qui s'étendaient devant lui, une seule se démarquait. Sa toile claire contrastait nettement avec les couleurs plus verte l'entourant mais elle paraissait bien plus petite aussi. Kin-Fei suivit son regard et haussa un sourcil :

-Et bien ?

-Tu … ne vois pas ?

La gamine s'approcha et secoua la tête :

-Il n'y a rien.

Itrenog la conduisit plus avant, convaincu qu'il ne délirait pas. Une sensation étrange lui gratta l'échine. Une glue épaisse lui recouvrit le corps l'espace d'un instant mais il n'y prêta pas attention. Kin-Fei posa ses mains sur ses hanches :

-Je ne vois toujours pas ce qu'il y a. A part peut-être un carré d'herbe et quelques fleurs.

Sans répondre, il avança sa main avant de se raviser. Et si ses poursuivants attendaient ce moment pour frapper ? Peut-être était-ce bel et bien un piège comme l'avait supposé Kin-Fei. Il ne savait pas quoi faire. Avancer, ou bien reculer ? Mais sans avoir pu décider de la marche à suivre, quelqu'un ouvrit le pan de la tente. Itrenog fronça des sourcils et passa sa main dans son dos, prêt à frapper.

Spoiler:



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Dernière édition par Itrenog le Sam 8 Jan 2011 - 11:29, édité 1 fois
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Message par N'Aedras Mer 15 Déc 2010 - 7:10

Les trois êtres demeurèrent figés pendant quelques instants qui semblèrent s'étirer en une éternité. Kin-Fei avait adopté une expression étrange. Elle semblait concentrée sur un point devant elle, comme si quelque chose de perturbant se trouvait devant elle, sans qu'elle ne parvienne à le discerner. Son visage d'ordinaire joyeux n'était plus que méfiance et perplexité. Ses vêtements étaient souillés du sang d'Itrenog, et la sueur de la course glissait le long de sa peau, rougie par endroit par des frottements et des coups accumulés lors de la poursuite. La main du Démon était crispée sur l'Asala, son regard fixé sur celui qui venait de les démasquer. Car la certitude d'Itrenog se lisait sur son visage tiré par la souffrance et l'inquiétude. Rien qu'à le voir, son échine entière se mettait à frémir, et l'Asala vibrait sous ses doigts comme jamais, animée d'une frénésie qui semblait surgir du passé. Fallait-il attaquer? Etait-ce un piège? Quelle était la créature qui leur faisait face? Car Itrenog avait beau plisser ses paupières et se passer mentalement toutes les hypothèse en revue... Il ne parvenait pas à discerner clairement l'origine de l'aura qu'il percevait. Il ne sentait absolument rien. Pourtant, il y avait quelque chose devant lui. Hallucinait-il? Pourquoi l'humaine ne pouvait-elle percevoir celui qui leur faisait face?
L'inconnu sortit complètement de la tente, qui libéra une odeur de magie qu'Itrenog ne put s'empêcher de humer avec un frisson. L'être en face de lui portait ce qui semblait être une tenue elfique, mais Itrenog nota rapidement que celle-ci ne portait aucune inscription et que même si elle était visiblement de très bonne facture, sa matière n'était pas empreinte de cette essence curieuse dont les elfes débordaient. C'était toutefois très subtil, et si tous les sens d'Itrenog n'avaient pas été exacerbés par les événements récents, il n'y aurait vu que du feu. Le démon redressa son regard pour se concentrer sur la partie inférieure du visage de l'inconnu, seule partie émergeant de l'ombre de son capuchon. Il lui semblait l'avoir déjà vu... mais où?

- Vous êtes revenus à temps, prononça l'étranger avec une voix profonde qui fit tressaillir Itrenog.

Sans que le démon comprenne ce qu'il se passe, Asala se tut instantanément, comme rassasiée. Sa main relâcha d'elle-même le manche, son corps libéré d'un grand poids pour la première fois depuis longtemps. Brusquement, des bruits de course se firent entendre, ramenant le démon et l'humaine sur le qui-vive. Des formes pâles évoluaient dans leur direction. L'étranger ouvrit d'une main un pan de la tente, et aussitôt l'odeur curieuse de magie s'en échappa telle une invitation muette. Itrenog hésita, puis s'avança vers l'inconnu. Kin-Fei l'arrêta:

- Où est-ce que tu vas?
- Nous ne pouvons pas rester à découvert. Suis-moi.

Il s'avança d'un pas décidé cette fois-ci vers l'ouverture occulte, ignorant les remontrances de sa récente sauveuse:

- Mais... Nous rendre sur des fleurs ne va pas...

Dès qu'il passa le rideau, la voix de Kin-Fei s'évapora. Stupéfait, il venait de mettre les pieds dans une tente si vaste qu'on aurait pu y placer un régiment. Derrière lui, l'humaine ne tarda pas à débouler en hélant:

- ... trenog!!!

Elle lâcha une interjection en arrivant dans le grand espace. Son émerveillement naturel reprenait le dessus aussi vite qu'il était parti quelques instants plus tôt. Elle pivota sur elle-même plusieurs fois, comme un enfant qui découvrait un paysage magnifique.

- C'est... incroyable!! s'exclama-t-elle.

Itrenog se contenta de regarder leur hôte les rejoindre et fermer soigneusement la tenture. Ce genre de magie était surprenant quand on ne s'y attendait pas, mais il n'y avait rien "d'incroyable" à découvrir l'intérieur d'une grande tente. Toutefois, il se sentait vraiment à l'aise dans cet endroit. Le parfum mystérieux qu'il ressentait ne cessait de s'amplifier, ainsi que le bien-être apaisant qu'il procurait. Mais malgré tous ces délices, Itrenog n'était pas du genre à se laisser berner par quelques tours de passe-passe, aussi étranges fussent-ils. Fidèle à lui-même, il alla droit au but:

- Etes-vous... Serädjëon?

Kin-Fei s'arrêta, et le regarda avec un air incrédule:

- A qui tu parles?

Itrenog fronça les sourcils, alla de l'être encapuchonné à l'humaine. Il était vrai que sans les sens du corps humain qu'il parasitait, il n'aurait rien perçu de la créature qui les avaient recueillit. Aucune essence n'émanait de celle-ci, comme si elle n'existait pas. Quelle était cette fourberie? Même si c'était une illusion magique, il aurait dû percevoir la trace de celle-ci. Mais là, hormis le bain diffus de magie latente, il n'y avait aucune force à l'œuvre.

- Pourquoi suis-je le seul à vous voir?
- ... Ne me voient que ceux qui sont prêts à me trouver...
- De quoi est-ce que tu parles? Nous sommes seuls ici... Regarde comme c'est beau!

Kin-Fei désigna un coin de la tente avec les yeux remplis d'admiration. La méfiance d'Itrenog n'en fut que renforcée. Lui voyait un être que l'humaine ne voyait pas, et elle semblait voir des choses que lui ne distinguait pas.

- Ne te laisse pas abuser, Kin-Fei. Il y a quelqu'un ou quelque chose de puissant ici, qui nous a plongé dans une illusion.

Le visage de la jeune fille, inquiet, se tourna vers lui:

- Je t'avais prévenu de faire attention. Mais ne t'inquiète pas. Cet endroit est sans danger. J'en suis sûre!

Elle esquissa un large sourire empreint d'une assurance qui désarma totalement Itrenog. Il ne savait rien sur elle. Mais elle l'avait bien trouvé, et sauvé. Elle semblait disposer d'une aura particulière. Peut-être avait-elle des capacités dont il ignorait tout... Il secoua la tête. Il fallait rester concentré et ne pas tomber dans le piège de celui qui tissait tout cela. Il saisit Asala dans son dos et menaça:

- Dites-moi qui vous êtes et ce qu'il se passe!

L'être passa devant Kin-Fei qui ne sembla pas du tout le voir. Il fit un mouvement circulaire de la main, et l'intérieur de la tente se remplit à vue d'oeil de mobiliers, de tentures, de sièges et de tables. L'espace vide devint rapidement une suite princière aux couleurs chaudes. L'être se retourna, et découvrit son chef. Il avait l'apparence d'un elfe, mais son regard était différent. Itrenog avait l'impression de pouvoir y lire des choses enfouies, mais celles-ci s'évaporaient avant même qu'il ne mettent un sens dessus.

- Nous vous attendions. Vous êtes ici dans un endroit secret, où nul ne peut vous trouver. Nous vous avons fait venir car des choses se trament au dehors, et certaines doivent être évitées.
- Quel genre de choses?
- Tu entends des voix? Qu'est-ce qu'elles disent?

L'étranger semblait s'intéresser à Kin-Fei. Il tourna autour en la scrutant attentivement, puis fit:

- Cette humaine est capable de voir l'Eden... Je comprends mieux...
- Laissez-la en dehors de ça. Elle m'a suivi pour m'éviter la mort...
- En es-tu certain? Le hasard est souvent moins effectif qu'on ne le croit...
- Les voix parlent de moi? Il faut vraiment que tu ouvre les yeux... Tout est si beau, ici...
- Ce n'est qu'une illusion, Kin-Fei. Celui qui la crée est face à moi. Ne bouge pas tant que je n'ai pas tiré ça au clair...
- Cette jeune créature n'est pas vraiment dans une illusion. Contrairement à toi, elle voit le véritable endroit où vous vous trouvez.
- Nous ne sommes pas... dans une tente de la Mergetale?
- Non, répondit Kin-Fei avec un sourire. Nous sommes au milieu d'un champ magnifique, sur une colline. J'ai rarement vu un endroit aussi beau. J'ai... l'impression que je peux presque m'envoler vers le ciel.

Le démon consulta l'étranger du regard, qui expliqua:

- L'Eden ne s'ouvre qu'à ceux qui suivent leur destinée. Le tien viendra lorsqu'il sera temps.

Kin-Fei regarda Itrenog, et demanda:

- Qu'allons-nous faire, maintenant?
- Nous allons rester ici quelque temps. J'ai des réponses à trouver.

Elle hocha la tête, et s'éloigna un peu, le regard perdu dans la contemplation de quelque paysage fabuleux. Itrenog revint à son mystérieux interlocuteur:

- Alors c'est vous, Serädjëon? Celui que tous les démons maudissent et craignent?
- Serädjëon est en effet l'un des noms qu'on me donne.
- Vous savez pourquoi je suis ici...
- Et toi?

Il y eut un silence. Le test d'Itrenog s'était révélé concluant: cet être en face de lui était bien celui qu'il cherchait. Et si c'était le cas... C'était qu'il avait bien voulu le laisser le rencontrer. De plus, les premiers mots de Serädjëon avaient été "Vous êtes revenus à temps". Cela voulait dire, comme il soupçonnait déjà, qu'il avait déjà connut celui-ci avant. Les pièces du puzzle s'imbriquaient lentement, mais il était trop tôt pour en dégager quelque chose de clair. Il fallait commencer par s'assurer des bases pour ensuite reconstituer l'ensemble petit à petit.

- Pourquoi m'avoir laissé venir à vous?
- L'avenir et le passé l'exigeaient.
- Vous savez qui je... Qui j'étais, n'est-ce pas?
- Le nier ne serait pas plus opportun que de l'affirmer.

Ses réponses semblaient très évasives, mais il ne s'attendait curieusement pas à des réparties franches. S'il s'avérait que ce Serädjëon connaissait effectivement les secrets de son passé... Peut-être qu'il pourrait lui apprendre tout ce que...

- Je suppose... qu'obtenir votre connaissance aura un prix.

L'étranger esquissa un bref instant ce qui s'apparentait à un sourire, puis répliqua:

- C'est le prix de l'oubli que tu paies encore aujourd'hui. Celui que tu as été par le passé s'est enfoui dans l'espoir de ne jamais renaître. Es-tu certain de vouloir révéler les secrets qui furent scellés? Je peux te rendre ce que tu as perdu... Mais il te faudra alors affronter tout ce que tu as laissé derrière toi. Et cela sera difficile, car ton véritable nom est de ceux qu'il est lourd de porter.
- ...

Serädjëon commença à s'évanouir dans une brume de magie.

- Nous te laissons le temps qu'il faudra pour te décider. Si tu veux découvrir tous les secrets de ton passé et retrouver ton ancien nom, nous te révèlerons ce que tu dois savoir, et ton ancienne destinée reprendra ses droits. Le cas échéant, tu demeureras dans l'ignorance et nous t'éloignerons des anciennes menaces qui planent encore au dessus de toi, pour que tu puisses tracer ton propre chemin et échapper au passé qui fut le tien autrefois.
Choisis avec soin ta voie, Porteur de l'Asala, car ce qui est fait ne peut être défait...


Serädjëon s'évapora, sa voix se dissolvant au fil des mots. Le calme envahit l'endroit, faisant prendre conscience à Itrenog de l'état de bien-être physique où il se trouvait. Dès cet instant, il se sentait capable de tout. Et c'était bien cela le problème. Il se trouvait face à un dilemme abyssal. Pour la première fois depuis son éveil dans les Mines Hurlantes... Il avait un choix à faire. Un choix décisif.
Et quelque option qu'il choisisse, cela entrenait des sacrifices, peut-être au delà de ce qu'il pouvait imaginer. Son passé... Pourrait-il y faire face? Et d'un autre côté... Pourrait-il supporter de survivre dans l'ignorance? Devrait-il errer sans fin sur Geadrâs, condamné à ne jamais pouvoir retourner en Inferës pour découvrir son passé? Qui pourrait l'aider? Qui connaissait son ancien véritable nom? Serädjëon était craint de tous les Démons, son nom même signifiant le plus mauvais présage qui soit. Si un tel être affirmait connaître les raisons du scellement de son passé... C'est qu'il devait y avoir de très bonnes raisons.
Serädjëon l'attendait visiblement. Cela signifiait sûrement que son ancienne raison d'être n'était probablement pas révolue. Les "choses qui se tramaient au dehors" devaient être d'une importance capitale pour Geadrâs... voire Naravel même. Pourrait-il passer à côté de cela? Pourrait-être les assumer s'il ouvrait la boîte de Pandore?

Itrenog alla s'allonger pour mieux réfléchir. Non loin de là, Kin-Fei s'était elle aussi étendue à même le sol, le visage radieux.

L'avenir était tout proche.
Itrenog tendit la main vers le ciel, comme pour s'en emparer.

Tout ce qui restait à faire, c'était le choix.



*********************************************************

spoiler de fin de ma participation à ce topic:
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Message par Kin-Fei Ven 17 Déc 2010 - 6:09

Un nombre surprenant de choses avait submergé cette drôle de journée, pour le moins la plus amusante que Kin ait passé aux Joutes. Mais bien sûr, tout n'avait pas été rose. Sa rencontre avec le grand homme en cape, qui ressemblait à l'être Sirion', ça, c'était quelque chose de bien. Cette personne avait pourtant bien des secrets dissimulés profondément dans sa tête, et ses yeux n'avaient nulle envie de révéler quoi que ce soit. Toutefois, Itrenog avait accepté sa compagnie et elle avait l'impression même qu'une amitié se tissait entre eux. Peut-être était-ce la facilité qu'avait la jeune fille à s'approcher des autres, en tous cas, ce nouvel ami était une des meilleures choses de la journée.
Même si leur course effrénée à travers la Mergetale avait été mouvementée et qu'Itrenog avait été blessé, puis soigné, enfin, toute une série d'évènements qui n'avaient rien d'un jeu. Bref, au moment où le mercenaire lui disait voir quelque chose sur un carré d'herbe, bien que quelques fleurs et de l'herbe soient des choses magnifiques, elle perdit le fil de sa pensée. Tout au long de leur escapade, elle avait dût faire preuve d'une gymnastique mentale éprouvante pour comprendre ce qu'il se passait, heureusement, elle avait pu saisir le principal.

Et maintenant ? Maintenant, voilà qu'ils se retrouvaient dans une immense prairie, des plus belles et des plus attirantes que Kin Fei avait jamais vue. Une plaine, des collines et surtout un ciel superbes, tels qu'elle ne pu s'empêcher de rire d'émerveillement, malgré la gravité de leur situation. Itrenog, lui, ne semblait pas voir tout ça. L'étrangère avait l'impression qu'il parlait à ses fantômes, que son esprit manquait en cet instant de discernement. Elle eut beau essayer de le faire "revenir", il ne voyait que ce qui le hantait. Du moins, c'est qu'on pouvait croire en regardant ses yeux tourmentés.
Le Mercenaire était profondément troublé. Kin était restée immobile jusque là, mais la suite ne la concernait pas, elle s'éloigna silencieusement. La jeune fille ne voulait pas interférer dans la conversation que son ami avait avec un Sar...Ser...chose..., une lourde atmosphère entourait Itrenog, et ses pensées étaient son univers, pas le sien. Elle n'avait pas envie d'essayer de les déchiffrer.

Dès qu'elle fut à quelques mètres, elle se mit à courir dans le champs, avec toute son énergie. Seulement, à ce moment là, elle ne se sentait pas de rire. Quelque chose d'important allait se passer, Itrenog s'enfermait dans ce qu'on pourrait appeler....la confusion. Kin leva ses yeux gris vers le ciel. Seuls deux ou trois nuages effilés blanchissaient l'océan des oiseaux. Elle s'arrêta, prit une grande inspiration, emplissant tout son être de l'air apaisant qui régnait dans cet endroit. Et puis elle se vida. Après plusieurs goulées bienfaisantes qu'elle aurait aimé donner à son mystérieux et sombre ami, la jeune fille se laissa aller sur le sol, dans l'herbe verdoyante qui avait une odeur florale et fraiche.
Le Démon insoupçonné vint bientôt la rejoindre. Un long soupir s'échappa des limbes de son esprit.

Brusquement, la jeune acrobate se redressa et prit la parole.

- Je ne sais absolument pas ce qui t'arrive. Je ne comprend pas vraiment tout ce qui se passe, mais ce dont je suis sûre, c'est qu'il faut que tu te décides. Les hésitations sont une bonne chose, mais lorsque tu arriveras à un croisement sans savoir où tu veux réellement aller, quel chemin prendre, n'hésite pas trop longtemps quand même. Lance toi. Même si c'est le plus difficile des choix que tu n'as jamais eu à faire, lance toi. Si tu réfléchis trop, tu vas finir par te perdre dans tes idées, et finalement, tu n'avanceras de toutes façons pas. Je me fiche de savoir ce qui te fais du mal à ce point, seulement je veux t'aider. Et si ça peut t'aider, je t'affirme que la confusion en elle-même est une chose vraiment douloureuse. Quand ma tête est sans dessus dessous, il faut que je regarde le ciel, et même s'il est infini et jamais le même, j'y retrouve mes repères. Pas toi ?

Et Kin Fei savait de quoi elle parlait quand elle entendait "choisir un chemin". Elle avait vécu dans une grande famille d'itinérants, et ils avaient voyagé au pur hasard. Encore aujourd'hui, tout ce que faisait la jeune fille relevait du hasard. Parce qu'elle n'hésitait pas une seconde devant un croisement. Un jour elle prendrait cette route, et quand le moment viendra où elle retrouvera ce croisement, elle marchera sur la deuxième alternative. On a toujours le choix, mais cette idée de "choix", c'est quelque chose de trop fermé pour Kin. Finalement, la vie n'est pas une question de choix, mais une multitude d'ouvertures qu'il faut visiter pour savoir ce qu'elles valent. Tant de découvertes, sous un ciel immense, là était le sens de l'aventure.

- Tu n'es jamais obligé de faire un choix.


- Malheureusement, ce monde n'est pas aussi simple que tu le décris. Et de ce choix dépend mon avenir.

Itrenog avait conscience que le futur était étroitement lié au passé, et que l'un ne va pas sans l'autre. Kin se renfrogna. Elle n'était pas du tout de cet avis. Elle ne répondit pas tout de suite, parce qu'elle ne voulait pas blesser son ami en lui insufflant des idées noires en plus, et parce qu'elle n'avait pas envie de penser à ce genre de choses...

- A toi de voir de quelle façon tu as envie de regarder le monde. Si tu as besoin d'aide, ou de n'importe quelle épaule sur laquelle t'appuyer...sache que tu peux compter sur moi !

Elle lui offrit un large sourire. Peu importe ce qu'Itrenog allait décider de faire. Si ça ne lui plaisait pas, elle repartirait là où le ciel ne s'arrête jamais. En revanche, si ça promettait encore de belles aventures, elle verrait. Ce n'était pas un choix. Juste une envie, une idée comme ça. Si le monde était fait de choix définitifs, ce serait ennuyeux...Ce serait trop...fermé.

Désormais, il n'appartenait plus qu'à 'Nog d'annoncer la couleur. Kin Fei espérait que quelque soit sa décision, elle aurait la couleur du ciel, cette couleur qui changeait sans cesse et n'était jamais deux fois pareille. Cette couleur qui l'appelait et qui lui donnait des ailes.

Ouep, une décision aux couleurs de l'infini.



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Message par Itrenog Sam 19 Mar 2011 - 8:41

La fille était vraiment étrange. Elle avait une façon de voir le monde qui dépassait la raison d'Itrenog. C'était si différent de sa propre perception qu'il n'arrivait pas à le concevoir. Comment pouvait-on être si insouciant et en même temps, si sérieux dans sa façon d'être et d'agir ? Cela allait à l'encontre de la logique la plus primitive et pourtant, il y avait probablement une once de vérité dans les paroles de Kin-Fei, un quelque chose qui sonnait juste sans que lui-même puisse en saisir le sens dans sa totalité. Pour la jeune fille, tout devait apparaître simple et lumineux, chaque porte à franchir devait être devant elle et surement ne se demandait-elle pas comment elles étaient ouvertes, se contentant seulement d'avancer, tout simplement. D'ordinaire, il aurait su quelle décision prendre, quelle conduite adopter pour s'en sortir, mais là, il ne voyait qu'un brouillard sans fin. Il le sondait, mais cette nappe l'entourait, le forçant à agir par tâtonnements sans être capable de mesurer les conséquences directes de ses choix. Cela le perturbait, lui qui avait l'habitude de ne pas douter, d'agir sans ressassement continuel. Tout ce remue-méninges interne semblait peser sur l'atmosphère même du bivouac. Il faisait plus sombre à chaque instant et tout semblait se brouiller progressivement. Quoi que ce fut, il fallait qu'Itrenog se change les idées. Peu lui importait comment il était, il ne pourrait le changer en si peu de temps, et le tout était de se décider. Peut-être Kin-Fei avait-elle vu juste. Se lancer, sans rien d'autre que son courage comme corde de rappel. Il secoua la tête. Se changer les idées. Il y verrait surement plus clair par la suite. En observant son manteau, il se rendit une nouvelle fois compte qu'il était troué. Rien de bien méchant toutefois. Tandis qu'il se dirigeait vers le pas de la tente, la jeune fille l'arrêta :

-Où tu vas ?

-Prendre l'air.

-Tu reviendras ?

-Surement.

Un courant d'air balaya l'intérieur et sur la table se matérialisèrent deux pendentifs aux griffes d'or et à la cordelette blanche. L'un incrusté d'une pierre rouge, l'autre vide.

-Qu'ils sont beaux, s'émerveilla Kin-Fei, C'est toi qui a fait ça ?

Itrenog s'approcha sans répondre. Le bijou ressemblait trait pour trait à celui qu'il avait autour du cou. Agissant à l'instinct, il s'en saisit et attrapa le réceptacle vide. Le verre froid s'ouvrit en deux via une mince fente et il y inséra le rubis qui s'y logea parfaitement bien. Avec un clic sonore, tout se referma. Trois veinules rouges agrippèrent la pierre par l'intérieur avec un léger rougeoiement mais ce fut tout. Les deux colliers étaient en tout point identiques à présents. Il passa le sien autour du cou. S'il ne se trompait pas, cela devrait permettre de saper son aura à même mesure que son manteau, l'encombrement en moins. Il pourrait donc s'en débarrasser pour le moment afin d'être moins repérable par les Legioni ou les Dissidents. Le problème, c'est qu'il n'y avait présentement rien qui puisse l'aider à se changer.

Comme pour répondre à ses attentes, un pourpoint matelassé bleu et un pantalon de toile blanc se matérialisèrent sur une commode. Itrenog resta immobile tandis que Kin-Fei était repartie s'allonger sur un large lit, le regard posé sur un autre monde. D'où venaient ces vêtements ? Ils étaient bien trop visibles, bien trop fébriles pour quelqu'un comme lui. Il eut un mouvement de recul quand, sous ses yeux, les habits se changèrent en une armure massive en acier sombre. Par réflexe, ses doigts effleurèrent la garde de son arme mais il se ravisa. Personne n'était présent hormis lui et Kin-Fei, et les objets ne rayonnaient pas de magie. Ce n'était ni plus ni moins ce qu'il paraissait être, avec néanmoins le mystère flottant de leur provenance qui tournait autour. En détaillant le plastron d'un peu plus près, il se rendit compte que son flanc droit était percé de trous, comme si le métal le composant n'avait pas été coulé à cet endroit. Pareillement, la face supérieure était irrégulière, bosselée, et surement non adaptée à sa carrure. Lorsqu'il s'approcha, les contours se floutèrent et tentaient de prendre une consistance réaliste, polissant les bords comme pour accommoder la taille de l'ensemble. Une explication qui lui paraissait en toute stupide lui vint à l'esprit. Et si tout cela n'était la manifestation de ce qu'il désirait ? Pour tester cette théorie, il imagina une paire de bottes standards. Avec un claquement sec, des chausses brunes apparurent dans un coin. Elles n'étaient constitués que d'une seule pièce de cuir fin et sans aucun ornement. Conforme à ce qu'Itrenog avait eu en tête. Il croisa les bras et tenta de faire le point sur ce qui lui serait nécessaire. Un attirail complet de soldat l'aiderait à se fondre dans la masse, dans la mesure où il ne croisait pas de garnisons. Il opta alors pour une amure qu'il avait jadis observé dans un vieil ouvrage, en adaptant les proportions au besoin. Ses premières tentatives le laissèrent perplexe. La plupart des pièces étaient difformes avec des protubérances aux endroits où il ne fallait pas, et il lui fallut une bonne heure pour arriver à un résultat concluant. Il nota que la moindre pensée parasite prenait aussitôt forme lors de cet exercice délicat et même s'il avait l'habitude de discipliner son esprit, il ne put empêcher certaines erreurs de se produire. Alors qu'il façonnait le dernier gantelet qui lui manquait, sa concentration glissa vers les recoins les plus sombres de ses souvenirs. Il ne s'en aperçut pas au premier abord, trop concentré à ne pas abimer ce qu'il tentait de créer, mais tout ce qu'il ne voulait pas revoir prenait une place de plus en plus importante dans sa tête. Tout cela se passa d'une façon si imperceptible et si douce qu'il ignorait si c'était le fruit de son imagination ou un fait réel qui se produisait.

Une main glaiseuse jaillit brusquement de la surface miroitante du gant et le saisit par le cou. Sans qu'il ait eu le temps de réagir, elle le força à s'approcher et son regard se perdit à travers les reflets du métal. Dans une explosion sourde, Itrenog se retrouva à terre. Sa tête le torturait affreusement et il luttait contre ce qui tentait de se produire, mais c'était peine perdue. Une masse informe se dégagea totalement du sol se modela comme l'argile entre les mains du potier. Un sourire torve déchira la créature qui s'embrasa immédiatement dans un concert de crépitement et d'étincelles. Sa taille doubla en l'espace de quelques instants, mais la tente sembla suivre le mouvement. L'atmosphère devint pesante, sombre et lugubre. La bête tendit alors une main et hurla. Elle hurla si fort qu'Itrenog crut que ses tympans allaient se déchirer et que son crâne allait exploser. Toujours grandissant, le monstre s'approcha d'un pas de plus en plus assuré en le toisant de toute sa hauteur. Une masse rougeoyante se comprima dans sa main et s'apprêta à le frapper, mais rien ne se produisit. L'ensemble du golem de feu et de boue se déchira en maudissant tout ce qui pouvait exister dans un râle sinistre et explosa en une pluie de particules dorées. Tout redevint calme en quelques instants, complètement à l'opposé de ce qu'il venait de se produire. Rien ne laissait supposer que les flammes avaient manquées d'engloutir le mobilier de bois et probablement une bonne partie du bivouac. A terre, le gant reposait, fumant, mais complet. Itrenog se releva avec peine, son cœur battant à un rythme infernal. Il n'avait pas eu peur car il savait ce que représentait cette apparition. La seule chose qu'il avait ressenti, c'était la colère. Un ouragan de rage qu'il aurait voulu déverser sur son ennemi sans y parvenir, cloué et réduit à être simple spectateur de ce que jadis il avait vécu comme acteur. Son arme n'avait pas réagit à ce brusque changement de comportement, ce qui l'avait poussé à ne pas la dégainer. S'il l'avait fait, les conséquences auraient été désastreuses. Pour lui et pour un autre. Il se laissa le temps de reprendre une respiration calme et mesurée puis décida de se changer. Plus vite il sortirait, mieux cela vaudrait.

Les pièces d'armures brillantes le recouvrirent presque entièrement. Ses jambes et ses bras étaient entièrement caparaçonnées par des plaques d'acier et un lourd plastron recouvrait une cotte de maille fixée par une tenue de cuir, de larges épaulières lui donnant un aspect plus terrifiant encore si c'était possible. Bien qu'était suffisamment imposant, il avait l'impression d'avoir pris plusieurs centimètres en quelques instants. Il s'apprêta à sangler son épée mais se ravisa en tendant sa main. Il se sentait étrangement nu sans son manteau et redoutait ce qu'il pourrait arriver s'il venait à la prendre sans protection. Néanmoins, il ne pouvait la laisser ici. C'était beaucoup trop dangereux. Inspirant à fond, il l'attrapa et frissonna à son contact. Il attendit quelques instants, soulagé que rien ne se produisit. Il l'attacha dans son dos et fixa sa ceinture. Sans qu'il s'y attende, une sorte de longue pièce de tissu bleu roi lui sera le bassin, couvrant le tour jusqu'à ses pieds avec une certaine régularité, et une cape de la même couleur se déroula de ses épaules, tous deux surlignées d'un fil doré. Une tête de loup blanc vue de face faisait guise de blason mais il ne s'en rendit nullement compte. Satisfait de son travail, il attacha ses cheveux en queue de cheval et sortit dans demander son reste. Kin-Fei semblait ne s'être rendue compte de rien, et c'était tant mieux.

Le temps semblait s'être calmé à l'extérieur. Hormis la fine pellicule de nuage qui sillonnait le ciel bleu et les volatiles qui effectuaient de larges cercles concentriques à la recherche de nourriture, il n'y avait plus trace d'un déchainement climatique d'origine magique. De même, sur terre, toutes les activités avaient repris normalement, emplissant l'air d'une odeur lourde et de bruits indistincts. Itrenog se mêla rapidement à la foule, et même s'il n'appréciait pas spécialement d'être en contact avec autant d'humains, il dut convenir que cela éloignait ses préoccupations de son esprit. Du moins pour un temps. Car aussi incongru que cela pouvait paraître, de nombreuses personnes se tournaient pour le regarder, certains allant même se courber en une légère révérence, le détaillant avec des yeux emplis d'une crainte admirative. Le mieux que cela lui rapporta, c'est que personne ne se mettait en travers de sa route. Quand il croisa une patrouille composée de deux gardes, ceux-ci s'arrêtèrent devant lui et clamèrent :

-Firce e Anore !

Avant que l'un des deux ne demande :

-Puerdame, qué fa a la Guarda del Mergetale ?

-Andieteis dove hai necessaria !, le rattrapa l'autre en le fustigeant du regard, Non immichiarar en loré afiari.

Il eut un sourire penaud et entraîna son collègue au loin en le morigénant comme il se devait. Itrenog qui n'avait pas compris un seul mot qui s'étaient échappés de leur bouche avait seulement pu noter la même chose que chez tous ceux qu'il avait croisé : le respect mêlé à la peur.

Il leva les yeux vers le lointain où se découpaient les hauts murs de Munduce. Le soleil était encore haut dans le ciel, il aurait donc amplement le temps de s'y rendre. Il n'avait aucune raison de le faire mais les senteurs de la Mergetale commençaient à lui agresser les narines et il lui tardait de changer d'air. D'un pas énergique, il se dirigea vers les portes de la ville et les atteignit en quelques minutes. Une arche de pierre ceinturait une porte à double battant dont les gravures stylisées faisaient office de barrière contre les incursions magiques. Les gardes affectés à la surveillance de la porte laissaient passer les gens sans se soucier d'avantage de ce qui les amenaient à l'intérieur de l'enceinte, et on ne trouvait quasiment que des humains. Les représentants des autres races étaient absents, hormis quelques hauts dignitaires Elfes et des Nains en vadrouille. L'architecture intérieure était encore plus impressionnante que vue de l'extérieur. Le marbre poli composait chacune des bâtisses présentes qui s'arrangeaient entre-elles dans une précision incroyable. De hautes tours sur les corps de garde tutoyaient le ciel avec une majestuosité à couper le souffle et plus on avançait, plus les maisons étaient chargées de décorations. De la riche tapisserie aux arabesques compliquées, tout témoignait de l'opulence des habitants de cette partie de la ville et les gardes en armures rutilantes lui donnaient un caractère particulièrement somptueux. Itrenog suivi le chemin de pierre principal vers les hauteurs de la ville sans que personne ne l'interroge ou lui demande ce qu'il faisait là. Il déambula longtemps sans trop savoir où il allait, mais avec la certitude que c'était le bon chemin. Dans une place de marché où trônait en son centre une magnifique fontaine brillant comme le cristal, il emprunta une artère moins bondée que les autres et s'aperçut rapidement qu'elle menait à un cul de sac. Les maisons qui l'entouraient semblaient l'épier à travers les gargouilles que certains propriétaires s'étaient achetés à prix d'or. Sur le pas d'une porte, un homme vêtu richement lui faisait signe d'entrer. Itrenog le suivit sans hésiter et ils entrèrent tous deux. Qu'aurait-il eut à craindre d'une vieille connaissance ? Dans la pénombre ambiante de la pièce, il distingua une table ronde sur laquelle une carte et plusieurs ouvrages ouverts étaient disposés. Le reste restait irrémédiablement nappée d'une obscurité impénétrable. Trois hommes étaient penchés en avant et accordaient une attention toute particulière à une missive qu'ils tentaient de se se partager pour l'étudier. L'un d'eux leva la tête mais Itrenog ne le reconnut pas. Il ne put pas même le décrire. Quelque chose clochait.

-Ah. Vous voilà. Nous avons reçu un rapport de nos éclaireurs. Les Nains ont des activités dérangeantes près de la frontière et nous devons nous assurer de leurs motivations et réagir en conséquence.

La langue qu'il employait était exactement la même que ceux des deux soldats et pourtant, Itrenog put la comprendre sans la moindre difficulté. Il se surprit même à répondre sans accrocher une seule fois :

-La Garde n'a pas pour vocation de poursuivre des chimères illusoires, capitaine. Vous ne m'avez pas appelé en espérant mon soutien et celui de mes hommes, j'espère ?

-Aucunement. Je voulais vous exposer la situation afin que vous ne soyez pas pris de court si les évènements venaient à échapper à notre contrôle. Vous savez comment sont les politiciens mieux que moi et ...

Une main se posa alors sur son épaule et le força à se retourner. Sans qu'il comprenne le pourquoi du comment, une femme au visage voilé l'embrassa avec fougue et passa une main sur son torse. Il répondit volontiers à cette manifestation de désir et caressa lentement les hanches de sa partenaire, qui qu'elle fut. Une elfe. C'était une elfe. Très belle avec ses longs cheveux noirs qui lui chatouillaient agréablement la nuque. Qui était-il pour résister à pareille tentatrice ? Quelque chose sonna alors dans son esprit. Il n'y prêta pas attention la première fois, continuant d'aller plus loin avec la femme qui commençait à déboutonner son pantalon. La seconde, il savait que quelque chose clochait. Son environnement n'avait plus aucune consistance que celle de sa respiration de plus en plus rauque et des gémissements de plaisirs qui sortait de sa bouche et de celle de sa compagne. Une voix plus forte que les autres retentit alors. Quelqu'un l'appelait et il connaissait cette voix. Il l'avait déjà entendue. Mais où ? Sa tête tourna dangereusement et la femme le poussa au sol. Tout se brouilla et un cri perçant vrilla l'air. Itrenog se redressa d'un bond vif et empala le premier ennemi qui se présentait à lui, défonçant son armure rutilante et massacrant sa chair. Il dévia la lame d'un second opposant et l'expédia derechef dans l'au-delà. Où était-il désormais ? Pourquoi personne ne l'entendait crier à l'aide ? L'odeur de souffre et de sang lui agressait sauvagement les narines, de même que la poussière qui s'accumulait dans les coins de ses yeux. Un vent violent balaya la scène et une flèche se ficha dans son torse, ignorant superbement l'armure qu'il portait. La douleur enraya toute autre sensation et le néant prit le dessus. Une nuit sans fin l'enveloppait de son manteau et l'oppression se fit plus forte. Quel fou avait-il été d'aller ici. C'était une erreur, rien de plus, mais il devait continuer. Pour elle. Pour la protéger de tout ceci. Mais était-ce tout ce qu'il voulait ? Deux rubis scintillants le lorgnaient dans l'obscurité. Un souffle chaud empestant la cendre lui fouetta le visage. La voix retentit de nouveau. Plus fort encore, plus puissamment. Que disait-elle ? Itrenog. Qui était-ce ? Une coquille de lumière émergea dans son esprit. Les souvenirs se mélangeaient dans ce kaléidoscope éthéré, l'étouffant, le privant d'air. Une sensation trop longtemps éprouvée et qui devait cesser. C'était trop. S'il ne sortait pas, tout serait fini. Une tempête silencieuse ramena en lui les bribes d'une mémoire qu'il venait de consulter à ses dépends et tout cela lui donna la nausée. Il se brutalisa pour quitter cette torpeur en hurlant plus fort que la voix :

-Parshvaara !

Son bras droit perça le voile noir et saisit quelque chose. Les murs fondirent, les braillements cessèrent, les yeux rouges disparurent dans un dernier regard de braise, et le calme revint. Itrenog cligna des yeux plusieurs fois. En face de lui, Kin-Fei se tenait droite. Mais quelque chose n'allait pas. Elle parlait mais il n'entendait rien. Une veine sur sa tempe battait furieusement et elle était rouge. Elle étouffait, comme lui auparavant. Mais pourquoi ? Un rapide coup d'œil lui indiqua que c'était lui qui la tenait par le cou, la forçant à battre l'air de ses bras et à le marteler de coup de pieds pour le forcer à relâcher sa prise. Ce qu'il fit. Un «pop» sec lui rendit son ouïe. Une nausée violente lui retourna l'estomac quand l'ensemble de ses sens lui revinrent avec une brutalité incroyable. Il se tourna sur le côté et vomit. Il n'avait rien à renvoyer, mais cela le soulagea. A côté, Kin-Fei s'était affalée au sol, la respiration laborieuse. Elle tentait de comprendre, comme lui, ce qu'il venait de se passer. Un spasme le força à se soulager l'estomac de nouveau. Le sol semblait s'imbiber de sa bile sans rien laisser transparaître, comme si tout était aspiré vers un autre lieu. Il se redressa avec peine et observa les environs. Sa vue se stabilisa et il put apprécier ce qu'il avait devant les yeux. De toute évidence, il était de nouveau dans la tente de Serädjëon. Le mobilier princier et l'absence de contrainte spatiale collait parfaitement avec le souvenir qu'Itrenog s'en faisait. Il tourna la tête. Kin-Fei s'était accoudée face à lui et le gratifia d'un regard éloquent.

-Je …

Un haut-le-cœur lui souleva la poitrine et il manqua de vomir à nouveau. Il se prit la tête entre les mains et nota non sans une certaine appréhension qu'il était torse-nu. La jeune fille lui posa une main compatissante sur l'épaule et demanda :

-Ça va ?

-Je ne sais pas.

Il la fixa un moment, le souffle court et les pupilles dilatées, avant de pointer son cou :

-Je ne voulais pas te faire ça. C'est …


-Sans importance. Tout va bien, ne t'inquiètes pas.


Un mensonge, comprit Itrenog. Sous son regard fuyant et son air désabusé, il lisait sans peine une attitude de défense primaire consistant à cacher un choc émotionnel par une attitude bienveillante. Des deux, elle était surement la plus durement atteinte. Mais pourquoi s'en souciait-il ? C'était absurde. Il ne pouvait pas éprouver de compassion à son égard. C'était impossible. Et pourtant, il ne pouvait cesser de se sentir désolé pour ce qu'il avait fait. Rien de ce qui lui arrivait n'était de son ressort et pourtant, elle y était entrainée comme le serait un bateau pris dans un vortex. Avait-ce un lien avec ce qu'elle avait affirmée avant ? Le silence s'imposa le temps que chacun se remette, même s'il était évident qu'il faudrait plus que quelques minutes pour se sortir de la tête les récents évènements en date.

-Tu as le même regard que Sirion', dit-elle en se massant sa nuque endolorie.

-Qui ?

-Siriondil. Quelqu'un qui m'a accompagné jusque ici.

S'il avait été dans son état normal, Itrenog serait parti de ce lieu sans demander son reste. S'il s'agissait de la même personne, cela signifiait que le Conseil avait envoyé les traqueurs pour la durée des Joutes. Et dans son esprit, il était clair que ce n'était pour une banale promenade de santé qu'ils y étaient dépêchés. Ils étaient en chasse et le danger guettait. Pourtant, il ne bougea pas. Il ne risquait rien pour le moment et une conduite irréfléchie serait surement la première des erreurs à ne pas commettre. S'il devait rencontrer ce Siriondil, un affrontement serait surement inévitable et il voulait retarder ce moment le plus possible.

-Tu es un démon toi aussi ?, devina Kin-fei.

La question était de pure forme, évidemment, et Itrenog approuva en silence.

-Alors pourquoi tu es dans le corps d'un humain ? Tu dois te sentir très serré dedans.

-C'est compliqué. Et je doute que nous ayons le temps pour raconter des histoires.

-Dans ce cas, tu peux peut-être me dire ce que c'est que ça ?

Elle pointa l'étrange bras qui, quelques instants auparavant, avait manqué de lui faire perdre connaissance.

-Une tare.

-Une tare ? Comment ça ?

-Un poids dont je ne saurais me débarrasser pour l'instant. C'est en partie la cause de notre présence ici.

-Et les autres ?

Alors qu'Itrenog voulut répondre, aucun son ne sortit de sa bouche. Aussi absurde que cela puisse paraître, il n'avait aucune idée de pourquoi il était là. Il avait suivi son instinct parce qu'il espérait en premier lieu que quelqu'un puisse l'aider face à ses problèmes liés au contrôle sur l'humain, mais hormis cela ? Il y avait autre chose, il le savait, mais il lui était impossible de s'en rappeler.

-C'est à cause de ce qu'à dit Serädjëon tout à l'heure, pas vrai ? Tu as encore du mal à voir clair.

Cela lui revenait maintenant. Les dernières paroles de Serädjëon revenaient en boucle dans sa tête avec une limpidité écrasante.

-Je te l'ai dit tout à l'heure, l'attente est parfois la pire des conseillères. Décide toi et suis ton destin quoiqu'il arrive.

-Je ne crois pas au destin.

-Eh bien raison de plus ! Si tu penses que rien n'est jamais décidé d'avance, tu devrais pouvoir te décider plus vite puisque tu auras toujours le contrôle sur quelque chose. C'est un peu comme lâcher son bateau sur les courants de océan et garder une main sur le gouvernail, tu vois ?

-Le sens de tes paroles m'échappe en grande partie.

-Je me contente juste de te dire comment je ressens ce qui m'entoure, répondit Kin-Fei avec un sourire, Moi, je vois la la vie comme une grande carte vierge sur laquelle il faut dessiner le chemin que l'on veut emprunter. Et même si on n'est pas sûr de l'arrivée, on suit la route qu'on a tracée sans regarder derrière soi parce qu'on a la certitude profonde que c'est la bonne voie. C'est la meilleure façon de ne pas avoir de regrets.

-Cela reviens à dire qu'on trace sa vie dès le début sans possibilité de la changer.

-Vraiment ? Parce que tu penses qu'un chemin est à sens unique ou qu'il n'a jamais de bifurcation ?

Elle laissa un temps peser ses réponses avant de continuer :

-Je crois que je comprends ce que tu ressens. Si tout était décidé d'avance, faire un choix n'aurait aucune espèce d'importance puisque cela ferait parti de ce qu'une entité supérieure a décidé pour toi. Alors que selon ta conception, toute la responsabilité d'une décision te retombe dessus et parfois, par anticipation, on pense qu'elle deviendra supérieure à ce qu'on peut endurer. Tu te rends comptes ? Finalement, tu es bloqué parce que tu penses ne pas pouvoir assumer ton choix et ses conséquences avant même de l'avoir fait. Et tu sais comment je fais pour ne pas avoir à plier face à ça ?

Son sourire s'élargit d'avantage et elle se laissa tomber à la renverse sur un lit qui semblait tout droit sorti de nulle part :

-Je regarde le ciel et je laisse sa couleur aspirer tous mes soucis.

Elle venait d'argumenter avec un ton si léger et avec une telle conviction qu'il était difficile de ne pas la croire. Entendre cela de la bouche de ce qu'Itrenog avait pris pour une simple gamine était simplement … inhabituel. Qu'avait-elle donc traversée pour se forger un caractère aussi mature ? Les humains étaient décidément étranges. Bien qu'il n'en doutait pas un instant à cause de ce qui le liait avec celui qu'il contrôlait, son observation s'en trouva attestée par Kin-Fei. Prendre une leçon par quelqu'un qui avait largement moins du centième de son âge était déroutant. D'expérience, il savait que l'âge pouvait être aussi trompeur que les apparences. C'était comme revenir au temps de son exil dans les montagnes où un Khûzud avait accepté de lui apprendre ce qu'il devait savoir pour survivre. Mais aucune leçon ni aucun livre n'avait pu le préparer à une rencontre comme celle qu'il avait faite dans les Joutes. Il devrait se façonner lui-même son savoir.
Sous le regard enfantin de Kin-Fei, il se leva et entreprit de repasser sa tunique.

-Sais-tu combien de temps je suis parti ?

-Aucune idée. Tu m'as dit que tu allais sortir et l'instant d'après, tu étais juste à côté de moi. J'ai bien tenté de t'appeler mais ...

Elle haussa des épaules pour souligner son ignorance et tendit la main en direction d'une table d'orme noir aux nervures dorées. Une pomme rouge soufflée du vide lui tomba dans la main et elle la croqua à pleine dent :

-J'adore cet endroit. On peut faire absolument tout ce qu'on veut. C'est formidable, hein ?

-Formidable, oui…

Son manteau restait introuvable ainsi que le reste de ses effets, hormis son épée. La jeune fille qui avait remarqué son manège se tourna sur le ventre et lui lança :

-Tu sais, je trouve ça joli les traits bleus que tu as partout. On dirait presque les dessins que je faisais avant quand j'étais petite.

Itrenog ne répondit pas et passa une nouvelle fois en revue la tente. Il finit par tout trouver dans un coin, parfaitement plié et rangé. Sans se poser plus de questions, il enfila son accoutrement sombre mais ne boutonna pas son col. Ici, il pouvait se permettre plus de latitude. Une fois dehors en revanche, il reprendrait ses vieilles habitudes.

Soudain, un roulement de tonnerre ébranla l'air et le bivouac ploya sous le joug d'une force implacable semblant venir de partout. Une onde de choc projeta Itrenog à l'endroit où se trouvait Kin-Fei et un flash aveuglant lui masqua la vue l'espace d'un instant. Quand il rouvrit les yeux, Serädjëon se tenait à côté d'une N'Elfir au visage altier portant une jeune fille dans ses bras et d'un félin au pelage sombre parcouru de vagues d'origines sans doute magique. Un autre individu éclairé d'une aura blanche était allongé au sol. La femme posa l'inconsciente sur un banc et entreprit de s'occuper de l'inconnu à terre. L'homme – ou ce qui pouvait ressembler à un homme – s'approcha d'eux.

-Elle a fait son choix, dit-il simplement, Et toi ? As-tu eu le temps nécessaire dans les limbes de ton esprit ?

-Vous espérez que j'accepte, répliqua Itrenog en frôlant son arme du bout des doigts.

-Je n'ai jamais prétendu une telle chose.

-Proposer un choix à quelqu'un, c'est déjà lui indiquer la voie.

Serädjëon fronça les sourcils sous sa capuche pourpre :

-N'insultes pas le messager parce que tu n'apprécies pas le message. Je ne fais que te montrer des portes et c'est à toi qu'il appartient de les franchir.

Itrenog soutint un moment le regard de son interlocuteur sans ciller avant de baisser la tête.

-Asat tal-saam.

Kin-Fei posa une main sur son épaule pour l'inciter à prendre sa décision. C'était maintenant. La «certitude profonde» n'était pas ici, trop loin de sa portée, mais le pas était là.

-Il m'incombe de retrouver qui je suis seul. Mais vous pouvez toujours me dévoiler ce que vous voulez de mon passé.

-Et pour ton nom ?

-Vaas. Je vous demande des faits, pas des mots creux.

-Ce sera difficile. Comment peux-tu …

-Dites ce que vous avez à dire, skarn.

Itrenog laissa sa voix trainer avec l'impression de se jeter du haut d'une falaise dont il ignorait la profondeur.

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Itrenog
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